|
|
|
|
Resistance and collaboration at the beginning of the colonization in Mbandaka (1883-1893) /
by Honoré Vinck [in French only]
Publié dans: E.Müller et A.-M. Brandstetter (Ed.), Forschungen in Zaïre. Lit,
Münster-Hamburg, 1992, 481-508 et légèrement revu en août 2003
Note préliminaire:
L'article de H. Vinck, Chefs et Patriarches de Mbandaka [AA 13(1992)517-528] est
complémentaire du texte publié ici, principalement en ce qui concerne l'identification des
chefs congolais de Mbandaka.
A la veille de la colonisation, Mbandaka, plus tard Coquilhatville, doit avoir été une
importante agglomération d'ethnies diverses, mais apparentées ou acculturées. Aujourd'hui,
l'agglomération s'étend officiellement sur plus de 30 km, bien que la portion effectivement
urbanisé ou habitée soit beaucoup plus réduite. (1)
Dans cette étude, nous ne prenons en considération que les villages absorbés par la ville
actuelle et leur environnement immédiat. En particulier, Bonsole et Injolo sont laissés dé
côté.
A la lecture des articles de Lufungula sur quelques chefs de Mbandaka (Lufungula 1990 a-d:
84-111, 119-130), j'ai été frappé par leur attitude de collaboration avec les colonisateurs, à
une seule exception près (Ikenge). J'ai donc voulu approfondir cette question et les
conclusions montreront que bien de nuances doivent être introduites dans ce schème un peu
simple.
Un problème de méthode se pose. Les sources principales et presque exclusives de notre
connaissance de cette période, proviennent du côté des colonisateurs. La source principale est
le journal de Lemaire (2), document privé, qui n'était pas destiné à la publication, et donc
moins suspect de visées propagandistes. La tradition orale par contre, est fragmentaire et
imprécise. Nous devons donc en tenir compte dans l'interprétation des faits qui seront évoqués
ici.
Stanley, dans ses deux livres (1879, surtout pp. 308-309; 1885, surtout p. 72-74, 180-182),
nous donne déjà quelques indications. Mais c'est surtout Coquilhat (1888), un des deux
fondateurs de "Equatorstation" qui sera confronté au problème du rejet des Blancs par la
population autochtone. Ses successeurs: Pagels (1893:172-187) (3), Liebrechts (109:151-157) et
Glave (1893:172-187) (4) en parlent également. Il me semble que les groupes qui habitaient
Mbandaka à cette époque, étaient soumis au moment du départ de Lemaire. Fievez (1895) (5),
Sarrazijn, Dubreucq et De Bauw, étaient déjà aux prises avec les populations "de l'intérieur":
"Après nous Ntange [=Fiévez] s'est battu avec les Bofiji et les Injolo" (D. 491).
Il faudrait faire aussi une distinction, bien que pas toujours évidente, entre hostilité et
résistance, cette dernière incluant une certaine activité.
Les groupes humains qui occupent le terrain nous intéressant ici, étaient principalement des
Mongo ou des Mongoïsés. A l'intérieur de cette dénomination, ont doit distinguer entre
riverains (Boloki et Eleku), d'une part, et Terriens (Bokote), d'autre part, dont les Ntomba
et les Bolenge.(6)
Comment les habitants de Mbandaka ont-ils réagi au phénomène curieux du premier blanc dans
leurs parages, Stanley et de sa flottille?
Sur une carte annexe à son livre "A travers le Continent mystérieux" (1879, tome 2), Stanley
situe, à l'embouchure de la "Mohinbdu ou Ikelemba", le village "Ibonga". Cet endroit, du point
de vue géomorphologique (rive droite de la Ruki), est inapte à l'établissement d'un village
d'une certaine importance, et le mot "Ibonga" (7) suppose cette caractéristique. Mais Stanley
ne savait pas exactement où se trouvait cette ou ces rivières. Boelaert prétend que Stanley
n'avait pas vu l'endroit où se trouve l'actuel Mbandaka, mais qu'il est passé par derrière
l'île Nsambala (Boelaert 1958,121). Il peut avoir donc bien vu les Nganda (endroits de séjour
temporaire des pêcheurs) établis sur ces îles. En tous cas, Stanley écrit-il: "Les habitants,
sans se montrer ouvertement hostiles, n'ont pas répondu à nos ouvertures que par le cri de
guerre spécial: "yaka ha ha" (1879:309). Tout en longeant les îles ou la rive, sans y
accoster, il aurait pu parfaitement interpréter ce "cri de guerre spécial", s'il l'avait
compris le lomongo. "Yakaka" est la forme renforcée de "yaka" "venez". C'est donc lui qui ne
répond pas à l'ouverture des habitants du pays. Il continue, et environ 10 km plus loin, il
passe devant "Bouena" et "Ingouba" noms de localités entre Wangata et Wenje, mais inconnus
aujourd'hui, où il tente d'entrer en contact avec des pêcheurs. Pour toute réponse, "ils
saisirent leurs fusils et devinrent d'une activité dangereuse" (Stanley 1879: 309). Cette
attitude réservée ou hostile change presque miraculeusement à Ikengo: "Arrivés à Ikinngo, nos
présents sont acceptés sans crainte et nous nous empressons de sceller cette amitié par
l'échange du sang" (Stanley 1879: 309).
La raison n'en était certainement pas un élan soudain d'amour universel mais, selon Boelaert,
qui tire ses informations de la tradition orale, le fait que l'expédition, en butte à de
graves problèmes d'approvisionnement en vivres, y avait vendu environ 30 esclaves. Et Boelaert
d'expliciter: "Comment expliquer autrement que les indigènes d'ici se sont présentés en si
grand nombre et avec autant de vivres, s'ils n'avaient été alléchés par un prix qui, à leurs
yeux, en valait la peine ... cette population de marchands acharnés d'esclaves" (Boelaert
1954).
En 1883, Stanley revient et il peut fonder, sans difficultés, avec Vangele et Coquilhat, son
"Equatorstation", d'abord à Bojia, et finalement le 17 juin à Wangata, et non à l'embouchure
de la Ruki, car la population, lui paraît encore trop "sauvage", appréciation qui perdurera
encore quelques années." (Stanley 1885: 32)
L'occupation de l'aire géographique de l'actuelle Mbandaka par l'Etat Indépendant, se passe
en deux temps avec une certaine interruption de 4 et 7 mois.
Coquilhat résidait à Wangata pendant 10 mois et 13 jours (du 17-6-1883 au 30-4-1884) et
Vangele y restait pendant 18 mois et 3 jours (du 17-6-1883 au 20-12-1884). Après les
responsables se succèdent à un rythme accélérés. Casman succède à Vangele et y meurt après 5
mois (Biographie 1951:143-147). Pagels y reste du 13-5-1885 à avril 1886, c'est à dire 10 mois
et 17 jours (Biographie 1955:671-673). Glave (Biographie 1951:415-417) y fait un plus long
séjour: d'abord en tant que responsable du post de l'Etat pendant 3 mois et 23 jours (du
1-1é-1885 au 23-4-1886), ensuite pour la Sanford Exploring Expedition et la Société Anonyme
Belge (S.A.B.) jusqu'en mi-1889. D'autres responsables, notamment les chefs de la "Région de
l'Equateur", Liebrechts (Biographie 1952:556-560) (23-11-1885 à ?) et Van Den Plas (1-7-1885 à
? ) y résidaient officiellement.
Le Poste de l'Etat était supprimé le 23-4-1886, mais de fait, il y restaient bien de gens du
côté occupant: les missionnaires Murphy et Banks y séjournaient jusqu'en 1889, ainsi que les
représentants de la Sanford Exploring Expedition et de la Société Anonyme Belge: Boulanger,
Michiels, des Zanzibarites et des Haoussa comme sentinelles (Boelaert 1959; 1988).
Equateurville restait la base des expéditions de Vangele (Ubangi) et de Van Kerckhoven. Il y
avait 108 soldats en 1889, 129 en 1890 et 170 en 1891 (Boelaert 1956)?. C'était un va-et-vient
continuel. (La Force Publique 1952:annexe 6).
Le 1er août 1888 est créée le District de l'Equateur, sans titulaire, jusqu'à l'arrivée en
décembre 1890, de Charles Lemaire qui reconstruisait le Poste en avril 1891 et prospectait le
nouvel emplacement de Coquilhatville.
Avec l'arrivée de Lemaire, un détachement de soldats s'y est installé et en 1892, un camps
d'instruction militaire y est créé à Equateurville (9). Il partait en juin 1893, après un
séjour de 2 ans et 7 mois. L. Fievez lui succèdait en 1893, et y restait jusqu'en 1897.
Sarrazijn continuait jusqu'en 1899.
Le 23 février 1895, Coquilhatville recevait le statut de circonscription urbaine.
Grâce à une littérature contemporaine relativement abondante, nous pouvons reconstruire
quelques détails des méthodes utilisées par l'occupant dans le but de s'imposer et de
soumettre la population autochtone.
3.1. LES CONTRATS
Stanley n'avait que des accords verbaux avec Inganda et Wangata (Coquilhat 1888: 139-140).
Vangele et Casman ont signé respectivement 12 et 3 contrats avec des responsables des villages
environnants, mais 18 autres villages n'auraient pas été contactés, selon la carte de
Coquilhat de juin 1884. Il s'agit de contrats écrits en français et "signés" par les deux
partis. Selon la légende de la carte, il y avait 2 types d'occupation: il y avait les terrains
appartenant en "propriété" à la Station et les villages sous sa "protection".
Mais Vangroeweghe qui a vu la plupart de ces contrats, nous donne un seul genre de texte dont
l'essentiel est libellé comme suit:
"Les chefs susdits cèdent la souveraineté dudit district au Comité d'Etudes du Haut-Congo
(...) ils leur cèdent en outre en toute propriété, à perpétuité et à l'exclusion de toute
autre personne (...) les terrains et les droits nécessaires pour exploiter toujours les
ressources du pays et pour (...) développer les relations commerciales et autres (...)"
(Vangroenweghe 1980: 188).
La contrepartie était un paiement immédiat et une rétribution mensuelle qui pourrait être
suspendue si les termes du contrat n'étaient pas respectés. En mai 1885, Pagels a ainsi 16
chefs à rétribuer (Pagels 1902-1905). Coquilhat, qui a assisté à la signature de plusieurs de
ces textes ne nous explique pas comment et en quelle langue on a fait comprendre aux chefs la
portée des termes "souveraineté" et "toute propriété à perpétuité". Il est certain que ces
textes ont été sujet à des interprétations très divergentes et ont en conséquent à l'origine
de bien de querelles et de "combats" entre les contractants. Le comportement d'Ikenge, qui
veut contrôler et rançonner la livraison des vivres à la station, qui s'oppose à l'abatage de
3 arbres, qui refuse l'agrandissement du terrain, etc., le prouve abondamment. Cette attitude
lui coûtera la vie.
3.2. OCCUPATION EFFECTIVE DU TERRAIN
L'occupation effective ne suivait pas immédiatement la signature du contrat, sauf pour une
partie de Wangata. Après la mort d'Ikenge, on a fait déménager le village pour étendre le
Poste. Bien de difficultés surgissent pour agrandir le terrain de Bokena-Boyela. L'affaire a
été retenue par la tradition orale. L'opposition grandit et il fallut une ruse, l'enlèvement
du fils du chef, pour faire aboutir les tractations (Hulstaert 1986: 84-85).(10)
Après la proclamation de l'Etat Indépendant (1-7-1885), on n'entend plus parler de ces
contrats.
Signalons un autre genre d'occupation qu'était le système des sentinelles, soldats noirs, pour
surveiller la production imposée vivres, caoutchouc, etc. Les villages autour d'Equateurville
ont ployé sous leur joug. Nos sources nous renseignent que:
- Pendant que la Station d'Equateurvillc était abandonnée par les Blancs de l'Etat, à
partir de Nouvelle Anvers, on y avait placé en octobre 1889comme représentants, un Zanzibarite
et des soldats, (Boelaert 1952: 59).
- Le village Ipeko, ne cédant pas facilement à la vente des poules bon marché à la Station,
était ainsi "doté d'un Poste de 5 hommes (...) dès que la chose pourra se faire" (10-6-1891).
C'est le seul cas signalé à Mbandaka même, mais le système existait déjà à cette époque dans
d'autres endroits (p.e. à Lulonga).
- Bangeli de Lifumba déclara: "Plus tard il plaça une sentinelle dans chaque village pour y
rester et pour réunir les cotisations" (D. 468) (il n'est pas sûr que ceci vise l'époque de
Ch. Lemaire).
- Le soldat Molili réside à Boyeka sous Fiévez (Boelaert 1956: 201).
3.3. SERVICES IMPOSÉS
Au début, les services demandés se limitaient à l'approvisionnement en vivres contre paiement.
Au temps de Lemaire, il n'y a pas encore de traces de travail obligatoire au service direct de
l'Etat, bien que le décret de 1891 permette de l'exiger en guise d'impôt.
Le 13 mars 1891, Lemaire installait un marché à Wangata à organiser tous les 4 jours et fixait
les prix des marchandises. A cette même occasion, on voit apparaître une forme d'imposition:
"Chaque village [doit] fournira à son tour une dame-jeanne de massanga (11) gratuitement". Les
chefs déclarent accéder à tout, mais le même jour, Lemaire allant à la rive droite pour
acheter des vivres, est refoulé. On peut lire ensuite une longue liste d'indemnités de guerre.
Plus tard, Lemaire impose des véritables impôts. On en trouve un véritable inventaire à la
date du 19-3-1891:
"Villages Boussirandao: 1 homme libéré et 1 petite chèvre; Villages Nganda: 12 hommes libérés,
4 grandes chèvres, 4 petites chèvres, 20 poules; Villages Wangatas: 3 hommes libérés, 2
grandes chèvres, 2 petites chèvres; Village Macouli: 2 hommes libérés, 2 grandes chèvres;
Villages Bandakas et Ilekou: 8 hommes libérés, 2 grandes chèvres, 2 petites chèvres et 5
poules".
A plusieurs reprises, il note des quantités d'hommes, de vivres et de mitako pour G. Van
Kerckhoven, à cette époque l'Inspecteur d'Etat. A partir de 1892, l'imposition comportera des
pointes d'ivoire et du caoutchouc. Le 22 septembre 1892, les habitants de Lolifa ont
"l'honneur d'inaugurer un genre d'imposition permanente: (1) chaque dimanche gratuitement 100
chikwangues; (2) chaque dimanche gratuitement un panier de caoutchouc pendant 10 dimanches".
Cette pratique continuera jusqu'au début du 20e siècle (12).
La livraison systématique du caoutchouc doit avoir été imposé aussi aux villages de l'actuel
Mbandaka, comme le signifie la déclaration des gens de Wangata en 1895 (voir paragraphe
suivant). La tradition orale en parle, mais l'imprécision quant à l'époque ne permet pas d'en
définir exactement le moment. Lemaire affirme d'avoir refusé l'imposition du caoutchouc
(Lemaire 1894: 64) et Yampala de Boangi dit: "Wijima [= Sarazijn, l'auteur] arrive et arrête
le caoutchouc" (D. 468). C'est donc seulement entre fin 1893 et 1897 qu'ils ont été confronté
avec la corvée du caoutchouc.
3.4. CULTURES IMPOSÉES
On ne peut parler non plus de cultures imposées sous Lemaire. Il a bien essayé de faire
planter du riz par les Wangata, Bakoli. (Macouli) et Ipeko. Les chefs lui disent qu'il est le
premier à faire une chose pareille (19-6-91) et Bongese y ajoute que cela ne lui intéresse
pas; ce qui fait sortir le mot "imbécile" de la plume de Lemaire. Les habitants de Bokanga
reçoivent encore des semences de tomates et d'aubergines. Le 2 juin, le riz sort de la terre,
mais Lemaire n'en précise pas l'endroit exacte.
Il a certainement essayé de faire cultiver du café comme les vieux de Wangata le confirment en
octobre 1895: "Nous aurions dû, comme tu nous y avais engagé, planter beaucoup de café, et du
riz. Alors peut-être n'aurions nous pas eu la palabre du caoutchouc" (Carnet 6: 1 au 2 oct.
1895. Tervuren 62-45-18). Car effectivement cette tentative n'avait abouti à rien comme le
constate Lemaire lui-même le 10 août 1900 (Carnet 23. Tervuren 62-45-45).
Une fois installés à Coquilhatville, l'Etat organisa des plantations de café avec des
travailleurs engagés pour un terme bien défini.
3.5. INTERVENTIONS DANS LES COUTUMES: LES SACRIFICES HUMAINS
Les rites funéraires mongo d'un personnage de rang, occasionnaient plusieurs sacrifies humains
(Hulstaert 1937). Coquilhat et Vangele y ont été confrontés, mais n'avaient pas de moyens de
s'y opposer. Pagels se heurte au même problème. C'est le paisible 'allié Ipambi, de Wangata,
qui l' a organisé en janvier 1886. Pagels devait le menacer avec le canon, pour l'empêcher
d'exécuter ses desseins, mais il a remarqué "la haine dans leurs yeux" et Ipami s'enfuit chez
les Ipeko "pour continuer la lutte". (Pagels 1902-1905). Liebrechts a pu sauver 4 jeunes
filles du sacrifie humain à Wangata (est-ce le même cas?) (Liebrechts 1909: 152; voir aussi
Boelaert 1952: 12). Le 12 mai 1891, le missionnaire Banks signale le sacrifice d'un enfant sur
la tombe de Botuto (Montoutou), ce qui, après enquête, semble être faux. En mai 1893, Lemaire
est invité à s'assurer de visu qu'on ne sacrifice pas d'esclaves à l'occasion de la mort du
chef Ngulu des Wangata.
3.6. CONTRÔLE DU TRAFIC FLUVIAL
Vangele avait instauré le contrôle de la navigation sur le fleuve. Le but en était
l'acquisition d'ivoire et le contrôle du trafic d'esclaves. Toute pirogue devait arborer le
drapeau de l'Etat. Début 1888, Van Kerckhoven impose un permis de navigation, le drapeau de
l'Etat et le contrôle au Poste de l'Etat pour toute pirogue et embarcation. Les Wangata
perdaient ainsi leur droit de prélever un impôt sur l'ivoire de passage. Dès octobre 1889, le
Zanzibarite posté à Wangata "entrave le commerce jusqu'à arrêter les pirogues de la
factorerie" (Boelaert 1956: 200; voir aussi Mouvement 1888).
Lemaire signale deux cas où il s'est accaparé de pirogues sans drapeaux. La première fois
(22-7-1891), il s'agit des pêcheurs de Bolokw'a nsamba et la deuxième fois des gens de Boangi.
Lemaire les poursuit et au refus du chef de Boangi de livrer les pirogues et les hommes, il
répond par une attaque, répétée le lendemain (13-11-1892). Ces faits sont attestés par la
tradition orale: "Ikoka (Lemaire) ne voulait pas que quelqu'un passe en pirogue. Si quelqu'un
venait de passer, il rappelait, s'il ne voulait pas venir, il le tuait avec son fusil" (D.401
dans Hulstaert 1977: 56).
3.7. INSTALLATION DES CHEFS
Ceux qui se sont présentés lors de la première rencontre avec les Blancs, comme les
responsables de la population, sont appelés "patriarches", "chefs", "grands chefs". On peut
s'imaginer difficilement qu'à cette époque les colonisateurs se soient posé des questions sur
les modalités que la tradition impose pour l'accession à ces fonctions. Ils ont pourtant
remarqué que cela donnait lieu à des intrigues. Pour Coquilhat, le pouvoir de Bongese de
Wangata w'ibonga, et de Mikoto de Mbandaka, "finaud paterne", est douteux. Imbele (près de la
Station), Ejimokonda d'Ipeko ("veut la guerre"), et Ioka (Wangata w'aliko) sont qualifiés de
"mauvais".
Lemaire ne cite qu'un seul cas d'un chef (Ioka Mpumu à Wangata w'aliko) institué par lui et
par la suite destitué (29-12-1892). Le paiement mensuel des chefs devait aussi constituer une
manière pratique de les inféoder. Il n'a pas été rapporté que quelqu'un l'aie refusé.
3.8. LES EXPÉDITIONS PUNITIVES
Les expéditions punitives dans les environs de Mbandaka ne prenaient pas beaucoup de temps,
c'est une affaire de quelques heures, le temps de tirer dans la masse si les hommes sont
restés au village ou le temps de brûler et de détruire le habitations et les champs.
3.8.1. LES FAITS
En 1888, Coquilhat écrivait encore (1888:148): "Pour arriver à la domination des nègres,
l'emploi de la force est exclu de notre programme, hors le cas de légitime défense (...) c'est
l'appât de nos articles de traite qui sert de grand moyen".
Pagels, deux ans plus tard, a d'autres sentiments. Il fallait "renforcer la station avec une
forte garnison pour pouvoir punir sévèrement les indigènes chaque fois qu'ils désobéiraient
(...). Avec les 26 hommes armés que je possédais, je ne savais pas agir efficacement contre
les populations des environs de la Station" (Pagels 1902-1905) .
Le Zanzibarite, posté à Wangata (après la suppression du Poste et avant l'arrivée de Lemaire)
"est d'ailleurs continuellement en guerre avec l'un ou l'autre village des alentours"
(Boelaert 1988: 57).
Lemaire a enregistré pour une période de deux ans, neuf localités se situant sur le terrain de
l'actuel Mbandaka, qui ont été"visitées" par une expédition punitive. Le résultat en était au
moins: 24 morts pour les villageois et 2 pour la Station, de nombreux blessés et les villages
brûlés.
Après chaque expédition punitive, un "tribut de guerre" était exigé. Pour les cas mentionnés
dans le Journal de Lemaire on arrive au résultat suivant: 36 hommes "libérés", au moins 6500
mitako (barrettes de laiton d'environ 20 cm servant d'unité monétaire au début de la
colonisation), 22 chèvres, 118 poules et 10 paniers de caoutchouc. Ces chiffres sont
certainement incomplets et il faut y ajouter d'autres impositions signalées dans le texte mais
sans mention de leur contexte. Dans cette catégorie, on compte 59 hommes (souvent remplacés
par 1000 ou même par 500 mitako par personne, parfois refusés aussi parce que pas de bonne
qualité), 32 chèvres, 1600 mitako, 56 poules, et quantité de chikwangues et de bambous.
Les villages à la rive droite ont le plus souffert. Ainsi Bonkombo a été attaqué trois fois,
Mpombo et Nkoto deux fois, Bakanga et Lukumbi une fois. A part ces attaques séparées,
l'ensemble de ces villages de la rive droite a reçu trois visites militaires sous Lemaire.
Généralement ces incursions se terminaient avec la demande de la paix et peu après par
l'échange de sang et le paiement d'un tribut. Ces villages de la rive droite ont dû
enregistrer au moins 30 morts (Ngombo 15 et Bonkombo 15), payer 2150 mitako, 165 poules, et
1300 bambous.
3.8.2. LES MOTIFS
Les occupants avaient signé des contrats avec la bonne moitié des villages, comme nous l'avons
signalé. Il est clair, que les chefs et les villageois ne se sont pas tenus aux clauses d'un
contrat qu'ils n'ont pas pu comprendre et dont ils ne voyaient pas les avantages. Mais l'Etat
avait besoin de vivres et de tranquillité, et d'étendre son autorité. Le moindre prétexte
était bon pour une expédition sanglante. "Et quand un village allait porter des vivres et
qu'il n'y en avait pas assez, les sentinelles avec quelques hommes, prenaient quelques
prisonniers, détruisaient tout" (D. 468).
Sous Lemaire, Lolifa est attaqué pour avoir refusé de venir à la Station, Bokanga (Inganda)
pour avoir empêché Lenaerts de couper des lianes, Inkole pour avoir refusé de vendre des
poules, Ipeko pour la même raison et plus tard pour avoir fait alliance avec Inkole; Boangi
est attaqué pour refus d'extradition de pirogues fugitives sans drapeaux, Iyonda et Buya pour
n'avoir pas remis à la Station 24 réfugiés; Mpombo a vendu une femme volée à la Station,
Bonkombo a menacé un allié (Wangata) et refusé de vendre des vivres à Lenaerts.
Les motifs qui ont entraîné la mort d'Ikenge de Wangata étaient ses tracasseries qui
handicapaient l'approvisionnement de la Station.
Pagels a attaqué le village du chef Imbele qui avait maltraité 3 soldats de passage. Résultat:
7 morts du côté du village, un mort côté de la Station. Quand, à l'occasion d'une promenade,
son boy est tué (à 10 km de la Station), il brûle le village et y tue 10 personnes. Boshart,
resté quelque temps avec Lemaire, cite le refus de livrer des recrues, comme motif d'attaque
(Boelaert 1955: 12,1).
Les villages essayaient de se défendre, mais la supériorité des Blancs était grande. Les
villageois ont réussi à tuer deux personnes et à blesser une vingtaine des sujets de Lemaire,
et quelques unes du temps de Pagels.
3.9. L'EXERCICE DE LA JUSTICE
S'imposer comme arbitre dans les conflits internes donne une inf1uence considérable sur la
population. Déjà Vangele essaie s'attribuer ce rôle, et quelques années plus tard, Lemaire
prend en mains de manière systématique les conflits qu'on lui soumet ou dont il a pris
connaissance. Nous lisons dans son Journal: "Les populations riveraines soumettent à l'Etat
quantité de palabres qui s'arrangent généralement à notre intervention pacifique"
(13-11-1891).
Entre le 24 et le 26 mars 1891, se déroule l'affaire Bokanga d'Inganda. Ce dernier avait doté
une femme appartenant à un habitant de Wangata et qui était venu se plaindre chez Lemaire de
la surenchère. Celui-ci arrêtait Bokanga, confisquait la femme au Poste et faisait payer des
amendes au père de la femme et au prétendant.
Le 6 septembre de la même année, un cas de vol à la factorerie de la Société Anonyme Belge
(S.A.B.) a entraîné une condamnation à une servitude pénale d'un mois et une amende. Le
lendemain, une palabre d'une femme, qui a entraîné coups et blessures, est assortie de 6 mois
de servitude pénale et une amende. Le 1er juillet fête de la fondation de l'Etat Indépendant,
Lemaire proclame une grâce générale.
Les structures de la justice seront officiellement instituées beaucoup plus tard. Pendant les
premières années, seul un conseil de guerre a fonctionné.
Il y a eu plusieurs tentatives de résistance, mais sans la moindre organisation. En outre, nos
sources ne nous permettent pas d'en cerner les motivations conscientes et explicites. Nous
pouvons distinguer plusieurs stratégies plus ou moins spontanées, quelques fois plus
systématiques, mais toujours peu efficaces.
4.1. LE REFUS DE LIVRAISON DE NOURRITURE POUR LE POSTE
A plusieurs reprises nous voyons que les habitants des villages aux environs du Post de l'Etat
refusent ou sabotent la livraison de nourriture. C'était le point le plus épineux pour les
Blancs qui avaient à nourrir parfois quelques centaines de personnes et à prévoir de longues
excursions sur le fleuve vers des régions inconnues. Les villages (leurs chefs) l'utilisaient
cette tactique comme moyen de manifester leur indépendance (Ikenge) ou pour obtenir des prix
plus élevés (village d'Ipeko, le 18-3-91). "Monsieur Lenaerts, s'étant rendu sur la rive
droite pour acheter des vivres, a dû se retirer devant les menaces des indigènes" est une
phrase qu'on rencontre plusieurs fois dans le Journal de Charles Lemaire.
4.2. ASILE AUX DÉSERTEURS
Les désertions des "libérés" du Poste ou des bateaux de l'Etat, étaient fréquentes. Ils se
cachaient dans les villages environnants. Mais les agents du Poste savaient les découvrir.
Ainsi Lemaire signale 10 cas de désertion en deux ans. Certains villages détiennent les
déserteurs depuis plus d'un an (9-5-1892). Lolifa avait fait déserter et accueilli les
prisonniers de la Tshuapa (22-9-1892). Iyonda et Bojia en avaient casé 24 (13-12-1892).
Lemaire nous apprend que le 2 août 1891, 10 Mongo libérés se sont sauvés et réfugiés chez les
Bonsole. Enfin quelques jours après, un libéré Mongo est parti chez les Wangata-les-bois.
Lemaire doit constater que "Ces hommes ne seront rendus que après une action armée" (19-8-91).
4.3. LA FUITE
A l'approche d'une attaque qu'on craint supérieure a ses forces, il arrive que le village se
vide. Un cas typique est raconté par Lemaire (16-4-1891): "Expédition contre les villages de
la rive droite. Retour à 4 heures. Les villages étaient barricadés des trous de loup à flèches
préparés. Rien dans les villages". Dans un autre cas, on voit qu'on menace de se réfugier du
coté français. "Vous pouvez essayer de nous attaquer, dit Bonkombo, nous passerons sur la rive
française" (24-12-1892). En 1895, Lemaire le rappelle encore: "Si l'indigène, mécontent, peut
gagner le territoire voisin, il ne manque pas de le faire, ça a été le cas dans le Congo à
Tchumbiri, Loukulela ... Boussindi, Irebou et dans le bas Ubanghi" (Carnet 6. Tervuren
62-45-18).
4.4. ATTAQUES ARMES ET ALLIANCES ENTRE VILLAGES
Les Mbandaka ne se sont jamais présentés en forces armées coalisées. Les actions le plus
audacieuses consistent en quelques tires de flèches furtives. Et la station est fortifiée. Il
y a des tours de guet et des sentinelles jour et nuit. Dans l'affaire d'Ikenge nous supposons
quelques connivence en vu d'un butin à partager, mais l'histoire nous apprend que l'action est
restée sans effet apparent: "Ce sont les clans éloignés entrés dans le complot contre nous,
qui (...) se pressent pour avoir leur part de rapine" (Coquilhat 1888: 176). On pourrait
encore mentionner le texte de Glave, bien que légèrement en dehors de la circonscription visée
par la présente étude. Il s'agit d'une attaque de la part des Bonsole: "Whilst living amongst
the Ba-Nkundu here I was repeatedly hearing rumors in the villages of an expected attack from
a large inland tribe called Monzolé. As no white man hat ever visited these people, I decided
that I would endeavour to make friends with them by visiting their villages ..." (Glave1893:
179).
Plusieurs attaques de personnes isolées sont signalées. Augouard, se basant sur les dires des
responsables de la Station en août 1885, témoigne: "Les gens de la Station, blancs ou noirs,
ne peuvent sortir de l'enceinte que bien armés, car les indigènes tuent infailliblement ceux
qui tombent entre leurs mains. Les villages alliés des blancs sont attaqués" (Augouard 1886:
93-96) ainsi le 7 septembre 1891, Ipeko veut attaquer Mbandaka parce qu'ils ne les ont pas
avertis de l'attaque des Blancs. En septembre 1893, Ipeko et Wangata w'aliko invitent Ikenge à
attaquer Bolela (de Bakoli).
Après la mort d'Ikenge, "Le calme renaîtrait complètement si les amis du chef mort ne criaient
vengeance dans Inganda et ne cherchaient à créer une confédération contre nous" (Coquilhat
1888: 177). L'expédition punitive contre Inkole (14-6-1891) est attaqué par Ipeko et sera
obligée de rebrousser chemin, quelques jours cependant, après avoir fait l'échange de sang
avec le responsable du Poste.
"Il y a coalition entre la population de l'intérieure Ipeko, Bamania, Wangata-des-bois,
Moussolé etc ." (19-8-1891). Mais tout cela semble peu ou pas organisé et ne sera jamais une
menace sérieuse pour l'occupant. Coquilhat l'avait déjà bien remarqué: "Le peu de cohésion
qui, ici comme dans le Bas-Congo, règne entre les tribus, et l'absence de grands Etats et même
de groupes dépassant quelques milliers d'âmes, facilitent les progrès de notre autorité dans
la contrée" (Coquilhat 1383: 1-17).
4.5. LA PROLÉTARISATION
Vangele n'avait pas pu engager des hommes pour travailler à la Station de l'Equateur mais bien
45 femmes de Bakoli (Vangele 1884: 66). Au temps de Lemaire on va plus loin. Pour la
construction de Coquilhatville, 5 équipes de scieurs étaient engagés. Le 19-5-1891, Lemaire a
mis 4 personnes au sciage de long. Bon nombre de libérés seront dirigés vers ce genre de
services.
En 1893, il y avait à Coquilhatville 154 indigènes engagés. Encore à Equateurville les
soldats, originaires de l'Uélé, "avaient été dressés par des agents blancs du camp" (Lemaire
1894: 185, 137). L'apprentissage de métiers insérant les gens de la région dans le nouveau
système social, les rendant de plus en plus dépendants d'un paiement organisé, tout en perdant
leurs occupations traditionnelles et indépendantes (cf. Cattier 1906).
La résistance au conquérant de sa terre est un sentiment universel en raison de toutes sortes
d'interventions dans la vie et les institutions traditionnelles que cela entraîne. A ne pas
s'étonner donc que les habitants de Mbandaka aient fait montre de sentiments peu amicaux
envers les premiers Blancs.
Pagels est confronté plusieurs fois avec cette hostilité sournoise. A propos du chef Imbele,
il écrit: "Cet Imbele avait toujours été hostile aux Blancs, bien qu'il fut le voisin le plus
proche au sud de la Station. Il avait toujours rejeté toutes les offres de relation des
Européens et même mes successeurs ne sont jamais parvenus à lui faire abandonner les idées
cruelles de l'ancien temps" (Pagels 1902-1905). Après une excursion punitive, il viendra
quand-même conclure la paix.
Quand Pagels s'oppose aux sacrifices humains à Wangata: "seul un murmure gronde parmi la
foule. Je pense que les sauvages furent saisis par l'audace des deux Blancs et en oublièrent
leur haine" (Pagels 1902-1905).
Liebrechts, en visite à la mission protestante, remarque un individu étrange; "J'en fis
l'observation au missionnaire. Il connaissait cette individu comme un féticheur Wangata d'une
hostilité féroce à regard des Européens et dont tous les efforts selon lui, tendaient à nous
chasser du pays (...) ajoutant qu'il était certain qu'un jour il tuerait un des Blancs"
(Liebrechts 1909: 152). C'est Glave qui le tuera peu après (cf. Liebrechts 1909: 152).
Quand Glave a la direction de la Station, il juge le peuple "friendly" (Glave 1393:. 172),
mais les Bonsole semblent rester "dangereux". Charles Lemaire aussi remarque des sentiments
hostiles. Le 14-4-1891 lors de l'attaque à Lolifa, "les indigènes sont à la rive insultant le
blanc" (&) "ces villages ne veulent pas la paix". (7 -6-1890). Le chef d'Ipeko, Ejimokondo,
"est animé de mauvaises dispositions pour l'Etat" (11-6- 1890. "Ekoio continue à vouloir la
guerre" (7-2-1892).
Les textes précédents rendent compte exclusivement de la perception des faits par les Blancs.
Des témoignages indigènes peu précis, il est vrai, confirment certaines données. L'extension
du terrain à Mbandaka est d'abord refusée par Bokilimba qui laissait dire: "Je refuse (...)
Ces gens sont des mânes. Qu'ils retournent à Wangata" (Hulstaert 1983: 167). Mais pas
seulement des Blancs semblent avoir été objet de mépris. Antoine Boongo raconte en 1954:
"Après l'arrivée des Blancs, les gens étaient fâchés contre les Wangata: que c'est vous qui
nous avez amené ces fantômes id et ils appelaient la mort sur les Wangata (...)" (D. 400).
Paul Ngoi, dans sont essai (1937) sur l'arrivée des premiers Blancs dans la région de
l'équateur congolais, conclue:
"Pendant que nos ancêtres vaquaient normalement à leurs occupations surgirent des étrangers
blancs; ce fut un spectacle effroyable au début, car jamais on avait vu des gens pareils
auparavant. La plupart des gens ne supportaient les regarder, mais ceux qui étaient courageux
n'avaient pas pris la fuite. Le fait qu'ils étaient accompagnés de noirs comme nous motivait
le courage de ceux qui n'avaient pas peur d'eux.
Lorsque les Blancs sont arrivés au début, nos gens ne leur ont pas déclaré la guerre, mais les
Blancs, eux-mêmes, après avoir séduit le pays, ont commencé à introduire la guerre petit à
petit. Ce fut une guerre très meurtrière. Cependant, elle fut de courte durée. Nos gens
n'avaient pas d'armes puissantes pour les combattre. Les Blancs ont pris le dessus à cause de
leurs armes puissantes, et à cause de la présence dans leur rang d'auxiliaires noires. Voilà
pourquoi nos gens n'ont pas pu repousser l'envahisseur. Mêmes les téméraires parmi nous n'ont
pas résisté aux Blancs, et ont finalement capitulé. Ils ont par la suite vécu en paix, mais
c'était une paix superficielle." (13)
L'occupant s'est vite assuré de la collaboration de plusieurs chefs ou de personnes
influentes, qui ont grandement facilité sa tâche d'occupation et d'exploitation du pays.
6.1. APRÈS RÉSISTANCE
Au début, on pensait que les contrats étaient une base réelle d'entente et Coquilhat ecrit:
"Accueil égal est réserve a tous les chefs qui se comportent honnêtement avec nous, quant aux
autres, on s'efforce de les mener dans la bonne voie" (Coquilhat 1888: 147).
Nus avons vu que la majorité des villages de Mbandaka a d'abord essayé de résister à
l'occupant, mais que très vite ils ont accepté la paix et payé un tribut de guerre. Lemaire
l'exprime de manière lapidaire et presque stéréotype: "Les Barouki (&) demandent (&) l'amitié
de Boula Matari qui est devenu très fort" (24-3-1891).
Lolifa a été attaqué et brûlé, avec 15 morts, le 14 avril 1891 mais déjà le 27 du même mois,
ils font l'échange de sang et livrent en guise de tribut 16 hommes, 2 béliers, 10 canards et
500 bambous. Cette paix n'était pas durable, souvent seulement une tactique. Craignant une
attaque après la mort d'Ikenge, la Station est fortifiée mais, "En attendant la paix est
solennellement confirmée avec tout Wangata" (Coquilhat 1888: 177).
En 1895, Lemaire décrit bien le processus psychologique réel du Noir: "Ou bien il se soumet de
mauvais gré jusqu'à ce qu'il se présente à lui une occasion de se venger ou bien il commence
par résister et on ne le réduit qu'à coups de fusil" (Carnet 6. Tervuren 62-45-18).
6.2. COLLABORATION LIBRE
Stanley, Coquilhat et Vangele ont été reçus avec quelque suspicion, mais ils ont pu
s'installer sans usage de la force. Il y avait à première vue des avantages pour ces chefs
locaux, dont certains (les Boloki des rives) étaient des commerçants nés, et qui, en outre, se
sont vite laissés séduire par les cadeaux et le paiement mensuel.
Après avoir pris connaissance de l'une ou l'autre manière du véritable enjeu, il y en a qui se
sont opposés comme nous l'avons décrit, mais il y en avait d'autres qui ont continué la
collaboration.
6.2.1. LES PERSONNES
Dans la série de quelques dizaines de chefs et patriarches mentionnés par les premiers
représentants de l'Etat Indépendant du Congo, nous trouvons 7 noms pourvus d'un épithète
favorable (tous riverains!).
- Bolila "le grand chef de Macouli" (18-3-91), (Bakole-Wangata w'ibonga) déjà mentionné. Il
tenait Vangele au courant des intrigues d'Ikenge (Coquilhat 1888: 147). C'est lui qui, après
la mort d'Ikenge, se rend le premier à la Station avec des vivres et restitue ainsi la
"confiance". Sous Lemaire il faisait souvent fonction d'intermédiaire. Stanley profita des
bonnes relations de Vangele avec Bolila, "le seigneur de Macouli" (Coquilhat 1838: 167).
Bolila est l'informateur et le médiateur de la Station. Le 1er août 1888, Bolila allait chez
Vangele pour discuter une extension du terrain. Pour donner une petite leçon à Ikenge, Stanley
faisait semblant d'installer la station chez lui (octobre 1883).
- Ipambi, le deuxième chef de Wangata à côté d'Ikenge est "paisible" (Coquilhat 1888: 145)
mais c'est lui qui selon Pagels (1902-1905) s'est emparé du pouvoir à Wangata w'ibonga à la
place de Nsala Jom (qui enseigne "kilolo" à Coquilhat) (1888: 146) mais qui grondait quand
l'Etat lui défendit les sacrifices humains.
- Ntuka (Ntouka) de Wangata "qui se montre très dévoué" est un des plus importants
intermédiaires au temps de Lemaire, notamment pour la paix avec Mpombo (12-6-1891), Nkoto
(23-8-1891), Bongata (26-5-1892). C'est Ntuka qui signale à Lemaire la présence d'un chef
rebelle de l'Ikelemba ce qui entraînera une intervention (13-7-1892)..
- Bokweya (Bonkwela?) de Wangata w'ibonga intervient dans la palabre avec Ikengo (16-5-1890.
- Manialo (Banyalo?) d'Iyonda est un "allié dévoué" (Coquilhat 1888: 146).
- Ikumu de Bolele (Ruki) est "digne et affable".
- Wangata w'aliko (7-2-1892) et Bamanya (26-9-1892) se sont soumis sans guerre. Ce qui n'a
pas empêché que ce Wangata a été attaqué plus tard (18-12-1892).
6.2.2. MOTIFS
Il n'est plus possible d'avoir des témoignages directs et fiables sur les motivations des
collaborateurs avec l'occupant. Néanmoins quelques indications peuvent être distillées des
textes à notre disposition.
6.2.2.1. L'AIDE DE L'ÉTAT POUR COMBATTRE UN VILLAGE ENNEMI
Ainsi en 1886, Glave signale que le chef Welo des Bonsole lui proposait de s'unir à lui pour
soumettre les environs, mais ces voisins le tueront 2 ans plus tard (Glave 1893: 179).
"Molira réclame l'appui de Vangele pour faire des remontrances à Motsirando (...) . Cet appui
est accordé et exerce une influence très efficace sur les dispositions de nos peu sociables
voisins d'aval" (Coquilhat 1888: 179).
Le groupe Ejimokondo d'Ipeko exige la livraison d'une personne de Wangata qui se trouve chez
le groupe Monganda (d'Ipeko). "Refus de Monganda qui prend les armes contre Edzimounkoundou et
déclare qu'il viendra au plutôt se soumettre à Boula-Matari, et qu'aidé par celui-ci, il ira
guerroyer contre Edzimounkoundou" (5-9-1891).
Le 23-6-1891 les villages Bokanga, Mpombo et Lukumbi demandent à se joindre au Blanc pour
aller faire palabre à deux autres villages.
Des "auxiliaires" de Wangata w'ibonga accompagnent les pelletons de la Station pour l'attaque
d'Inkole (14-6-91), et d'Ipeko (4-9-91) et les riverains du fleuve s'associent à la flottille
du Poste avec 10 pirogues pour attaquer Boangi (16- 11-90).
6.2.2.2. AVANTAGES MATÉRIELS
Le véritable enjeu de cette occupation ne pouvait se révéler dès les premiers jours. Le fait
de céder un lopin de terre ne signifie pas nécessairement une collaboration; bien que, pour
les chefs, accepter mensuellement, pendant des années, un paiement en nature n'est pas
innocent. Ikenge cherchait avant tout à profiter le plus possible de la présence des Blancs.
Il avait bel et bien accepté leur présence, et quant à ses soi-disant résistances, elles
cèdent rapidement dès l'obtention d'un nouvel avantage, comme aussi devant le constat de son
échec en la matière.
Les intermédiaires sont payés pour leurs interventions: Ntuka reçoit: 100 mitako (29-6-91); 50
mitako (4-8-91); 100 mitako (26-7­91); Bokwela (Wangata) 100-200 (16-5-91); Bongese 250
(10-6-91).
6.2.2.3. ESPRIT D'OUVERTURE AU NOUVEL ORDRE SOCIO-ÉCONOMIQUE
Bolela, appartenant à un groupe de commerçants bobangi, est l'exemple de collaborateur fidèle,
qui a vite compris que la situation étant ainsi, il vaut mieux s'y adapter. Il doit avoir
connu ou entendu parler des comptoirs des Blancs à la côte. Son village (ou lui-même) allait
commercer régulièrement jusqu'au Pool et ne s'arrêtait pas à Tshumbiri. Coquilhat rappelle
d'ailleurs: "l'homme du progrès, le commerçant ouvert" et "Vangele a aussi trouvé dans Molira,
le chef de Makouli, un allié dévoué, comprenant admirablement le parti à tirer de la présence
des Européens au point de vue commercial" (Coquilhat 1888: 145).
L. Guiral raconte qu'il fait un bout de voyage (jusqu'à Makoko Njali) avec un certain
"Macouli", un Bobangi qui était venu vendre ses marchandises au Pool et rentrait vers le Haut
(...) et cela, (du 1er au 11 mai J882) un an avant l'établissement de la Station (Guiral 1889:
256-282). Aurait-il été le seul qui dès le début, ait compris la situation dans ce sens?
7.1. L'IMPORTANCE DE MBANDAKA
La configuration géographique de Mbandaka en fait un carrefour important. Ainsi,
traditionnellement, c'était déjà une plaque tournante de toute une activité économique. On
peut comprendre que l'occupant ait voulu s'emparer le plus vite possible de ce site
stratégique.
La plaine de Bamanya, à 10 km de la rive du Zaïre, sur un affluant de la Ruki, était un grand
champ d'exploitation de fonte de fer des Losakanyi, probablement jusqu'à une époque proche de
l'arrivée des Blancs (Eggert 1987).
Mbandaka, au confluent de la Ruki et de l'Ikelemba, sur le passage du trafic d'esclaves et
d'ivoire de la Lulonga en relation avec la Ngiri (Van Leynseele 1981), avait une longue
tradition commerciale pré-coloniale pratiquée surtout par les Bakoli (Macouli) sur le fleuve
et les Boloki de l'embouchure de la Ruki (Hulstaert 1977).
Des entreprises privées comme la Sanford Exploring Expedition, puis la Société Anonyme Belge,
qui ont pendant longtemps monopolisé l'exploitation agricole dans la région, pourraient déjà
s'appuyer sur le Poste de l'Etat d'Equateurville.
7.2. OCCUPATION RELATIVEMENT FACILE
Il y a eu des résistances mais sans ténacité et peu organisés et vite vaincues par la force et
par la collaboration. Les habitants n'ont pas pu mettre sur pied une armée comme l'ont fait
les Budja et les Azande par exemple. Quelques attaques isolées, quelques menaces plutôt
verbales que réelles ont été signalées.
Une fois l'autorité de l'Etat bien établie dans l'agglomération de Mbandaka, les exactions
devenaient plus rares ont moins pesé sur les habitants des ces villages que sur ceux plus
éloignés et moins en vue. Pendant une courte période, les villages Wangata et Mbandaka ont été
convoqué à la récolte du caoutchouc (D, 401 et 409). Les obligations de ravitaillement en
nourriture, le recrutement de personnel et de soldats et les corvées, ont pu être durement
ressentis, mais cela n'est toujours pas comparable à la récolte du caoutchouc à l'intérieur,
loin des agents de la justice et hors de tout contrôle de l'extérieur.
7.3. LES MÉTHODES D'OCCUPATION
Certains méthodes d'implantation pratiquées par les premiers colonisateurs ont dû être adoptés
à Mbandaka comme ailleurs: "Je suivis les exemples reçus" écrivait Lemaire (Boelaert 1956;
Hulstaert 1977). Mais à l'occasion d'un passage à Coquilhatville, en 1895, Lemaire réf1échit
sur ces procédés: "Il y a lieu à craindre que les procédés d'occupation actuels n'arrivent a
détruire l'un après l'autre les arguments que nous avons données pour la reprise (14). Nous
avons dit que l'exploitation devant se faire par l'indigène et librement, ici on dirait qu'on
veut établir l'esclavage américain et qu'en certains points l'élimination, voir la destruction
du noir deviennent systématiques" (Carnet 6: 1-10 et 2-10-1895. Tervuren 62-45-18).
ABRÉVIATIONS
D = documents de E. Boelaert sur l'arrivée des Blancs à Mbandaka, suivis du numéro du
document. Les originaux de ces documents se trouvent dans les Archives Aequatoria à Bamanya.
On en trouve la traduction française dans les Annales Aequatoria et sur le web: H. Vinck,
L'Arrivée des Blancs sur les bords des rivières équatoriales du Zaire (en collaboration).
Partie I. Annales Aequatoria
16(1995)13-134 & Annales Aequatoria
17(1996)7-415.
Carnet = les journaux de Charles Lemaire conservés dans la section d'histoire à Tervuren et
dont des extraits ont été publiés dans: H. Vinck, Charles Lemaire de passage à Mbandaka (1895;
1900; 1902), Annales Aequatoria 13(1992)67-124
Les citations du carnet de notes de Lemaire publié par D. Vangroenweghe (1986) seront
indiquées dans le texte par leurs dates dans le journal.
NOTES
1. Pour des informations plus amples, lire: Divers, Mbandaka : hier et aujourd'hui, 1990
(sur et les autres articles sur www.aequatoria.be sous la rubrique "Mbandaka".
2. Il s'agit du journal que Lemaire tenait pendant son premier séjour de plus de deux ans a
Equateurville (D. Vangroenweghe 1986:7- 73). Nous utilisons aussi des extraits inédits
d'autres de ses journaux cfr H. Vinck 1992:67-124. Trois notices biographiques sur Lemaire
sont à signaler: N. Laude 1951: 603-608; E. Boelaert 1953: 506-535; P. Salmon 1984: 338-342
3. Nous avons utilisé un fragment de traduction française trouvé dans le Fonds Boelaert
(Archives Aequatoria).
4. G. Hulstaert a commenté ce texte (1985) ainsi que E. Boelaert (1952-53).
5. Sur Fiévez, lire: E. Boelaert (1952)
6. La composition ethnique de Mbandaka et son développement historique ont été magistralement
exposés par G. Hulstaert 1986: 75-147, et repris dans: Mbandaka. Hier et aujourd'hui, 1990:
21-81.
7. "Ibonga", ville, Poste des Blancs, voir G. Hulstaert 1957: 762. En général, le mot signifie
aussi toute agglomération importante à caractère commercial ou religieux (plantation ou
succursale, Poste de Mission, etc.).
8. Les données qui suivent sont tirées de diverses publications de E. Boelaert et des
informations contenues dans ses archives. Quant aux dates précises (et même concernant les
fonctions exactes), plusieurs doutes demeurent. Lire principalement, E. Boelaert 1952: 1-12
9. Sur la reconstruction du Poste, lire Le Mouvement géographique du 1er novembre 1891
(reproduit dans Mbandaka. Hier et aujourd'hui, 1990: 164-166)
10. Hulstaert: 1986 est repris dans: Mbandaka. Hier et aujourd'hui, 1990: 21-81
11. Massanga (masanga), du Lingala: vin de palme
12. L'hôpital et l'orphelinat de la Mission des Trappistes à Bamanya seront approvisionnés
ainsi en poissons et en chikwangues jusqu'en 1905.
13. "Iso la Bendele" [Nous et les Blancs] Texte de Paul Ngoi, présenté au Concours de
l'Institut International Africain de Londres en 1937 et publié partiellement en traduction
française de Ch. Lonkama, par H. Vinck dans: Annales Aequaria 19(1998)176-194. Texte cité à la
page179
14. Les discussions autour d'une éventuelle reprise du Congo par la Belgique datent de 1890.
Augouard P.P.
1886 De Brazzaville à l'Équateur. Les Missions Catholiques 18: 93-96.
Boelaert Edmond
1952 a Equateurville, Aequatoria 15,1: 1-l2)
1952 b Ntange, Aequatoria 15,2: 58-62; 3: 96-100
1952/53 Glave. 8, 3: Pax (Coquilhatville) 1, 8
1953 Charles Lemaire, premier commissaire du district de l'Equateur, Bulletin de l'Institut
Royal des Sciences Coloniales Belge. 4, 1: 506-535
1954 Stanley chez nous. [Texte inédit d'une allocution en 1954].MS. Archives Aequatoria, Fonds
Boelaert
1955 Le Capitaine Boshart, Aequatoria 18, 4
1956 Les expéditions commerciales à l'Equateur, Bulletin des Séances de l'Académie Royale des
Sciences Coloniales 2, 2: 191-211
1958 Les premières explorations de la Ruki et de ses affluents. Aequatoria 4: 121-133
1959 La Sanford Exploring Expedition, Aequatoria 22: 121-131
1988 Les débuts de la SAB à l'Equateur. Annales Aequatoria 9: 51-69
Biographie
1948-77 Biographie coloniale belge. 7 vols. Bruxelles
Cattier Félicien
1906 Etude sur la situation de l'Etat Indépendant du Congo. Bruxelles
Coquilhat Camille
1888 Sur le Haut-Congo. Paris
Eggert Manfred K.H.
1987 Archäologische Forschungen im Zentralafrikanischen Regenwald. Die grossen Abenteuer der
Archäologie. Ed. par R. Pörtner, H.G. Niemeyer. Vol. 9. p. 3217-3240. Salzburg
Fiévez Victor Léon
1895 Le district de l'Equateur. Le Congo illustré 4: 73-75; 84-87; 92-95; 97-99
Force Publique
1952 La Force Publique de sa naissance à 1914: participation des militaires à l'histoire des
premières données du Congo. Bruxelles 5Institut Royal Colonial Belge, Scetion des Sciences
Morales et Politiques, Mémoires, in 8°, 27)
Glave Edoard J.
1893 Six years of adventures in Congo-land, London
Guiral Léon
1889 Le Congo Français: du Gabon à Brazzaville. Paris
Hulstaert Gustaaf
1937 Coutumes funéraires des Nkundo, Anthropos 32, 505-527; 3: 729-742
1957 Dictionnaire Français-Lomongo. 2 vol. Tervuren (Annales, Linguistique, in 8°, n.16)
1977a Anciennes relations commerciales à l'Équateur. Enquêtes et documents d'Histoire
Africaine 2: 31-50
1977 Témoignage de Antoine Boongo: documents africains sur la pénétration européenne dans
l'Équateur; Traduction et notes de G. Hulstaert. Enquêtes et documents d'Histoire Africaine 2:
51-66
1983 Traditions orales sur l'origine de Mbandaka. Annales Aequatoria 4: 165-171.
1985 Avec Glave à l'Equateur. Zaire-Afrique 25, 196: 373-379
1986 Aux origines de Mbandaka, Annales Aequatoria 7: 75-147
Jenssen-Tusch H.
1902-05 Scandinaver I Congo, Kopenhagen
Lemaire Charles
1894 Congo et Belgique. Bruxelles
Laude N.
1951 Charles Lemaire. Biographie Coloniale Belge (BCB). Vol. 2., col. 603-608
Liebrechts Charles
1909 Souvenirs d'Afrique: Congo, Léopoldville, Bolobo, Equateur (1883-1889). Bruxelles
Lufungula Lewono
1990 a Ikenge des Wangata. Mbandaka. Hier et Aujourd'hui, Bamanya-Mbandaka, Etudes Aequatoria
10, 85-96
1990b Ilonga Boyela et Ibuka y'olese. Mbandaka. Hier et Aujourd'hui, Bamanya-Mbandaka, Etudes
Aequatoria 10, pp. 97-105
1990c Bongese. Chef des Ntomba. Mbandaka. Hier et Aujourd'hui, Bamanya-Mbandaka, Etudes
Aequatoria 10, pp. 106-111
1990d Bofonge, premier noir bourgmestre de Mbandaka. Mbandaka. Hier et Aujourd'hui,
Bamanya-Mbandaka, Etudes Aequatoria 10
Mbandaka
1990 Mbandaka. Hier et Aujourd'hui, Bamanya-Mbandaka, Etudes Aequatoria 10
Mouvement
1888 Le Mouvement Géographique, 8 août 1888, 1). 75
1891 Le Mouvement Géographique, p. 110
Pagels Georges
1902-05 Vid öfre Congo. Scandinaver I Congo. Edité par H. Jenssen-Tusch, pp 72-118. Kopenhagen
[selon la traduction française partielle, dans les Archives Aequatoria, Fonds Boelaert]
Salmon Pierre
1984 Charles Lemaire. Hommes et Destin 5. (Paris)
Stanley Henry Morton
1879 A travers le continent mystérieux, 2 vols. Paris
1885 The Congo and the founding of its Free State. 2 vols. Loncloii
Van Leynseele Pierre
1981 L'arrivée des Européens et la fin de l'ancien commerce dans le bassin du Zaire. Annales
Aequatoria 2: 139-157
Vangele Alphonse
1884 [Lettre 1er juillet 1884]. Le Le Mouvement Géographique, p. 66c
Vangroenweghe Daniel
1980 Les premiers Blancs à Equateurville. Annales Aequatoria
1986 Charles Lemaire à l'Equateur. Son journal inédit. 1891-1893. Annales Aequatoria 7: 7-73
Vinck Honoré
1981 Note sur le contrat entre Augouard et Bolila de Wangata en 1885. Annales Aequatoria
121-127
1992a Charles Lemaire de passage à Mbandaka (1895; 1900; 1902), AA 13(1992)67-124
1992b Chefs et Patriarches de Mbandaka. AA 13(1992)517-528
1995 Arrivée des Blancs sur les bords des rivières équatoriales du Zaire (en collaboration).
Partie I. AA 16(1995)13-134; Partie II ,17(1996)7-415. [ Edition et analyse] |
|
|
|