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Histoire du périodique Æquatoria (1937-1962) / par Honoré Vinck
Le texte qui suit est repris de l'étude parue dans Zaire-Afrique, n. 212, 1987, p. 79-102 sous
le titre: "Le Centre Æquatoria de Bamanya, cinquante ans de recherches africanistes". Les
Notes ont été remaniées. Plusieurs noms de personnes citées, figurent dans les "Useful
biographies" sur le website d'Æquatoria.
Le premier numéro d'Æquatoria sortit le 26 juin 1937. Les fondateurs en étaient Edmond
Boelaert (1899-1966) et Gustaaf Hulstaert. Cette date a été retenue par les jeunes historiens
zaïrois comme Mandjumba qui la mentionne dans sa "Chronologie générale de l'histoire du Zaïre"
(p. 53: 1937, 26 juin) comme suit: "Parution à Bamanya (Mbandaka) du mensuel Æquatoria,
périodique scientifique africaniste de standing international." Au début l'accueil fut plutôt
réservé: "Est-ce que vous savez que E. De Jonghe (1) contrarie Æquatoria?" écrivait Hulstaert
à E. Possoz (31/8/1939). Possoz le savait déjà et répondit à Hulstaert: "Ils en ont parlé à
Bruxelles et De Jonghe a peu de copie [pour 'Congo']." Il craint l'éparpillement des forces et
que d'articles intéressants ne se perdent dans une revue peu connue. Mais Antoine Sohier
défendait le point de vue suivant: "Une nouvelle tendance, des forces nouvelles peuvent en
sortir" (14/9/39). Et chacun s'alignait à cette idée.
1. LES PREMIERS PAS
1.1. Une feuille de communications: 1937-38
Comme vous le savez déjà, nous avons fondé une sorte de feuille de communications; ou mieux
nous essayons de la lancer car nous devons attendre de la
collaboration. Cela pourrait devenir
une sorte de périodique local pour la collaboration mutuelle au niveau de la pratique
coloniale", écrivait Hulstaert au professeur Natalis de Cleene (2) le 10 décembre 1937.
Un prospectus débute dans le même sens: "Qu'est-ce que Æquatoria? Ce n'est pas une revue. Ce
n'est même pas une publication périodique. Ce sont des fascicules à tirage réduit, qui
paraissent au fur et à mesure de la disponibilité de la matière".
2. Le périodique: 1939
La transformation de la série de brochures en périodique a été introduite par le père Jans (3)
qui, comme responsable de l'imprimerie, gérait Æquatoria pendant les absences de Hulstaert et
Boelaert (Hulstaert était souvent en voyage à l'inspecteur en sa fonction d'inpsecteur des
écoles du Vicariat et Boelaert était en congé de fin 1938 à juillet 1939). Cette idée
correspondait au fond avec la pensée de Hulstaert. Le 14 janvier 1939 Jans l'annonçait: "Vous
aurez certainement remarqué qu'avec cette 2ème année des changements radicaux sont intervenus.
Si vous étiez ici on aurait pu en discuter. Je me rends bien compte que le périodique est
avant tout votre oeuvre et que la décision vous revient avant tout. Certains pensent que vous
ne seriez pas content du format ou de la présentation. J'espère qu'ils en reviendront".
Hulstaert en était quand-même mécontent car plusieurs éléments de la forme ne lui plaisaient
pas. "La nouvelle m'est très désagréable. Ce numéro [1939, 1] ne fait pas partie de la
collection Æquatoria mais commence quelque chose de nouveau??? un périodique? ou quoi? qui
s'appelle aussi Æquatoria" (Hulstaert à Jans 19/l/1939). Mais Hulstaert s'accommode vite et
déjà en mars parle à Jans d'extension. En août 1939 les 12 numéros sont déjà sortis. Boelaert
propose alors une périodicité bimestrielle. Ce qui sera adopté de 1940 à 1942 (en fait 5
numéros seulement). Hulstaert un peu plus tard, reprend l'idée d'une collection à côté de la
revue mais la guerre l'en empêchera.
2. PREMIÈRES DIFFICULTES
2.1. Le lingala de De Boeck et le lomongo d'Hulstaert
Mgr. Egide De Boeck voulait lancer un lingala "amélioré" "rebantouisé". Malcolm Guthrie,
missionnaire protestant, essayait d'enregistrer le lingala effectivement parlé, et finalement
les "lingalophones" faisaient évoluer la langue selon les besoins du moment. Mgr. De Boeck
responsable d'un vicariat où on parlait plusieurs langues (30 prétendait-il) avait opté pour
le lingala et l'imposa dans les églises et les écoles.
Au cours des années 30-40, Gustaaf Hulstaert découvrit la grande entité linguistique qu'il
appellera plus tard le lomongo, une langue riche, pourvue d'une importante littérature orale,
répandue sur une distance d'un millier de kilomètres. L'unification linguistique étant à 'la
mode, il découvrit les affinités entre les langues de la Ngiri, les autres langues riveraines,
ancêtres du lingala, et le lomongo. Alors pourquoi ne pas répandre cette belle langue, au lieu
d'une langue bâtarde? Hulstaert commence une correspondance avec Mgr. De Boeck sur ce sujet le
19 novembre 1939. En 1940, il publiera son article dans Æquatoria. La correspondance se
termine en juin 1941 (9). La position de De Boeck était pratique: le lingala est un mal
nécessaire. Il doit être rebantouisé mais il reste très éloigné du lomongo. Donc il ne peut
accepter l'utilisation du lomongo dans son Vicariat.
Hulstaert se pose sur le terrain des principes:
1) Il faut respecter la langue du peuple. C'est un devoir moral. Le lingala n'est pas la
langue de ce peuple, donc...
2) Le lingala scolaire de De Boeck est une nouvelle langue, aussi étrangère aux parlers locaux
de Lisala-Mangala-Ngiri, que le lomongo - donc, s'il faut imposer une nouvelle langue pourquoi
pas une vraie langue apparentée?
3) En "améliorant" le lingala, on s'approchera vite du lomongo unifié et littéraire. Pourquoi
ce détour?
Mgr. De Boeck lance un de ses abbés, Médard Bokula, dans le combat. Mais Hulstaert lui réplique
dans une longue lettre: "Pour moi, Bangala est le nom des Balolo-Mongo riverains du grand
fleuve dans la région des "mongala" (..:). Les Bangala et les Ngiri peuvent s'unir aux Mongo.
Et, si les Ngombe peuvent employer le lingala, ils peuvent aussi employer le lomongo" .
(Lettre à Médard Bokula 25/2/ 41). Mgr. De Boeck n'avalait pas les sommations de G. Hulstaert
dans Æquatoria. Il y répond à la fois par une lettre du provincial de Scheut, le Père Guilmin,
à Mgr. Van Goethem, et par une "Mise au point" dans Æquatoria. Cette querelle aura ses suites
réelles ou imaginées, mais en 1945 Hulstaert écrit à Van Goethem: "Tous les Scheutistes
racontent que le Délégué Apostolique (4) à l'occasion du sacre de Mgr. Van Den Berghe a dit
publiquement que si Æquatoria ose encore écrire contre le lingala, il la supprimerait sans
plus" (Gustaaf Hulstaert à Van Goethem 22/2/45). Dans une autre lettre à Mgr. De Boeck, refusant de poursuivre la
polémique sur le lingala, le Père Hulstaert situe sa position dans un vaste cadre
missiologique: "Pour moi, tout est un: question linguistique, mission, enseignement, ministère
paroissial, politique etc... tout tourne autour d'un même point et en dépend. C'est le
radicalisme du nouveau mouvement que Pie X prévoyait déjà avec son "Omnia instaurare in
Christo" (Gustaaf Hulstaert à E. De Boeck 27/6/1941).
2.2. Les théories de M. Possoz
M. Possoz, substitut du procureur du Roi, et un ami du Père Hulstaert, habitait Mbandaka au
moment de la fondation d'Æquatoria. Il croyait pouvoir s'exprimer sur tout. On accepta de lui
20 contributions entre 1937 et 1941 (plusieurs notes d'une seule page). M. Possoz avait
parfois des idées singulières et n'hésitait pas à se prononcer même sur des affaires
ecclésiastiques et sur la morale chrétienne. Dans le n. 2 de 1940 paraît de sa main "La
question de la dot". Il y affirme que le juge au Congo, où la législation belge s'appliquait
dans les procès de divorce des indigènes, ne peut pas tenir compte de l'existence éventuelle
d'un mariage chrétien. Cette position allait à l'encontre de l'attitude des missionnaires qui
voulaient soustraire ce genre de palabres à la juridiction civile. Le Délégué Apostolique
fulmine (lettre à Van Goethem 4/5/40): "L'auteur ne connaît ni la théologie ni le droit. Une mise au
point s'impose". Hulstaert le fera dans le numéro suivant. Entretemps, Possoz, muté à
Elisabethville, s'y heurta à l'opposition de l'évêque local, Mgr. de Hemptinne (5) à cause de
deux brochures sur l'Action Catholique. Malgré cela, Æquatoria publiera encore quelques textes
de Possoz: "La refonte de la famille". Nouvelle occasion pour le Délégué d'intervenir: le 27
novembre 1941, Æquatoria reçoit l'ordre de ne plus rien publier de cet auteur "rempli d'idées
protestantes, d'un nouveau genre de réforme, pire que celle du XVe siècle" (Dellepiane à
Van Goethem
14/12/1941).
3. LA "MISE EN PLACE"
La guerre en Europe menaçait l'existence d'Æquatoria à cause des difficultés
d'approvisionnement en papier et en divers matériaux d'imprimerie. D'autre part, elle a
probablement beaucoup contribué à l'extension et même à la survie de la revue. En novembre
1940, Hulstaert écrit à Possoz: "Nous n'avons que 60 abonnements payants. Nous voulons
continuer mais nous voudrions d'abord demander au Gouvernement de prendre des abonnements pour
les Territoires, maintenant que Congo et Kongo-Overzee n'arrivent plus. Si le Gouvernement en
prend une centaine, nous serons sauvés" (11/11/40). Une lettre du 26/11/40 officialise cette
demande. Les abonnements souscrits par l'Administration atteignent bientôt la centaine (1942)
(Province de Coquilhatville: 24; Costermansville: 16; Stanleyville: 28; Léopoldville: 7;
Gouvernement général: 9; Lusambo: 20; Ruanda-Burundi: 18). Ce succès révèle en même temps les
faiblesses d'Æquatoria: rédaction réduite à une ou deux personnes, présentation artisanale,
beaucoup de fautes typographiques, administration défaillante, caractères d'imprimerie
insuffisants. Au début la modestie avait été de mise. Æquatoria avait été fondé pour ceux qui
"auraient à communiquer des choses intéressantes sans pour cela s'adresser aux grandes revues"
(couverture 1940). On voulait parler "en petit comité" (1939). Mais maintenant le besoin de
quelque chose de plus scientifique se faisait sentir. Hulstaert va donc à la recherche de
moyens d'une amélioration dans tous les domaines, mais sans grande conviction car il écrira
encore en 1944: "Néanmoins, nous ne sentons rien pour un travail de science pure" (Gustaaf
Hulstaert à Jules De Boek
27/12/44).
Pour une amélioration sensible il fallait de l'argent. Monseigneur Van Goethem (6) était le
premier à aider. Il met 10.000 fr. à la dis position, à rembourser plus tard "si possible"
(12/11/42 Gustaaf Hulstaert à VA). Le n. 4 de 1942 devient un numéro de propagande tiré sur 200 exemplaires
supplémentaires. Un ancien de Coquilhatville, monsieur Braeckman maintenant à Goma, verse
gracieusement 20.000 francs le 14/12/43, et le Gouvernement Général donne 10.000 francs le
24/4/44, la Banque du Congo Belge, l'Union Minière chacune 1.000 fr par an. Cela sera le
patrimoine d'Æquatoria qui permettra d'améliorer la revue et de survivre plus tard pendant les
dernières années pratiquement sans autres ressources (1960-62).
Hulstaert commence à faire les démarches nécessaires pour rehausser le niveau de la revue.
Malgré la guerre il cherche à acheter des caractères d'imprimerie adaptés aux exigences de la
linguistique africaine. Il s'efforce de sensibiliser les responsables de l'imprimerie de la
mission, pour qu'ils y mettent un peu plus de cœur et de soin, mais le progrès sera minime. Il
veut organiser une véritable équipe rédactionnelle et lance un programme d'édition. Pour ce
faire il consulte ses amis: Boelaert, Van Avermaet, Tanghe, Bittremieux (7), Van Bulck (8).
En résumé, les propositions de renouvellement se réduisent à ceci (Circulaire du 8/6/43):
1) Format plus petit, et plus de pages; une couverture plus expressive;
2) Recherche de subsides;
3) Papier de meilleure qualité;
4) Comité de patronage.
Hulstaert arrive ainsi à définir la fonction de Æquatoria renouvelée: "On arrivera finalement
à notre but: c'est d'avoir un périodique qui n'est pas seulement un organe de communication
d'études ou de divulgation d'idées saines en rapport avec la mission, le peuple, notre travail
etc... (... ) mais aussi un périodique scientifique colonial, basé sur les principes
catholiques, dans un esprit catholique, pour que nous puissions devenir un organe autoritatif
au Congo et même en Afrique Centrale" (Gustaaf Hulstaert à V. Van Wing. 13/7/43).
3.1. Van Bulck dans la rédaction
La rédaction d'Æquatoria se composait d'une seule personne: G. Hulstaert. Deux autres
confrères lui étaient associés: Boelaert et Van Avermaet. Dans le but d'un élargissement et
d'une amélioration globale de la revue, Boelaert suggère à Hulstaert de demander au jésuite
Vaest Van Bulck d'entrer dans la rédaction. Le 9 août 1943, une première proposition lui fut
faite. Le 26 septembre suivent des propositions concrètes: Rédacteur en Chef: Hulstaert,
conseil de rédaction: membres d'autres Missions, et avant tout Van Bulck; aussi quelques
laïcs; une représentation régionale; le patronage de la revue par des autorités civiles et
religieuses; ainsi qu'une amélioration quantitative et qualitative.
Le 10 octobre Van Bulck, à cette époque responsable d'une petite mission dans le Kwango répond
en formulant les critiques habituelles sur Æquatoria: 1) trop local; 2) la revue d'une seule
personne; 3) ni scientifique ni vulgarisatrice; 4) format et impression déficients. Ensuite il
formule ses propositions: lancer des numéros spéciaux traitant de la mission du point de vue
ethnographique et linguistique; des questions d'éducation et d'enseignement; d'essais
d'unification des langues de la magistrature et l'ethnologie; de l'administration et la
conscience tribale. Il cite finalement plusieurs noms d'éventuels collaborateurs. Tout en
acceptant en principe de faire partie de la rédaction, il émet des doutes sur l'utilité de
cette participation par correspondance. Hulstaert est enchanté de la réponse de Van Bulck. Il
le considère déjà comme membre de la rédaction, et pour résoudre les difficultés de la
correspondance et des distances, il propose la création des rédactions régionales qui
devraient coordonner les activités de collaborateurs dans leur région respective. Pour les
numéros spéciaux on débutera avec la polygamie et la dénatalité, questions proposées par
Boelaert. Van Bulck reste sceptique, mais accepte de fonctionner comme coordonnateur pour sa
région, (28/1/44) et prédit que des véritables changements pour Æquatoria demanderont beaucoup
d'argent.
Entre-temps l'enquête sur la polygamie est lancée par Hulstaert, et il propose plusieurs noms
pour la rédaction régionale selon les Vicariats. En fait les propositions resteront théoriques
et Hulstaert continuera encore quelque temps à consulter Van Bulck, qui quittera le Congo
bientôt (1947). L'orage que provoque l'intervention du Délégué Apostolique dans les études sur
la polygamie s'annonce. Hulstaert renvoie la plupart des difficultés aux évêques: "Beaucoup
d'ordinaires sont méfiants envers nous; certains sont à priori contre le travail intellectuel
(... ) je sais que X et Y sont contre nous. Quelques-uns sont pour. Il y a aussi des cas
ambigus comme Mgr. Six (9) et comme en général les Scheutistes" (10/2/45).
3.2. Patronage
Déjà en 1942, pour donner plus de prestige à la revue, Hulstaert avait conçu l'idée de
constituer un comité de patronage. Il cherchait à s'attirer la participation des autorités
civiles et ecclésiastiques importantes.
Le 20 mars 1943, il envoie une circulaire et déjà en avril les réponses lui arrivent. Tous les
fonctionnaires de l'administration y répondent positivement, en tête les ministres des
Colonies. (De Vleeschauwer, le 18/8/1944, à partir de Londres, et plus tard De Bruvne le
14/5/1945).
Quant aux Vicaires Apostoliques, Mgr. Vanuytven, de Buta et Mgr. Blessing, de Bondo, refusaient.
Dix ne répondaient pas: G. Six (Léopoldville); Demol (Kasaï); J. Sak (Haut-Luapula); G.
Haezaert (Kongolo); U. Morlion (Baudouinville); E. Leys (Kivu); H. Pierard (Beni); G.
Verfaillie (Stanlevville); J. Hagendorens (Tshumbe) et J. Jacobs (Lolo). Accordèrent leur
patronage: G. Dellepiane, E. De Boeck, (Lisala), E. Van Goethem (Coquilhatville), C. Lagae
(Niangara), A. Verwimp (Kisantu), H. Matthysen (Lac Albert), C. Stappers (Lulua), J.
Vanderhoven (Boma), O. Tanghe (Ubangi), H. Van Schingen (Kwango), A. Van den Bosch (Matadi),
L. Deprimoz (Rwanda), G. Wantenaar (Basankusu), A. Bossart (Ipamu), Windels (Bikoro), A.
Grauls (Urundi). La liste en sera imprimée sur la couverture à partir du numéro 3 de 1944 et
adaptée aux changements dans les fonctions des autorités en question. En 1945, après la
parution du numéro contesté (1945, 2), le Délégué Apostolique envoyait à tous les Vicaires
Apostoliques une note pour les inciter à se retirer du comité de patronage (cf. lettre
Dellepiane à Van Goethem
5/8/1945). Seul Mgr. Lagae y donna suite; de Hemptinne s'était retiré de son propre chef. En
1953, la liste disparut de la couverture.
4. LA CRISE
4.1. Les "turpitudes du paganisme": Le numéro spécial sur la polygamie
Soucieux d'être plus efficaces et plus attrayants, les rédacteurs d'Æquatoria avaient lancé
des numéros thématiques. Le premier serait consacré à la polygamie, afin de montrer la
situation réelle face aux statistiques optimistes des autorités. Le Délégué Apostolique avait
reçu le 23 février 1944 les mêmes schèmes d'enquête que ceux envoyés à tous les Ordinaires. Il
marqua son accord. Il approuve le fait que le questionnaire soit adressé aux évêques, car
c'est à eux de vérifier la valeur des contributions. Mgr. Van Goethem lui-même écrit un article
et Hulstaert l'envoie au Délégué. Celui-ci le juge une "véritable apologie de la polygamie" et
bien sûr, il en défend la publication. Il suggère même qu'il valait mieux ne rien publier sur
la question. Entre-temps les premiers articles étaient déjà imprimés à Kafubu (10). Le
9/10/1944, Hulstaert demande un "Avant-propos" au Délégué. Mais la méfiance de ce dernier se
transforma en fureur quand il prit connaissance d'un texte du Père Esser lui envoyé par
Hulstaert (29/l/45): "Si l'article en question avait paru dans Æquatoria, je me serais vu dans
l'obligation de prendre une mesure grave et de la dénoncer au Saint-Siège" (Dellepiane à GH, 3/2/45)
et il terminait par: "A quoi bon un numéro sur la polygamie?"
Mgr. Van Goethem, inquiet, écrit à Hulstaert le 13 février 1945 de ne rien publier sans
l'approbation du Délégué. Mais le numéro était déjà imprimé pour les trois quarts. Le
lendemain, Mgr. Van Goethem demande de retirer le numéro. Les rédacteurs Hulstaert et Boelaert
se mettent à douter de leur "mission": "Par les directives du Délégué, nous devons nous
limiter à des questions purement théoriques ou à des questions qui ne touchent pas la mission.
Est-ce qu'Æquatoria vaut encore la peine? Si elle n'a pas la confiance des supérieurs et si la
liberté de la rédaction est si étroitement surveillé, y a-t-il encore un avenir? (...) La
Mission y perdra en prestige quand Æquatoria disparaîtrait. Les ennemis de la mission s'en
réjouiront" (Gustaaf Hulstaert à Van Goethem, 14/2/45). Hulstaert écrit aux auteurs et à l'imprimerie à laquelle il ne
demande que 25 numéros, et fait détruire le reste.
4.2. Les idées "foncièrement erronées"
Ce premier numéro de 1945 étant retiré, il fut remplacé par un autre qui portait en lui le
germe d'autres difficultés encore plus grandes. Le Père Borgonjon (11) y publia la première
partie d'une étude sur la circoncision chez les Tshokwe. Le 2e numéro de 1945 en donna la
suite; il contenait aussi un article de Kagame et un autre de Van Caeneghem (12). C'est Mgr. de
Hemptinne qui doit avoir attiré l'attention du Délégué sur ce numéro dangereux. Ce dernier
écrit à Mgr. Tanghe (29/7/45): "Un Ordinaire vient de me signaler un article dans un des
derniers numéros contenant des grosses erreurs... et un autre article vraiment ordurier". Et
il conclut: "il faut en finir avec certaines tendances, chez certains missionnaires à faire
l'apologie ou à donner l'impression de faire l'apologie des turpitudes du paganisme sous le
couvercle (sic) de la soi-disante science. Les missionnaires ont autre chose à faire".
Il s'agissait de l'article de Alexis Kagame "Le Rwanda et son roi", selon le Délégué
"contenant des affirmations erronées ou fort douteuses et une tendance raciste de tout cet
article". Etait visée ensuite la petite note de Van Caeneghem: "Pour plus d'étude des valeurs
indigènes luba", dont un passage est "manifestement erroné". Ensuite c'est surtout l'article
sur la circoncision qui l'occupe. Le Délégué qui se fait traduire par le Père Jans l'article
écrit en néerlandais (lettre 19/9/48 Jans à Vertenten) conclut que c'est "une description
détaillée des mœurs indigènes grossièrement ordurière", et le pauvre Père Borgonjon se voit
qualifié de "missionnaire (?) qui divulgue ces immondices, et [qui] a perdu le sens le plus
élémentaire de la décence, c'est un mal élevé et un pornographe que le parquet devrait
poursuivre" (Dellepiane à Van Goethem 4/8/45). En fait, ces jugements ne font que reprendre les paroles de
Mgr.
de Hemptinne qui avait déjà envoyé une lettre à Mgr. Van Goethem dans le même sens: "Certains
articles de cette revue sont pornographiques. Le culte que vouent certains missionnaires aux
"valeurs spirituelles de la coutume indigène" n'excuse pas le scandale de ces reportages
immondes dans une publication qui est lue dans nos communautés religieuses et par la jeunesse
du Congo et de la Belgique. L'orientation doctrinale de la Revue Æquatoria me paraît plus
inquiétante que les écarts moraux de cette littérature ethnographique. En matière de
Sociologie et de missiologie, la Revue Æquatoria professe une thèse erronée sur la valeur
fondamentale de la coutume indigène. Cette thèse procède des erreurs de l'Ecole de Lévy-Bruhl
dont le ministre Franck fut le néfaste apôtre. L'article d'Alexis Kagame (N. 2, 1945) que le
Rédacteur loue sans réserve est un lamentable exemple de la perversion des idées chez un
prêtre indigène" (de Hemptinne à Van Goethem 12/8/1945). Van Goethem écrira plus tard (au Délégué): "Qu'il est
donc violent, ce Monseigneur [de Hemptinne] dans son indignation" (Van Goethem à
Dellepiane 31/8/45).
L'article de Kagame avait eu des conséquences politiques. Son but était politique et les
effets le furent également. Le Délégué l'avait interprété ainsi (13). Le numéro trois de 1945,
déjà entièrement imprimé, est retenu car le Délégué Apostolique avait écrit le 5 août à Mgr. Van Goethem: "je
vous prie de suspendre à partir de la date de réception de la présente, la publication de la
revue Æquatoria. A votre prochaine visite ici avant la fin de ce mois, nous examinerons
ensemble cette grave affaire et nous déciderons si la publication de cette revue peut être
continuée, dans quelles conditions et avec quelles garanties elle pourrait être reprise'.
L'ouragan passé, nous voyons Æquatoria suspendu, Kagame 'relégué' (14) et Hulstaert proposant
sa démission. Le 23 août il se justifie devant son évêque. Mgr. Van Goethem dans une admirable
lettre du 31/8/1945 de 3 longues pages, prend la défense de ses missionnaires et d'Æquatoria.
Le 9 septembre il rencontre le Délégué à Léopoldville. Dans un entretien de trois heures
furent mises au point les conditions dans lesquelles Æquatoria pourra continuer à paraître. Le
Délégué avait demandé que Hulstaert soit écarté de la rédaction, mais il sera maintenu.
Ensuite trois censeurs sont imposés. Quant à la continuation d'Æquatoria, déjà le 18
septembre, Hulstaert peut communiquer à Boelaert et à Van Avermaet: "Monseigneur est décidé à
continuer et il pense que le Délégué ne sera plus pour longtemps ici. Vers la fin de l'année
tout sera en ordre, dit-il" (Gustaaf Hulstaert à Boelaert + Van Avermaet, 18/9/45).
Le nihil obstat du numéro suspendu porte la date du 10 octobre 1945 et l'imprimatur du 3
novembre. Ce numéro 3, déjà imprimé, fut effectivement approuvé par le censeur le Père Hilaire
Vermeiren. Vu les circonstances il est assez étonnant que celui-ci laissa passer une des plus
radicales invectives du Père Boelaert contre la colonisation (p. 94): "Comme nos ancêtres
appelaient la peste meurtrière du nom de la 'mort noire', les Nkundo peuvent hélas parler de
la 'mort blanche'" (Article: Ontvolking door Kolonizatie - Dépopulation par la colonisation).
Mais le Délégué avait demandé une rectification inspirée par une note d'un "théologien" et par
ses propres réflexions. Boelaert et Hulstaert y travaillent. La note du Délégué n'arrivant
pas, ils soumettent un texte (le 5/11) qui n'est pas approuvé. Ils le retravaillent et le
publient avec l'approbation de Mgr. Van Goethem (15). Toutes ces difficultés eurent pour
conséquence qu'Æquatoria se limitera dorénavant à ne publier que des articles purement
théoriques, surtout linguistiques, éloignés de la vie du peuple, contrairement au principe de
base de toute la philosophie d'Æquatoria. Hulstaert le résume ainsi à Mgr. Tanghe: (17/10/45)
"A la suite des dernières difficultés, nous devons conclure que l'adaptation que nous
soutenons n'est pas approuvée; que nous devrons condamner les noirs, que nous ne pourrons pas
dire que nous devons construire sur ce qui existe et l'ennoblir au lieu de le détruire en
laissant les ruines". Le numéro 3 suspendu fut finalement distribué fin novembre. Non sans
malice, le "Comité de Rédaction" y annonç" que "notre rédacteur en chef a été élu membre
associé de l'Institut Royal Colonial Belge". (Æquatoria 1945, p. 120).
5. LA DIFFICILE REPRISE
Le coup porté par le Délégué Apostolique se répercuta pendant plusieurs années. Fin 1945, le
provincial de la Congrégation, du Père Hulstaert (M.S.C.) vient en visite canonique au Congo.
Il rencontre Mgr. Dellepiane,
qui lui déclare qu'il ne voulait pas la disparition d'Æquatoria,
mais sa conversion. Quelques jours plus tard le provincial rencontre le Père Hulstaert à
Coquilhatville. Celui-ci fait un rapport à Boeaert: "Je dis au Père Provincial que selon moi
il vaut mieux qu'Æquatoria disparaisse (... ) car nous devons vivre dans l'inquiétude et
l'incertitude; à la longue c'est intenable" (2/l/46).
Une autre menace venait s'ajouter aux difficultés du moment. Le terme de supérieur religieux
qui impliquait la résidence à Coquilhatville ou à Bamanya, touchait à sa fin pour le Père
Hulstaert. "Que m'arrivera-t-il?" écrit-il à Boelaert. "Et quand on m'envoie à l'intérieur,
que deviendra Æquatoria? Et avec la bibliothèque? Voyez-vous la possibilité de diriger
Æquatoria à partir de Flandria?" (11/6/46). Et effectivement, peu après il fut nommé
responsable du poste de Boteke (Flandria) à 200 Km de Coquilhatville. Il y retrouve le Père
Boelaert, mais il doit se rendre à l'évidence: la rédaction d'Æquatoria est incompatible avec
une telle fonction et une telle distance de l'imprimerie et du centre de distribution, car
elle ne lui laisse guère de loisirs. Boelaert, de moins en moins intéressé à la revue, accepte
de le seconder mais refuse d'en prendre la responsabilité.
Fin 1946, il y a changement de Vicaire Apostolique, Mgr. Van Goethem ayant démissionné le 1er
août 1946. Hulstaert le salua comme le vrai fondateur d'Æquatoria. Le Père Hilaire Vermeiren
(16), pro-vicaire, censeur d'Æquatoria, devint le responsable intérimaire du Vicariat. Depuis
juillet 1946, Hulstaert émet des doutes formels sur la continuation d'Æquatoria. Il écrit à
l'imprimeur: "je ne sais pas si Æquatoria continuera encore longtemps" (14/7/46). Il craint
une nouvelle intervention du Délégué Apostolique à propos d'un article de Boelaert prévu pour
le n. 4 de 1946. Mais Hulstaert est décidé d'en courir le risque car il écrit: "Il est
préférable que le Délégué supprime Æquatoria que d'être obligés nous-mêmes d'abandonner"
(22/8/46 Gustaaf Hulstaert à l'imprimeur). En septembre 1946, il donne des instructions "dans le cas où
Æquatoria existerait encore l'année prochaine" (20/9/46).
Le Père Vermeiren fut de passage à Flandria le 9/10 janvier 1947 pour un voyage sur la
Momboyo. Hulstaert ne put le rencontrer (le bateau de la mission était arrivé le 9 à 23h30 et
continua le lendemain à 8h l5), mais il réussit à l'aborder lors d'un autre passage, le 22-23
ou le 28 janvier 1947. C'est alors qu'eut lieu l'entretien qui donna aux Pères Hulstaert et
Boelaert l'impression que le nouveau responsable du diocèse se désistait d'Æquatoria. Le 12
février, Hulstaert écrit à l'imprimeur: "La revue est supprimée". En mars, il envoie la copie
pour le numéro d'adieu. Il communique également la nouvelle à quelques amis parmi lesquels Van
Bulck en Belgique. Celui-ci sauta sur l'occasion et demanda l'autorisation de reprendre le
titre pour une feuille de communications à éditer à Louvain, qui reprendrait ainsi
provisoirement la relève (Van Bulck à Gustaaf Hulstaert 18/3/1947).
Hulstaert écrira en ce sens à H. Vermeiren le 7/4/47. Celui-ci, pris au dépourvu, réagit à
cette nouvelle de manière inattendue et prie le P. Hulstaert de revenir sur sa décision
(12/4/47), ce qu'il acceptera par sa lettre du 28/4/47. Boelaert accepte de son côté de
participer plus activement à la rédaction jusqu'à son congé d'avril 1948. Hulstaert reçoit la
promesse qu'il sera libéré de toute autre fonction après son congé. Il part en janvier 1949,
et à cause d'une maladie il ne reviendra qu'en mai 1951. De janvier à octobre 1949 le nouveau
supérieur, le Père Flor Cobbaut s'occupera de l'administration et Boelaert sera nommé
directeur de l'imprimerie après son retour de congé en octobre 1949.
6. Á LA FLEUR DE L'AGE
En août 1951, Hulstaert s'est donc fixé définitivement à Bamanya. Il a maintenant le temps de
s'occuper pleinement de ses recherches et d'Æquatoria. L'atmosphère était bonne, la colonie et
les missions florissantes. Il sait attirer de nouveaux collaborateurs de qualité parmi les
missionnaires ayant une formation universitaire spécialisée (De Rop, Stappers, Maes, Roeykens,
Denis, Daeleman). A partir de 1954 quelques jeunes chercheurs de l'IRSAC commencent à y publier
(Vansina, Biebuyck, Coupez) et quelques amis professeurs (Meeussen, Müller) s'y ajoutent.
Ainsi Æquatoria a gagné beaucoup en qualité. La revue arrive maintenant dans tous les postes
de l'Etat (jusqu'au niveau des Territoires), dans toutes les bibliothèques, chez tous les
représentants de la colonie à l'étranger et chez tous les consuls fixés à Léopoldville.
Plusieurs missions continuent à recevoir la revue. Il n'y a que le Père H. Jansen qui
décommande tous les abonnements des Pères Montfortains "parce que la revue est trop,
spécialisée" (1/4/1947). La situation financière est satisfaisante et l'imprimerie mieux
équipée. Tout allait pour le mieux jusqu'en novembre 1958 quand l'Etat supprima 172
abonnements. Ce fut le début de la crise finale.
7.
REPRISE D'ÆQUATORIA PAR LOVANIUM
Déjà en 1957 le Père Hulstaert avait entretenu Mgr. Gillon d'une possible cession d'Æquatoria à
la jeune Université catholique Lovanium. Fin 1958 il tâte le terrain en exposant le problème à
son confrère A. De Rop, devenu professeur de linguistique africaine à cette université. Van
Bulck donne un avis négatif. Dès le début, De Rop s'exprime clairement: Lovanium n'en veut pas
et ne le peut pas, c'est une illusion (lettre du 27/12/58). En fait Hulstaert comptait sur De
Rop pour en prendre la direction à Lovanium, au besoin d'abord à titre privé, plus tard il la
passerait à l'Université même. La situation financière précaire depuis 1959, le manque de
collaborateurs et le manque d'espoir d'un successeur sur place parmi les membres de sa
congrégation, avaient poussé le Père Hulstaert à confier ainsi son enfant à d'autres mains.
L'année 1959 passa dans l'attente. Æquatoria vit sur ses réserves. Fin 1959 (11/12/59)
Meeussen propose au Père Hulstaert de faire fusionner Æquatoria avec Kongo-Overzee et Zaïre
qui selon ses dires passaient également par de graves difficultés. Hulstaert dans sa réponse
exclut totalement cette solution.
En 1961 des accrocs à l'imprimerie de la Mission à Coquilhatville aggravent encore la
situation. On cherche une imprimerie à Léopoldville et Hulstaert charge Boelaert de s'informer
sur des possibilités en Belgique. Début 1962 la crise devient aiguë. En janvier le n° 3 de
1961 paraît, mais il n'y a plus de contributions pour le premier numéro de 1962. Le 18/ 2/1962
Hulstaert écrit à Boelaert: "Nous n'avons plus d'abonnements sauf quelques institutions
scientifiques et quelques amis fidèles. Les subsides de l'IRSAC qui nous permettaient de payer
un secrétaire n'arrivent plus." Il reprend ses tentatives à Lovanium mais son correspondant
sur place, De Rop, est catégorique: impossible. Finalement Hulstaert fait la proposition
directement à Mgr. Gillon (lettre du 15/4/62).
Il y expose ses conditions:
1) conservation du titre et du sous-titre;
2) conservation du caractère scientifique;
3) parution trimestrielle.
Le recteur répond le 16/7/1962: "on est disposé à donner une suite positive", et invite le P.
Hulstaert à le rencontrer avant le 30 juillet. Cette lettre parvient au Père Hulstaert en
congé en Belgique. Une réunion est alors proposée à Lovanium pour janvier 1963, mais le
recteur est absent quand Hulstaert se présente et c'est le professeur Van den Eynde qui
contacte quelques professeurs intéressés. De Rop prend formellement ses distances. Entre-temps
Malengreau a également offert sa revue "Zaïre" à Lovanium. Rubbens écrit à Hulstaert et
propose de fusionner les deux sous le double titre A-Z (Æquatoria-Zaire).
Hulstaert refuse et commence à comprendre que peu de gens sont vraiment intéressées à son
projet. Il essaie encore et suggère le nom de Doutreloux comme secrétaire de rédaction.
Rubbens se croit en mesure de faire avancer l'affaire et prévoit une direction collégiale sous
la conduite du Professeur Van den Eynde (6/2/63). Hulstaert fait son rapport au recteur
(13/3/63) mais il ne reçoit plus de réponse à ses trois lettres. Finalement le secrétaire de
l'Université, Plevoets lui répond (5/6/63): "Nous ne sommes pas encore parvenus à voir
concrètement comment cette reprise de la revue Æquatoria pourrait se faire dans les
circonstances actuelles". Hulstaert a compris et veut se diriger vers Elisabethville,
l'Université officielle. C'était plutôt une menace car il n'y a pas de trace d'une quelconque
tentative en ce sens. L'affaire se termine par une dernière lettre au recteur (14/9/63) où
Hulstaert rappelle "l'accord de principe jamais révoqué" et annonce dans le dernier numéro
d'Æquatoria la reprise de la revue par Lovanium.
8. ORGANISATION
8.1. Rédaction
Le Père Boelaert qui assura la direction la première année, très vite, se tourna vers
Hulstaert: "Je suis moi-même convaincu qu'Æquatoria sera seulement viable à la condition que
vous en preniez la direction effective. Sinon elle tombera aujourd'hui ou demain" (24/6/1938).
Hulstaert donne son consentement et Boelaert lui répond: "Je suis doublement content parce que
nous n'avons plus les mêmes conceptions concernant Æquatoria" (15/7/38). Boelaert part en
congé mi-décembre 1938 et revient en juillet 1939. Entre-temps la série des brochures est
devenue un périodique. Des intérims importants ont été assumés par les Pères Boelaert et
Cobbaut lors du long congé de Hulstaert (1948-1951). L'administration a toujours été aux mains
de l'imprimerie de la Mission. Sans qu'il y ait existé une nomination formelle, Hulstaert a
toujours considéré son confrère Georges Van AvermÆt comme membre de la rédaction. Mais ce
dernier quitta le Congo définitivement en 1947, Boelaert fera de même en 1954. Hulstaert
restait le seul à la rédaction jusqu'à la fin.
8.2. Les collaborateurs
En plus d'un programme bien précis et d'une philosophie clairement définie, il fallait des
collaborateurs entrant dans la même voie. La plupart furent, on devait s'y attendre, des
missionnaires (aussi quelques protestants). Ils avaient mieux que quiconque le contact avec
les autochtones et se trouvaient sur les lieux mêmes. Ensuite il y avait plusieurs agents de
l'administration et de la magistrature qui par leur profession, étaient également près du
peuple et dont certains partageaient les idées religieuses et morales des missionnaires. Vers
la fin nous trouvons aussi quelques publications de membres de l'IRSAC et, fait remarquable à
cette époque, des Congolais se mirent à publier également dans la revue. Bien qu'avant tout
orientées vers les Mongo ("immigration sud-ouest"), les publications venant de partout au
Congo ouvrent bientôt la visière et les sujets se rapportant aux Mongo ne dépassent guère
numériquement ceux consacrés aux Baluba et aux Bakongo.
8.3. Les abonnements et les abonnés
Les premiers fascicules furent distribués gratuitement en guise de propagande. Le premier
abonnement enregistré fut celui du Musée de Tervuren (18/11/38). Début 1939 le Cabinet du
Gouverneur Général s'abonne et peu après le Père Van Wing.
Nous n'avons aucune statistique pour les premières années, mais la correspondance de Hulstaert
avec l'imprimerie nous permet de connaître au moins le tirage: Pour 1939 nous avons le chiffre
200. A partir de 1941 jusqu'à 1944: le chiffre cité est 440; de 1947 à 1950: 480. De 1951 à
1959, nous disposons de chiffres très précis des abonnements, tirés des rapports annuels de
Hulstaert. Pour les dernières années 1960 à 1962 nous sommes à nouveau réduits à l'estimation:
le tirage était de 260 exemplaires et les abonnements d'environ 200.
L'analyse des chiffres de 1951 à 1958 nous amène aux constatations suivantes: La moyenne
d'abonnements est de 531 dont 446 payants (83%). Parmi les 446 payants, l'Administration
coloniale en prenait en moyenne 287 (64%) et les missions catholiques 91 (20%). Les instituts
scientifiques: une moyenne de 16 (3,50%). Des privés: 32 (7,20%). L'Union Minière prenait 10
abonnements ainsi que le Roi du Rwanda, Mutare III à partir de 1945. Les abonnements d'échange
représentent 9,98%. Sur le chiffre global, 45 étaient expédiés en Belgique (8,47%), 39 (7,47%)
en Afrique (hors du Congo) et 37 (7%) ailleurs, les autres restant au Congo. Pour 1958, l'Etat
supprime les abonnements à ses représentants en Afrique. Pour 1959, il réduit ses 238
abonnements à 71 qui tomberont à leur tour pour 1960. Toute action chez le Gouverneur, et plus
tard chez les responsables de la nouvelle République pour reprendre le soutien à Æquatoria,
restera vaine.
9. LA "PHILOSOPHIE" D'ÆQUATORIA
Le but déclaré d'Æquatorta était de rassembler tous ceux qui voulaient mieux servir le peuple
par une meilleure connaissance de sa culture. Dès le début on s'exprime ainsi: "Æquatoria veut
contribuer à la coopération et à l'entraide de ceux qui s'intéressent aux études congolaises,
- plus spécialement équatoriales, - par la mise en commun de connaissances individuelles. Elle
veut atteindre ce but:
(1) Par la publication d'études inédites, traitant les sujets les plus divers: langue, us et
coutumes, droit, art, enseignement, possibilités et essais d'adaptation, etc. Plusieurs,
peut-être, ont des études qui dorment dans leurs cartons; d'autres auraient quelque chose
d'utile à dire, sans pour cela, envisager le public des grandes revues. Aux uns et aux autres
Æquatoria offre la possibilité de parler en petit comité.
(2) Par la distribution des tirés à part d'articles, qui resteraient inconnus de ceux qui
n'ont pas les revues d'origine.
(3) Par la possibilité, pour les membres, de faire imprimer à bon compte un petit nombre
d'exemplaires de leurs études, qu'ils désireraient faire connaître dans le cercle restreint de
leurs amis et connaissances. L'article, ayant paru dans Æquatoria, il nous est possible d'en
tirer quelques copies supplémentaires (en plus des Hommages d'auteur, donnés gratuitement) et
de les fournir à un prix modique".
Cette déclaration sera répétée à plusieurs reprises, avec des variantes parfois
significatives. Citons l'expression: "études congolaises" et "études coloniales" et cette
explication en 1942: "Æquatoria (...) a toujours été dans ses limites et ses moyens propres,
au service des communautés indigènes et de leurs droits. Elle a toujours défendu le principe
que individus, familles, clans, peuples ne sont pas pour le colonisateur, mais que l'Etat,
l'économie, la bienfaisance, les écoles, les missions sont, au contraire, à leur service" (Æquatoria 1942, 5, p. 88).
Hulstaert ne s'exprime nulle part plus clairement (et librement) que dans sa lettre au Père
Schmidt (1946), rédacteur en chef d'Anthropos (revue d'anthropologie des Pères du Verbe
Divin), quant à la "philosophie" d'Æquatoria. Après toutes les années de difficultés avec le
Délégué Apostolique Dellepiane, il a besoin de s'ouvrir à quelqu'un de compétent en la
matière: "Vous savez que depuis avant la guerre, nous avions lancé une petite revue
anthropologique. Notre but était surtout de faire oeuvre pratique pour les missionnaires et
administrateurs coloniaux afin qu'ils puissent mieux connaître l'indigène et ainsi faire plus
de bien. Nous nous sommes vite aperçus que la missiologie devait être exclue de nos pages:
toutes les questions pratiques sont résolues d'office par la Délégation Apostolique. Et si une
solution n'est pas intervenue, on ne reconnaît jamais à de simples missionnaires le droit de
discuter de ces questions. Lorsque nous fondions notre revue nous pensions encore que aussi
longtemps que les autorités n'avaient pas tranché une affaire, on pouvait la discuter
librement. Maintenant nous savons mieux." (…) "Nous avions encore des questions pratiques: p.
ex. faire comprendre aux Blancs combien ils se trompaient gravement au sujet des iindigènes;
comment ceux-ci étaient souvent mal et injustement jugés et condamnés dans l'opinion
européenne; comment un certain nombre d'institutions, de lois etc. des primitifs sont bonnes,
voire pourraient servir d'exemple en Europe, combien il est dangereux de bouleverser et de
détruire sans construire; etc. Enfin, nous voulions, sur la base de données scientifiques,
défendre l'adaptation et le droit des communautés indigènes".
Dans ce courant d'idées, aucun sujet intéressant la vie de l'homme de l'Afrique Centrale n'a
échappé à Æquatoria: il y a avant tout, l'ethnographie et la linguistique mais aussi
l'agriculture, là médecine et l'hygiène; la démographie, l'éducation et l'enseignement, le
droit, la religion traditionnelle et l'adaptation-inculturation du catholicisme, la
philosophie, la musique et les divertissements.
Dans l'ensemble les collaborateurs ont utilisé un langage franc et direct; le ton ne plaisait
pas toujours à certains milieux, tant politiques qu'ecclésiastiques. Hulstaert mitigeait
souvent des phrases trop crues, mais parfois il les laissait telles quelles et en acceptait
sciemment le risque. Quand ils ne pouvaient plus s'exprimer librement (à partir de 1946), ils
glissaient leurs idées dans les recensions de livres, de petites considérations, ci et là,
dans la rubrique "Documenta" dont le choix même contenait déjà un message. Ainsi, on peut dire
que le thème majeur d'Æquatoria a été une certaine libération du noir: libération d'une
aliénation mentale, par la défense des valeurs culturelles existantes et un courageux combat
pour la conservation de la langue du peuple contre les langues étrangères (et Hulstaert visait
ici surtout le français, mais aussi le lingala) que l'on tentait d'imposer par une sorte
d'impérialisme culturel.
9.1. "Etudes coloniales" ou "Etudes congolaises"?
Les premières années nous trouvons dans les présentations d'Æquatoria indistinctement les deux
expressions: "Etudes coloniales" et "Etudes congolaises". L'expression "études congolaises" a
précédé l'autre. On la trouve dans le n.1 de 1939, version française, mais dans la feuille
volante en néerlandais, on utilise l'expression "Coloniale studies". A partir du numéro de
mars 1939, le mot "colonial" est introduit également dans le texte français de présentation (à
l'intérieur de la couverture). Quel en était l'enjeu? Ce n'était pas une question de
synonymes. Le Délégué Apostolique l'avait déjà remarqué et il envoie une "demande
d'explication" à Mgr. Van Goethem (27/11/1941). "Il y a dans le but déclaré de Æquatoria, me
semble-t-il, un contraste avec le but d'une Mission Catholique: "Etudes Coloniales"... une
Mission Catholique n'a pas pour but de coloniser. Comment donc les études coloniales seulement
seraient l'objet essentiel du périodique le plus important dirigé et administré par votre
Mission? De toute façon une modification ou mise au point s'impose".
Hulstaert s'explique à Mgr. Van Goethem, qui transmit le texte le 4 décembre 1941, au Délégué
Apostolique: "L'expression "Etudes Coloniales", y explique Hulstaert, est donc erronée, parce
que trop générale, embrassant d'autres sciences et d'autres questions. Le choix de
l'expression est dû à un souci excessif de concision. D'une part nous avons voulu éviter une
longue énumération des matières; d'autre part nous avons écarté des expressions comme: "études
missionnaires", "études missiologique", et similaires, non seulement parce que, elles aussi
prêtent à confusion, mais encore pour éviter de paraître exclure la collaboration des laïcs
laquelle, au contraire, est très appréciée par nous et que nous jugeons fort utile pour le
plus grand bien de notre oeuvre missionnaire".
Sur ce point, Hulstaert s'est donc incliné pour éviter de nouvelles difficultés. Mais dans la
conception des fondateurs l'expression "études coloniales" n'était pas un effet du hasard,
elle résume leur philosophie car ils voulaient étudier l'impact de la colonisation sur les
populations traditionnelles, d'où deux voies suivies: étude des langues et des traditions
d'une part, et d'autre part le fonctionnement des institutions nouvelles (enseignement,
église, mariage monogamique) et les conflits créés par ce contact (dénatalité, sabirs). En
1937, n. 3, l'expression était circonscrite par: "idées, expériences, questions qui peuvent
aider à notre tâche d'élévation de l'indigène".
Il est vrai que le but ultime était de rendre plus efficace l'œuvre missionnaire. Hulstaert
pensait entrer dans l'optique du Délégué en proposant: "Afin d'éviter l'ambiguïté
d'expressions comme " études coloniales" ou autres, nous proposerions soit d'omettre
totalement l'énonciation du but d'Æquatoria, soit de remplacer le premier paragraphe de la p.
2 de la couverture qui l'explique par le texte suivant: "Æquatoria. Revue des Sciences
auxiliaires de l'Apostolat Missionnaire".
Mais le Délégué, plus avisé que ne le pensait Hulstaert, répliquait "L'auteur de la note
semble vouloir m'éclairer et me convaincre de la sympathie et de l'estime dont est entourée
Æquatoria, et me persuader du grand bien qu'elle est appelée à faire. Veuillez l'assurer que
personne plus que le Délégué Apostolique ne comprend la nécessité d'avoir au Congo une revue
telle que Æquatoria, son vrai programme et l'aide efficace qu'elle peut apporter à l'Apostolat
missionnaire. Pas nécessaire de parler de "Sciences auxiliaires de l'Apostolat Missionnaire".
Il suffit de supprimer le mot "coloniales". Le mot Æquatoria, si je le comprends bien, veut
dire "Choses de l'Équateur"; dans l'expression en français, qui doit préciser le sens du mot
très général Æquatoria, il faut dire en résumé, quelles sont les "choses de l'Équateur" dont
s'occupe la revue. Les expressions comme celles-ci me semblent convenir: "revue des sciences
congolaises" - ou bien - "études congolaises". L'une et l'autre de ces expressions
conviennent, car elles indiquent bien le but scientifique de la revue, but pratique, puisqu'il
s'agit surtout d'études faites sur les lieux-mêmes fruits de connaissances et expériences
individuelles. Conclusion: il suffit (... ) de remplacer le mot "coloniales" (études
coloniales) par le mot "Congolaises"; ou mieux encore: "Æquatoria, Revue des Sciences
Congolaises, veut contribuer à la coopération et l'entraide de ceux qui s'intéressent aux
études concernant nos régions de préférence sur les lieux-mêmes etc. (Dellepiane à Van Goethem 14/12/1941).
Etr ainsi, à partir de 1942, on trouvera partout l'expression "études congolaises". En 1944,
l'expression sera mise en exergue mais à partir de 1954, elle disparaîtra à son tour.
Il est clair que Hulstaert a voulu faire ici une concession afin d'éviter des heurts avec le
Délégué. Déjà en 1937 au moment de la fondation, il utilisait le mot "études coloniales" en
rapport avec Æquatoria quand il écrivait au Professeur N. de Cleene (10/12/37): "Cela pourrait
devenir une sorte de périodique local pour l'entraide sur le niveau colonial pratique (... ).
Dans Africa (Londres) on ne trouve pas un mot sur les questions coloniales. Je pensais que ce
périodique se mettait sur le point de vue des indigènes".
"Le point de vue des indigènes" exprime le sens du terme "colonial" lequel constitue donc un
trait caractéristique d'Æquatoria. L'expression reviendra souvent sous la plume d'Hulstaert.
En 1942, n. 5, dans son éditorial, il est formel: "Æquatoria (... ) a toujours été au service
des communautés indigènes et de leurs droits". En date du 24/10/1945, il écrit à Boelaert:
"'Sciences congolaises' ne me plait pas. Cela ne cadre pas avec notre but".
9.2. Missiologie ou recherches africanistes?
En 1946, Hulstaert écrivait à un ami: "Je puis vous confier qu'il était dans notre but
primitif de faire surtout de la pastorale et d'autres études d'incidence plutôt pratique...
Mais au Congo toute la méthode et la pratique missionnaire est réglée par la hiérarchie, qui
ne permet pas la discussion".
Même au début, peu d'articles étaient de portée pastorale ou ecclésiastique, mais le point de
vue l'était bien, et souvent les considérations pratiques étaient confrontées avec les
exigences de la religion et de la morale catholiques. Et c'est ici qu'ils ont dû céder du
terrain. Boelaert et Hulstaert appartenaient, selon leurs propres dires, à l'avant-garde de la
pensée catholique. Ils ont le sens critique, cherchent des nouveaux chemins, veulent une
indépendance scientifique. Quelques autorités ecclésiastiques comme Mgr. de Hemptinne et le
Délégué Apostolique, ne l'entendaient pas de cette oreille.
"J'ai l'impression, écrit Hulstaert à Mgr. Tanghe (17/10/1945), que le Délégué Apostolique veut
faire d'Æquatoria une revue d'apologie polémique et de propagande missionnaire. Cela n'est pas
notre but, et nous nous abstenons dorénavant de missiologie après quelques tentatives
timides". L'éditorial du dixième anniversaire (1947, 4) situe parfaitement la relation entre
les deux pôles, science africaniste et science missiologique: "Née d'un désir réel d'étudier
les problèmes complexes qui se posent à notre devoir d'apostolat et de civilisation". Le
service rendu à l'apostolat missionnaire était devenu indirect. Les fondateurs auraient voulu
aborder les problèmes pastoraux plus directement, mais pour les raisons citées, c'était
impossible.
9.3. Æquatoria et la politique du Gouvernement Général
Il est un fait qu'Æquatoria vivait grâce au soutien financier de l'Administration Coloniale.
Est-ce qu'ils étaient pour autant inféodés?
Aucune intervention de l'Etat pour influencer la position politique d'Æquatoria ou pour la
censurer ne m'est connue. Nous trouvons parfois des expressions, des exposés qui allaient à
l'encontre des bases mêmes de la colonisation (Boelaert) ou qui en critiquaient formellement
certaines conséquences néfastes (dénatalité, effort de guerre, systèmes de recrutement,
politique foncière). A partir des années cinquante on critiquait ouvertement certaines
décisions du gouvernement. De 1953 à 1959, Hulstaert présentait les discours du Gouverneur
Général sous un angle critique. Dans son commentaire sur le discours de 1955 (Æquatoria 1955,
p. 134-138) il écrivait: "Si des hauts fonctionnaires continuent à manifester une intolérance
soit ouverte (... ) soit sournoise (... ) or il faut craindre la continuation de cet état de
choses, car il existe dans le sein du Gouvernement Général. Il faudrait peut-être se demander
plutôt quel pouvoir le Gouverneur Général a conservé sur les fonctionnaires de Kalina" (p.
136). Et il continue à critiquer le discours sur bien de points précis. Il présenta son texte
à M. Pétillon le 6 novembre 1955: "Je crois bien qu'il est superflu de vous assurer que la
critique que je crois devoir formuler de temps en temps n'est inspirée que par mon souci de
l'avenir heureux du Congo". Et le Gouverneur Général d'y répondre: "Je vous serai toujours
reconnaissant de m'adresser vos observations et critiques" (14/11/1955).
En dépit de son histoire mouvementée et des oppositions anciennes et récentes, Æquatoria est
plus que jamais vivante grâce à ses multiples amis et grâce aux encouragements des chercheurs
nationaux et étrangers. On fêtera donc le cinquantième anniversaire dans la confiance.
ABRÉVIATIONS
ARSOM = Académie Royale des Science d'Outre-Mer/Koninklijke Academie voor Overzeese
Wetenschappen
BCB = Biographie Coloniale Belge/Belgische Koloniale Biographie, Koninklijke Academie voor
koloniale wetenschappen
BBOM = Biographie Belge d'Outre-Mer/Belgisch Overzeese Biographie, Koninklijke Acadademie voor
Overzeese Wetenschappen, Brussel
NOTES
(1) E. De Jonghe (1878-1950), Directeur général au Ministère des Colonies et Secrétaire de
l'Institut Royal du C.B. (= ARSOM), BBOM VI 551-560, Professeur à l'université de Louvain.
(2) Natalis de Cleene (1899-1979), professeur à l'Université Coloniale d'Anvers. Membre du
Conseil Colonial. Il échange plusieurs lettres avec Gustaaf Hulstaert entre 1937-39. Note nécrologique dans
Bulletin de l'ARSOM 25 (1979) 47-58.
(3) Paul Jans (1886-1962). Missionnaire au Zaïre.
(4) Giovanni Dellepiane (1889-1961). Il était au Congo-Belge de 1930 à 1949 en tant que
Délégué Apostolique, ce qui correspond à la fonction de Nonce Apostolique. Vivement opposé à
l'indigénisme mais favorable à l'absorption de la culture "primitive" par la civilisation
latine. BBOM VII C 118-119.
(5) Félix de Hemptinne (1876-1958), au Congo de 1910 à 1958, Préfet Apostolique
d'Élisabethville de 1910 à 1932, Vicaire Apostolique de 1932 à 1958. BBOM VII A 291-299.
(6) Edward Van Goethem (1873-1949.) était le premier Préfet et Vicaire Apostolique de la
mission des Missionnaires du Sacré Coeur à l'Équateur au Congo Belge. BBOM VII C 181-192 (G.
Hulstaert). Il publiait lui-même dans Æquatoria.
(7) Leo Bittremieux, CICM (1881-1946). Missionnaire au Mayombe. Notices biographiques: BCB V
79-80 et Æquatoria 9 (1946) 137. Il publia 10 articles ou notes dans la revue. Fervent opposant
du Lingala.
(8) Vaest Van Bulck, s.j. (1903-1966) après une formation universitaire variée et brillante,
sera retenu en Afrique par la guerre en Europe pendant qu'il fit une tournée de recherches
linguistiques en Afiquue du Sud, et centrale. La correspondance entre lui et Hulstaert
commence, fin 1940 et prendra fin en 1958. En 1942-45, il séjournait à la mission de Ndinga
(Kwango). De septembre 1945 à février 1947 à Nlemfu. Bulletin de l'ARSOM 13 (1967) 143-155.
BBOM VII C 55-60.
(9) Mgr. Six (1887-1952), CICM. Vicaire Apostolique de Léopoldville (1934-1952). BBOM VI
923-925.
(10) Le numéro fut imprimé par les Salésiens à Kafubu, Katanga. Il n'était pas encore au
complet car y manquait l'article de M. Esser refusé par le Délégué Apostolique. Il était
imprimé en 473 exemplaires. Le Père Hulstaert en a demandé 25 et a fait détruire le reste par
l'imprimerie même. Il n'en restent que deux au Centre Æquatoria.
(11) Willy August Borgonjon, missionnaire OFM, au Congo de 1933 à ?
(12) Raphaël Van Caeneghem (1891-1958), au Congo comme missionnaire de 1921 à 1946. Publiciste
fructueux et "indigéniste" convaincu. BBOM VI 153-156.
(13) C'est le Délégué Apostolique lui-même qui s'était exprimé en ce sens au Père Jans:
"Le Délégué qui est mieux informé que nous, mettait l'article de l'abbé en relation avec une
certaine attitude chez certains membres du clergé indigène local, et aussi avec les
difficultés du gouvernement au Rwanda, suite à une différence d'opinion entre les éléments à
la conscience nationaliste et le gouvernement local..." (Jans à Vertenten, 13-9-45. Arch.
M.S.C.
- Congo - Borgerhout). Æquatoria 1945, 152.
(14) Voir P. Harroy, Bulletin de l'ARSOM 28 (1982) 72.
(15) Nous possédons 3 versions de la Rectification qui s'appellera finalement "Mise au point".
La première, probablement rédigée par Hulstaert, porte un grand nombre de corrections
significatives, apportées probablement par Boelaert. La deuxième est celle envoyée au
Dellepiane le
5/11/45 qui la jugeait "à peu près insignifiante, tant dans le fond que dans la forme" (Dellepiane
à Van Goethem 14/11/45). La troisième version porte la signature de Mgr. Van Goethem et sera publiée dans
Æquatoria 1945, p.152.
(16) Hilaire Vermeiren (1889-1967), au Congo de 1925 à 1964, Vicaire Apostolique de
Coquilhatville de 1947 à 1963.
Honoré Vinck, M.S.C.
Directeur du Centre Æquatoria |
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