|
|
|
|
1930: Exercices de langage / Frères Maristes, Buta [textes
français]
J.52. Collection des Frères Maristes. Exercices de langage. Lingala-Français et Français-Lingala. 2e édition. Liège. H. Dessain, Imprimeur-Editeur. 1930, 159 pages. 12 x 19 cm.
Auteur: Anonyme, mais selon des informations du 22-2-1995, l'auteur-compositeur en serait le Frère Donatus (= R.Devriendt) des Frères Maristes. Contenu: Notions grammaticales (p.3 à 91); Exercices de langage (p.92-155) composés de 50 leçons de lecture en lingala avec traduction française en regard.
Editions: J'ai pu identifier une édition en lingala-français de 1925, et une en kiswahili-français de 1936.
Dépendances: La grammaire lingala est selon l'auteur inspirée de E. De Boeck, Grammaire du Lingala, (édition de 1911 ?); les leçons 48-50 sont tirées de Mambi ma Tanga, Scheut 1920 (J.51) du même E. De Boeck. Quelques leçons de lecture proviennent du livret: Buku na kutanga o lingala (1923/1927: J.9; (également des Frères Maristes)
Influence: utilisé dans leurs écoles à Buta, Kisangani, Bumba (1935). Plusieurs textes ont été repris par G. Hulstaert dans son Buku ea Mbaanda de 1935.
Extraits publiés dans Annales Aequatoria 19(1998)4-145 1) Leçon 12, p.105-106: Albert I; 2) Leçon 14, p.107-108 Les Noirs; 3) Leçon 15, p.108-110: L'esclavage au Congo; 4) Leçon 39 P-139-141: Devoirs des chefs médaillés; 5) Leçon 43, p. 146-147: L'impot; 6) Leçon 47, p.150-154: Histoire du Congo (= Mpo ya Kongo de Scheut de 1920).
Références: Archives Aequatoria E,16 et Microfiche: ALA 221.222 et 278-279.
Nous ne reproduisons que les textes des cinquante leçons de lecture de l'édition de 1930, donc à partir de la page 92 à 155. (Voir Table des matières à la fin.) Nous omettons la version en lingala.
Honoré Vinck, 7 janvier 2001
TEXTE DU MANUEL
1. La première poule. Un enfant mangeait un oeuf de poule près de sa mère. La mère lui dit: Mon enfant, sais-tu d'où vient cet oeuf? Je le sais, maman, notre poule noire l'a pondu. Oui! Mais d'où vient notre poule noire? Elle est sortie d'un autre oeuf, je ne l'ai pas oublié, elle était très petite autrefois. Et cet autre oeuf d'où vient il? L'enfant rit et répondit : Une autre poule ne l'a-t-elle pas pondu? Et d'où est venu cette autre 1 poule? D'un autre oeuf, comme toutes les poules. S'il en est ainsi, d'où est venu le premier oeuf? E! Maman, la première poule l'a pondu. C'est vrai, mon enfant, mais si la première poule a pondu le premier oeuf, qui a fait la première poule? L'enfant réfléchit et répondit: Dieu a créé la première poule!
2. Le père et la mère. Ton père est-il artisan? Mon père est menuisier. Où travaille-t-il? Il travaille chez les commerçants. Quel salaire reçoit-il par mois? Il reçoit chaque mois 75 francs. Que fait-il avec cet argent? Avec cet argent il achète notre nourriture et nos habits.? A combien êtes-vous à la maison? Nous sommes à six chez nous: mon père, ma mère, et quatre enfants.? Que fait ta mère? Ma mère soigne les enfants. Elle prépare la nourriture. Elle nettoie la maison, et la cour; elle lave et coud les habits. Et toi, que fais-tu? Moi, j'aide ma mère et je porte à manger à mon père. Tes parents s'entr'aiment-ils? Mes parents s'entr'aiment et ils aiment leurs enfants. Ils nous apprennent à prier. Aimez-vous vos parents? Nous les aimons. Nous les honorons, nous leur obéissons. Nous prions Dieu afin qu'il les protège.
3. Les oranges. César fréquentait de mauvais camarades. Son père l'en réprimanda et lui dit: César, si tu ne fuis pas les mauvais camarades, tu deviendras méchant comme eux. César répondit: Ne crains rien pour moi, papa, c'est moi qui rendrai les autres meilleurs. La semaine suivante le père appela son fils et lui dit: Tiens, César, voici dix oranges; enferme-les pendant huit jours dans ta malle. Tu les mangeras plus tard. Papa! Une orange est gâtée, laisse-moi l'enlever! Non, mon enfant, sois sans crainte, les bonnes oranges amélioreront la mauvaise. Après huit jours le père ouvrit la malle devant César. L'enfant s'écria: Vois-tu, papa, tu as laissé un mauvais fruit au milieu des bons? Il a fait pourrir tous les autres. Le père répondit: Ah! Ah! Tu vois, toutes les bonnes oranges n'ont pas amélioré la mauvaise; mais une seule mauvaise a gâté toutes les bonnes. Comment donc pourrais-tu rester bon au milieu de mauvais enfants?
4. Le grand-père Mon grand-père était un vieillard. Il marchait lentement appuyé sur son bâton. On ne voyait plus de dents dans sa bouche. Ses yeux ne savaient plus le guider. Sa chevelure était devenue toute Blanche. Il était chrétien. Il s'appelle Jean. Un jour sentant la mort venir, il appela ses enfants et leur dit: Mes enfants restez bons, afin que Dieu vous bénisse. Faites le bien. Evitez le mal. Aimez vos parents. Enfants, aidez-vous les uns les autres. Aimez aussi votre prochain. Servez Dieu de toute votre âme. Les enfants répondirent: Grand-père, sois tranquille, nous suivrons tes conseils. Il nous bénit alors et mourut l'âme en paix.
5. Les mouches Une vieille mouche réunit ses trois enfants et leur dit: Enfants, je vous laisse, en mourant, trois bons conseils; écoutez-les bien ne les oubliez jamais; trois choses sont mortelles : le miel, le vin et le feu. La plus jeune dit en se moquant: oh! le miel est si bon. Nous n'en mangerions pas? A l'instant elle en rencontra et s'y plongea avec délices. Hélas! Le miel retint si bien ses pieds et ses ailes qu'elle ne put en sortir. Elle mourut en se débattant! La deuxième mouche dit avec mépris mère! Le vin est si doux dans la bouche! J'en ai bu déjà; j'en boirai encore! Tant elle en but qu'elle s'enivra, tomba dans, le verre et y mourut. La troisième mouche pensa naïvement: le miel est trompeur, le vin aussi. Mais le feu! Le feu n'est pas du miel; le feu n'est pas du vin. Et la flamme est si belle! Aussitôt elle s'en va voltiger autour de la lampe, s'y brûle et meurt dans la douleur. Les insensés! Toutes trois sont mortes pour avoir méprisé les conseils de leur bonne mère. Nous voyons tous les jours des enfants qui ne sont pas plus sages.
6. La jeune chèvre et le léopard. Une jeune chèvre n'écoutait pas les conseils de la mère. Un jour elle s'en alla bien loin dans la savane. Sa mère pleura et dit : Si le léopard voit mon enfant, il le mangera. Le léopard rencontra la petite chèvre et dit: Bonjour, petite chèvre, je suis heureux parce que tu viens me voir. La chèvre ne connaissait pas la malice du léopard et répondit : Il ne pleut pas; le soleil n'est pas fort; je me promène avec joie, malgré la défense de ma mère. Le léopard dit malicieusement: Tu fais très bien, mon enfant, parce que je n'avais plus de nourriture! Puis il sauta vite sur la petite chèvre. La jeune chèvre cria très fort! Mais en vain! Le léopard la déchira et la mangea. Enfants, suivez les conseils de vos parents.
7. L'école. Votre école est-elle grande ? Notre école est un grand et beau bâtiment dont les murs sont en briques. Avec quoi est-elle couverte? Elle est couverte avec des tôles. Est-elle bien éclairée? Oui, elle est bien éclairée et aérée par de grandes portes et fenêtres. Combien de classes compte-t-elle? Il y a six classes. Que faites-vous en entrant en classe? Quand nous entrons en classe, nous ôtons notre chapeau. Que voyez-vous en classe? En classe nous voyons un crucifix, des tableaux, des bancs, des images, une sonnette, une armoire, des livres, des crayons, et beaucoup d'autres objets. Pourquoi allez-vous en classe? Nous allons en classe pour étudier. Que vous enseigne l'instituteur? L'instituteur nous enseigne la prière, le catéchisme, la lecture, l'écriture, le calcul, le chant etc. Les écoliers s'absentent-ils de l'école? Les bons écoliers ne s'absentent jamais de l'école sans motif sérieux.
8. Le bon écolier. Michel est un bon élève. Il obéit toujours à son instituteur. Il ne se dispute pas avec les autres écoliers. Il ne les taquine pas. Les autres enfants l'aiment. Quand il arrive en classe, sa figure est lavée, ses cheveux sont peignés, ses habits sont propres. Ses livres ne sont pas déchirés. Pendant la classe Michel n'est pas distrait. Il écoute toutes les paroles du maître. Il sait répondre quand on l'interroge. Il écrit bien ses devoirs dans son cahier. Parfois le maître montre son travail comme modèle aux autres élèves. En classe Michel reste tranquille. Dans la cour il joue beaucoup. Il salue les passants en chemin. A la maison, il aide ses parents.
9. L'écolier voleur. Remi était un écolier paresseux. On sait que la paresse est la mère de tous les vices. Un jour il perdit son crayon, mais ne dit rien à l'instituteur. J'en volerai un autre, se disait-il en lui-même. Ecoute ce qu'il fit. Le lendemain il entra seul en classe, vola un crayon, et sortit sans être vu. Deux semaines après, il vola de même un livre et un cahier. L'instituteur informé du vol ne dit rien d'abord. Mais chercha partout les objets disparus. Il ne tarda pas à trouver le crayon, le livre et le cahier dans le pupitre de Remi. Il l'appela, le gronda sévèrement et lui dit: Méchant enfant, qu'as-tu fait? Oublies-tu que la loi de Dieu défend de prendre le bien d'autrui? Remi pleura amèrement mais l'instituteur le présentant devant les autres élèves, lui dit: Restitue maintenant les objets que tu as volés. Remi tout honteux rendit à leurs propriétaires le crayon, le livre et le cahier, promettant bien de ne plus rien voler à l'avenir. Depuis il est resté fidèle à sa promesse.
10. Le moineau et le cheval. Le moineau : -Bon cheval, ta crèche est remplie de nourriture. J'ai bien faim. Je désire manger un peu de maïs. Me le permets-tu? Le cheval : -Oui, petit moineau, mange suivant ton appétit. Le moineau plein de joie mangea tout son saoul, puis remerciant son bienfaiteur lui dit : Bon cheval, puis-je te servir? Tu me parais bien triste, qu'as-tu donc? Le cheval : -Ne vois-tu pas ces mouches qui par centaines me piquent à tout instant? Je meurs lentement dévoré par la douleur, le chagrin et la honte. Le moineau : -Cesse de gémir, cher ami, laisse-moi faire, j'aurai tôt fait de te débarrasser de cette vermine. Là-dessus, volant au travers des mouches, il goba les unes, épouvanta les autres. Le cheval soulagé dit alors plein de reconnaissance je vois bien, cher ami, qu'un bienfait n'est jamais perdu.
11. L'homme. Au commencement Dieu créa Adam et Eve. Ce sont nos premiers parents. L'homme est une créature intelligente, composée d'une âme et d'un corps. Dieu a créé l'homme pour le connaître, l'aimer et le servir sur la terre, et le posséder éternellement dans le ciel. A la mort le corps seul est mis au tombeau. L'âme est immortelle mais elle ne transmigre pas. Elle va ou au ciel ou en purgatoire ou en enfer. Le corps lui-même ne restera pas éternellement dans, le tombeau. Il rejoindra l'âme au jour de la résurrection pour être avec elle éternellement heureuse ou malheureuse.
12. Le Roi Albert 1. Comment s'appelle notre-Roi? Le Roi, notre grand souverain, s'appelle Albert I. En quelle année monta-t-il sur le trône? Il monta sur le trône après son oncle Léopold II en 1909. Comment s'appelle son épouse? Son épouse s'appelle Elisabeth. Combien d'enfants ont-ils? Albert et Elisabeth ont trois enfants: Léopold, Charles et Marie-José. Le Roi Albert est-il déjà venu au Congo? Autrefois le Roi Albert est venu au Congo. Aime-t-il les habitants du Congo? Il les aime et leur fait beaucoup de bien. Où demeure le Roi? Albert I reste à Bruxelles, au milieu des Belges. Aimez-vous le Roi? Nous aimons, nous honorons, nous craignons le Roi Albert I. Que Dieu le fasse vivre, qu'il le rende heureux, qu'il ne l'abandonne pas entre les mains de ses ennemis.
13. Les Bakango de l'Uélé. Les Bakango bâtissent leurs villages sur les rives ou sur les îles de l'Uélé. Habitués à l'eau dès leur enfance, ils sont excellents nageurs. Ils sont aussi des pagayeurs très forts et très adroits. Parmi les Bakango il y a aussi des cultivateurs et des forgerons. Tous sont renommés pour leur courage. Descendre, remonter l'Uélé au milieu des pierres et des grands rapides n'est pas chose trop difficile à leurs yeux. Pendant la saison sèche, ils n'abandonnent pas l'eau. Ils construisent des huttes sur les rochers, au milieu de la rivière. Ils prennent beaucoup de poissons. Ils tuent des hippopotames et des crocodiles. Quand un éléphant arrive dans une eau profonde, ils le tuent avec leurs lances. Ils tressent des filets, font des pagaies et de bonnes pirogues.
14. Les nains. Les nains du Congo sont une race d'hommes très petits. Ils ont une tête ronde et gros ventre. Ils se dispersent par groupes dans la forêt, entre les autres tribus. On les rencontre dans les régions de l'Uélé, de l'Aruwimi, du Kasai et entre le Lualaba et le Tanganika. Ils habitent dans des huttes. Les nains sont de grands chasseurs. Ils font la chasse avec de petites lances et des flèches. Ils ne cultivent pas la terre. Ils échangent du gibier contre des fruits: la nuit ils vont mettre de la viande dans un endroit et prennent du maïs, du manioc, des bananes en cet endroit. Cependant ils ne craignent pas la rapine. Les autres tribus les craignent parce qu'ils blessent leurs ennemis à l'improviste avec des flèches, et puis se cachent dans la forêt.
15. L'esclavage au Congo. Il y a peu d'années, l'esclavage faisait encore endurer des maux épouvantables aux populations du Congo. Des Arabes nombreux arrivèrent à Zanzibar en 1817, à Ujiji en 1845 et. à. Nyangwe, sur les rives du Lualaba, en 1868. Chercher, capturer, acheter, vendre des esclaves était leur principal commerce. Ils furent aidés dans cette triste besogne par des chefs méchants. Les Arabes se répandirent partout dans les régions de Kirundu, de Nyangwe, de Kasongo et de Kabamibare. Ils apparaissaient dans les villages la nuit; ils brûlaient les maisons let tuaient ceux qui voulaient fuir ou protéger leur famille. Ils capturaient les hommes, femmes et enfants. Ils les traînaient, les poussaient, comme des animaux, vers les marchés d'esclaves: Ujiji, Tabora, Zanzibar. En route ces malheureux enduraient la fatigue, la faim, la soif. Leurs maîtres barbares, n'avaient pour eux aucune pitié. Ils frappaient et tuaient ceux qui ne pouvaient avancer. Mais le Roi Léopold II apprenant toutes ces horreurs envoya des Blancs pour y mettre fin.
16. Vaines parures des indigènes. Beaucoup d'habitants du Congo se tatouent sur la figure, les bras, les jambes, la poitrine, le ventre, le dos. Les uns s'arrachent les sourcils et les cils. D'autres taillent leurs dents en pointe. Mais souvent ces dents les font souffrir, pourrissent et tombent. On voit alors des jeunes gens avec une bouche vide comme des vieillards. Les Bangbetu serrent la tête des petits enfants et la font pousser en longueur. Les Babua et d'autres encore percent les oreilles, les lèvres et le nez. Dans ces trous ils mettent une plume d'oiseau, un morceau de bois, une douille, un bouchon, une allumette, une herbe ou d'autres objets. Vraiment, les oreilles et les lèvres percées, est-ce un ornement? Pas du tout! Que les élèves évitent la malpropreté, qu'ils se lavent tous les jours, qu'ils aient des habits propres. Voilà pour tous un ornement véritable.
17. Le voleur. Une nuit, un voleur s'empara de la chèvre d'un indigène. Le lendemain il la conduisit au marché d'un village voisin. L'indigène s'y rendit aussi pour voir si sa chèvre n'y était pas exposée. Là, il y avait beaucoup de chèvres. Il la distingua bientôt parmi beaucoup d'autres. La montrant du doigt, il dit: voilà la chèvre qu'on m'a volée. Le voleur répondit d'un ton mielleux: tu te trompes, mon ami, cette chèvre je l'ai achetée il y a longtemps au marché de Buta. L'indigène rusé ne répondit pas d'abord, mais cachant aussitôt les deux yeux de la chèvre, il s'écria: si c'est ta chèvre depuis longtemps, dis moi donc quel est son œil mauvais. Le gauche répondit le voleur après un peu d'hésitation. Ce n'est pas vrai ! Attends, oui ! oui! L'œil mauvais, c'est le droit! Menteur! Voleur! Les deux yeux sont très bons! Tous les témoins se mirent à rire et à crier: menteur voleur! L'administrateur rendit la chèvre à l'indigène et envoya le voleur en prison.
18. Les chèvres et les moutons. Les chèvres et les moutons sont des animaux domestiques. Il y a beaucoup de chèvres dans notre région, mais pas beaucoup de moutons. Les chèvres ont de longues nez et la queue courte. Certains moutons ont des cornes, d'autres n'en ont pas. Les chèvres et les moutons mangent des herbes, des feuilles, du maïs, des bananes, du riz, des patates douces, du manioc. Ils aiment l'eau propre. Le sel fait leurs délices. Les moutons se, promènent toujours en troupeau. Un seul gardien suffit pour en conduire une centaine. Les chèvres, au contraire, ensemble ne restent pas elles se dispersent dans toutes les directions. Elles se réunissent seulement le soir. Le léopard se cache pour prendre les chèvres et les moutons; il les dévore avec avidité. J'ai vu beaucoup d'étables de chèvres et de moutons chez les Noirs, quelques-unes sont propres, mais beaucoup sont très sales. Si un homme veut élever des chèvres ou des moutons, il faut qu'il leur donne une étable qui ne soit ni humide, ni malpropre. La viande de mouton est meilleure que la viande de chèvre.
19. - Les chèvres. Deux chèvres se rencontrent sur un petit pont au-dessus d'une eau profonde. Toutes deux voulaient passer d'abord. L'une dit: Laisse-moi passer! Ote-toi de mon chemin! dit l'autre. J'étais la première sur le pont! Non, c'est moi. Je suis vieille, recule, tu passeras après. Non, je suis jeune, je suis pressée, tu auras le temps de passer ensuite. Je passerai la première, jeune insolente. Les chèvres se disputèrent ainsi longtemps. Elles reculèrent avec fureur, courbèrent le cou, les cornes en avant, se bousculèrent avec furie et toutes deux tombèrent à l'eau Les crocodiles les dévorèrent Évitez les disputent et les batailles.
20. La poule. La poule est un oiseau domestique. Elle a un bec fort et pointu, des ailes courtes et quatre griffes à chaque patte. Son plumage est noir, Blanc, tacheté ou gris. La poule ne vole pas beaucoup. Elle gratte la terre pour chercher sa nourriture. Elle mange du riz, du maïs, de l'éleusine, du sorgho, de l'herbe, des fruits, des termites. Elle protège et soigne très bien ses poussins. L'oiseau de proie ravit nos poules pendant le jour; le chat sauvage les prend le soir, le léopard la nuit et le serpent en tout temps. Beaucoup d'indigènes élèvent des poules. Mais ils ne les soignent pas bien. Ils ne leur donnent pas la moindre nourriture. Le soir, ils les prennent, les enferment dans un panier et les mettent dans leur maison. Le matin, ils les sortent, mais une odeur malsaine reste dans la maison. Si tu veux avoir beaucoup d'œufs, soigne bien les poules, donne-leur tous les jours de la nourriture et construits-leur un bon poulailler.
21. Les poissons. Les poissons sont des animaux aquatiques. Ils sont innombrables. Il y en a de toutes sortes. Ils pondent des dizaines, des centaines, des milliers ou des millions de petits oeuf. Quelques-uns (sont vivipares) mettent leurs petits tout vivants au monde. Beaucoup de poissons ont des écailles et des arêtes, mais pas tous. Sur leur corps nous voyons des nageoires. Dans leur ventre, il y a une vessie natatoire; elle les aide à monter et à descendre à volonté. La chair du poisson est une excellente nourriture. La saison sèche est la meilleure pour la pêche. On prend surtout les poissons avec des filets, des hameçons ou des paniers. Quelquefois on établit des barrages. Enfin la nuit quelques-uns cherchent doucement, avec une torche, les poissons qui dorment près des rives. Les Congolais mangent beaucoup de poissons.
22. Les singes. Les singes sont des quadrumanes. Il y en a de nombreuses espèces de toutes dimensions. Ils sont innombrables dans la forêt et dans la savane. Ils montent, ils sautent, ils dorment sur les arbres. Quelques-uns comme le chimpanzé placent leur nid à la cime des arbres. Beaucoup de singes ne font pas de nid. Ils n'ont qu'un jeune, parfois deux. La guenon les soigne et les protège bien. Beaucoup de singes ont une longue queue, d'autres n'ont pas de queue. La chair du singe est bonne à manger. Avec sa peau les indigènes font des coiffures. D'autres en font des parures pour la danse.
23. L'éléphant. L'éléphant dépasse en grandeur et en force tous les autres animaux de la forêt. Il a une tête énorme, une longue trompe, deux fortes défenses, de petits yeux, de larges oreilles, quatre pieds solides comme des colonnes et cependant très agiles. Son corps est couvert d'une peau noire très épaisse. Il habite la forêt et la savane, mais il nage aussi très bien. Il mange des feuilles, des bananes, du maïs, du riz, du manioc, des patates douces, des mangues et d'autres fruits. Il se sert de sa trompe pour porter, la nourriture à la bouche. Quand il veut boire, il aspire l'eau dans sa trompe et la rejette dans la gorge. Il se promène la nuit et détériore souvent nos champs. L'éléphant vit jusqu'à deux cents ans. On le tue pour son ivoire, sa chair et sa graisse. A Api, près de Bambili, on élève une quarantaine d'éléphants. Ils travaillent comme les chevaux : ils portent l'homme, ils traînent des arbres et tirent des lourds chariots. Chez les Pères, à Buta, trois éléphants travaillent tous les jours. Chaque année les commerçants expédient beaucoup d'ivoire en Europe. Certains indigènes pensent et disent : " En Europe, on fait de la poudre avec l'ivoire " Ces indigènes se trompent. Avec l'ivoire on fait des objets de luxe, en Europe comme au Congo.
24. Le hibou. Le hibou a une face ronde. Ses yeux brillent dans l'obscurité comme ceux du chat. Le plumage cache ses oreilles. Son bec est recourbé comme le bec de l'oiseau de proie. Il a des griffes longues et fortes. Il vole la nuit pour chercher sa nourriture. C'est un oiseau nocturne. Il vole rapidement, mais on ne l'entend pas parce que son plumage est très doux. Il mange des rats, des oiseaux, des termites de petits serpents, des grenouilles et d'autres bêtes. La nuit il crie: "Oukoulou, oukoulou, ou-ou!" Les indigènes peu malins sont effrayés. Leur crainte redouble quand le hibou se pose sur leur maison. Ils disent: "Le hibou est l'oiseau du diable...C'est un oiseau ensorceleur...Il est le clairon des sorciers ! Seuls les sots croient à ces vaines superstitions. C'est un oiseau très utile. Le hibou ne fait aucun mal aux hommes.
25. La chauve-souris. La chauve-souris vole comme l'oiseau cependant elle n'est pas un oiseau. Elle a de grandes oreilles, beaucoup de dents et des poils. Elle met ses petits vivants au monde. C'est un mammifère. Elle a des ailes membraneuses. Elle ne marche pas bien à terre, elle se traîne péniblement. Pendant le jour elle se cache, elle dort. Pour dormir, elle s'accroche avec les pattes la tête en bas. Elle sort seulement le soir et vole la nuit. Elle mange des moustiques, des papillons et des mouches. Ainsi quand il y a beaucoup de chauve-souris dans un endroit, on n'y trouve pas de moustiques. La chauve-souris est donc un animal très utile. Ne maltraitons pas la chauve-souris, protégeons-la. Si nous entendons dire: "La chauve-souris est une mauvaise bête, elle est un animal ensorceleur" ne le croyons pas.
26. Le crocodile. Nous connaissons et nous craignons le crocodile. C'est une bête cruelle, qui peut atteindre une longueur d'environ cinq mètres. Le crocodile a une tête allongée et une gueule énorme. Il a 38 fortes dents à la mâchoire supérieure et 30 à la mâchoire inférieure. Ses quatre pattes très courtes sont terminées par des griffes pointues. Aux pattes postérieures une membrane relie les doigts pour l'aider à nager. La femelle pond jusqu'à septante oeufs. Quand ses jeunes sortent de l'oeuf, ils se dispersent dans l'eau. Sur le dos il a une carapace très résistante; les balles même ne peuvent la percer. Pour le tuer on le frappe au côté. Il habite les fleuves et les rivières. Le crocodile reste souvent à la surface de l'eau; son museau seul surnage c'est ainsi qu'il guette sa proie, les animaux et les hommes. Quand le soleil est brûlant il dort sur le sable, sur la rive ou les troncs d'arbres tombés dans l'eau. Sur terre il ne court pas vite mais dans l'eau il est dans son élément et nage comme un poisson. C'est surtout le soir qu'il guette les personnes qui approchent de l'eau. Ce n'est donc pas sans raison que les hommes détestent le crocodile.
27. L'hippopotame. L'hippopotame est grand, lourd, fort. Il mesure jusqu'à quatre mètres de longueur et un mètre et demi de haut. Il pèse jusqu'à deux mille kilos. Sa chair est bonne à manger. Sa peau est très épaisse. Deux fortes défenses sortent de sa gueule. Il peut aisément renverser de grandes pirogues. L'hippopotame marche comme le porc : son ventre touchant presque à terre. S'il rencontre un arbre couché sur son chemin, au lieu de passer par-dessus, il le contourne. Il séjourne habituellement dans l'eau, mais doit souvent sortir la tête pour respirer. La nuit, il se promène sur les rives, et mange des herbes et des feuilles. L'hippopotame porte son jeune sur le dos et il est terrible dans la défense de son petit.
28. Le serpent. Dans l'obscurité le corps du serpent ressemble à une corde. Le serpent vit surtout dans les pays chauds. Ses dimensions varient suivant les espèces qui sont très nombreuses. Sa couleur est non moins variable. Il n'a pas de pattes, cependant sur la terre il grimpe avec agilité et grimpe facilement sur les arbres. Dans l'eau il nage avec aisance. Il a les yeux fort petits et ne les ferme pas même pendant le sommeil. Sa peau est couverte d'écailles. Ses dents sont petites, sauf deux beaucoup plus fortes à la mâchoire supérieure et par lesquelles, s'écoule le venin. Sa langue est terminée par deux petites pointes effilées. Beaucoup de serpents pondent des oeufs (ce sont les ovipares), d'autres mettent leurs petits vivants. au inonde( ce sont les vivipares). Le serpent avale sa nourriture. Sa bouche élastique engloutit lentement des victimes parfois beaucoup plus grosses que lui. Il se cache dans les herbes, dans l'eau, sur les arbres et se glisse même dans les habitations. Sa morsure est parfois sans gravité, parfois aussi dangereuse ou même mortelle, suivant les espèces.
29. Le crapaud, l'âne et les enfants. Jean appela Jérôme Viens vite ! Regarde, un gros crapaud noir sur le chemin! Nous allons le-tuer, ça nous amusera! Aussitôt il prend une pierre et Jérôme un bâton. Tandis qu'ils s'apprêtaient à tuer le pauvre animal, un âne arriva portant un chef. Voyant le crapaud sur son chemin, il se détourna pour ne pas l'écraser. Jean et Jérôme voyant cette bonne action furent honteux de leur méchanceté. Ils jetèrent pierre et bâton dans la brousse, disant: Voilà une bonne leçon, un âne est moins méchant que nous!
30. La chauve-souris et le moineau. Il y a longtemps, bien longtemps, la chauve-souris rencontra le moineau. Elle lui dit: Veux-tu, moineau, nous ferons ensemble un pacte d'amitié. Le moineau la regarda dédaigneux et dit Moi, faire un pacte d'amitié avec toi? Jamais! Je ne te connais pas et ta vilaine figure me fait peur. Honteuse la chauve-souris soupira. Hélas! Je l'ai bien pensé, souris, oiseaux, tous me dédaignent. Malheureuse que je suis, où cacher ma honte ? Depuis nul ne l'a vue le jour elle profite pour sortir des ténèbres de la nuit.
31. Règles pour vivre en bonne santé. Jean : -Pierre,sais-tu pourquoi des milliers d'indigènes tout jeunes encore meurent chaque année? Pierre : -On me l'a dit en classe: c'est parce qu'ils ne connaissent pas les règles d'une bonne hygiène. Jean : -Je voudrais bien connaître ces règles. Pierre :- C'est facile. Pour bien se porter il faut: 1 Habiter une maison confortable. 2 Respirer un air pur. 3 Prendre une nourriture saine. 4 Travailler le jour et dormir la nuit. 5 Tenir le corps propre et être suffisamment vêtu. 6 Eviter tout excès.
32. Une bonne maison Que doit-on faire pour construire une bonne maison? On doit d'abord choisir un emplacement convenable. P.- Quels endroits doit-on éviter? J.- On évitera la forêt dense, le voisinage des cours d'eau, les endroits humides et les marais. P.- Quels sont donc les bons endroits? J.- Les bons endroits pour bâtir sont les terrains, élevés, et perméables à l'eau. P.- Quelles sont les meilleures maisons? J.- Ce sont les grandes maisons avec portes et fenêtres qui laissent pénétrer l'air et la lumière. P.- Est-il bon de faire du feu dans la chambre à coucher? J.- Il est très malsain d'y faire du feu la nuit et surtout d'y loger des animaux. P.- Quelle est la meilleure maison, celle en feuilles ou celle en pisé? J.- La maison en herbes ne vaut rien; la maison en pisé est bonne; la maison en briques est la meilleure.
33. Les habits. Léon. -L'habillement indigène protège-t-il bien le corps? Charles. -Non, car il ne te garantit pas du froid. Aussi la pneumonie fait chaque année d'innombrables victimes. Léon. -Comment prévenir ce malheur? Charles. -En se revêtant d'habits d'Europe et en se servant d'une couverture la nuit. Léon. -Je comprends, mais où trouver ces habits et cette couverture? Charles. -Travaille, économise et tu pourras te les procurer. Léon. -Les habits protègent-ils seulement contre le froid? Charles. -Non, ils empêchent aussi les mouches et les tsé-tsé de nous piquer. Léon. -Mais comment nous préserver des moustiques pendant la nuit? Charles. C'est bien simple, on se sert d'un moustiquaire. Léon. -Doit-on souvent laver les habits? Charles. -On doit souvent laver les habits avec du savon et les exposer au soleil. Léon. -Est-il bon de revêtir les habits des autres? Charles. -On ne revêtira jamais les habits des autres sans les bien laver auparavant.
34. La nourriture et l'eau potable. P.- Jean, tu m'as dit que nous devons prendre une bonne nourriture, mais tu ne m'as pas dit quelle est cette nourriture. J.- Pierre, notre nourriture est variée. Notre corps a besoin d'aliments d'origine minérale, végétale et animale. P.- Doit-on manger beaucoup? J.- On ne mangera pas trop à la fois. Mieux vaut manger moins et plus souvent. On doit manger avant d'aller en classe ou au travail. P.- Est-il bon de manger avec les doigts comme les indigènes? J.- Il est malpropre de manger avec les doigts. P.- On dit aussi que les aliments doivent être frais et bien cuits. J.- Oui, Pierre, la viande qui n'est pas bien cuite et les aliments avariés causent beaucoup des maladies. P.- Jean, pourquoi les Blancs ne boivent-ils que de l'eau propre, de l'eau de bonne source? J.- Parce qu'ils sont plus malins que nous! Ils savent que l'eau mauvaise, l'eau des marais, l'eau des rivières rend souvent malade.
35. Les moustiques. Pierre. - Pourquoi les hommes craignent-ils les moustiques? Léon. - Parce que les moustiques transmettent la maladie appelée malaria. Pierre. - Comment transmettent-ils cette maladie? Léon. - Quand un moustique pique un homme atteint de malaria, il absorbe du sang chargé de microbes et prend lui-même la maladie. Pierre. - Et après? Léon. - Si ce moustique infecté pique un homme sain, il lui inocule sous la peau des microbes et lui donne la malaria. Pierre. - La malaria existe-t-elle dans les régions où il n'y a pas de moustiques? Léon. - Dans ces régions la malaria n'existe pas. Mais aux bords des rivières et des marais où il y a beaucoup de moustiques, les habitants souffrent de la malaria. Pierre.- Ainsi, les moustiques ne vivent que près de l'eau? Léon. - Oui, car la femelle du moustique pond ses oeufs sur l'eau stagnante; donc pas d'eau stagnante pas de moustiques et pas de moustiques pas de malaria.
36. Les moustiques. (Suite). Léon. - Dans une région où il y a des moustiques, laisse dans la cour un vase d'eau le lendemain tu verras sur cette eau des grains noirâtres. Ces grains sont des oeufs de moustiques, que la femelle a pondus la nuit. Après quelques jours, tu verras nager dans l'eau des petites bêtes: ce sont des jeunes de moustiques; ils vivent et grandissent dans l'eau, puis ils s'envolent et vivent dans l'air. Pierre. - J'ai remarqué souvent ce que tu me racontes, mais j'ignorais que ces petites bêtes étaient des moustiques. Léon. - Ce n'est pas tout. Pierre, ce qui se passe dans le vase a lieu partout où il y a de l'eau stagnante: dans les boîtes jetées dans la brousse, dans les petits trous, dans les tonneaux, dans les endroits marécageux, dans les pirogues etc. Pierre. - Dans ce cas nous ne pouvons pas éviter les moustiques. Léon,. - Cela n'est pas difficile. Pour les détruire : 1° On ne laisse pas d'eau dans les boîtes, les tonneaux, les trous, les pirogues. 2° On conduit l'eau des marais dans les rivières. 3° On retire les boîtes, les bouteilles, les pots qui traînent autour de la maison.
37. Maladie du sommeil. La maladie du sommeil donne souvent des accès de fièvre. Elle diminue les forces physiques et l'intelligence du malade. Quand la mort n'est plus éloignée, le malade dort beaucoup. Quand un homme perd ses forces, quand il change de caractère, on le soupçonne d'être atteint de la maladie du sommeil. On en soupçonne aussi les fous, les personnes qui tremblent, qui ont le regard hébété, qui ont très peur. Quand le médecin examine au microscope le sang d'un malade, il' trouve des vermicules;très petits, qui se meuvent comme de petits serpents. On ne peut pas les voir l'oeil nu. Ces vermicules portent le nom de trypanosomes ils sont la cause de la maladie du sommeil. Si nous injectons le sang du malade un singe, il prend la maladie du sommeil. Si une mouche tsé-tsé pique un malade, elle boit le sang chargé de trypanosomes et devient malade aussi. Et si après elle pique un homme sain, elle lui donne la maladie. Ainsi la mouche tsé-tsé transmet la maladie du sommeil entre le malade et l'homme sain.
138. La maladie du sommeil (Suite). Chaque année au Congo la tsé-tsé cause la mort de milliers de Noirs, elle détruit des tribus entières. Quand quelqu'un souffre de la maladie du sommeil, il faut l'écarter des mouches. Les hommes sains doivent également fuir les régions des tsé-tsé. La tsé-tsé vit au bord de l'eau et pique les gens qui y passent. Il n'y a pas de tsé-tsé sur les plateaux. La tsé-tsé ne peut vivre et se reproduire qu'à l'ombre des arbres; elle pond un jeune qui ressemble à un ver. Ce ver (ou larve) s'enfonce dans le sol et est tué si le soleil dessèche la terre. Donc les villages ne doivent pas être situés près des ruisseaux, des sources, des bosquets. On déboisera les endroits où l'on puise de l'eau, où l'on met macérer le manioc, où l'on fait le sel. Dans les régions où la maladie du sommeil sévit, les indigènes se feront examiner souvent par le médecin.
39. Devoirs des chefs médaillés. Voici en résumé les principaux devoirs des chefs : 1° Obéir aux Blancs de l'Etat dont ils dépendent. 2° Faire connaître aux indigènes les décisions, ordres et avis des autorités de l'État. 3°, Faire connaître aux autorités les demandes de leurs sujets. 4° Faciliter les opérations du recensement des indigènes; informer l'administrateur de tout décès, disparition, émigration. 5°, Dénoncer aux Blancs de l'État toute infraction grave aux lois épreuve par le poison, sacrifices humains, actes d'anthropophagie, achat et vente d'esclave, culture, vente et usage du chanvre. 6° Arrêter les individus coupables d'infractions graves et les livrer au parquet. 7° Aider les Blancs de l'Etat à percevoir l'impôt. Les fils de chefs ayant suivi les cours d'une école peuvent y aider beaucoup. Dans l'Uélé de nombreux fils de chefs perçoivent l'impôt dans la chefferie de leur père. 8° Prendre toutes les mesures utiles pour enrayer la propagation des maladies contagieuses. 9° Faire connaître à l'Administrateur tout événement grave qui survient dans la chefferie.
40. Devoirs des chefs médaillés. (Suite). Les chefs font exécuter par leurs indigènes des travaux, les uns gratuits, les autres rémunérés : a) Nettoyer le village, y détruire les herbes et les buissons dans un rayon s'étendant du centre à 100 mètres des habitations. b) Déboiser les rives des cours d'eau qui baignent le village jusqu'à 100 M. en amont et en aval des limites de l'agglomération. c) Aménager un cimetière à l'endroit désigné par l'administrateur. d) Exécuter tous les travaux prescrits pour combattre la maladie du sommeil. e) Faire et entretenir les chemins jusqu'aux limites de la chefferie. f) Pourvoir au passage des marais et des cours d'eau soit par des ponts soit par des pirogues. g) Construire et entretenir des gîtes d'étape aux endroits fixés par l'administration. Le chef n'impose le travail qu'aux hommes adultes et valides. Les femmes ne peuvent être employées qu'à nettoyer le village et à détruire les herbes. Si les indigènes ne veulent pas se soumettre, le chef peut appliquer la peine de la prison jusqu'à 15 jours et la peine du fouet jusqu'à 12 coups. On n'applique pas la peine du fouet aux femmes.
41. La prison. Devant le tribunal du juge comparaissent ceux qui sont accusés d'infractions aux lois. Le juge acquitte les innocents. Mais il condamne les coupables. Devant lui, le regret n'est pas un motif de pardon. Les condamnés restent en prison durant des jours, des semaines, des mois ou même des années. Parmi eux on trouve des fumeurs de chanvre, des ivrognes, des voleurs, des batailleurs et des assassins. Les prisonniers se promènent, travaillent, mangent et dorment la chaîne au cou. Ils ont un habit et une couverture. Ils mangent le matin, le midi et le soir. Pendant le jour ils travaillent partout dans le poste. Le soir ils vont au bain. La nuit ils restent enfermés dans la prison. Ils sont constamment sous la surveillance des soldats ou des policiers. Quand les prisonniers se mettent en défaut on les corrige avec le fouet. Les honnêtes gens évitent tout ce qui pourrait les faire condamner à la prison, car être prisonnier est une honte.
42. Le temps. Le jour se compose de 24 heures. Une heure vaut 60 minutes. Une minute vaut 60 secondes. Une année compte 365jours. L'année bissextile est de 366 jours. Une année compte 12 mois. Janvier a 31 jours. Février a 28 jours. Février d'une année bissextile compte 29 jours. Mars a 31 jours. Avril a 30 jours. Mai a 31 jours. Juin a 30 jours. Juillet a 31 jours. Août a 31 jours. Septembre a 30 jours. Octobre a 31 jours. Novembre a 30 jours. Décembre a 31 jours. Une année compte 52 semaines. Une semaine compte7jours. Les 7 jours de la semaine sont : Lundi. Mardi. Mercredi. Jeudi. Vendredi. Samedi. Dimanche. Un siècle est une durée de 100 années.
43. L'impôt. Nous payons l'impôt. Beaucoup d'indigènes n'aiment pas à payer l'impôt parce qu'ils ne savent pas à quoi l'État le fait servir. Que fait-on avec cet argent? Avec cet argent: a) On construit des camps pour les soldats on leur donne des habits, de la nourriture, des fusils et la paye. b) On paie les chefs. c) On paie les médecins qui soignent et guérissent les malades. d) On paie tous les frais pour l'instruction des Noirs si dans les écoles. e) On fait de bonnes routes. g) On paie tous les travaux qu'on exécute pour l'utilité de la collectivité. Les Blancs paient aussi beaucoup d'impôts. Les revenus de l'impôt ne suffisent pas pour payer toutes les dépenses de l'Etat. Mais le Gouvernement complète ces revenus par d'autres moyens. Quand nous voulons payer l'impôt le collecteur demande : Quel est ton nom? Quel est ton prénom? Quels sont tes surnoms? Quel âge as-tu? Quelle est ton occupation? Quel est le nom de ton père?' Quel est le nom de ta mère?' Quel est le nom de ta femme? Combien d'enfants as-tu ? Comment s'appellent-ils? De quelle tribu es-tu? Quel est ton village? Qui est ton chef?
44. Les monnaies. Autrefois les Congolais payaient leurs dettes avec des chèvres, des couteaux, des lances, des morceaux de laiton et d'autres objets. Maintenant encore certains, indigènes paient avec cette monnaie. Depuis quelques années, l'État a introduit des monnaies au Congo. Le franc est l'unité principale des monnaies. Les autres monnaies s appellent : La pièce de : cinq francs, cinquante centimes, vingt centimes. dix centimes (décime). cinq centimes, d'un centime, Le franc en argent pèse 5 grammes. Le franc en nickel pèse 10 grammes. La pièce de cinq francs pèse 25 grammes. Les multiples du franc n'ont pas de nom, on dit : deux francs, dix francs, cent francs, mille francs. D'autres monnaies sont faites en or : la pièce de : 100 francs, 50 francs, 20 francs, 10 francs, 5 francs. Nous avons aussi le papier monnaie de la "Banque du Congo Belge " : le billet de : 1000 francs. 100 francs. 20 francs. 5 francs, 1 franc. L'homme intelligent ne dépense pas tout son argent, il économise le plus possible pour le temps de la maladie et de la vieillesse.
45. Les parties du corps. Les principales parties du corps sont la tête, le tronc, les bras et les jambes. Le corps est recouvert d'une peau. Ma peau est noire; celle des Européens est blanche. Les parties de la tête sont le front, les oreilles, les yeux, le nez, la bouche, les joues, le menton. Les cheveux protègent le crâne. Je me lave chaque jour la tête et je peigne souvent mes cheveux. J'entends avec les oreilles, je vois avec les yeux; je flaire avec le nez, je mange avec la bouche, je goûte avec la langue. J'ai trente-deux dents. Le menton porte la barbe et la lèvre supérieure la moustache. Le tronc est la partie principale du corps. Ses parties sont: les épaules le dos, la poitrine, le ventre. La poitrine contient les et le coeur. Dans le ventre se trouve l'estomac, le foie et lès intestins.
46. Les parties du corps. (Suite) J'ai deux bras le bras droit et le bras gauche. Je sais fléchir le bras à l'épaule, au coude et au poignet. A la main j'ai cinq doigts. Les doigts sont terminés par des ongles. Je me lave souvent les mains; je n'ai-pas les ongles longs, ni malpropres. Je travaille beaucoup avec les bras, les mains et les doigts. La jambe se compose de trois parties: la cuisse, la jambe proprement e et le pied. Les jambes fléchissent aux genoux. En arrière du pied se trouve le talon, en avant les cinq orteils. On voit parfois des enfants malpropres, paresseux ayant dans les pieds beaucoup de chiques. Soignons bien nos pieds, si ne chique y entre, enlevons-la de suite.
47. Le fleuve Congo. Le Congo est un très grand fleuve. Il aune longueur de 4800 kilomètres. En amont de Stanleyville on lui donne le nom de Lualaba. La rivière Lukuga conduit dans le Lualaba les eaux du Tanganika. En certains endroits, en aval de Stanleyville, le fleuve a une largeur de 35 à 40 kilomètres. A Matadi il n'a que 1450 mètres de large, mais là il est très profond. A Boma il a une largeur de 5 kilomètres. Le fleuve renferme une multitude d'îles. Dans certains endroits du fleuve les roches et les rapides barrent le chemin aux bateaux. Beaucoup de grandes rivières se jettent dans le Congo: le Lomami, l'Aruwimi, l'Itimbiri, la Mongala, la Lulonga, l'Ubangi, la rivière Kasai etc. Le Lualaba arrose les postes de Kasongo, Nyangwe, Kindu, Lokandu, Ponthierville. Le Congo arrose Stanleyville, Basoko, Bumba, Lisala, Mobeka, Nouvelle-Anvers, Irebu, Léopoldville, Matadi, Boma. A Banana, le Congo se jette avec force dans la mer. Les grands bateaux d'Europe viennent jusqu'à Banane, Boma et Matadi. De nombreux bateaux transportent sur le fleuve Congo les voyageurs et les marchandises.
48. Histoire du Congo. Mes enfants, maintenant vous voyez beaucoup de Blancs dans le Congo; ils n'y sont guère que depuis une quarantaine d'années. Ce sont eux qui ont introduit ces choses admirables inconnues de vos ancêtres: de grandes maisons construites en briques, de grands bateaux qui remontent et redescendent le fleuve; des automobiles, des machines à coudre, des fusils, des chemins de fer et beaucoup d'autre choses. Vous voyez aujourd'hui beaucoup de vos frères revêtir de beaux habits comme les Blancs. Beaucoup de Noirs savent maintenant lire et écrire des lettres et parler le langage des Blancs. Il y a très longtemps les Portugais vinrent dans le pays des Bakongo, à Boma et dans les villages environnants. Mais aucun Blanc n'avait paru en amont de Boma. Le premier Blanc qui vint dans vos régions s'appelle Stanley. Il pénétra dans le Congo du côté du Tanganika. Il descendit le fleuve avec une baleinière. Il passa à Kasongo, Stanleyville, Bani, Basoko, Bumba, Masoko, Bumba, Nouvelle-Anvers, Léopoldville et s'arrêta à Boma. Comme il était le premier homme Blanc ayant paru dans ces contrées, on le regarda partout avec curiosité et même avec terreur. On l'appelait: "L''homme sorti de l'eau " On chercha à le tuer lui et ses compagnons.
49. Histoire du Congo. (Suite). Stanley, au contraire, se montra plein de bonté pour les Noirs. Il voyait surtout avec peine que les Arabes traitaient les Noirs avec une cruauté inouïe. Il retourna en Europe et fit connaître aux chefs d'États toutes les atrocités commises par les Arabes. Ces souverains émus de compassion résolurent de mettre fin à l'esclavage au Congo. Stanley ne resta pas longtemps en Europe. Il vint avec d'autres Blancs, des commandants et des soldats Noirs originaires de la côte. Ils firent la guerre aux Arabes. Les Arabes avaient beaucoup de soldats, beaucoup de fusils, ils étaient forts. Les commandants d'Europe livrèrent beaucoup de batailles quelques-uns moururent à la guerre. Mais à la fin les Blancs chassèrent tous les Arabes du Congo. L'horrible esclavage et la persécution étaient terminés. Maintenant les Noirs ne sont pas esclaves des Arabes parce que le Roi a envoyé ici ses Blancs. Les chefs d'États d'Europe choisirent comme Souverain du Congo, Léopold II, Roi des Belges.
50. Histoire du Congo. (2e Suite) Depuis le temps où de nombreux Blancs sont venus au Congo, on apprend, aux Noirs beaucoup de choses utiles. Aussi les Noirs deviennent peu à peu civilisés. En l'année 1888 les Pères vinrent pour la première fois dans vos régions. Ils y apportèrent la Bonne Nouvelle (l'évangile) et firent connaître Jésus-Christ et la vraie religion. Autrefois il n'y avait pas un seul chrétien ici. Maintenant nous en rencontrons partout. Autrefois dans ces régions on ne croyait qu'au démon et à la sorcellerie. Maintenant on croit en seul Dieu, Seigneur, grand, bon et tout-puissant. Soyez tous de vrais chrétiens, aidez vos frères païens à transformer leur coeur; ainsi un jour le règne du démon finira dans votre pays.
(Pour les trois dernières leçons voir Mambi ma Tanga).
TABLE DES MATIÈRES
PREMIÈRE PARTIE: NOTIONS GRAMMATICALES
[le chiffre après le titre indique la page dans le manuel] 1.Préfixes, 3 2.Adjectifs qualificatifs, 6 3.Présent du verbe être, 8 4.Présent du verbe avoir, 9 5.Particule génitive A, 11 6.Pronomspersonnels, 12 7Adjectif possessifs, 14 8.Pronoms possessifs, 15 9.Adjectifs démonstratifs, 17 10.Pronoms démonstratifs, 19 11.Adjectifs numéraux, 20 12.Adjectifs numéraux ordinaux, 22 13.Le verbe être (forme affirmative), 24 14.Verbe être (forme interrogative), 26 15.Verbe être (forme négative), 27 16.Verbe avoir (forme affirmative), 29 17.Verbe avoir (forme interrogative), 31 18.Verbe avoir (forme négative), 32 19.Phrases renfermant le verbe être, 34 20.Phrases renfermant le verbe avoir, 36 21.Principaux temps du verbe: yemba, chanter, 38 22.Principaux temps du verbe: silisa, finir, 44 23.Principaux temps du verbe : iwa, recevoir, 50 24.Principaux temps du verbe : bungisa, perdre, 56 25.Interrogations, 62 26.Adverbes de manière et de qualité, 65 27.Adverbes de lieu, 6& 28.Adverbes de temps, 71 29.Quelques particules déterminatives, 74 30.Prépositions 31.Conjonctions, 77 32.Comparatif et superlatif,79 33.Quelques verbes causatifs, 80 34.Quelques verbes relatifs, 82 35.Quelques verbes réciproques, 83 36.Quelques verbes d'état, 85 37.Verbes réfléchis, 86 38.Conjugaison avec un pronom personnel infixe, 89
DEUXIÈME PARTIE: EXERCICES DE LANGAGE
1. Nsoso ya yambo - La première poule, 92 2. Tata na mama - Le père et la mère, 93 3. Ndimu ntamu - Les oranges 94 4. Teta te nkoko - Le grand - père, 96 5. Bitwaki - Les mouches, 97 6. Ntaba mwana na akoi - La jeune chèvre et le léopard, 98 7. Eskola - L'école, 99 8. Moyekoli molamu - Le bon écolier, 101 9. Moyekoli moyibi - L'écolier voleur, 102 10. Malisoli na farasa - Le moineau et le cheval, 103 11. Motu - L'homme, 104 12. Bulamatari Albert - Le Roi Albert 1, 105 13. Bakango ba Uele - Les Bakango de l'Uélé, 106 14. Baka to batikitiki - Les nains107 15. Boumbu o Kongo - L'esclavage au Congo, 108. 16. Lipombo mpamba lia Basensi - Vaines parures des indigènes, 110 17. Moyibi - Le voleur, 111 18. Ntaba na mpata - Les chèvres et les moutons,112 19. Ntaba - Les chèvres114 20. Nsoso - La poule, 115 21. Basamaki - Les poissons, 116 22. Nkema - Les singes, 117 23. Njoku - L'éléphant, 118 24. Esulungtitu - Le hibou, 120 25. Longembu - La Chauve - souris, 121 26. Nkoli - Le crocodile, 123 27. Ngubu - L'hippopotame, 124 28. Nvoka - Le serpent 29. Ligbololo, nkese na bana - Le crapaud, l'âne et les enfants,127 30. Longembu na iyialisoli - La chauve - souris et le moineau, 128 31. Mibeko, na kubika na nzoto elamu - Règles pour vivre en bonne santé, 128 32. Ndako elamu - Une bonne maison, 129 33. Bilamba - Les habits, 130 34. Bile mpe mai ma kumela - La nourriture et l'eau potable, 132 35. Nkungi - Les moustiques, 133. 36. Nkungi (nsima) - Les moustiques (suite) 134 37. Bokono bwa mpongi - Maladie du sommeil, 136. 38. Bokono bwa mpongi (nsinia) - Maladie du sommeil (suite), 137 39. Ntomo ya Bakonji na palata - Devoirs des chefs médaillés, 139 40. Ntomo ya bakonji na palata (nsima) - Devoirs des chefs médaillés (suite), 140 41. Bloko - La prison, 142' 42. Eleko - Le temps, 143 43. Ntako - L'impôt, 144 44. Mosolo faranka - Les monnaies, 146 45. Biteni bia nzoto - Les parties du corps 148 46. Biteni bia nzoto (nsima) - Les parties du corps (suite), 140 47. Ebale Kongo - Le fleuve Congo, 150 48. Mpo ya Kongo - Histoire du Congo, 151 49. Mpo ya Kongo (nsima) - Histoire du Congo (suite), 153 50. Mpo ya Kongo (nsima ya ibale) - Histoire du Congo (2e suite) 154
|
|
|
|