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Manuels scolaires coloniaux (Congo-Belge): Un florilège / Par Honoré Vinck
Table des matières
INTRODUCTION GÉNÉRALE
L'importance des textes des livrets scolaires coloniaux se laisse résumer par ces quelques idées: Le livret scolaire (de l'école primaire) a influencé les premières connaissances des personnes qui ont forcé l'indépendance et en ont pris par après les rênes. Ces textes sont d'accès difficiles, car pour 80% ils ont été écrits en un grand nombre de langues africaines dont peu peuvent être maîtrisées par un seul individu. D'où l'importance de la traduction en une langue de niveau mondial, entreprise exécutée dans le cadre d'un projet de traduction de 50 livrets, patronnée par le professeur Bogumil Jewsiéwicki de l'Université Laval au Quebec. Nous le remercions ici pour ses encouragements et son soutien qui a permis de finir une première étape d'un plus grand projet qui attend encore une subvention. Il n'était pas question de les publier intégralement. Ainsi nous avons pensé faire oeuvre utile en publiant un florilège des textes les plus caractéristiques. La région couverte par nos textes se limite aux Provinces de l'Équateur et Orientale et la ville de Kinshasa en République Démocratique du Congo. Ces limites ont été imposées par la collection en notre possession et par la disponibilité de traducteurs. Mais je pense que, vu l'origine commune des éducateurs de ce temps et leur dépendance du système éducatif des Eglises et des instructions de l'Administration coloniale, peu de variantes fondamentales devraient être enregistrées dans la partie restante du pays. Du point de vue de 1'approche diachronique, l'échantillon est assez bien équilibré, allant du début de la colonisation (le plus ancien texte cité est de 1908) jusqu'en 1959. La plupart des livrets appartiennent à des collections produites par des Congrégations religieuses catholiques ou protestantes, lesquels livrets étaient conçus en première instance pour leurs propres écoles. Je n'ai pas toujours pu reconstituer les séries complètes des livrets d'un même éditeur, ce qui m'aurait permis de suivre l'évolution idéologique de certaines idées (justification de la colonisation, concept d'autorité, but de l'enseignement, etc... ) Mais en quelques cas, cela a été bien possible et je l'ai mis en exergue dans des études de détail publiées ailleurs (voir bibliographie; certaines sur le web). J'ai avancé quatre grandes sections dont on trouve les titres et sous-titres dans les pages suivantes.
Les traductions ont été faites par différentes personnes, locuteurs natif ou ayant la langue de référence comme deuxième langue, et qui ont travaillé au Centre Aequatoria de Bamanya (1994-1996) ayant à leur disposition les dictionnaires se rapprochant le plus possible de la langue du livret. A plusieurs reprises cette traduction à été revue et discutée pour les parties publiées ici. La présentation technique de chaque livret reste très incomplète et donc insatisfaisante. Elle ne peut être complétée et ajustée qu'avec beaucoup de recherches de détails à des endroits très diversifiés. C'est un travail de longue haleine, mais je viens de terminer l'étude du Buku ea Mbaanda (Livre de lecture) de 1935. Elle sera publiée dans Annales quatoria 23(2002).
Règles d'édition
1. Les originaux en langues africaines se trouvent tous dans les Archives Aequatoria à Bamanya, Mbandaka (RDC). Une copie dactylographiée ou d'autres exemplaires d'originaux se trouvent dans les Archives MSC à Borgerhout (B) et chez M. le professeur Bogumil Jewsiewicki à l'Université Laval au Quebec. 2. Nous renvoyons chaque fois au numéro du document dans le projet Jewsiewicki. 3. En note, après chaque extrait, nous ne notons que les éclaircissements jugés opportuns pour la bonne compréhension du texte même et nous ne donnons pas d'explication, de corrections, d'ajustement des faits ou personnes évoquées dans le texte, le but de cette publication n'étant pas d'écrire l'histoire du Congo colonial. Ainsi nous ne corrigeons pas les erreurs de dates, de graphie de noms et de localités etc... 4. La bibliographie qui accompagne l'étude ne porte pas sur le problème de l'éducation coloniale en Afrique, mais exclusivement sur l'édition, l'existence et le rôle des manuels scolaires des écoles primaires en Afrique Coloniale, principalement dans l'ex Congo-Belge.
Quelques abréviations
Dict./D. = G. Hulstaert, Dictionnaire Lomongo-français, Tervuren 1957 Ann.Aeq. /A.A. = Annales Aequatoria
Ce texte a été publié une première fois dans les Annales Aequatoria 19(1998)4-166. Quelques corrections et ajoutes (à la bibliographie et aux notes) ont été effectuées à l'occasion de leur publication sur le site
http: //www.abbol.com.
TEXTES
PRÉSENTATION
Les leçons d'histoire de la colonisation peuvent être rangées en 5 catégories:
- 1. Des leçons d'une certaine technicité: abondance de dates plus ou moins exactes, des noms et des événements multiples se rapportant à une historiographie plus ou moins globale de l'Afrique coloniale à partir de la découverte par Diego Cao.
2. Des leçons à caractère mythique dont un premier objectif est la glorification de la nation colonisatrice et de ses héros. 3. Des leçons à caractère apologétique qui ont le souci de répondre d'avance à un certain nombre d'objections réellement exprimées ou supposées chez les colonisés. 4. Des leçons retravaillées suivant l'évolution de l'idéologie coloniale en opposition aux textes maintenant archaïques. 5. Des leçons romantiques avec une description des faits historiques en formes littéraires comme nouvelles, épopées, théâtre, etc.
Quant à l'orientation idéologique, il y a peu de différences entre les manuels protestants et catholiques ou neutres. On remarque pourtant une plus grande ouverture à l'histoire africaine générale chez les protestants. La traite des Noirs par les Arabes reste un élément essentiel dans la présentation de l'histoire coloniale. Elle est néanmoins moins accentuée dans les livrets protestants. Un seul texte fait allusion au "caoutchouc rouge" de Léopold II C'est dans l'histoire que les arguments pour la justification de la colonisation sont trouvés: invariablement jusqu'en 1960, la libération par les Blancs des guerres intestines et de la traite des Arabes est avancée dans cette perspective. L'apport de la civilisation dans ses expressions matérielles et spirituelles y est également présenté, mais souvent incorporé dans d'autres leçons. A part l'insertion de quelques faits récents, l'interprétation de l'histoire coloniale et la fonction de son enseignement n'ont pas évolué durant toute la période sous regard. L'histoire détaillée de l'œuvre missionnaire est insérée dans 1'histoire générale dans les livrets protestants, et réservée à un manuel d'instruction religieux chez les catholiques.
J.32: LES CONGOLAIS, leçon 5, n 4 (Bonkanda wa baoci b'anto, C.B.M., Bongandanga, 1925, p.23-30).
1. Le Congo est votre pays. C'est un grand pays, mais les habitants de ce pays ne sont pas nombreux, il y en a presque 10.000.000. Votre pays s'appelle Congo en ce que les habitants de l'embouchure du grand fleuve s'appellent Bakongo.
2. Les premiers qui sont arrivés au Congo étaient des Portugais. Jadis, les Portugais étaient de véritables voyageurs, et ils ont voyagé à travers le monde à la recherche des terres que d'autres Blancs n'avaient pas encore découvertes. Le premier Blanc qui a fait le tour du monde est un Portugais; son nom Magellan. Il est mort pendant ce voyage avant de rejoindre son pays, mais certaines personnes qui 1'accompagnaient sont retournés au Portugal. La première personne à atteindre le sud de l'Afrique fut un Portugais; son nom est Gama. Celui qui a indiqué aux Blancs le chemin de 1'Amérique, c'est celui qui accompagnait le premier les Portugais dans leurs voyages: son nom Colombe. Lui-même n'était pas Portugais, mais n'eut été ses renseignements reçus des Portugais, les Blancs n'auraient pas cherché des terres habitables de ce côté-là. A cette époque-là, les Portugais dépassaient tous les Blancs dans le goût des voyages, et ils sont arrivés dans votre pays il y a bien longtemps.
3. Les Portugais résidaient du côté de l'aval près de l'embouchure du fleuve Congo, environ pendant trois cent ans, mais ils ne sont pas arrivés au pays profond du fait que des gens sauvages les ont arrêtés.
4. Jadis, il y a environ cinquante ans, un certain Blanc d'Angleterre arriva à votre pays, tout à fait en amont, à Tanganyika. Le nom de cette personne, c'est Livingstone, et tous les Blancs le respectent, car il fut un homme affable et persévérant. Il fut le pasteur de Dieu le plus honoré. Il a apaisé les populations de ce côté-là de laisser entrer d'autres pasteurs dans tout votre pays.
5. Livingstone est mort près de la source du fleuve Congo, et après sa mort un autre Blanc appelé Stanley traversa le continent africain de l'est à l'ouest. Il a passé trois ans dans cette exploration, et beaucoup de Blancs pensaient qu'il était mort étant donné cette longue durée. C'est lui qu'on appelait au début Bula-Matadi, qui descendit le fleuve à partir de Zingitingi (1) à Kintambo (2).
6. Lorsque Stanley arriva aux pays des Blancs, toutes les personnes étaient étonnées profondément de son histoire. Il voulait que les Anglais viennent vous coloniser, mais ils n'ont pas voulu. Par la suite, il transmis au Roi des Belges l'histoire de votre pays, le Congo, et il accepta d'envoyer ses quelques agents vous apprendre le travail et les bonnes manières. Certaines personnes qu'il envoya étaient de mauvaises gens, et se sont mal comportés pendant la campagne du caoutchouc. Vous n'ignorez pas, vous-mêmes, comment les premiers Blancs ont agi (3).
7. Nous ne connaissons pas assez sur l'histoire de votre pays. Nous savons que les Arabes étaient venus à la recherche des esclaves, et ils avaient capturé beaucoup de Congolais en amont. Ils avaient tué beaucoup de gens, et en avaient emporté d'autres en esclavage. Les Blancs du gouvernement avaient arrêté leur progression en amont, près de Zingitingi.
8. Et nous savons qu'avant que les Blancs n'arrivent chez vous, il y avait des guerres à tout moment. Il y a très longtemps, beaucoup de personnes sont mortes pendant la guerre des Lokele (4). Cette guerre fut meurtrière à certains endroits, et les milliers des gens étaient exterminés.
Nous pensons que cette guerre trouve son origine dans le fait que les Arabes ont combattu les gens de l'amont, et que ces derniers ont déferlé leur colère sur les gens de l'aval. Les Blancs du Gouvernement et ceux des Compagnies avaient mis fin à cette guerre, à leur arrivée dans les zones de combat. Ces Blancs vous aident fréquemment.
9. Souvent, les enfants me demandent: "Pourquoi ne sommes-nous pas aussi intelligents que vous autres Blancs"?
10. Les Blancs sont en train de chercher avec forte persévérance des connaissances qui ne sont pas encore découvertes.. Raison pour laquelle leur intelligence ne fait que s'accroître, et que les gens leur rendent beaucoup d'honneur. Par contre ceux de vos contrées, qui étaient plus intelligents que les autres, furent objets de jalousie par certaines personnes, et quelques-uns furent tués soit après avoir été obligés d'avaler du poison soit autrement. Beaucoup des gens de chez vous sont morts à cause de fétiches, car les féticheurs trompaient beaucoup vos ancêtres. Ils détruisaient les meilleures personnes, et sauvegardaient ceux qui étaient d'accord avec leurs mauvaises pratiques. Voilà une raison pour laquelle l'intelligence ne s'accroît pas dans vos pays. Une autre raison c'est l'indolence. Certains la considèrent comme la raison la plus importante.
NOTES 1. Zingitini: à l'endroit de l'actuel Kisangani. Autres graphies: Singitini, Singetini, Tingitingi. 2. Kintao = Kintambo 3. Allusion aux abus du régime léopoldien. C'est l'unique allusion à cette époque dans tous les livrets scolaires, à l'exception du Bosako wa Mongo de 1957. 4. Le livret était utilisé là où les Lokele étaient passés ou s'étaient installés. Ailleurs ces guerres ont d'autres noms. Ainsi Hulstaert, dans Buku ea Mbaanda (1935, p.80-81), parle de etumb'eki Lofembe
J.28: L'ARRIVEE DES BLANCS, leçon 3 (J. and E.E. Carpenter, Banto ba monde, C.B.M., Bongandanga, 1929, p. 36-38).
Les premiers Européens qui étaient venus au Congo furent des Portugais, mais ils se limitèrent au bord de la mer. Après, les autres qui étaient venus, essayèrent de faire entrer leur bateau dans le fleuve Congo pour atteindre l'amont, mais ils ne l'avaient pas atteint à cause des dénivellements de la hauteur du fleuve, et l'eau coulait trop vite et la grande chute était devant. Mais après, un Blanc nommé Stanley était sortit du côté de l'Afrique de l'Est, et atteint le Congo, il navigua sur le fleuve Congo jusqu'à ce qu'il atteigne 1'Océan Atlantique dans l'ouest puis il rentra en Europe. Il raconta aux gens l'histoire du Congo, rentra de nouveau au Congo accompagné de quinze personnes; ils arrivèrent en bateau sur le fleuve. Lorsqu'ils sont arrivés aux chutes, ils accostèrent et prirent les routes pour traverser l'endroit difficile. Lorsqu'ils finirent par franchir cette route, ils ramassèrent à mains leur bateau et le transportèrent jusqu'à des endroits navigables, là ils rassemblèrent les pièces de bateau et embarquèrent et partirent du côté de l'amont. D'autres côtés les marchands arabes étaient là; ils interdirent les Européens et ces européens se perdirent dans la forêt. Actuellement, le chemin de fer remplace la route franchie par les Européens du côté des chutes et les hommes bénéficient d'un bon passage. Nombreux sont des européens venus au Congo chercher les produits qui sont là comme: copal, huile, hévéa, les noix de palme, l'or, l'ivoire et le cuivre. (Le cuivre est un minerais comme vos anneaux de cuivre). Actuellement le pays du Congo est pour la Belgique, la France ou le Portugal. Vous qui lisez ce livre, vous êtes des Belges, et votre administrateur de l'Etat est belge. Votre Roi est aussi Roi de la Belgique, son nom c'est Albert. Lui-même est en Belgique, il envoie ses gens ici Pour conserver ce beau pays et organiser les affaires qui sont là et aussi pour en juger d'autres. Au début vous appeliez ces gens Bula Matadi. Il est bon de respecter les autorités de l'Etat, et leur arrivée chez vous, vous apporte le calme et ils sont vos maîtres. Ils interdisent les guerres et les tueries des hommes et d'autres cas semblables.
Les pasteurs de Dieu ont fait cinquante ans au Congo. Les premiers à venir furent les Anglais et il n'y avait que deux missions. Les deux missions se nommaient Palabala et San Salvador. Maintenant, il y a multitude de missions et elles dépassent même la centaine, et les disciples de Jésus sont des milliers et des milliers. Les Evangélistes sont venus de plusieurs pays surtout de la Belgique, de l'Angleterre, de la France, du Suède et de 1'Amérique. Les Congolais ont accès aux écoles pour étudier ce problème. Les Blancs de l'enseignement et d'autres, enseignèrent des travaux durs et de sagesse et maintenant certains Noirs se sont habitués à d'autres travaux et deviennent imprimeurs, charpentiers, même ingénieurs, mécanicien, infirmiers, menuisiers et nombreux sont les catéchistes et les enseignants et ils sont aussi dans n'importe quel genre de travail.
J-30: QUELQUES RECITS SUR LE CONGO-BELGE (Bonkanda wa nsango, C.B.M., Bongandanga, 1930, p.141-149).
Introduction Congo-Belge est le nom de tout notre pays. Le Congo-Belge est situé en Afrique. Ce qui est raconté ici dans ce livre, n'est pas de l'imagination. C'est de l'histoire vraie. Il existe plusieurs récits sur le Congo-Belge. Une infime portion en figure ici. Le but de l'auteur est de faire connaître aux habitants du Congo-Belge certains épisodes de l'histoire de leur propre pays, car nous tous qui habitons ici, nous sommes sous l'autorité de la Belgique, et le roi de la Belgique, c.à.d. Albert, est aussi notre Roi. Il convient que nous soyons au courant des évènements qui ont eu lieu ici, afin de comprendre ce qui se passe actuellement. Certains récits racontés ici se sont déroulés il y a très longtemps; certains autres tout récemment. L'auteur espère éditer un autre livre avec plus d'épisodes ultérieurement (1). Ceci n'est qu'une introduction, un volume complémentaire suivra. En 1482 ou 1484, un Portugais nommé Dom Diego Cao, parcourut le fleuve Congo à la recherche des débouchés et de 1'ivoire. Il fut informé de l'existence du Roi de Kongo, dont le chef-lieux était à Mbanza Kongo. Il n'y est pas arrivé, mais en a seulement été informé, puis il rentra au Portugal, accompagné de quelques Congolais. Après avoir écouté le rapport de Diego, le Roi du Portugal envoya un émissaire appelé Roderigo de Souza, auprès du Roi de Kongo, en 1490. il était accompagné de missionnaires catholiques pour y prêcher la parole de Yahvé-Dieu auprès des Congolais. En 1492, le Roi de Kongo agréa leur religion, et en devint adepte. Ces gens s'associèrent à lui dans cette foi, mais leur foi en Dieu n'était que l'effet d'un mouvement de masse, sans profondeur. En 1534 une cathédrale fut construite à leur chef-lieu qui porta désormais un autre nom San Salvador. Et en 1549, d'autres missionnaires appelés Jésuites vinrent y créer un poste de mission. 21 ans plus tard, un peuple redoutable vint combattre les habitants de San Salvador. C'étaient des Jaggas. Ils habitant sur les bords du Kwango, un affluent de Kwa. Ils mirent à feu la cathédrale et les églises, et délogèrent les autochtones. Les habitants de San Salvador prirent fuite avec leur Roi et allèrent se réfugier sur une Île. Lorsque la nouvelle parvint au Portugal, on envoya une expédition de 600 soldats bien armés pour chasser les Jaggas des terres du Roi du Congo. Peu de temps après, on construisit une nouvelle cathédrale et restaurèrent la capitale. A cette époque les Portugais n'avaient pas de possibilités pour aller en amont. Ils s'arrêtaient à Manyanga. Les informations sur l'amont ne leur étaient pas bien connues. Toutes les contrées vers le Stanley Pool étaient appelées le village de Makoko. Les Portugais apprirent les échos selon lesquels en amont vivait un grand chef, mais ils ne pouvaient y arriver étant donné que des grands rapides y étaient situés. Ils ont cependant pénétré le pays par l'est de San Salvador et atteignirent les rivières Kwango et Kasai. Ils se sont arrêtés là-bas. Puis un autre Blanc nommé David Livingstone, d'origine écossaise, arriva pour parcourir l'Afrique à cette époque, C'était un Missionnaire du Seigneur Jésus. Ils étaient venus explorer des contrées moins connues de l'intérieur de 1'Afrique. Puis les Blancs lui assignèrent la mission d'explorateur des terres. Lors de ses explorations en 1867, il atteignit la source du Congo appelée Luapula, et en 1871, il découvra un affluent appelé Lualaba. Lui-même pensait que la Lualaba était la source du Nil, le fleuve de l'Egypte.
Livingstone est décédé à Ilala, chez Chitambo, une contrée au bord du lac Bangwelo. Mais lui-même ne savait pas que la rivière qui part de ce lac est la source du Congo. Les gens de l'Europe ne l'ont su qu'après sa mort. Celui qui avait bien présenté le Congo aux Blancs de l'Europe, c'était Stanley. C'est le premier Blanc qui parcouru en descente le fleuve Congo. Stanley était auparavant venu en Afrique à la recherche de Livingstone que les Blancs croyaient perdu dans la grande forêt. Stanley le rencontra à Udjidji, au lac Tanganyika en 1872. Lors de sa visite suivante, Stanley voulait traverser l'Afrique par l'Est. Et il accosta à Zanzibar (au bord de l'Océan Indien) en novembre 1874, et commença ainsi un long voyage. Il traversa toutes les contrées et toutes les très grandes forêts, marchant continuellement, jusqu'à déboucher de nouveau sur Udjidji en mai 1876. De là, Stanley traversa l'ouest et arriva à Nyangwe. C'est une contrée au bord de la rivière Lualaba. A son arrivée, il était en face de nombreuses personnes redoutables et anthropophages. Il se rendit compte de la présence des Arabes dans les environs.. Et il remarqua qu'ils prenaient des Congolais en esclavage. Après deux ans d'exploration, Stanley découvrit le vrai fleuve Congo. Personne n'était allé au-delà de Nyangwe pour descendre ce fleuve. A son arrivée, il prit connaissance des nouvelles effroyables en provenance de l'aval. S'il était un couard, il resterait là en amont. Mais il avait envie de découvrir tous les aspects du Congo, et n'avait pas eu peur des gens féroces. Il décida de descendre le fleuve. Il essaya d'abord de passer par les sentiers, mais ce fut ardu. Il arriva au Maniema, et abandonna les sentiers. Il prit une pirogue, et décida de descendre aussi loin que possible jusqu'à atteindre l'Océan. Aucun Blanc n'avait emprunté cette voie avant lui, et cette exploration fut terrifiante pour lui. Stanley était un homme courageux. La descente du fleuve dura 4.mois. Il passa par plus de 20 embouchures de rivières, et arriva jusqu'au. grand lac appelé actuellement Stanley Pool. Arrivé à cet endroit, la voie fluviale devenait impossible étant donné des tourbillons. La descente du fleuve lui a failli coûter la vie. Certains peuples l'avaient combattu et chassé en l'insultant: "Bête, bête". Ils voulaient le tuer et le manger carrément. Parfois Stanley allait se cacher dans les creux d'arbres. Les gens du Congo n'avaient pas encore vu un Blanc et comme ils le voyaient traverser leur fleuve, ils voulaient le tuer Ce n'est qu'à son arrivée à Stanley Pool qu'il retrouva la paix. Mais il avait beaucoup souffert à cause de la non-navigabilité du fleuve. Il abandonna le fleuve et traîna derrière lui les pirogues jusqu'à arriver aux endroits sans rapides où il prit de nouveau les pirogues. C'était toujours ainsi jusqu'au moment où il termina les tronçons non navigables. Les Noirs qui l'accompagnaient s'étaient bien comportés. D'autres se sont noyés au cours du voyage. Tous étaient terriblement affamés. Quelques-uns tellement amaigris qu'ils ne pouvaient plus travailler. Stanley pensait qu'il ne s'en sortirait jamais, mais il arriva à Isangila en juillet 1877 après beaucoup d'efforts et de persévérance. De là, il abandonna les pirogues car ses hommes devenaient affaiblis par les maladies. Ils prirent un sentier et atteignirent Boma sans difficultés. Il s'y reposa. Puis et lui et ses hommes reprirent force. L'exploration s'est déroulé sur une distance de 11.200 kilomètres pendant 3 ans. Et Stanley retourna en Europe raconter l'odyssée du Congo. Les Blancs de l'Europe étaient impressionnés par son récit et envoyèrent des gens travailler ici. Depuis lors, les Blancs sont venus nombreux. Stanley est revenu ici plusieurs fois, travaillant énormément. En 1891, deux Blancs sont venus construire le chemin de fer, de Matadi à Stanley Pool. Leurs noms: Cambier et Thys. C'était un travail très dangeureux, et mortel. Les blancs ont importé des travailleurs de Chine, car eux-mêmes ne le supportaient pas à cause de la chaleur, et les Noirs n'en étaient pas encore habitués. Le travail du chemin de fer a commencé en 1891 et pris fin en 1898. Plusieurs Blancs et leurs travailleurs en sont morts. Tracer des jalons, aplanir les collines, et casser les pierres, telles des taches très ardues. Malgré tout, on y persévéra et on termina le travail. L'argent des Blancs était investi dans ce travail de chemin de fer, car sans chemin de fer les Blancs n'auraient pas pu apporter leur intelligence et leur culture à l'intérieur du Congo. Nous félicitons ces gens très persévérants. Ils ont accompli une oeuvre impressionnante. Ce chemin mesure 400 kilomètres de longueur. A leur arrivée au Congo, les blancs ont trouvé des Arabes Batambatamba. Leur objectif: arrêter des esclaves. Les Congolais d'amont ont beaucoup souffert des Arabes. Ils sont venus de l'est et en 1830, ils avaient créé leur grande station à Tabora, et de là ils entrèrent au Congo. Ils ont détruit plusieurs villages et arrêté les Congolais en esclavage, Ils les ont déportés à l'est. Lors d'une exploration, Livingstone avait vu des esclaves capturés par les Arabes, et appris que 40.000 esclaves étaient déportés à Zanzibar. Sur son chemin, il voyait des squelettes et des ossements des esclaves morts lors de la marche, et cela dans chaque village qu'il parcourait. En 1870, les Blancs de l'Europe se réunissaient pour une grande Conférence et décidaient la fin de l'esclavage à la côte orientale de l'Afrique comme ce fut le cas à la côte occidentale. Ces Blancs envoyèrent leurs bateaux de guerre pour l'application de cette décision au bord de l'océan. Mais l'esclavage ne prit pas fin en Afrique et les Arabes continuaient à capturer des esclaves à leur guise. En 1879, un Blanc, le Capitaine Storms tenta d'arrêter les Arabes à Tanganyika. Et les Blancs de l'Etat Indépendant du Congo décidaient aussi de mettre fin à l'esclavage au Congo. C'est pourquoi en 1888 une autre Conférence, dite Société Antiesclavagiste, se tenait à Bruxelles. Elle traita de l'esclavage au Congo et chargea des Blancs pour collaborer avec les Blancs de l'Etat pour combattre l'esclavage. Tippo Tip est l'Arabe que les Blancs avaient institué Gouverneur de la région près des Chutes de Stanley. Au début, les Arabes voulaient se soumettre à l'autorité des Blancs. Mais voyant qu'il n'y avait plus moyen de continuer avec 1'esclavage, à cause des Blancs, ils firent volte-face et voulaient combattre les Blancs. Tippo Tip usant de ruse, alla acheter armes et munitions avec l'argent même de l'Etat. Les Blancs s'engagèrent à cette guerre contre les Arabes et créaient des stations pour ce faire: une près des Chutes de Stanley, une autre à Basoko, et une autre encore à Lusambo, au Sankuru. Cette guerre s'est déroulé de mai 1892 en janvier 1894. Un Blanc célèbre lors de cette époque, c'est le Baron Dhanis. Lui et ses soldats attaquèrent le domaine d'un Arabe nommé Gongo Lutete. Et lorsque Sefu, le fils de Tippo Tip, essaya de traverser la Lomami avec ses soldats, Dhanis le neutralisa. Le Baron Dhanis ne disposait que 400 soldats. Il poursuivit les Arabes jusqu'à leur dernier retranchement à Nyangwe qu'il occupa. Il les combattit et les repoussèrent jusqu'à Albertville. Les Blancs ont gagné cette guerre et depuis lors les Arabes ont cessé avec leur méchanceté et vivent tranquillement. D'autres guerres ont eu lieu entre les gens d'amont eux-mêmes. Il y en une qui partait chez les Lokele, vers le grand fleuve (2). Puis un village se vengeait sur un autre. La guerre se répandait jusqu'aux contrées lointaines. Les gens d'amont avaient fui cette guerre et abandonnaient leurs habitations habituelles. Cette guerre n'a pas atteint les villages des Ngombe. Elle les a contournés. Ailleurs eut lieu une guerre appelée "Guerre du chien"(3). Mais elle ne dura pas longtemps. Les anciennes guerres ont causé une extermination grave de la population du Congo. Avant l'arrivée des Blancs les habitants du Congo se combattaient pour rien. Ils étaient belliqueux. Mais à présent, les Blancs ont mis fin aux guerres et quiconque ose faire la guerre aura des palabres. Notre souverain, c'est le Roi Albert. Bien avant son investiture il avait conscience des réalités d'ici. Et il souhaitait voir le Congo de ses propres yeux afin qu'une fois au trône, il traite le dossier du Congo en connaissance de cause, et améliore ainsi la situation. C'est pourquoi, en 1909, il se rendit partout pour se rendre compte de la marche des choses. Actuellement il n'oublie plus le Congo. Il dispose de personnes qui font rapport sur ce qui se passe ici, et il essaye de faire du bien aux Congolais. Beaucoup de Blancs sont venus travailler ici, et les autochtones, nous obtenons de l'argent d'eux par ce travail (4). Les écoles sont devenues nombreuses. Les enfants qui veulent acquérir l'intelligence peuvent aller y étudier. Nous remarquons que nos fétiches (5) ne sont pas bons, et les Blancs nous ont apporté leurs médicaments pour nous guérir de nos maladies. Ils ont d'ailleurs construit de nombreux hôpitaux partout dans les grands centres pour y soigner ceux qui souffrent de maladies graves. Lorsque les Blancs ont remarqué que les gens mouraient nombreux de la maladie du sommeil (6), ils se sont attelés à lui trouver un médicament. Actuellement, ils sont en train d'arrêter cette maladie, et de nombreuses personnes qui en souffraient commencent à être guéries. En 1914, une grande guerre éclata dans plusieurs pays d'Europe, et cette guerre est arrivée même ici chez nous. Cette guerre était très affligeante. Nos gens y ont participé en combattant ou en exerçant d'autres fonctions relatives à une guerre. Cette guerre s'est limitée à l'amont, elle n'est pas arrivée chez nous, mais en réalité nous en avons entendu les échos, et avons remarqué que les Blancs ne venaient plus nombreux au Congo, car ils allaient à la guerre. Les militaires blancs étaient très violents lors de cette guerre. Et ils ont gagné la guerre. Et notre pays n'a pas été agité. Nos hommes du Congo en sont morts beaucoup. Beaucoup d'autres ont été blessés par balles et d'autres encore atteints de maladies graves. Maintenant les Blancs de l'Etat viennent d'ériger un grand monument en mémoire de ceux qui sont tombés pendant la guerre. Le Blanc de l'Etat qui est au-dessus de tous les hommes du Congo, c'est le Gouverneur Général. Son siège est à Léopoldville. Et ceux qui sont adjoints à lui sont appelés Gouverneurs. Chaque gouverneur a une grande juridiction appelée province. L'Etat a divisé le Congo-Belge en 5 provinces. En voici les noms: Province de l'Équateur, Province Orientale, Province du Katanga, Province du Congo-Kasaï, Province du Ruanda-Urundi. Ces provinces sont subdivisées en Districts. Il y a 21 Districts. Les Districts sont composés de Territoires. Il y a 179 Territoires. (La juridiction de notre mission est dans la province de l'Équateur). Chaque gouverneur est assisté d'un Blanc appelé Commissaire-général. Chaque District est dirigé par un Commissaire. Ceux qui sont proches du Commissaire sont des Administrateurs. Ces derniers dirigent des Territoires. Les Blancs qui font observer la loi sont appelés Juges et Suppléants. Tous ces Blancs ont été investis: dans leurs fonctions par le Roi Albert et son Gouvernement en Belgique. Chaque Blanc de 1'Etat doit honorer le Roi, et il convient de même à chacun de nous- L'Etat a apporté des écoles de toutes sortes au Congo. Les médecins de l'Etat sont au nombre de 83, et ils enseignent à quelques Congolais le fonctionnement des médicaments et la manière de soigner les maladies. Et il existe 29 hôpitaux de l'Etat. On trouve 7 écoles de charpentiers, de maçons; et de clercs, à Boma, Léopoldville, Buta, Stanleyville, Elisabethville, Lusambo et Kabinda. Il existe aussi des écoles primaires pour des enfants. Il y a aussi des écoles pour former les soldats. Des Blancs enseignent des matières suivantes dans les écoles pour soldats. Dans certains endroits où on ne peut pas donner cours la journée on organise des cours du soir. Et lorsque les enfants des Blancs sont devenus nombreux on a construit des écoles pour eux à Stanleyville, Elisabethville, et Panda-Likasi. (Panda-Likasi est un grand centre où on creuse des mines). En 1925, le fils aîné du Roi, appelé Prince Léopold, effectua un voyage au Congo pour se rendre compte de ce qui s'u passait. Il est encore jeune: il vient d'épouser une femme avec laquelle ils ont eu une première fille appelée Joséphine Charlotte. Prince Léopold a voyagé partout et a apprécié les choses merveilleuses rencontrées. C'est lui qui succède à son père comme Roi. (7)
NOTES 1. Il n'a pas été possible de vérifier si ce livre a été effectivement composé et publié. Une leçon d'histoire proche de celle-ci dans: Géographie à l'usage du second degré des écoles primaires. Afrique-Europe, D.C.C.M., Bolenge, 1945, p.29-31 2. Voir note 4 et J-32 3. Etumb'ea mbwa = " Guerre du chien ", associée aux migrations des Ngombe dont les effets se sont laissés sentir dans la région où le livret était utilisé. Jusqu'à présent ces appellations continuent à être utilisées. Voir leçon 126 du Buku ea mbaanda. 4. Le thème de l'argent gagné par le travail chez les Blancs est omniprésent dans les manuels scolaires. C'est l'appât pour attirer les Noirs à la nouvelle civilisation- 5. Il y a un important problème, de traduction ici. En lomongo, le mot bote peut avoir une multitude de significations d'après le contexte: Voire G. Hulstaert, Dictionnaire Lomongo-Français, p.334: médicament (aussi dans le sens occidental), talisman, pratique magique et même "arbre" (vu l'origine des médicaments traditionnels) L'auteur réserve le mot bote au sens traditionnel, et introduit le mot français "médicament" pour le sens occidental. 6. La version lomongo écrit nkangi e'aisilo, ce qui est une traduction littérale du français ou de l'anglais (maladie du sommeil), mais le terme populaire (encore aujourd'hui) est mpongi. (D, 378) du verbe -onga dormir (D.1555). 7. Nous avons transféré la suite de cette leçon à la section " Christianisme ", car elle traite exclusivement de l'histoire des Missions protestantes.
J.51 MAMBI MA TANGA NDENGE NA NDENGE. BUKU YS BABALE YA EKOLA BOTANGI, Mpombu (Nieuw Antwerpen), 1920, 109 pages. Imprimerie H. Proost, Turnhout, Belgie
Leçon 73 : A propos du Congo.
Enfant, dans votre pays appelé Congo, Vous remarquez actuellement la présence de nombreux Blancs, tant de l'administration que de l'église (5). A présent, vous vivez des réalités qu'ignoraient vos ancêtres. Vous voyez des maisons en matériaux durables, de grands bateaux, naviguant sur le fleuve, et des bateaux qui importent dans ce pays les produits de l'europe. Vous voyez que les hommes noirs portent de beaux. vêtements comme les Blancs. Actuellement les Noirs lisent et écrivent des lettres; il y en a qui parlent même la langue des Blancs. Vos ancêtres, morts il y a longtemps, n' avaient pas connu ces réalités Au début, les Blancs et les prêtres n'étaient pas dans votre pays. Mais jadis, seuls les Portugais étaient arrivés au pays de, Bakongo, à Boma et aux environs. Les gens d'en haut n'avaient pas encore vu aucun Blanc. L'homme qui arriva le premier chez vous fut Stanley. Il y a 40 ans (6), il entrait dans ce pays non pas par Boma, mais par Tanganyika; d'abord d'un bateau moins grand que ceux qui circulent sur le fleuve; il descendit le fleuve à bord d'une barge; il le fit en passant par Kasongo, Nyangwe, Singetini (7), Basoko, le pays des Bangala, Wangata et Bobangi; il arriva à Kintambo et 'arrêta à Boma. Dans toutes ces localités, personne n'avait jamais vu pareil homme; on le contemplait, on était étonné de lui, on se disait beaucoup de choses sur lui. Les uns le considéraient comme sorti de l'eau et le surnommèrent " I'homme sorti de l'eau"; les autres le combattaient. Stanley est un homme qui a bien observé toutes les choses, qu'il s'agisse des villages, de la foret, des cultures ou des hommes. Il a aussi remarqué beaucoup d'affres et de misères des Noirs à cause des Arabes. Les Arabes sont de mauvaises gens ne s'intéressant que au commerce. Ils sont venus aux villages des Noirs avec des soldats et de nombreux fusils pour la guerre; ils ont arrêté des gens, hommes, femmes et enfants, et sont partis avec eux, les faisant marcher en caravane. Si quelqu'un ne peut plus bien marcher, on le frappe; et s'il est fatigué à cause de la longue distance parcourue, on le tue. Les survivants étaient vendus en esclavage dans les pays très éloignés du lac Tanganyika. Ecoutez une histoire effroyable: Sur ces longues routes où sont passés les Arabes, on ne voyait que cadavres et ossements. Stanley rencontra beaucoup d'arabes à Kisongoi, Nyangwe, Singetini et les environs. Il remarqua tous ces actes de provocations, et il en eut compassion. Après avoir parcouru tout le fleuve, il rentra en Europe faire rapport aux chefs des Blancs sur tous ces faits horribles. Après l'audition, les autorités de l'Europe prirent la décision de délivrer les Noirs de l'esclavage des Arabes Stanley retourna encore dans ce pays avec d'autres Blancs et des soldats (8). Certains, les commandants et les soldats noirs venus du côté de l'océan, ont livré la guerre aux Arabes. Les Arabes avaient aussi des soldats et nombreux fusils; ils étaient forts. Les commandants de l'Europe ont livré beaucoup de batailles, quelque,>s-uns en moururent. Après quelques années, les Blancs ont chassé les Arabes de toutes les contrées du pays appelé au Congo; cet esclavage effroyable et les tracasseries des Arabes prenaient fin. Si l'état n'était jamais venu ici, ils seraient restés jusqu'à présent les maîtres de tout le Congo, et tous les Noirs leurs esclaves. Les autorités de l'Europe ont élu Léopold II souverain Du Congo, en même temps qu'il était roi des Belges. Depuis lors, les Blancs viennent nombreux au pays des Noirs, leur apprenant toutes sortes, de choses; les Noirs commencent à devenir des gens intelligents. A I'an 1888, il Y a 30 ans, les premiers féticheurs de Dieu (9) ou des prêtres arrivèrent pour la première fois dans votre pays. Avant de monter au ciel après sa résurrection, Jésus-Christ dit à des apôtres: "Allez par toute la terre, proclamez la bonne nouvelle". 1900 ans se sont écoulés depuis lors 1 les ap8tres ainsi que leurs successeurs, Les évêques et les prêtres proclament Dieu aux hommes. Actuellement, la rédemption qu'avait apportée Jésus est arrivée dans votre pays. Comme vous étiez les esclaves du démon (10), Dieu a eu pitié de vous en envoyant chez vous ses ministres, et il a fait de vous ses enfants. Jadis il n'y avait aucun chrétien ici. Actuellement on rencontre des chrétiens partout. Jadis on croyait aux fétiches, à l'envoûtement et à la sorcellerie (11); actuellement on croit en un seul Dieu, le Seigneur si grand et si aimable;. au début on pratiquait des vertus sataniques@, actuellement beaucoup de gens observent des vertus chrétiennes. Soyez tous de vrais chrétiens pour que les païens, en voyant vos bonnes oeuvres, se convertissent; ainsi prendra fin un jour le règne de Satan dans votre pays.
J. 60: NOTES HISTORIQUES SUR LE CONGO-BELGE (Petite Géographie, F.E.C., Kinshasa, +/- 1930, 7e éd. p.13 14)
1482. Dom Diego Cao, navigateur Portugais arrive à l'embouchure du Zaïre (nzadi) ou le fleuve Congo. Il élève en face de Banana, c'est-à-dire à la pointe San-Antonio, un padro ou grande croix en pierre et une statue de St Georges pour rappeler le souvenir de son passage. Après lui, d'autres Portugais visitent la région des chutes jusqu'à Isangila. Les missionnaires fondent dans le Bas-Congo un royaume chrétien et donnant à la capitale Mbanza-Congo le nom de San-Salvador.. 1491. Le 1 mai, baptême du roi de San-Salvador, Jean 1. 1866. Livingstone arrive au Katanga et parcourt cette région. Il découvre le lac Bangwelo, Moero et Tanganyika. Il voyage sur les rivières Luapula et Lualaba jusqu'à Nyangwe. 1871- Stanley, envoyé à la recherche de Livingstone, le retrouve à Udjidji, sur les bords du lac Tanganyika. Livingstone affaibli et malade, refuse cependant de retourner en Europe et meurt quelques temps après au sud du lac Bangwelo. 1873. Cameron part de Zanzibar et traverse toute l'Afrique de l'Est à l'ouest et après 2 ans arrive à St Philippe de Bengwuela, sur la côte de l'Océan Atlantique. 1874, Stanley fait une deuxième expédition en Afrique. Il part de Bagamoyo et arrive à Nyangwe; ensuite il descend le fleuve Congo. Après un voyage de trois ans, il arrive à Boma. Ses compagnons anglais, Parker et les deux frères Pocock, meurent en route, ainsi que plus de 250 Noirs de leur escorte. 1876. Le Roi Léopold II réunit dans son palais à Bruxelles un grand nombre d'explorateurs et des savants géographes. Ils fondent avec eux une société appelée Association Internationale Africaine (A.I.A.). Le but de cette société est surtout de d'apporter au centre de l'Afrique les bienfaits de la civilisation et d'y favoriser le commerce. 1897. A la demande du roi Léopold II, Stanley retourne au Congo. Cette fois, il part de Banane; il fait transporter le long des chutes jusqu'au Stanley-Pool, trois petits steamers avec lesquels il explore le fleuve jusqu'à Stanleyville. A partir de ce moment, les expéditions se multiplient. Grâce à la vaillance des officiers belges Hanssens, Van Gele, Coquilhat et bien d'autres, cinq années ont suffi pour faire jusqu'au centre de l'Afrique de brillantes reconnaissances, obtenir des chefs indigènes plus de 500 traités de souveraineté et fonder 40 stations. 1885. Le Congo est proclamé " Etat Indépendant " ayant comme souverain Léopold Il. Le roi s'occupa avec une incessante activité de l'organisation du nouvel Etat qui prit bientôt un rapide développement. 1894. Inauguration du chemin de fer Matadi-Léopoldville, lui avait demandé 10 années de travaux et des dépenses considérables. 1908. Le 8 octobre, l'Etat Indépendant devient colonie belge; son drapeau à l'étoile d'or est remplacé par le drapeau de la Belgique: rouge, jaune et noir. 1914 à 1918. Nos soldats luttent héroïquement et victorieusement contre les Allemands. Depuis la guerre, la Belgique a reçu un mandat sur les territoires du Ruanda et de l'Urundi qui sont unis administrativement au Congo-Belge.
BOSAKO WA MONGO, [Histoire des Mongo], Boteka, Flandria, 1957, 65 pages (ronéotypées)
(Le texte suivant vient de l'essai Iso la Bendele (Nous et les Blancs) de Paul Ngoi (de 1938) sur
la vie traditionnelle des mongo et leur confrontation avec la colonisation belge. Voir aussi
Iso la Bendele.
Chapitre VII: Arrivée Des Blancs
1. Les Guerres
Pendant que nos ancêtres vaquaient normalement à leurs occupations surgirent des étrangers blancs; ce fut un spectacle effroyable au début, car jamais on avait vu des gens pareils auparavant. La plupart des gens ne supportaient les regarder, mais ceux qui étaient courageux n'avaient pas pris la fuite. Le fait qu'ils étaient accompagnés de noirs comme nous motivait le courage de ceux qui n'avaient pas peur d'eux. Lorsque les Blancs sont arrivés au début, nos gens ne leur ont pas déclaré la guerre, mais les Blancs, eux-mêmes, après avoir séduit le pays, ont commencé à introduire la guerre petit à petit. Ce fut une guerre très meurtrière. Cependant, elle fut de courte durée. Nos gens n'avaient pas d'armes puissantes pour les combattre. Les Blancs ont pris le dessus à cause de leurs armes puissantes, et à cause de la présence dans leur rang d'auxiliaires noires. Voilà pourquoi nos gens n'ont pas pu repousser l'envahisseur. Mêmes les téméraires parmi nous n'ont pas résisté aux Blancs, et ont finalement capitulé. Ils ont par la suite vécu en paix, mais c'était une paix superficielle.
2. Le caoutchouc.
Les Blancs s'installent enfin dans notre pays. Ils introduisent ensuite le commerce avec les produits de notre pays. Ils ont abord demandé à nos gens d'apporter du copal et de la chikwangue. On échangeait ces produits contre des laitons de fer, des perles et des pièces d'étoffes. Des tracasseries ont commencé avec des chikwangues. Ceux qui apportaient des quantités jugées insuffisantes étaient alignés et tués à coup de fusil. C'était très dégouttant. Ces tueries ont provoqué la disparition de plusieurs personnes. Un certain jour, les soldats qui accompagnent les Blancs sont allés patrouiller dans la forêt. Ils y cueillirent les fruits de bosenja, [Landolphia jumellei Pichon.], et ceux de la bondongo [liane Clitandra cymulosa BenthApocynac]. Ils sortent de la forêt et les présentent aux Blancs. Les Blancs leur posent la question de savoir si ces fruits sont abondants dans la forêt. ne sachant pas pourquoi ils posent cette question, et ne se doutant pas de leur bonne foi, les soldats y répondent par l'affirmative. Le Blanc les renvoie dans la forêt avec mission d'apporter le latex de ces lianes. Ils exécutèrent la mission des Blancs. Ayant vu ce premier latex, le Blanc ordonne à tout le monde de procéder à la récolte du caoutchouc. La corvée devint par la suite tracassant pour au pays. Elle fut accompagnée de misères et d'extermination. Les piquèrent à la cour extérieure le tronc de l'arbre bonjolo [arbre Combretodendron africanum Ex.Lechitydac.500]). Un village qui n'accomplissait pas sa tâche, eh bien, et le chef et les villageois étaient tous attachés à tour de rôle à ce bois, puis fusillés. On présentait les cadavres aux indigènes et on les invitait à les manger ou à les incinérer. On continue ainsi avec la récolte du caoutchouc. A ce moment, chaque village avait son chef. Les chefs déclarèrent: "Monsieur, ceux qui récoltent le caoutchouc pour vous, vous les avez exterminés; les villages qui étaient populeux deviennent presque éteints; alors q'il n'y a plus personne, qui récoltera encor le caoutchouc pour vous?" Ayant appris cela, le Blanc supprime la récolte du caoutchouc. Mais somme toute, il a fait tuer les gens sans pitié et avec témérité. La plupart de nos gens s'en plaignent encore extrêmement encore aujourd'hui, car leurs parents ont été tués à cause du caoutchouc. Par conséquent, ils n'aiment pas que quelqu'un vienne encore leur rappeler se souvenir. Car ils en ont été très humiliés et peinés.
3. Les dommages causes aux villages
3.1. La destruction des villages Avec l'arrivée des Blancs commença le bouleversement de nos villages. C'est à dire que beaucoup de gens ont abandonné leurs familles pour aller vivre ailleurs. Les autres étaient travailleurs chez les Blancs ou devenaient ses soldats. Ils s'installèrent dans les postes créés par eux. Là, ils n'ont plus observé la vraie coutume; ils ont fini par adopter la mentalité des soldats que les Blancs avaient amenés de l'aval. Ces soldats avaient montré de mauvais exemples de comportement. Et nos gens n'ont fait qu'imiter leurs camarades. C'est alors qu'ils commencèrent avoir des talismans pour tirer le fusil, et pour se protéger contre toute attaque.
3.2. Destruction de l'autorité
Nos ancêtres avaient l'habitude d'exposer la dépouille mortelle d'un léopard chez le chef du village. A leur arrivée, les Blancs n'ont pas reconnu l'autorité des chefs qu'ils ont trouvés. Ils investissaient les non ayant droit ou des étrangers. La raison en est que ces gens-ci s'entendaient avec les Blancs et qu'ils savaient un peu lire et écrire. Lis n'ont plus suivi la succession telle prévue par la tradition. Le village s'en plaignait et cette autorité n'a plus été respectée. On accepte ces gens par crainte d'être fusillé. L'organisation administrative telle que conçue par les Blancs a vraiment bafoué nos villages. Cependant la plupart des gens le respectent quand-même.
4. La négation de nos coutumes
4.1. La destruction de la famille. Depuis ces bouleversements, tout est devenu très mauvais. Nous n'en connaissons pas encore l'issue. Les vieux ne savent plus quoi dire, même nous aussi les jeunes. Jadis, il se passait cinq mois ou six, et parfois une année entière sans qu'il y ait un décès. A ces temps là, nos gens avaient vraiment en vie de voir un cadavre. C'est pourquoi, lorsqu'on apprend un décès quelque part, tous y affluaient pour voir ce que devient quelqu'un qui est mort. C'était la période d'une fécondité spectaculaire. Les femmes avaient beaucoup d'enfants. La stérilité était rarissime. Actuellement la fécondité est perturbée. Les femmes font de l'avortement et nombreuses deviennent stériles. Nous ne savons pas comment agence cette affaire.
4.2. La destruction des ménages. La conduite consciencieuse qu'avaient les femmes dans leurs mariages et ménages n'existe plus. A l'époque des ancêtres, les mariages n'étaient pas rompus caille que vaille. Les désertions du toit conjugal étaient inexistantes et les divorces rares. La pire des choses survenues avec l'arrivée des Blancs concernant les ménages, ce sont les adultères sans bornes. Jadis les femmes avaient peur des entraves et des fourches. Mais actuellement, il n'y a rien de contraignant lorsqu'elles abandonnent leurs maris. Y a-t-il encore une coercition concernant le mariage? Les femmes elles-mêmes rassemblent l'argent nécessaire et remboursent la dot. Le montant accompli, elle présente chez les juges pour rembourser à son mari l'argent de la dot. Le mari a beau s'expliquer, les juges le contraignent à reprendre son argent. On reste pantois devant ce spectacle. On est comme en extase. Un peu de bonheur est constaté peut-être chez les gens qui vivent près de la mission (catholique ou protestante). Même-là aussi, il y a encore quelques rares femmes qui désertent leurs maris ou qui leur cherchent noise.
4.3. L'irruption des maladies. Nos ancêtres racontaient que chaque village avait une maladie spécifique, dont les villageois connaissent les procédés de guérison. Il n'existait pas de maladies graves chez nous. Il n'y avait que quelques rares maladies seulement. Mais avec l'arrivée des Blancs, c'est la prolifération et l'irruption des maladies d'une contrée à l'autre. Auparavant, lorsqu'on était malade, cette maladie était visible au grand jour. Mais actuellement de graves maladies sont cachées par des vêtements. Untel couche-t-elle avec une femme la nuit que cette maladie se propage. Même aujourd'hui ces maladies sont répandues chez nous et nous ne savons pas comment éviter ces maladies qui pillent.
5. Le refus de notre culture
5.1. La langue. Depuis ce chambardement, tout est devenu chancelant. L'arrivée est devenue la source de toutes les perturbations. Ici chez nous, en effet, on commence à refuser la langue maternelle. Ils aiment la langue des étrangers. Ils ont même fabriqué une, qu'ils utilisent avec la langue des Blancs dans les villes. Aux villages, on n'est pas content de cette situation, on n'est pas d'accord que les enfants parlent ces langues étrangères, surtout lorsque ces enfants participent dans les assemblées des adultes. Mais ceux qui habitent les villes, même les vieux, n'ont plus de considération pour la langue maternelle. Venez-vous du village et vous continuez à parler la langue maternelle, les citadins vont vous interpeller en ces termes: "toi, avec ta langue maternelle, ne sais-tu pas l'abandonner dans la cité européenne?" D'ailleurs certaines personnes apprennent ces langues étrangères malgré eux.
5.2. Nos préceptes. Le blanc ne croit pas qu'il existe quelque chose de positif dans notre culture. Tout est mauvais selon lui. Il fait table rase des préceptes nous légués par nos ancêtres, auxquels préceptes il a fait substituer ses préceptes européens. Les uns comme les autres ont bons, et nous lui sommes reconnaissants. Mais nous remarquons qu'il (le Blanc) est sans pitié. Il punit sans pitié. Jamais il donne à quelqu'un le temps de s'amender par persuasion. Lorsqu'on lui présente des palabres, il ne pense pas à renvoyer les parties en conflit chez les vieux pour les juger. Malgré cela, nos lois avaient bien régi la société. Les vieux n'ont plus rien à dire. Ils n'osent pas tenir tête aux blancs par peur de représailles. Ils ont observé un mutisme total. Le Blanc n'accepte pas que les vieux l'interpellent. Partout et en tout, il n'y a pas moine de respirer. La population se lamente de ce bouleversement, de cette déconfiture, et de cet esclavage.
5.3. La foi. Personne ne se plaint en ce qui concerne la foi. Exception faite de quelques vieux qui ont refusé de se faire baptiser. Malgré cela, on ne s'en plaint pas comme on le fait avec ces autres importations des Blancs. Les uns refusent de se faire baptiser avant la mort, les autres l'acceptent. Les lois de la foi sont plus contraignantes que les nôtres; d'où le refus de se faire baptiser. Mais, tout compte fait, nous remercions les Blancs pour nous avoir apporté la foi. Et nous estimons si tout ce que le Blanc avait apporté était comme la foi, notre pays vivait en paix comme à l'époque de nos ancêtres. Surtout le fait que la foi prône la fidélité conjugale/. Beaucoup de gens s'y sont attachés pour en connaître le fondement. Mais il est regrettable de constater que la foi ne s'est pas encore enracinée dans notre pays. Peut-être qu'il y a un obstacle, nous n'en savons pas grand-chose. A vrai dire, dans notre pays personne ne se plaint que les Blancs ont apporté la foi. Nous remercions vivement les Blancs pour cela.
6. Les penchants vers la richesse et la luxure
6.1. Penchant pour la richesse. L'émulation est la base de la recherche chez tout homme de chez nous. Même jadis au temps de nos ancêtres, l'émulation existait entre eux, car entre les vieux, ils étaient guidés par le désir de se faire connaître les uns aux autres, et de se rendre visite. A l'époque actuelle, tout le monde, vieux et jeunes sont-ils en amitié, si un d'entre eux possède ce que les autres n'ont pas, leurs cœurs auront un grand désir pour que chacun ait le bien que possède ce compagnon. Cette émulation a engendré l'orgueil et le penchant pour la richesse. L'orgueil conjugué avec le penchant pour la richesse n'épargne plus personne. Il a envahi tout le pays, et ne peut s'arrêter.
6.2. Les rapports sexuels. Il n'y a pas a raconter des nouveautés dans ce domaine. Jadis, à l'époque de nos ancêtres, il n'y avait d'interdiction formelle à passer des rapports sexuels. Toutes personnes, surtout les jeunes, le faisaient avec discrétion et dignité. A l'époque actuelle, les rapports sexuels sont pris à la légère comme du sport. Ce n'est plus discret comme au temps de nos ancêtres qui maudissaient quiconque parmi les jeunes osait se frelater devant eux. La dignité qui entourait les rapports sexuels n'existe plus. Nous remarquons aussi que la plupart des gens n'ont pas peur de leurs parents dans ce domaine. Ailleurs ils agissent avec pudeur. Les étrangers, ceux qui ont abandonné leurs villages, ne se soucient de rien. Ce sont eux qui ont excité notre peuple à se comporter ainsi. Dans notre coutume, on ne passait pas des relations sexuelles la journée. Actuellement, il n'y a plus de restriction: n'importe quand et n'importe où on se rencontre. A l'époque de nos ancêtres, les femmes avaient beaucoup de retenue devant les hommes. Il n'en est plus question maintenant. Elles n'ont plus de pudeur, et d'ailleurs elles font des avances aux hommes. On prononce et on chante des obscénités comme s'il s'agissait des chansons populaires. D'ailleurs ce sont les seuls chants obscènes qu'on exécute pendant qu'on travaille. Les femmes n'ont plus de pudeur comme jadis, et surtout lorsqu'elles prononcent des obscénités. Tout le monde a renié sa responsabilité de parent. Lorsqu'une femme appelle quelqu'un "papa", celui-ci lui répond: "Ne t'ai-je jamais mis au monde?" Et lorsqu'un jeune homme appelle une femme "maman", en voici la réplique: "Ne t'ai-je jamais mis au monde? Depuis quand es-tu mon fils?". Devant un pareil spectacle, tout le monde est interloqué. Tout homme, Blanc comme Noir, ici chez nous, affiche un comportement déréglé vis-à-vis des rapports sexuels, et nous ne savons pas pourquoi cela est ainsi. Nos femmes sont devenues plutôt les leurs.
7. Notre dépeuplement
Le blanc introduit beaucoup d'innovations dans notre mode de vie. Il a aboli de nos ancêtres et y a substitué les siens. D'après les Blancs, il y a égalité entre jeunes et vieux: ils souhaitent même que les jeunes désobéissent aux vieux. Les vieux en deviennent donc mécontents. Leur mécontentement conjugué avec leur pouvoir inné a entraîné le dépeuplement de notre pays. La violation de notre coutume, le ravalement des vieux, et le reniement de nos sources ont rendu le dépeuplement de notre pays très profond. Nous assistons fréquemment à la mort des vieux, mais il n'y a plus de natalité. Il n'y a pas que le Blanc qui soit à l'origine de ce fléau. Et le Blanc et le Noir en sont responsables. La responsabilité du Blanc est dans le fait qu'il a brouillé notre coutume. Nous avons accepté cela en refusant la mentalité de nos ancêtres, en dégradant et en reniant les fondements de notre vie. Voilà cassé l'alliance avec les ancêtres dans notre société. Et le dépeuplement ne fait que commencer. La plupart des gens commencent à s'en rendre compte, à l'exception des jeunes filles et de jeunes gens obnubilés qu'ils sont par le beau spectacle à la mode. Et si la terre vient à se dépeupler complètement, qui restera perpétuer le patrimoine ancestral? Si le Blanc ne nous concède pas une partie des principes coutumiers, et s'il ne reconnaît pas les prérogatives des vieux comme jadis, la terre manquera des habitants. Et si nous-mêmes, les autochtones, n'abandonnons pas le reniement de notre culture en bannissant d'imiter les autres, notamment les étrangers; si nous ne renonçons pas à dénigrer notre pays, il ne restera ici que des terres vides. Certaines personnes de race noire ont quitté leurs contrées dans un état de grande fécondité. Ils sont venu ici nous leurrer en nous incitant à abandonner notre culture. Eux, ils vont rentre chez eux et quand nous serons exterminés, qui restera encore chez nous?
Conclusion A l'issu de la lecture de mon histoire, je comprends maintenant que - et les ancêtres et les Blancs - tous ont des qualités et des richesses. Maintenant que j'ai compris cela, puissent ces enseignement me conduire dans ma vie, dans tout ce qui ennoblit ou n'ennoblit pas. Et moi qui suis né chez les Mongo, je veux mourir fort de ce qui suit: essayer de vivre en conformité avec ce que Dieu veut. Je serai fier du fait que: -ma mère m'a mis au monde et m'a appris à parler avec finesse; -mon père m'a appris à chercher les richesses de Dieu dans les champs et dans les rivières; -mon pays m'offre gracieusement ses plantes, ses animaux, ses poissons; Somme toute, j'aime profondément et j'apprécie beaucoup: 1° La langue que ma mère m'a apprise; 2° Le travail auquel mon père m'a initié; 3° La terre où ont vécu mes ancêtres, cette terre pour laquelle je m'armerai de flèches pour la défendre et devant les autochtones et devant les étrangers pour la gloire de son divin Créateur.
J-.55: LE GOUVERNEMENT DE LEOPOLD II, 4e partie, 1. Les origines (Les Abandia, Frères de Saint Gabriel, Bondo, 1936, p .31-34)
1. LES ORIGINES. Vers la seconde moitié du XIXe siècle des explorateurs européens pénètrent de plus en plus vers l'Afrique Centrale. Témoins des infamies dont se rendent coupables les Arabes esclavagistes, ils émeuvent l'Europe chrétienne par leurs récits macabres. Léopold II, le roi des Belges, prend 1'affaire à cœur et envoie les premiers Blancs pour combattre ces marchands d'esclaves et libérer les Noirs (1876) Dès l'année suivante un fait inattendu survient. Un explorateur, Henri Stanley, découvre le cours du Fleuve-Congo alors inconnu. Répondant à l'invitation de Léopold II, cet homme se met à la tête des Blancs qui vont combattre les Arabes et établir des traités pacifiques avec les Noirs. Pensée: Léopold II est un grand bienfaiteur des peuples Noirs.
2. L'OCCUPATION La pénétration est rendue difficile par l'absence de routes ou de quelque autre moyen de transport pratique (1879). Beaucoup de compagnons de Stanley succombent par suite de ces difficultés jointes au climat excessif du Congo. Qu'importe 1'intrépide chef avance, fidèle à sa double mission: la lutte antiesclavagiste, puis la conclusion des traités de paix et de commerce avec les indigènes. Longeant le fleuve et remontant Itimbiri, les premiers blancs, Roget et Milz, atteignent 1'Uële où règne Djabir, au milieu de février 1890. Le puissant maître des Abandia leur réserve un accueil favorable, et grâce aux nombreux avantages de protection et de commerce que les Européens lui assurent, il leur présente sa soumission. Pensée: Aujourd'hui, les routes, les cours d'eau navigables, les voies ferrées... contribueront à rendre le Congo riche et prospère.
3. LE POSTE DE DJABIR Dès le début Djabir est un auxiliaire précieux pour les Blancs. Il leur livre de grandes quantités d'ivoire et de caoutchouc, moyennant paiement. Il les aide à s'établir le long de l'Uele et ainsi se crée le "Poste de Djabir", qui en 1905 devient le Poste de Bondo. Malheureusement d'autres explorateurs pénètrent de différents côtés dans les terres de Djabir. Ces nouveaux venus ignorent tout de l'histoire des Abandia... Ainsi des notables ou même de simples indigènes se présentent comme chefs légitimes et concluent sans trop de difficultés des traités avec les envoyés de Léopold II
J.57: AFRIQUE, leçon 32 et leçon 33: Livingstone et Stanley, (Histoire du monde, II, D.C.C.M., Bolenge, 1940, p.98-103.
Depuis très longtemps, les gens ont toujours vécu au centre de l'Afrique. Les Blancs pensaient que tous les autochtones du Congo étaient des Pygmées. Et à cette époque là, non précisément connue, certaines tribus d'Afrique, appelées Bantous, combattaient les Pygmées, et les ont délogés de quelques endroits du Congo, afin qu'ils les remplacent. Les Bantous étaient plus intelligents que les Pygmées, et à cause de cela ils ont construit définitivement leurs domiciles au Congo, et on les trouve installé comme autochtones. Au 14e siècle, quelques-uns se sont regroupés en un royaume au Bas-Congo (c'est-à-dire en aval) et ils n'avaient qu'un seul roi. Ils vivaient au bord du fleuve Congo, au sud, et ils étaient comme supérieurs, comme supérieurs, comme chefs des tribus qui étaient proches d'eux au Bas-Congo. Les Blancs de l'Europe qui étaient d'abord arrivés au Congo étaient des Portugais, et cherchaient des marchés. C'étaient des gens de Compagnies Commerciales. A cette époque les Portugais plus que d'autres Blancs, étaient passionnés de voyager partout dans le monde. Et en 1492, certains missionnaires catholiques arrivèrent en Angola. Le roi de 1'Angola crut en leur religion, et devint disciple.. Quelques-uns de ses sujets croyaient en Jésus par pure moutonnerie. En 1534, une cathédrale a été construite dans leur chef-lieu, qu'ils appelèrent San Salvador. Et en 1549, d'autres missionnaires, Jésuites, c'est-à-dire une congrégation catholique, y créèrent leur poste. Et en 1574 les Portugais décidèrent de prendre l'Angola pour qu'il soit pour toujours sous sa colonisation. Là, c'est au sud du fleuve Congo. En 1642, les Portugais gagnèrent la guerre qu'ils avaient livrée aux Hollandais à propos de l'Angola, et à cette époque ils intensifièrent l'œuvre d'arrêter des esclaves en Angola (1) et ils avaient gagné beaucoup d'argent avec cela. A ce moment, la civilisation portugaise n'est pas arrivée du côté de Stanley Pool (Léopoldville). Quelques autres choses que les Portugais apportèrent furent: des vaches, des cochons, des canards, du poivre, de l'ananas, des patates douces, des tomates, des cannes à sucre et bien d'autres encore.
33. DAVID LIVINGSTONE ET STANLEY
En l'an 1867, David Livingstone, originaire d'Ecosse, voyagea en Afrique. Il était missionnaire et était à la recherche des contrées pas bien connues à l'intérieur de 1'Afrique, et il est mort ici en Afrique. Après la mort de Livingstone, quelques personnes d'Angleterre sont venues pour chercher l'endroit où succomba Livingstone au bord du Lac. L'homme qui a communiqué aux Blancs la nature du Congo fut Stanley. Il fut envoyé en Afrique pour cette expédition par des personnes journalistes, pour qu'il explore des contrées qui ne sont pas encore bien connues. Il y était venu auparavant, recherchant Livingstone car les Blancs pensaient qu'il était égaré, et il le rencontra à Ujiji, au lac Tanganyika en l'an 1872. Stanley a préparé sa deuxième expédition de traverser l'Afrique à partir de l'est, raison pour laquelle il débarqua à Zanzibar (au bord de l'Océan Indien) en novembre 1874.
Après que Stanley a effectué deux ans de voyage, il découvrit le fleuve Congo même. Bien qu'il ait beaucoup souffert lors de cette expédition, il ne se décourageait pas. Les Congolais, n'ayant pas encore vu des Blancs, et l'ayant vu naviguer sur leur fleuve, ont eu envie de le tuer. Stanley a livré 32 combats contre ces gens sauvages qui ont voulu le contrecarrer. Il arriva à Boma en 1877 ayant ainsi accompli 11.200 kilomètres. Stanley traversa l'Afrique de l'Est à l'ouest, et il était le premier Blanc qui arriva au centre du Congo. Puis Stanley rentra en Europe raconter l'histoire du Congo. Stanley rentra de nouveau avec 12 Blancs. Ils étaient envoyés par le Comité d'Etudes du Haut Congo que Léopold II avait réuni. Stanley était venu au Congo sur ordre spécifique de Léopold II et d'autres Blancs d'Europe dans le but d'apaiser les cœurs des gens du Congo pour qu'ils donnent aux Blancs accès à leur grand pays. A cette époque ils arrivèrent par l'ouest, et débarquèrent, puis créèrent une station appelée Vivi en 1879. Cette station n'était pas assez intéressante, ils démontèrent leurs deux bateaux au bord desquels ils étaient venus, et avec d'autres biens à eux, ils allèrent plus à l'intérieur. Ils n'ont pas pu naviguer sur le Congo à cet endroit à cause de beaucoup de pierres et des rapides. Ils atteignirent Stanley Pool en juillet 1881 et y créèrent une station qu'ils nommèrent Léopoldville. L'œuvre de construire la route de Vivi à Stanley Pool était une oeuvre gigantesque, et il créa d'autres stations chemin faisant, mais il attrapa la fièvre et était au bord de la mort. Il retourna de nouveau en Europe. Il en revint avec deux autres personnes qu'il avait encouragées de construire un chemin de fer au Bas-Congo entre Matadi et Léopoldville, pour que les gens passent facilement. En 1882, Stanley retourne encore au Congo avec 14 Blancs, et en mai 1883 leur bateau accosta à Stanley Pool. Ils ont dépassé Bolobo, un village créé par les Blancs venus avant Stanley, au moment où Stanley était en Europe. Ils arrivèrent à Wangata en juin 1883, et créèrent une station qu'ils nommèrent Equateurville. Le Blanc que Stanley y affecta était appelé Coquilhat. Lui et un autre Blanc Vangele partirent pour Mbandaka, qu'on a nommé Coquilhatville pour honorer le premier Blanc qui y a vécu (2). Stanley rentra en Europe en 1884. Dès lors des Anglais, des Portugais, des Français et 1'Allemagne étaient au courant de l'histoire du Congo, et quelques-uns y arrivèrent.
Lés Blancs instituèrent Léopold II roi du Congo en 1885. De 1891 à 1895, on construisait le chemin de fer. Quelle oeuvre forte! Les Congolais n'avaient pas encore appris des métiers, et les Blancs ne pouvaient exécuter tous ces travaux à cause de la chaleur. Ils recrutèrent des travailleurs en Chine pour exécuter tous ces travaux, et la plupart des Blancs et des travailleurs en étaient morts. N'eut été ce chemin, les Blancs ne pouvaient pas apporter leur intelligence et leurs oeuvres au milieu du Congo. Ce chemin est long d'à peu près 400 km, Les Belges ont dépensé beaucoup d'argent pour développer le Congo. Cet argent a été utilisé pour créer des routes, des bateaux et des stations de l'Etat. N'eut été cet argent des Blancs, les hommes Noirs n'auraient pas eu de bonnes choses ni l'accès aux connaissances. A leur arrivée au Congo, les Blancs ont trouvé des Arabes Batambatamba. Leur travail était de capturer des esclaves. Les Congolais d'en amont avaient beaucoup souffert des Arabes. Les Blancs de l'Etat livraient de véritables guerres aux Arabes partout, et quelques-uns en mouraient. Ces guerres ont duré à peu près deux ans; c'est-à-dire de mai 1892. en janvier 1894.. Depuis lors les Arabes n'ont plus fait du mal. Avant l'arrivée des Blancs les gens se faisaient inutilement la guerre par plaisir de faire la guerre. Les Blancs ont mis fin à ces guerres, et actuellement celui qui s'y adonne à des palabres. Lorsque les Blancs de l'Etat ont vu ces mœurs des Congolais, ils ont décidé d'instaurer leurs propres coutumes pour qu'ils puissent aider les Congolais, afin qu'ils terminent la misère, que la joie et la santé aient multipliées. C'est pourquoi on confia ce pays le Congo aux mains des Belges en 1908, acte qui a été posé selon un ordre du Roi des Belges et depuis lors ce pays s'appelle Congo-Belge. Les Blancs continuent à travailler avec persévérance pour développer ce pays. L'Etat a des écoles de toutes sortes. Beaucoup de médecins de l'Etat sont au Congo, et ils enseignent à quelques Congolais le travail des médicaments, la guérison des hommes malades. Ils ont des écoles qui enseignent aux hommes cette façon là, et il y a de très bons hôpitaux de l'Etat. Remarquez de nombreux soldats, et actuellement au Congo-Belge il n'y a plus de guerres entre groupes ethniques. Les missionnaires catholiques et protestants ont commencé à venir ici au Congo en 1878, et ils ont créé leurs stations partout. Ils donnent cours dans leurs écoles. Ils soignent les malades dans les hôpitaux. Ils prêchent la nouvelle de Jésus le Messie. C'est pourquoi la joie et les bonnes choses commencent à être nombreuses au Congo.
NOTES 1. Exceptionnellement la traite occidentale menée par les Blancs est mentionnée ici. 2. Ce n'est qu'en 1891 que Charles Lemaire a déplacé le Poste de l'Etat à Mbandaka et que le nom Coquilhatville a été donné.
J.21: QUELQUES FAITS QUI ONT EU LIEU AU CONGO, V, leçon 31, Van Hullebusch Botondoli mambi ma nse, Mobu bwa mitano, Lisala, 1944, p.27-29.
Enfants, écoutez les faits qui ont eu lieu au Congo-Belge jusqu'aujourd'hui.
1. En 1489, les Portugais atteignaient l'embouchure du fleuve Congo. Ils l'appelaient Zaïre. Depuis près de 415 ans (1), les commerçants et les prêtres venaient près de l'embouchure. Ils n'ont pas remonté jusqu'ici. Ils avaient peur des rapides, des pierres et des montagnes. 2. Près de 100 ans plus tard, d'autres Portugais exploraient le Congo, au sud et à l'est. 3. Ceux qui arrivèrent les premiers au Congo, au cœur de 1'Afrique, sont les trois suivants: Livingstone, un Anglais, de 1866 à 1868; il découvrit les grands lacs Tanganyika, et les autres. En 1871, il découvrit de notre fleuve à Nyangwe. Il mourut à Tabora en 1873. A la mort de Livingstone, Cameron prit la relève. Il découvrit Tanganyika, Eyangwe et l'Océan Indien de 1873 à 1875. Stanley descendit le Fleuve à partir de Nyangwe jusqu'à Boma pendant 82 jours en 1877. Il y avait 4 Blancs et 356 Noirs. A Boma il n'y avait plus que Stanley et 115 Noirs, les autres morts en chemin à cause des guerres et des maladies. 4. De là Stanley retourna en Europe. Il y resta pendant deux ans. Il revint ici, accompagné d'autres Blancs. Ils remontèrent le fleuve. Ils concluaient des pactes avec des chefs et créaient des postes de l'Etat. En août 1879, Stanley arriva au port du fleuve, près de Matadi. Là, ils cherchaient des gens. Ils avaient amené des tôles suffisantes pour monter trois embarcations. On les transporta jusqu'à Kitambo (Léopoldville). Là, on les assembla. Stanley et 4 Blancs exploraient plusieurs contrées et conclurent des alliances avec 500 chefs coutumiers, créant ainsi 40 postes de l'Etat. Ils avaient passé cinq ans à ce travail. 5 Ils venaient de découvrir ainsi une nouvelle terre pour la rendre meilleure. Quelques souverains de l'Europe choisirent Léopold II, roi des Belges, pour devenir aussi le roi du Congo. Léopold II, est un grand civilisateur, un homme intelligent. 6. En 1885, Léopold II donna au Congo un premier Gouverneur. Il l'affecta à Boma. Il affecta aussi des Blancs partout. Le Katanga se soumit à l'autorité de l'Etat 1890. A cette époque les Noirs de l'est et les Budja (2) éprouvaient des souffrances et des sévices à cause des Arabes (la traite des Noirs). Les commandants qui ont combattu les Arabes sont les suivants: Dhanis, Lippens, Debruyne, Ponthier, Jacques. Les Blancs n'ont pu chasser les Arabes qu'en 1894. Ils mirent fin à leur pillage. 7. Après ces guerres de nombreux prêtres sont arrivés pour civiliser les Noirs du Congo. Au début, de Matadi à Léopoldville, ils voyageaient à pied. Quelles souffrances! Puis on créa un chemin de fer. Depuis 1898, ils venaient par train. Le train transporte hommes et bagages. 8. Léopold II régna sur le Congo à partir de l'Europe pendant 24 ans avec une grande sagesse. Le monde entier l'en félicite. En 1908, Léopold II offrit à ses compatriotes belges la terre du Congo. Dès lors on appelle le Congo Congo-Belge. C'est pourquoi tous les Belges mettent leur cœur à l'œuvre civilisatrice des Noirs: le corps, l'intelligence et le cœur. 9. En 1909, Albert, fils de Léopold II, vint rendre visite au Congo. A la fin de cette année-là mourut Léopold II Tous le pleurèrent. Albert fut investi Roi des Belges et du Congo. Albert nous gouverna aussi avec sagesse pendant 25 ans. Il mourut en 1934. Le fils d'Albert monta au trône: Léopold III, notre Roi bien-aimé. 10. (3) Enfants, si ce n'étaient pas les Blancs, on ne connaîtrait pas un Congo plus prospère que jadis. On ne livre plus ces grands combats entre villages. On ne se tue plus. On met des vêtements. Les Blancs font construire de belles maisons. L'Etat a créé des routes, de grands chemins partout pour des véhicules et des vélos. On ne porte plus de lourds fardeaux. Les Blancs donnent du travail, et les Noirs les y aident. A ce jour, de nombreux Noirs effectuent les travaux des Blancs. Les prêtres soignent l'âme et le corps. Ils ont construit des hôpitaux et des écoles. Ils ont aussi construit de nombreuses Missions pour enseigner aux gens la vraie religion de Dieu. Ils ont fait apprendre aux enfants toutes sortes de métiers: charpentier, maçon, enseignant, clerc, etc. Le commerce est devenu rentable. Les médecins guérissent les malades. Les juges tranchant les palabres. L'Etat gouverne et commande le pays. A présent nous remarquons que le pays est prospère! L'église appelle les gens à la prière. Tout est en ordre. Rendons grâces à Dieu pour ces grands et nombreux bienfaits.
NOTES 1. Les points 1 à 4 sont tout proches de la Petite Géographie (J.60) de 1930 2. Les missions de Scheut de cette région comptaient beaucoup de Buja. 3. Ce numéro est tout proche de Mpo ya Kongo de Mambi ma Tanga (J.51). C'est un parfait résumé de l'idéologie coloniale le progrès du bien-être général, " l'Etat commande ( ) ", " le commerce est devenu rentable " (... ), " l'Eglise appelle à la prière, tout est en ordre. "
J.24: LA FETE DES ROIS DE LA BELGIQUE, leçon 12 (Mambi ma botangi, II, Lisala, 1950, p. 31-34).
La journée du 15 novembre, c'est la fête des Rois de Belgique. Pendant cette journée, nous expliquons tous les bienfaits reçus clans notre pays de la part des Rois de la Belgique. Il y a 75 ans, le premier Blanc, Stanley, traversa l'Afrique entière depuis Zanzibar jusqu'à Boma. En cours de route, il trouva que les Arabes se fâchaient pour qu'ils puissent prendre le Congo en entier... Ils brûlaient les villages, tuaient les hommes et arrêtaient les esclaves. C'était triste... Tous les villages ainsi que les hommes avaient les cœurs serrés, la peur des esprits, les fétiches et la sorcellerie. Seulement la peur des adversaires: souvenez-vous qu'à cette époque, on partait dans la forêt mais on vous mangeait là. Les guerres entre les villages partout. De l'obscurité totale, sans joie, seulement la peur au coeur. Stanley informa au Roi Léopold ce problème. Le chef ressentit la tristesse dans cette causerie. Depuis ce jour, il commença à appeler les Belges de bonne foi pour qu'ils aillent sauver les Noirs du Congo. Nombreux de Blancs étaient d'accord. Les prêtres enseignant les bienfaits de Dieu et la route vers le ciel. Les autres livrèrent des guerres contre les Arabes durant 10 ans jusqu'à y mettre fin. Ces Blancs ensemble avec les prêtres interdirent les guerres entre les villages. Le monde commença à devenir calme. Voici plusieurs bienfaits qu'ils les ont apportés. Au début, les hommes se mangeaient: actuellement nous remarquons que tous passent et se promènent comme ils veulent. Ils travaillent ensemble, ils prennent des divers travaux correspondant à la nutrition et au bon développement. Le commerce intervient, articles de tout genre, produits alimentaires, produits d'habillement. Au début il n'y avait pas de gens qui pouvaient soigner d'autres personnes. Les autorités de la Belgique nous envoyèrent plusieurs Médecins. Les Sœurs ensuite. L'Etat construisit des hôpitaux partout. A ce temps, personne ne savait lire ni écrire. Actuellement les missions au Congo entier ont des écoles. Maintenant les Noirs font la menuiserie, construisent des maisons en briques, des chauffeurs conduisant des véhicules, réparent les appareils et machines, les uns enseignent dans les écoles, les autres travaillent dans des bureaux; aux postes, dans la télécommunication, dans le secrétariat enfin d'autres deviennent des prêtres. Tous ces travaux sont financés par la Belgique pour le pays du Congo. Le grand conducteur des travaux fut le Roi Léopold II. Il mit son cœur, son intelligence et son argent dans les travaux d'entretien du Congo, là les uns mirent le doute s'il pouvait tout réaliser. Après le Roi Albert le Roi Léopold III fit de la même façon. Ceci dit quant à la fête de l'Etat, honorons Dieu car il nous a donne de bons chefs: nous voulons qu'il les garde, les bénissent dans leurs travaux.
J.62: JADIS-ACTUELLEMENT, leçon 3 (Buku na botangi mpe boyebi) II-1, Apostolisch Vicariaat Niangara Paters Dominicanen, 1951, p.11, (1)
Jadis, les Batambatamba, c.à.d. les Arabes, maltraitaient beaucoup les Noirs; ils capturaient les femmes et les enfants et les vendaient comme on vend des bamokobe(2). Ils ont brûlé beaucoup de maisons. Le grand chef de l'Europe, appelé Léopold II, envoya des soldats pour combattre ces mauvaises gens. Et la guerre des Arabes prit fin surtout 1'est du Congo. Il n'y a pas longtemps, nos pères étaient des païens; ils ne connaissaient pas Dieu, ils croyaient aux superstitions; ils étaient paresseux, se jalousaient et se méfiaient. Les maladies sont venues de l'est (3) Lorsque Léopold II apprit cette grande misère, il demanda et aux Pères et aux Sœurs de venir ici nous aider. Actuellement, nous voyons partout des églises, des écoles, des hôpitaux, des maternités. Beaucoup de gens connaissent Dieu et croient en lui. Les autochtones deviennent petit à petit chrétien; certains Noirs sont même devenus prêtres, certaines autres religieuses. Les ignorants sont délivrés et guéris de maladies à cause des médecins et des Sœurs. Actuellement, l'inimitié et la jalousie ont cessé parmi les Noirs, car le Royaume de Dieu est déjà arrivé au Congo. Glorifions beaucoup le Roi, car il a instauré la paix dans notre pays.
NOTES 1. Leçon proche de "Mpo ya Kongo" (Scheut 1920), (J.51). Voir pages 171-173 dans ce volume. 2. Le poisson mokobe = Alestes liebrechtsii Blgr. Characidae.Voir le Dictionnaire Lingala de Van Everbroeck, p.124 "poisson carnivore". En lomongo: bokoe (D.172). Pendant les eaux basses, ces poissons sont vendus à vil prix, parce que trop nombreux, et sans goût. 3. Tout mouvement des peuples a apporte de nouvelles maladies, mais il était devenu classique d'attribuer l'origine de mauvaises situations aux ennemis, dans le cas, les Arabes venus de l'est.
J-34.:LES BLANCS AU CONGO, leçon 21 (Bosako w'oyengwa, III, Coquilhatville, 1955, p.243-244 (1)
Les autorités de l'Europe apprirent les informations sur le Congo. Ils savaient que c'était un pays immense avec beaucoup d'habitants. Mais ce sont des gens sauvages, et le mal excelle en eux. Ils se font la guerre sans cesse, arrêtent des prisonniers, et tuent beaucoup de gens. Les Arabes sont venus au Congo par l'Est, c.à.d. de Tanganyika et par les rivières Tsingitini et Lualaba. Ils ont vaincu les autochtones; ils ont capturé beaucoup d'esclaves, et les ont amenés dans leurs propres pays où ils les vendaient. Les autorités de l'Europe s'affligèrent à l'annonce de ces informations. Ils ont conféré au Roi de la Belgique, Léopold II, l'autorité de gouverner la terre du Congo, qu'il arrête les guerres, qu'il chasse les Arabes, qu'il délivre les gens de l'esclavage, qu'il apprenne aux Noirs la science des Blancs, qu'il accroisse leur bonheur par le commerce. Léopold envoya ses agents sur la terre du Congo. Mais les autochtones n'ont pas été d'accord avec l'arrivée des Blancs ni de leurs enseignements; ils les ont combattus et les ont pillés (2). A partir de cela, les Blancs ont fait la guerre aux autochtones, et les ont vaincus. Les guerres étaient atroces contre les Arabes et d'autres personnes, car ils étaient plus féroces. Mais les Blancs ont annihilé leur force. Lorsque les guerres prirent fin, ils délivrèrent les esclaves et commencèrent à prendre soin du pays.
NOTES 1. Ce livret anonyme est édité par le Vicariat Apostolique de Coquilhatville. Gustaaf Hulstaert s'en dit l'auteur (cfr fiche J.34). De fait, c'est une adaptation de J.54. Mais il reste étonnant de trouver sous la plume de Hulstaert des expressions comme "ce sont des gens sauvages; le mal excelle en eux" et "qu'il apprenne aux Noirs la science des Blancs ". 2. Il est rare de voir mentionner la résistance contre l'occupation par les Blancs. Cette phrase ne se trouve pas dans le texte source tiré Buka ya Nzambe (J.54)
J.59: A PROPOS DU- CONGO, leçon n°2 (A. Feys, Mateya ma 1okota, II, Lisala, 1959, p.10-11)
Jadis les Blancs n'étaient pas au Congo. Un Blanc, nommé Henry Stanley, traversa le Congo tout entier. Il remarqua le commerce effroyable des Arabes: on arrêtait les Noirs en esclavage. Il remarqua aussi les guerres que les hommes du Congo se livraient entre eux-mêmes. Il retourna en Europe. Il fit rapport au chef Léopold de tout ce qu'il avait observé. Après cette audition, le chef Léopold en eut pitié. Il envoya ses soldats combattre les Arabes. Il supplia les prêtres qu'ils aillent enseigner aux Noirs les enseignements de Dieu, que les Noirs cessent de s'entretuer. Il envoya Henry Stanley et quelques Belges pour aller construire beaucoup de postes de l'Etat, qu'ils organisent tout le pays. Les soldats sont arrivés; ils ont combattu beaucoup de combats avec les Arabes. Les prêtres et les Sœurs sont arrivés; ils ont construit des églises, des écoles, des pharmacies et des hôpitaux. Ils ont enseigné aux gens les choses de Dieu, et d'autres enseignements. Les gens de l'Etat sont arrivés; ils ont construit des postes et des routes; ils ont organisé le pays Congo. L'Etat a construit un chemin de fer de Matadi à Kinshasa. Ils y ont taillé d'énormes rocs. Les Noirs les appellent Bula Matari du fait de "casser les pierres". Rendons grâces aux Belges, car ils ont organisé notre pays. (1)
NOTE 1. Cette leçon reste proche de celle de 1920 (J.51).
LA TRAITE
J. 2. CONGO, RÉJOUIS-TOI, Chant 36 (Njembo nda nkundo, Soeur du Précieux Sang, PP. Trappistes, Bamanya, Westmalle, 1911, p.21).
1. Réjouis-toi, toi notre pays Congo Et chante à gorge déployée Réjouis-toi par la bouche et du fond de ton cœur, Avec gratitude chante-toi son fils De l'esclavage (1), toi maintenant, tu es libéré, De l'esclavage terrible du diable et de mauvaises gens. A tes pleurs justice a été faite Par Dieu et, Il t'a libéré
2. Maudits par notre père Noé, (2) Regarde-nous tous les Noirs de ce pays; Opprimés à cause de sa terrible insulte, Avec larmes nous avons pleuré sur la terre. Le salut est venu du ciel pour nous, Maintenant la lumière est venue, Les ténèbres ont quitté les yeux, Et d'en haut par Dieu nous sommes vus.
3. Grande joie ! Un Roi fort Est envoyé par Dieu dans ce pays; Et ses familiers(3) par pitié, Ils quittent dans un juste élan l'Europe et, Qu'ils nous libèrent de l'esclavage avec ardeur, Qu'ils se liguent à nous dans ce combat sur la terre? Remercie-les, toi, notre pays Congo, Remercie-les, toi, fils de ce pays
4. O pays élu par Dieu, Pour libérer tes frères et sœurs, Par sa bénédiction qu'il bénisse tes hommes Toi qui nous as adoptés comme tes propres enfants, Et la Belgique et nous, nous sommes unis Réjouis-toi, notre pays, Congo Agréez nos remerciements tous les jours
NOTES 1. L'esclavage évoqué dans ce chant est en premier lieu celui du diable et ensuite celui des Arabes, tous les deux " 'justifiés " par la malédiction de Cham par Noé. 2. Lire H. Vinck, La malédiction de Cham, (à paraître) 3. Les familiers du " Roi fort " Tous les collaborateurs (tous les Belges) sont considérés comme les enfants de Léopold II
J.52. L'ESCLAVAGE AU CONGO, leçon 15 (Exercices de langage. Lingala-français et français-lingala, Collection des Frères Maristes, Liège, H. Dessain imprimeur-éditeur, 1925, p.108-110)
Il n'y a pas beaucoup d'années, l'esclavage a causé une grande misère aux Congolais. De nombreux Arabes sont arrivés à Zanzibar en 1817; à Ujiji en 1845, et à Nyangwe sur les bords de Lualaba en 1868. Chercher les esclaves, les capturer ou les acheter, et les vendre, telle est leur première préoccupation. Quelle honte ! Certains mauvais chefs les ont aidés dans cette besogne. Les Arabes ont pénétré dans les coins et recoins des contrées suivantes: Kirundu, Nyangwe, Kasongo, et Kambambare. Ils font irruption dans un village la nuit; ils mettent du feu aux huttes et tuent tous ceux qui veulent prendre fuite ou qui tentent de défendre leurs familles. Ils capturent certaines personnes et en épousent des femmes et des filles. On les tirait, on les bousculait, comme des bêtes, aux marchés d'esclaves à Ujiji, Tabora, Zanzibar. En route, les esclaves avaient faim et soif; ils étaient fatigués. Les Arabes n'avaient pas compassion. Ils frappaient des esclaves qui ne savaient pas marcher. Apprenant cette pratique ignoble de l'esclavage, Léopold II envoya des Blancs pour venir nous en délivrer (1).
NOTE 1. D'autres éditions de ce texte et de ce livret e.a. en 1936.
J.60. LA TRAITE DES ESCLAVES (Petite géographie, F.E.C., 1930, p.15-16.)
Les Arabes venus de Zanzibar vers 1840, avaient pénétré au Congo-Belge et exerçaient dans toute la partie orientale leur domination. Ils vendaient les hommes et les femmes comme des animaux. Ils faisaient prisonniers des caravanes des Noirs chargés d'ivoire. Les Arabes avaient des chefs puissants qui commandaient plus de 30.000 hommes.
La campagne arabe.
1886. Les Arabes brû1ent le poste de Falls. 1888. Fondation en Belgique de la Société Antiesclavagiste belge. Elle envoya au Tanganyika quatre expéditions dans le but d'y ériger une barrière infranchissable aux traitants arabes venant de l'est. Leur action combinée avec celle de l'Etat contribua à anéantir l'influence arabe. 1890. Ngongo-Lutete marche sut Lusambo à la tête de 500 guerriers; il est mis en déroute par Dhanis, Michaux et Lagat avec 200 soldats Noirs. 1892. Commencement de la campagne contre les Arabes. Une seconde attaque de Ngongo-Lutete est repoussée par Dhanis et Michaux. Les chefs Ngongo-Lutete, Lupungu, et Pania-Mutombo se soumettent. Les Arabes massacrent Hodister et cinq autres Belges à Riba-Riba. De Bruyne et Lippens sont assassinés par Sefu à Kasongo. Sefu marche ensuite à la tête de 10.000 hommes contre Ngongo-Lutete., Michaux l'écrase au passage de la Lomami. 4000 hommes sont tués. Dhanis poursuit l'ennemi, mais se heurte à une armée de 10.000 guerriers commandés par Munie Moharna. Celui-ci tombe dès le début de l'action. La déroute des Arabes est complète. 1893. Prise de Nyangwe. Sefu s'enfuit à Kasongo. Dhanis fait l'attaque de Kasongo à la baïonnette et s'en empare. La victoire fut complète. Entre-temps Chaltin vient au secours du poste des Falls, assiégé par Rachid. Il culbute les Arabes et fait 1.500 prisonniers. Ponthier, aide de Lothaire, met en pièces les troupes de Kibonge à Kirundu, fait 1.000 prisonniers et poursuit les Arabes, jusqu'à la Lowa; il s'empare de 25 chefs arabes, parmi lesquels Saîd qui est aussitôt fusillé. Ensuite Ponthier rejoint Dhanis à Kasongo. A ce moment, Rimaliza, sultan de Udjidji, arrive au secours des Arabes à Kasongo, Dhanis l'attaque, mais la position arabe est trop forte. Dans une contre-attaque arabe Ponthier est tué. Rumaliza se replie et se maintient dans trois enceintes fortifiées. Après 2 mois de combats journaliers, au cours de l'un desquels Sefu reste parmi les morts, Dhanis attaque le camp arabe avec trois canons qui y mettent le feu. Aussitôt Dhanis fait donner l'assaut et remporte une victoire complète. Lothaire poursuit l'armée de Rumaliza en fuite et s'empare de Kabambare. Descamps continue à combattre les Arabes dans les environs du lac Tanganyika; il assiège pendant 50 jours le boma du chef Masala; après un violent bombardement il en fait l'assaut à la baïonnette; le 22 septembre 1894 il s'empare du dernier boma arabe et rend la liberté à des milliers d'esclaves.
J. 65. BESAKO BIA EKELESIA (Histoire de l'Eglise) de W.D. Armstrong, Congo Balolo Mission, 1930, ch 29, p. 86-87.
Autrefois, cent et quelques années passées, les Anglais avaient des esclaves Noirs. Ceux-ci étaient vendus et achetés au prix d'argent. Mais Javhé Dieu éleva un certain homme, William Wilberforce, pour démontrer aux gens que l'esclavage était une mauvaise pratique. Cet homme avait travaillé avec ardeur pour délivrer les esclaves et pour purifier le nom de l'Angleterre à partir de cette pratique honteuse (1838). Il avait ses ennemis, ces derniers voulaient arrêter son projet mais après tout il sortit vainqueur et l'Angleterre trouva un dédommagement aux maîtres d'esclaves moyennant une forte comme d'argent pour que les esclaves soient libérés et les Anglais, de leur côté, ne firent plus cas sur cette affaire. L'Amérique connut une grande guerre à cause de l'esclavage des Noirs, et après ils délivrèrent tous les esclaves de leur esclavage. C'est ainsi que l'Esprit de Dieu avait conduit les pères des Blancs en leur disant d'avoir pitié des enfants et de haïr la cruauté. Depuis le début du Protestantisme les lois de l'Europe avaient changé de face. Autrefois, les peines infligées aux gens furent cruelles, mais de nos jours, les Blancs ont appris à enseigner les gens avec tendresse et ne massacrent que les gens qui tuent certaines personnes avec préméditation; et s'il y a des gens qui tuent des hommes avec cette détermination, ils les tuent sans les faire souffrir. Les Blancs ont pitié de gens, ils le démontrent à l'endroit des enfants, des malades, des invalides, de ceux qui ont la folie; et aussi envers les animaux. Toutes ces choses ont eu lieu grâce à l'enseignement de Jésus à travers la lumière de la Réformation.
J.12: LES CONGOLAIS, leçon 3 (Tokoyekola lingala, Frères de Saint Gabriel, Bondo, 1937, p.11-13)
LECTURE: Au Congo, Jadis... Jadis le Congo n'était pas comme actuellement. Les Noirs vivaient dans la grande misère à cause de la méchanceté des Arabes. Ils avaient capturé des Noirs en esclavage. A peu près 200 Arabes se sont ligués en parcourant les rivières. Ils naviguaient même la nuit. Ils débarquaient sur la rive, et entraient dans un village où ils mettaient du feu à toutes les maisons, tuant les uns, et capturant les autres comme esclaves. Ainsi, au cours d'un raid, ils capturaient des milliers et des milliers de gens. Ils capturaient femmes et enfants aussi. Ils amenaient des esclaves très loin. Là, ils vendaient des esclaves aux autres Arabes. Un homme adulte était vendu à plus au moins 20 francs et un enfant 2 demi francs. Quelle grande honte sur les Arabes! Mais le Roi envoya ses soldats au Congo pour délivrer les esclaves. Les Blancs ont livré plusieurs combats. Ils ont anéanti les Arabes et actuellement les Noirs vivent en liberté.
LECTURE: Les Congolais Au Congo on voit des Blancs. Eux, ils sont venus de l'Europe. Les Blancs ont anéanti les Arabes dans notre pays. Jadis les Arabes capturaient des Noirs vaille que vaille Ils les vendaient en esclavage. Vraiment, le Roi nous a beaucoup secouru
J.24: LES ARABES: MARCHE DES NOIRS, leçon 11 (Mambi ma botangi II, Lisala, 19-50; 27-3l)
I. Les Arabes. A l'époque, le Congo avait beaucoup d'habitants. Les hommes sont réduits par les maladies et par les guerres entre-eux. Un autre aspect étant à la base de cette diminution des Congolais était les guerres arabes, l'arrestation des Noirs pour les vendre ailleurs. Les hommes que nous croyons Arabes ici au Congo n'étaient pas venus de l'Arabie, ce sont des Noirs d'Afrique qui ont adhérés aux croyances des Arabes. Quelles sont les raisons de l'arrivée des Arabes en Afrique? Ils sont venus pour chercher les esclaves et aussi pour la soif exagérée de l'ivoire Un jour où ils inaugurèrent un marché, les marchands étaient au nombre de 32.700. Autrefois, les Arabes détruirent 110 villages, ils rentrèrent avec 2.300 esclaves et 2.000 pointes d'ivoires. Dans ce départ plusieurs Noirs étaient mort par peur des Arabes. Lorsqu'ils arrêtèrent ces hommes, pour les emmener avec eux, c'était effroyable. L'on ne pouvait pas voir à deux reprises. Ecoute! Au début de leur arrivée c'est la guerre, ils surgissent soudainement devant les gens, ils sont à peu près 300 ou 500, avec des fusils. Durant la nuit, ils tirent, de l'autre côté, ils brûlent les maisons. Les gens étaient remplis de la peur. Ils voient partout étaler leurs frères. Ils prennent des lances pour essayer de résister mais en vain. Quelques veinards s'échappaient et se cachaient dans la forêt, là les cartouches percent les feuilles de part et d'autres. Les hommes attrapés par les Arabes, sont liés par des ceintures: hommes, femmes et enfants. Une affaire terrible. Le bruit des rames coupe le souffle, les lances filent dans le ciel jusqu'à ce que le village soit fatigué. Après les Arabes viendront apaiser leur colère auprès des esclaves en les frappant et en les piétinant. Ils les mettent ensemble, ils appellent cinq personnes ou six, les mettrent en colonne selon leur taille. Ils prennent la longueur d'un géant, ils les ajoutent au-dessus de l'éclat de la main droite, ils ajoutent aussi l'autre dans l'éclat de la main gauche: Ils lient les ceintures à leur cou. Après le travail de ligoter des Noirs vinrent les fouets: Marchez, esclaves, marchez.
II. La route triste La colonne s'allonge, sept à sept, ligotés à la palanche. Le soleil, la pluie, les bêtes marchent. Certaines mères avaient des enfants, les transportent au dos, là les cous sont ligotés. Les enfants ne font que pleurer. La colonne marche... des jours et des jours. A leur arrivée, ils dorment comme tels avec des cordes au cou. Lorsqu'on est fatigué d'un côté, on ne peut jamais changer de l'autre côté, peut-être si les amis se réveillent et se jettent avec les cordes ensemble de 1'autre côté. Le matin, la marche recommence. Personne ne pleure, ni se fatigue. Celui qui se plaint ou tombe syncope ou perd connaissance, un Arabe viendra, prendra celui qui est évanouit, le jettera en bas. Prendra le genoux, montera sur son cordon, fera sortir sa machette puis fera comme l'on fait à un agneau. Les esclaves qui étaient vivants observent la scène et tremblent à cause de la situation qui les attend. Partis, ils sont sortis dans la ville d'Uzizi au port de l'Océan Indien, ou au milieu du fleuve Nil ou encore ils passent par voie de l'Océan Indien pour la ville de Zanzibar. Le marché débute, les acheteurs surgissent, ils observent ces Noirs à l'endroit où ils achètent des produits. Ils verront si leurs poitrines sont grosses et fortes. Ils ouvriront leurs bouches pour voir comment sont leurs dentures. Ils feront un coup au dos, pour voir si le bruit dégage un bon renflement. Ils leur initieront à la marche, courir, savoir si leurs corps sont encore endurants etc. A la fin, ils commenceront l'achat. " Oh il n'a plus des dents, il a vieilli, son corps est fatigué, il n'est pas jeune ", etc. Comme ils achètent les chiens ou les chèvres. L'homme du village lointain les acheté et s'en va, là ils deviendront ses esclaves.
III. Dans le bateau (1) Fini le marché, c'est l'entrée au bateau. Ils les jetteront dans les cabines, ils seront pleins là. Le triste bateau débarque. Où est-ce qu'ils vont avec eux? Qu'est ce qu'ils feront d'eux? Ils ne le savent pas. Vous avez déjà entendu que l'océan a de grandes vagues. Le bateau place prou devant, disparaît derrière, se penche vers la droite, tourne de l'autre côté. Dans tous ces basculades du bateau, les esclaves tombent du haut en bas sur les autres. Dans ces chutes, ils ressentent la nausée. Ils vomissent, fatigués et, ils meurent un à un au-dessus des autres. Pour le manger, ils ne demandent rien. Ils leurs préparent dans des grandes marmites un peu de maïs avec les haricots puis on leur en apporte. Ceci leur rapporte la force dans le corps, ils en prennent et puis ils en mangent. Autrefois, l'épidémie surgit et ils meurent tous comme des poules. Parfois des vents provoquent des ondulations et le bateau risque de chavirer. Les Arabes et les hommes de l'équipage vont dans les barges, les esclaves restent dans le bateau, peu après le bateau coule, l'océan les engloutit ensemble avec le bateau. Si un bateau attaque les acheteurs, vite, ils font sortir les esclaves, les tuent. Ils attachent des pierres aux pieds et les jettent vivant dans l'océan (2). Personne ne sait justifier les peines qu'ils ressentent. Stanley voyant ceci, avertit l'Europe. Lavigerie, Cardinal français, organisa une union de prêtres pour mettre fin à 1'esclavagisme. La Belgique aussi met fin à l'esclavagisme.
NOTES. 1. Tout en continuant le récit de la traite par les Arabes, l'auteur utilise une description qui s'applique plutôt à la traite occidentale et le transfert des Noirs en bateau vers les Amériques (bien qu'aussi d'application pour le transport vers les Indes et d'autres pays asiatiques à partir de Zanzibar) 2. Allusion à la surveillance par les Anglais après l'abolition de l'esclavage.
J-58: JEUNES DU CONGO, N'OUBLIEZ PAS ! Leçon 44 (Mambi ma botangi, II, Lisala, 1955, p.90-93).
I. LA TERREUR DES ARABES La pluie tombe, sans arrêt... Les eaux descendent sur le fleuve. La nuit commence à pointer. Au ciel, la lune avance, elle brille comme de lumière vive. Là, dans les forêts, tout est calme. Seul le touraco géant qui crie, il s'est perché au faîte des arbres de la rive, il chante. Pas de circulation, le froid a fait entrer tout le monde dans sa maison. Yiobundi, lui, le pêcheur, reste à l'extérieur, il s'entraîne à tisser des nasses et auprès du feu, il regarde la lune. Tout à coup il sent son corps entier trembler. Une idée vint en lui: la lune s'est beaucoup rouillée à cause des couteaux des Arabes... Ah Les Arabes! Ces porte-malheur! Ils ne veulent que verser du sang. Ah! Qu'ils sont malins! Lorsque Mobundi était en train de penser ainsi, son corps tremblotait sans trêve et commença à craindre... Quoi? Un renard passa vite... Mabudi pénétra dans la barza. A cote, juste à droite, c était la maison du chef Bambata. Bambata dort; les cigarettes l'ont fait jaunir les yeux. Le soir, le chef Bambata s'est rendu au village du féticheur pour le questionner à propos des rumeurs qui courent partout que les Arabes vont venir. Le féticheur regarde son amulette (talisman) et dit au chef ceci: " les Arabes ne peuvent pas envahir le village, le talisman va le leur empêcher, il -va les rendre aveugles. " Quand le chef rentra chez lui, il attacha les peaux dans les maisons, les bagues, les bracelets, lourds anneaux de cuivre portés au cou avec toutes sortes d'amulettes. Alors il pensait ceci: " Les Arabes ne viendront donc pas envahir mon village! Mon amulette est forte! " Les gens du village sont profondément pris par le sommeil. Les uns sont fatigués à force de pagayer, les autres ont les corps affaiblis à cause de la chasse en général. Tout le village est calme, silence cadavérique. Seulement la lune au ciel, elle monte et croit petit à petit. Cependant la nuit cache de cruelles réalités! Là, à côté d'une petite forêt, les ombres se balancent, marchent, se poussent petit à petit à l'image d'un chat pendant la nuit. Pour le moment elles sont prêtes.. Elles guettent le village en sommeil. Sefu, chef des Arabes ne dort pas. Il a envoyé ses gens avec des glaives et des chaînes. Ils sont passés dans les contrées de Basoko, Stanleyville, Kindu, Kasongo. Ils n'ont qu'un seul désir dans leurs cœurs: incendier les villages, tuer, capturer les gens. La nuit est leur amie.
II LES ARABES Mobudi attache les nasses sur le boucan, il veut entrer... Quoi? le chien commence à aboyer en bas de la véranda. Du côté de l'arrière-cour, le coq chante encore gbaa... gbaa. Les fusils tonnent... Les hommes de Sefu commencent à crier à vive voix, ils sautent sur les maisons. Mobudi s'enfuit dans la forêt. Les Arabes ont déjà encerclé la maison du chef, ils le percent avec leurs sabres: puis ils mettent le feu à la hutte. En se réveillant ainsi, les hommes sont terrorisés. Les hommes sortent de leurs maisons avec des lances et des flèches en leurs mains: la guerre bat son comble dans l'obscurité. Certains des riverains se jettent dans les herbes de la rive, d'autres traversent vers la rive opposée en nageant. C'est en vain, les Arabes les poursuivent avec des radeaux et les coupent la tête dans l'eau. Beaucoup fuient vers la forêt, la lutte s'aggrave; certains Arabes meurent à cause des flèches; mais ils sont toujours nombreux! La maison du chef et d'autres maisons se sont transformées en fumées et en feu... A l'extérieur, les capturés sont au nombre de treize: tous hommes, la corde autour de leurs bras et les fourches à leurs pieds. Ils ont arrêté aussi les femmes; ils les ont mises toutes dans une même maison. La guerre prend fin. Les hommes de Sefu attendent jusqu'à ce que le jour se lève. Nuit de malheur! Les étoiles disparaissent progressivement du ciel... Les Arabes et leur équipage s'apprêtent. Ils quittent le village. Ils choisissent les capturés: tous les riverains ainsi que tous les chasseurs font une longue file. Ensuite viendront les six jeunes filles. Un petit enfant ne cesse pas de s'accrocher aux pieds de sa mère. Un Arabe lui enfonce un glaive au cou. L'expédition se met en marche! Vraiment, ni le léopard ni le lion ne sont aussi méchants que les Arabes. Sur les bords des rivières Aruwimi, Lomami et Lualaba, ainsi que Sankuru, ils opèrent nuitamment. Le soir de cette journée inoubliable, Mobudi sort de la forêt; avec crainte, il rentre dans le village: Il y a seulement la fumée,..l'odeur des herbes brûlées; ses pieds heurtent un cadavre... il pleure et son cœur se brise de soucis. Plus loin sur toutes les routes, on rencontre beaucoup de files de Noirs capturés. Deux à trois mois, la marche continue jusqu'à ce qu'ils atteignent le grand marché des Arabes, lieu de vente des hommes. Soixante-dix ans sont passés lorsque ces événements avaient eu lieu. Les nouvelles de ces souffrances firent écho, se répandirent et pénétrèrent dans les oreilles des Européens. Leurs cœurs furent terriblement touchés. Un homme, et c'est un chef, qui a fortement compati à ces souffrances, c'est Léopold II, le roi des Belges. Stanley lui présenta le rapport du commerce honteux qu'effectuent les Arabes. Le cœur de Léopold II en fut brisé. Il regarda la carte du Congo... et dit: "Là, loin, dans la forêt des Noirs, moi, j'enverrai mes soldats pour chasser ces assassins; j'enverrai alors des commerçants pour qu'ils y amènent beaucoup de marchandises. J'enverrai aussi des Prêtres et des Sœurs religieuses pour y prêcher la parole de Dieu. Qu'ils éduquent toute la jeunesse du Congo. C'est ce que moi, Léopold II, je veux". La parole d'un homme, la résolution d'un noble. Car tout ce qui a été proposé, le Roi des Belges le réalisa à coup sur. Mes enfants, rendons hommages à la Belgique.
J.23: LIBERATION DES NOIRS, leçon 34.(Mateya ma bomonisi, Manuel du maître, Lisala, 1955, p. 88-90)
Préparatifs: Le maître prévoit une bonne leçon. Il cause avec fermeté sur la libération des Noirs. Les élèves doivent savoir que les Européens nous ont sauvés d'entre les mains des Arabes. Il rappellera en bref la leçon numéro 33 (1)
Leçon -proprement dite : 1. Mes enfants, dans le territoire où sont venus les Arabes ici, pour arrêter les hommes, les Blancs n'avaient pas su nos milieux. Les routes pour les atteindre n'étaient pas là. De longues montagnes. Le fleuve les effrayantes et des rapides ont interdit aux Blancs de connaître ce côté-ci. 2. Un jour, un Blanc, chrétien d'Europe au nom de Stanley, était venu voir notre pays. Il entra par le nord avec un petit bateau. Il cherche à aider les Noirs. Ils entrèrent dans le bateau, naviguaient sur le grand fleuve depuis l'amont jusque vers l'aval. Dans tout cela, il avait mis à peu près 85 jours. 3. De son passage par bateau dans les villages de Noirs, Stanley eut pitié de nos ancêtres. Il trouva que les Arabes ont accaparé leurs biens, brûlé les maisons, arrêté les hommes en esclaves. Stanley par pitié de nos ancêtres, se mit en colère et livra des guerres avec les Arabes. Ils se retrouvèrent à Basoko. Les Blancs avec les chefs noirs passèrent, réussirent et chassèrent les Arabes. Les Blancs persévèrent et mirent fin à des guerres et à l'esclavagisme. Dieu le voulait ainsi. Il nous a choisi; arrêtons de travailler pour le diable, acceptons l'autorité du Sauveur de tous. 4. Là, les Blancs commencèrent à gouverner notre territoire. Ils nous protégèrent et aidèrent nos ancêtres dans leurs problèmes. Glorifions Dieu pour les biens pour nos esprits et nos corps.
Questions de rappel:
- 1. Les hommes sont-ils capables de se libérer eux-mêmes?
2. S'il arrivait que les hommes du monde restaient païens qui pourrait aller au ciel? 3. Les Noirs ont-ils retrouvé la vie chez les Arabes? 4. Pourquoi au début les Blancs n'avaient pas connu notre pays? 5. Oui est le premier Blanc qui pénétra notre pays? 6. A l'aide de quoi traversa-t-il notre pays? 7. Qui l'avait aidé? 8. Quelles difficultés Stanley rencontra-t-il par la voie fluviale? 9. Stanley et les chefs noirs livrèrent la guerre contre qui? 10. Qui avaient remporté la victoire? 11. Citez deux bienfaits qui entrèrent dans notre territoire 12. Dieu nous a-t-il ouvert la voie de la foi? 13. Oui sont devenus nos dirigeants? 14. Est-ce que leurs biens sont croissants? 15. Devoir: Les enfants dessinent le petit bateau de Stanley.
NOTE 1. Leçon 33: "Boyangeli bwa ekolo" (Le gouvernement du pays)
Présentation
" Toute autorité vient de Dieu " est le leitmotiv de tous les manuels bien que les protestants soient moins explicites. Tout Blanc appartient à la classe des autorités de par sa nature. Tout de même, les autorités religieuses se situent sur un terrain spécifique, mais ils travaillent la main dans la main avec les autorités de l'Etat. "L'Etat", abstrait, mais omniprésent, est l'incarnation de l'autorité, réalisé dans toute une panoplie de personnes, pyramidalement arrangée de haut en bas, à commercer par le Roi des Belges et à terminer par le chef local, délégué de l'Administration. L'Etat s'affirme par son armée et par l'imposition des corvées et impôts. Le drapeau belge en est le symbole. L'Eglise catholique, se déclare elle-même la plus apte à inculquer le concept correct d'autorité, comme l'écrivait en 1930 un des plus illustres représentants, Mgr V. Roelens: " Seule la religion chrétienne - catholique, basée sur l'autorité, peut être capable de changer la mentalité indigène, de donner à nos Noirs une conscience nette et intime de leurs devoirs, de leur inspirer le respect de l'autorité et de l'esprit de loyalisme à l'égard de la Belgique" (dans L. Franck (éd), Le Congo-Belge, II, La Renaissance du Livre, Bruxelles, s.d., p.20b-209).
J. 36. LE CATECHISTE ET LE BLANC/LE CATECHISTE ET LE CHEF, chapitre 13/14 (Belemo bemo be bolaki, Mill Hill, Basankusu, Rome, 1923, p.22-23). (1)
LE CATECHISTE ET LE BLANC Le catéchiste honorera tous les Blancs. Chez le Blanc, le catéchiste viendra toujours avec respect. Quand il parle à un Blanc, il parlera avec politesse et calme. Le catéchiste prouve que le catéchiste surpasse certaines personnes en connaissance, il se souvient du conseil donné par 1e prêtre: comment se comporter avec des Blancs; il le salue avec respect. Si un Blanc vient dans son village, le catéchiste va chez lui et le salue. Il est bon d'apporter au Blanc des légumes, des oeufs, des fruits et la nourriture, pour qu'il les achète. Si le Blanc de 1'Etat vient, le catéchiste va vite chez lui, le salue et lui dit: " Blanc, je suis le catéchiste de la mission ; le prêtre m'a envoyé ici pour instruire les gens d'ici ". Il lui montre sa carte de catéchiste. Si le Blanc lui demande un renseignement, il lui dira ce qu'il en sait exactement. Il lui en parlera avec sincérité et vérité. Si le catéchiste veut dire quelque chose au Blanc, il lui demandera si le Blanc en est d'accord. Il dira: "Blanc, je voudrais vous parler d'un problème". Si le problème ne concerne pas le catéchiste, le catéchiste, n'en fait pas l'exposé si le Blanc ne le lui a pas demandé. Le catéchiste conseillera aussi ses ouailles d'honorer le Blanc. Un homme qui honore et respecte le Blanc, je pense que le Blanc lui fera du bien. Lors d'un contact avec le Blanc, le catéchiste observera les règles de la politesse.
LE CATÉCHISTE ET LE CHEF Le catéchiste honorera et respectera le chef médaillé et le chef traditionnel. Le chef du village est aussi le chef du catéchiste. Le catéchiste surpasse d'autres personnes dans le respect et l'honneur du chef. Il apprendra aussi à ses ouailles de respecter et d'honorer leur chef. Le village sera prospère si les gens respec tent le chef. Le village deviendra bon si les gens portent révérence au chef et respectent son autorité. Le chef, c'est l'homme que 1'Etat, propriétaire du Congo-Belge, nomma comme son représentant. Il convient que le chef et le catéchiste se lient d'amitié, Il est bon que le chef et le catéchiste suivent une même voie. Que le chef n'obstrue pas le travail du catéchiste, et que le catéchiste n'obstrue pas le travail du chef. Si le chef aime le catéchiste, il l'aidera beaucoup dans la pastorale, et la pastorale sera prospère. Il l'aidera à construire la chapelle, l'école, son habitation, et à construire le quartier des chrétiens (2). Il l'aidera en cas de palabres entre hommes ou femmes fréquentant le catéchisme ou la mission. Si les gens remarquent que le chef aime le catéchiste, quelques-uns viendront à la catéchèse et en classe. L'inimitié, les querelles, les brouilles existent-elles entre le chef et le catéchiste, le travail du catéchiste va en pâtir; mieux vaut l'amour et la paix entre les deux. Avant de construite la chapelle, 1'école et le quartier des chrétiens, le catéchiste en demandera la permission au chef, car cela relève du ressort du chef. Si le travail de l'Etat est requis, le catéchiste fera en sorte que les chrétiens y aillent comme tous les autres. Le catéchiste dira au chef de ne pas appeler les chrétiens au travail le dimanche et les jours de fêtes de préceptes. Le catéchiste aidera le chef autant qu'il le peut. Il écrira pour lui des lettres à poster, il lira pour lui des lettres qu'envoient les Blancs; il lui expliquera ce que les Blancs veulent s'il ne le sait pas lui-même; il lui établira un bon projet; si le chef peut être instruit, le catéchiste lui apprendra à lire et à écrire. Si le chef fait du mal au gens, le catéchiste ne sera pas d'accord avec le mal qu'il commet. Au chapitre 24, il est écrit: " Le catéchiste et les palabres " Que fera-t-il lorsque 1e chef se comporte ainsi? Catéchiste, honore le chef, et le chef t'honorera.
NOTES 1. Ces deux leçons sont reprises en résumé dans le livret composé par le Père Nand Van Linden, Belemo bya Bolaki, Boende, 1959, polycopié. Leçon 14.. 2. bolomo w'akristu = le village des chrétiens. Il existait à l'époque l'usage de séparer les chrétiens des païens dans un village éloigné des autres et avec un chef propre. L'Etat s'opposait souvent à cette coutume et voulait tenir les chrétiens sous un même chef avec les païens.
J.52. DEVOIRS DES CHEFS MEDAILLES, (Exercises de langage Lingala-français et français-lingala, Frères maristes, Liège, 1925, p.139-141) (1) leçons 39 et 40
Voici en résumé les principaux devoirs des chefs :
1. Obéir aux Blancs de l'état dont ils dépendent. 2. Faire connaître aux indigènes les décisions, ordres et avis des autorités de l'état. 3. Faire connaître aux autorités les demandes de leurs sujets. 4. Faciliter les opérations du recensement; informer l'administration de tout décès, disparition, émigration 5. Dénoncer aux Blancs de l'Etat toute infraction grave aux lois: épreuve du poison; sacrifices humains, actes d'anthropophagie, achat et vente d'esclaves, culture, vente et usage du chanvre. 6. Arrêter les individus coupables d'infractions graves et les livrer au Parquet 7. Aider les Blancs de l'état à percevoir l'impôt. 8. Prendre toutes les mesures utiles pour enrayer la propagation des maladies contagieuses. 9. Faire connaître à l'Administrateur tout évènement grave qui survient dans la chefferie
46. DEVOIRS DES CHEFS MEDAILLES (Suite).
Les chefs font exécuter par leurs indigènes des travaux, les uns gratuits, les autres rémunérés: a) Nettoyer le village, y détruire les herbes et les buissons dans un rayon s'étendant du centre à 100 mètres des habitations. b) Déboiser les rives des cours d'eau qui baignent le village jusqu'à 100 mètres en amont et en aval des limites de l'agglomération. c) Aménager un cimetière à l'endroit désigné par l'administrateur. d) Exécuter tous les travaux prescrits pour combattre la maladie du sommeil. e) Faire et entretenir les chemins jusqu'aux limites de la chefferie. f) Pourvoir au passage des marais et cours d'eau soit par des ponts, soit par des pirogues. g) construire et entretenir des gîtes d'étape aux endroits fixés par l'administrateur.
Le chef n'impose le travail qu'aux hommes adultes et valides. Les femmes ne peuvent être employées qu'à nettoyer le village et à détruire les herbes. Si les indigènes ne veulent pas se soumettre, le chef peut appliquer la peine de la prison jusqu'à 15 jours et la peine du fouet jusqu'à 12 coups (2). On n'applique pas la peine du fouet aux femmes.
NOTES 1. Ce texte revient dans les différentes éditions du manuel à partir de 1925. Il existait à côté un livret: Quelques notions sur la législation du Congo-Belge à enseigner aux élèves des écoles primaires (édition 1957, Imprimerie des Frères Maristes, Stanleyville, 23 P-, mais publié et traduit en maintes reprises). 2. Dans l'édition de 1957 cette disposition revient à 7 jours de prison et 100 Fr d'amende.
J.26 . LES AUTORITES, leçon l (Mambi ma botangi ndenge na ndenge, Makanza - Nouvel Anvers, 1932, p.9-10).
Toute autorité vient de Dieu (1), la première autorité. Tous les hommes de la terre, qui détiennent l'autorité, sont des remplaçants de Dieu. Dieu leur a distribué sa propre autorité. Ainsi, toutes les autorités du monde gouvernent selon la volonté de Dieu lui-même. Oui sont nos autorités? Les plus proches, ce sont nos parents. Tous ceux qui nous gouvernent, tant dans le spirituel que dans le temporel (2.) La plus grande autorité spirituelle, c'est le Pape de Rome. L'actuel Pape, c'est Pie XI. A Rome et sur toute la terre, ceux qui assistent le Pape sont des Cardinaux, toujours au nombre de 70. Les cardinaux élisent un nouveau Pape. Le Pape, les Cardinaux et les Evêques sont des grandes autorités ecclésiastiques- L'évêque gouverne une circonscription ecclésiastique en lieu et place du Pape. Les prêtres sont des serviteurs des Evêques. D'habitude le Pape délègue un évêque légat pour veiller sur plusieurs évêques et leurs fidèles dans une grande étendue territoriale comme le Congo tout entier. Les autorités temporelles sont: Albert, le souverain de la Belgique et du Congo, tous les Administrateurs blancs ainsi que le chef du village.
NOTES 1. Voir H. Vinck, Le concept et la pratique de l'autorité tels qu'enseignés dans les livrets scolaires de Congo-Belge, Revue Africaine des Sciences de la Mission (Kinshasa), 1997, 115-128 2. La version de 1950 (J-24) y ajoute: " les autorités du travail et de l'école: Les chefs des travaux dirigent leurs travailleurs dans tous problèmes qu'ils auront pour entretenir leurs travaux. Nos enseignants dans les écoles dirigent l'esprit et le corps à la place des parents. Aimons les chefs, respectons-les, prions pour eux, écoutons leurs paroles, car leur voix est la voix de Dieu.
J-50: A PROPOS DES AUTORITES DE L'ETAT (Mateya ma lisolo. Manuel du maître II, leçon 12, Lisala, 1954, p.28-30)
L'Etat, a aménagé notre pays. Aimons-le. Avant l'arrivée de 1'Etat, le Congo était dans un état de tristesse Sans précédant: il y eut beaucoup de guerres, ceux qui étaient plus forts agissaient comme bon leur semblait à l'endroit des vaincus; le peu de rescapés étaient pris en esclaves. Ils prenaient tous leurs biens et incendiaient leurs villages. Parfois quand on travaille au champ, on voit les gens y faire irruption, lances et machettes en mains. En voulant s'exprimer, on est déjà décapité. Sur ces entrefaits, si tu entreprends seul un long voyage, tu ne seras pas de retour. A ce moment le paganisme battait son plein, les hommes considéraient leurs prochains comme des choses et les lois de Dieu étaient méprisées. Au milieu des ennemis et de ces guerres des ancêtres, voilà qu'arrivent les Arabes. Les lances, les flèches et les couteaux des ancêtres leur nuisaient-ils? Eux combattaient avec des cartouches et de fusils. Arrivés dans un village, d'abord ils tuent les hommes qui veulent les guerroyer; les plus forts sont pris en esclavage; ils volent les choses précieuses et ensuite ils brûlent tout le village. Ils arrivent, enfin à Basoko. Si l'Etat n'était pas arrivé à temps, certains villages qui ont beaucoup d'habitants actuellement, auraient déjà pu être des villages abandonnés. Toutes ces tortures que les Arabes ont infligées à nos ancêtres, ils l'ont fait sans la moindre hésitation car leur loi leur oblige de tuer les hommes et de voler les choses. L'Etat qui vous a sauvés, qui est-il? L'Etat c'est les autorités du Congo. La première autorité c'est le Roi de la Belgique. Ici au Congo, après lui, viennent les Gouverneurs, les Commissaires et les Administrateurs de Territoires. Ces chefs donnent des lois, comme par exemple: que les hommes ne s'entretuent pas, qu'ils aménagent les routes, qu'ils cultivent les champs et ainsi de suite. Ils envoient ces lois aux villages de certains Blancs, et aux Blancs itinérants à l'intérieur. Eux appliquent ces lois: ils font aménager les routes, ils obligent aux gens de casser les pierres et ainsi de suite. Certains Blancs, agriculteurs, ont comme tâche de cultiver le riz, le coton et ainsi de suite. Tous ces travaux, c'est polir le bien-être des villageois qui ne marchera pas sur la route que 1'Etat a aménagée? Quand les Blancs agriculteurs font planter le riz et le coton (1), qui sont les bénéficiaires? N'est-ce pas les villageois? Nous voyons les gens porter de beaux vêtements, partout nous voyons des vélos, ce sont les avantages des travaux de champs. Certains Blancs ont comme métier trancher les différends: ce sont des juges. Ils ne veulent pas l'infiltration du désordre au village. Ainsi, si quelqu'un tue son prochain, ils l'arrêtent, le jugent et enfin ils lui donnent un châtiment équivalent à sa faute. Certains sont des médecins; ils luttent contre les maladies des gens. Ils sillonnent tous les villages à la recherche des maladies qu'ont les hommes. La plupart des maladies sont détectées, à l'occurrence la maladie du sommeil, la variole. Ayant découvert ces malades, ils leur appliquent des médicaments, ils leur donnent des injections pour mettre fin à ces maladies. Lorsque la maladie du sommeil sévissait, n'eut été leur présence, mais beaucoup de gens mourraient et continueront à mourir de nos jours. Pour tout ce bien que l'Etat fait pour nous, que devons-nous faire? Honorons les autorités de l'Etat. En se rencontrant avec eux en cours de route, saluons-1es solennellement par le losako; montrons-nous à eux avec révérence. D'abord respectons ces chefs. S'ils nous obligent d'aménager la route, allons avec les amis exécuter ce travail. Commençons à défricher les champs lorsque le Blanc agriculteur nous le signale. Quand la période de l'impôt se pointe, allons le payer. S'ils défendent les guerres, c'est pour notre propre bien; n'engageons pas de guerres comme nos ancêtres. Certains disent: "Les Blancs de l'Etat nous font souffrir". La plupart de vous n'en souffrent pas. Les lois ne leur-permettent pas cela. Si quelqu'un est un peu turbulent, c'est la source de son propre malheur; aucun pays n'a manqué de méchants; très vite ils écopent des punitions. Nous remarquons que les autorités supérieures font rentrer certains (Blancs) en Europe (2).
Respectons les autorités de l'Etat, d'abord, c'est Dieu qui le veut. En refusant de les respecter, nous refusons aussi la parole de Dieu.
NOTES 1. Le riz et le coton étaient des cultures obligatoires. Imposées principalement dans la partie nord de l'Equateur. 2. Il est exceptionnel qu'un texte pareil admet la possibilité d'abus dans l'exercice de l'autorité par le Blanc.
J.50: A PROPOS DES CHEFS NOIRS (Mateya ma 1isolo, Manuel du maître I, leçon 13, Lisala, 1954, p.30-31).
1. Dieu nous oblige de respecter tous les chefs. Au village de Marie et Joseph, Jésus, Dieu en personne, se comportait comme d'autres enfants. Marie l'envoyait dans la cuisine pour allumer du feu; elle l'envoyait à couper du bois et à puiser de l'eau. Jésus obéissait à ces ordres. Dans son métier de charpentier, Joseph lui donnait des ordres comme un père se comporte à l'égard de son fils. Pourquoi le fils de Dieu a-t-il respecté ses créatures Joseph et Marie? Parce que Dieu les lui a donnés comme ses parents et comme ses chefs. 2. Dieu vous a donné des chefs; certains sont blancs et certains autres noirs. Qui sont les chefs noirs? D'abord ce sont des chefs de secteurs, ensuite des chefs des capitas du village. Ils communiquent aux gens des ordres que l'Etat donne et créent certaines prescriptions pour aménager les villages. Ils surveillent les travaux imposés par l'Etat. Pour trancher des différends, nous avons aussi des chefs, des juges que nous trouvons dans chaque secteur. Leur activité consiste à faire éviter des troubles dans village, à juger des palabres, à punir les contrevenants. Si l'affaire est très grave, ils transfèrent le procès chez 1'Administrateur du Territoire ou chez le juge blanc. Pour la surveillance des champs, l'Etat place les capitas des champs. Ceux-ci remplacent les agronomes blancs; ils sont aussi nos chefs. Plus tard, il n'y aura plus un médecin blanc au village, mais un médecin noir. Il exécutera les ordres donnés par un médecin blancs. Ces chefs-là vous assistent comme fonctionnaires de l'Etat. 3. Que devons-nous faire pour eux? Comme nous honorons les chefs blancs, nous devons les honorer aussi. Saluons-les avec solennité chaque fois que nous les rencontrons. Devant eux nous devons nous tenir debout et parler avec politesse. Si par hasard un chef arrive chez nous, accueillons-le avec politesse et donnons-lui une chaise avec déférence. Honorons tous les chefs: non seulement les chefs chrétiens, mais aussi les (chefs) païens; non seulement ceux qui se comportent bien, mais aussi ceux qui sont polygames et que sais-je encore. Honorons-les, car ils sont des chefs. Avant de les honorer il faut les respecter. Tout ce qu'ils demandent en vertu de la loi, exécutons-le. Les lois les chefs noirs nous donnent proviennent de l'Etat nous les respectons, nous respectons aussi l'Etat et finalement nous respectons Dieu. Lorsque nous refusons de respecter les chefs du village, nous offensons Dieu. Quand les juges tranchent un différend, acceptons la manière dont ils ont procédé à juger cette affaire. Si nous perdrons le procès, ne disons pas ceci: " J'ai perdu ce procès car il est un noir (1), je ne suis pas d'accord ." Si nous pensons réellement que nous avons perdu le procès sans raison, évitons une altération vaine avec le juge, transférons plutôt ce problème chez l'Administrateur du Territoire. Si nous voulons vraiment respecter tous les chefs comme le veut Dieu, commençons d'abord à respecter les chefs qui sont sur place au village: les enseignants, les catéchistes, les capitas que le Père curé vous donne.
NOTE Quant au problème de la reconnaissance de l'autorité des Noirs par les Noirs, lire les propos de A.J. Omari, dans La Voix du Congolais 1952, p. 66l
J.31 : LA GRACE QUE NOUS RENDONS A L'ETAT, C'EST A DIRE : LA COLONIE DU CONGO BELGE, leçon 31, Bonkanda wa mbaanda w'école II, Battson Memorial Press, Bolenge 1924, p. 97-215)
Nous, la population du Congo Belge, nous savons que l'Etat est comme quelqu'un qui organise toutes les choses- Aussi, répertorions-nous tout ce que fait l'Etat en notre faveur. 1. IL INTERDIT DE TUER LES GENS Nous n'ignorons pas que jadis n'importe qui pouvait abattre tout individu qu'il avait menacé de mort, à la moindre saute d'humeur. A cette époque on tuait beaucoup de gens pour cas de vols. A la mort d'un patriarche, on tuait tous ses esclaves (1).On tuait beaucoup de gens pour sorcellerie, et pour de nombreux autres motifs. Personne ne les y empêchait. Actuellement, si quelqu'un tue, il est coupable d'une infraction très grave. I,'Etat veut que les gens vivent.
2. IL INTERDIT LES GUERRES Jadis, avant l'arrivée de l'Etat, un royaume ou un village envahissait un autre. Voulait-on augmenter le nombre d'esclaves ou avait-on besoin de femmes, les patriarches mobilisaient leurs hommes pour la guerre. Beaucoup de gens sont morts lors des guerres d'autan. Si nos mères pressentaient quelconque danger, elles tremblaient de peur, croyant que la guerre était imminente. Elles pensaient que, ou elles-mêmes ou leurs enfants seront pris en captivité. Une certaine guerre survint à cause d'un chien (2), et des centaines de personnes en périrent pour rien. Si l'Etat était déjà venu, ces gens-là ne mouraient pas. L'Etat n'est pas d'avis que les gens se combattent encore pour une moindre saute d'humeur ou pour des futilités. Il veut-que les gens soient en paix et tranquilles.
3. L'ETAT NOUS DELIVRE DE NOTRE ESCLAVAGE Jadis, les gens qui avaient gagné la guerre ramenaient de nombreuses personnes en captivité. L'Etat n'accepte:pas que telle personne soit maître et telle autre esclave. Il souhaite que chacun soit maître de son destin. Si quelqu'un demeure encore dans l'esclavage aujourd'hui, c'est de sa propre volonté. S'il veut s'en libérer, son maître ne peut l'en empêcher.
4. IL NOUS SOULAGE, NOUS QUI ETIONS DANS LA MISERE Jadis, les étrangers venaient sournoisement par méchanceté, et arrêtaient des gens. Ils les exilaient dans d'autres pays lointains pour des travaux forcés. Leurs parents restés étaient désormais sans nouvelles. Mais depuis que nous avons l'Etat, certains Noirs et des Arabes venus de l'Est chercher des esclaves comme jadis, ont été tout simplement anéantis par l'action de l'Etat et de ses soldats. En restant les gens de l'Etat, nous ne pouvons plus avoir peur de cette pratique.
5. L'ETAT TRANCHE NOS PALABRES Jadis, nous éprouvions beaucoup de difficultés à trancher des palabres. Actuellement, l'Etat empêche des guerres, mais ne nous abandonne pas en ceci qu'il tranche nos palabres. Le plaignant amène ses témoins oculaires chez le Blanc de l'Etat. Après avoir pris connaissance des déclarations des deux partis, ce Blanc prononce un jugement juste. L'Etat remet sous le toit conjugal des femmes divorcées ou celles qui avaient été épousées ailleurs. Et si ses femmes ont des doléances justes, il les encourage. L'Etat neutralise les délinquants fussent-ils Capitas ou même un Blanc (3).
6. L'ETAT CONFERE AUX CHEFS DE VILLAGES LEURS POUVOIRS ET. PREROGATIVES (4) L'Etat veut que les gens obéissent à leurs chefs. Il accepte que les chefs infligent la chicotte ou la prison à ceux qui ne leur obéissent pas. Si un chef ou un sous-chef a tranché une palabre selon le droit, malgré le mécontentement d'un parti, l'Etat confirme ce jugement. Mais si par manque d'autorité un chef ne parvient pas à trancher une palabre, le Blanc de l'Etat la tranchera.
7. L'ETAT PREND SOIN DES ROUTES Nos pères n'avaient pas de bonnes routes dans la forêt. C'est pour cette maison, que nous n'avons pas beaucoup voyagé. Le travail de la route n'est pas des moindres; si tout le monde voulait créer des routes dans chaque ville, ce serait des routes créées vaille que vaille. L'Etat est comme un chef investi de pouvoir et qui conseille à tous les villages d'entretenir leurs routes. Les gens qui créent des routes enlèvent les herbes, font disparaître des collines et mettent des passerelles sur des ruisseaux. Nos enfants verront de routes spacieuses partout, et aurons l'occasion de voyager ailleurs; ainsi les peuples de plusieurs contrées entreront en contact.
8. L'ETAT PROTEGE LES BIENS DES BLANCS Si l'Etat ne protégeait pas les biens des Blancs, nous n'aurions pas chez nous tous ces Blancs des compagnies répandus dans de nombreux villages. Avant l'arrivée de l'Etat les Blancs étaient venus pour le commerce, mais ils n'avaient pas apporté de nombreuses marchandises comme actuellement. Protégeant ainsi les biens des Blancs, l'Etat nous aide, nous aussi.
9. IL NOUS OFFRE L'OCCASION D'AVOIR DE L'ARGENT, C.A.D: DES FRANCS Les Blancs de l'Etat et d'autres sont venus s'installer un peu partout dans ce pays. Ces Blancs font appel à un grand nombre de travailleurs pour les travaux suivants: abattage, sarclage, construction des maisons ou fabrication de pirogues; et les uns comme les autres: des rameurs, des vendeurs, des cuisiniers, des domestiques, des mécaniciens et des maçons. Tous ces ouvriers seront rémunérés pour leur travail. Et l'Etat lui-même recrute des centaines de travailleurs pour l'œuvre coloniale. L'Etat veut que ceux qui ne travaillent pas pour les Blancs accroissent leurs champs en plantant de nombreux vivres pour soulager la faim des travailleurs qui n'ont pas l'occasion de cultiver leurs propres champs. Par l'achat des produits de champs, les propriétaires auront beaucoup d'argent, c'est-à-dire des francs.
10. L'ETAT A ENRICHI NOTRE PAYS DE GRANDES RICHESSES L'Etat nous a appris la valeur des biens que nous possédons. Il nous apprend que c'est notre façon de posséder des biens, que nous n'avions pas encore possédé auparavant. Maintenant nous possédons de nombreux biens que nos pères ne possédaient pas, car nous connaissons des produits recherchés par des Blancs. C'est pourquoi l'Etat veut que nous travaillions avec force et persévérance pour avoir de l'argent, non seulement destiné aux seules contributions, mais à l'achat de nombreux biens pour le plaisir et pour notre corps à le rendre robuste, à la manière des Blancs qui possèdent de nombreux biens.
11. L'ETAT NOUS OFFRE L'OCCASION D'ACHETER DES PRODUITS EUROPEENS Après nous avoir appris les prix de vente des produits que nous possédons, et après nous avoir offert l'opportunité d'avoir des francs, nous voulons acheter des biens que nous n'avions pas auparavant. Mais n'importe qui ne peut commander les produits de l'Europe. Nous ne connaissons pas les langues parlées là, nous ne connaissons pas les pays producteurs des biens que nous importons ; Nous ne savons pas comment payer étant donné que leur monnaie est différente de la nôtre. Nous ne voulons pas avancer de l'argent longtemps, aussi longtemps que nous n'avons pas encore vu le produit que nous voulons acheter ou que nous n'en avons pas encore l'occasion de choisir. Mais maintenant que l'Etat a pris soin des biens des Blancs lors du trajet d'Europe jusqu'au Congo, que les propriétaires des magasins importent toutes sortes de marchandises: vêtements, couvertures, chapeaux, chaussures, savons, armes, machines et tout autre bien matériel dont nous avons besoin. Dans les magasins de notre pays, nous avons le choix. Nous voyons la qualité, nous tâtons la teneur d'une étoffe, nous essayons d'aprecier la manière dont des couteaux ont été aiguisés. Cela montre que nous achetons des produits européens avec intelligence. Acheter des produits à partir de l'Europe, c'est comme on achète une pirogue qui est sous l'eau (5).
12. ILS ONT -FAIT POUR NOUS DES UNITES MONETAIRES Avant l'arrivée de l'Etat, des gens sont venus avec des biens luisants et très beaux pour échanger contre le copal et les pointes d'ivoire. Nous ne savions pas la valeur des perles ou d'autres biens qu'ils avaient apportés et qui avaient dévalué vraiment nos richesses. Ensuite, l'Etat établit le franc comme unité monétaire avec ses sous-multiples: le centime et le demi-franc. Partout au Congo le franc garde sa valeur de franc. Le centime reste le centime. Ils ne diffèrent pas selon qu'il s'agit d'ici ou d'ailleurs. Actuellement nous vendons nos marchandises et nous sommes payés en francs. Nous connaissons la valeur de la monnaie que nous avons. Dès lors, nous achetons des biens matériels n'importe où, n'importe quand, selon notre gré. Nous n'avons plus de difficultés en cette matière.
13. IL PORTE ASSISTANCE AUX SOUFFRANTS (6) L'Etat a la compassion envers ceux qui sont malades. Il veut que tout le monde soit en bonne santé. Il n'est pas content de l'existence des maladies telles que le pian ou la maladie du sommeille, car elles diminuent la vigueur, et entraînent la mort. Dans certains villages, l'Etat a déjà construit des hôpitaux et des isolements pour des maladies contagieuses, telles que la lèpre et la maladie du sommeil. L'Etat investit beaucoup d'argent pour enrayer certaines endémies. A celui qui n'a pas d'argent, les médecins de l'Etat prodiguent gratuitement des soins médicaux. L'Etat veut promouvoir 1a formation des infirmiers sur toute l'étendue de la Colonie. Certains compatriotes suivent des cours actuellement dans les Ecoles de médecine à Mbandaka et ailleurs. Ils apprennent les médicaments européens et les manières de guérir les maladies au Congo. Une autre école de médecine est implantée à Léopoldville, c'est-à-dire Kitambo. N'importe quel Blanc peut s'y présenter pour obtenir des instructions sur la capture des insectes vecteurs de cette maladie du sommeil. Même si quelqu'un n'est pas conscient qu'il a attrapé cette maladie, qu'il sache que des microbes pathogènes existent dans son organisme. Ces microbes ne sont pas visibles à l'œil nu, il faut un microscope, à l'aide duquel on examine une goutte de sang. Le microscope attestera si elle contient ces microbes. L'Etat donne aux Blancs qui savent ces microbes, des médicaments pour combattre les microbes restés dans l'organisme. Les médecins continuent à chercher d'autres voies et moyens pour enrayer cette maladie. Ils travaillent sans relâche pour guérir cette maladie, non seulement en soignant les malades mais aussi en évitant sa propagation. C'est pour quoi on a promulgué une loi interdisant quiconque des Noirs ou Blancs de voyager par bateau sans attestation d'absence de microbes vecteurs de la maladie du sommeil. Des médecins viennent d'examiner le sang de la plupart des gens pour endiguer la mort par cette maladie. Les médecins de l'Etat en poste à Kitambo refusent aux passagers en provenance de l'Europe de descendre du bateau avait qu'ils aient procédé à l'examen médical de chacun afin de découvrir les porteurs des maladies contagieuses de peur qu'ils n'aillent propager ces maladies sur les bords de nos rivières. Une grave maladie ravage l'Europe, c'est la tuberculose. L'Etat ne veut pas que le Blanc atteint de cette maladie prenne place à bord d'un bateau vers le Congo. Et si un Blanc attrape cette maladie au Congo, l'Etat l'évacue immédiatement en Europe. L'Etat veut nous faire prévenir de la maladie du sommeil et de tant d'autres maladies.
14. L'ETAT INTERDIT LA CONSOMMATION DU CHANVRE L'Etat sait très bien que la consommation du chanvre détruise l'intelligence et le corps. Elle détruit l'organisme à petit feu, mais le consommateur pense qu'il est en bonne santé. Le chanvre est une chose néfaste, raison pour la quelle l'Etat en interdit la consommation
15. L'ETAT INTERDIT. LA BOISSON EUROPEENNE (7) Une autre chose nuisible nous est interdite. Bien qu'ils soient conscients de la force de la boisson européenne, certaines Blancs en consomment et s'enivrent. Beaucoup de Blancs qui sont venus ici ont laissé femmes et enfants en Europe. Par nostalgie, ils croient se consoler mieux dans la boisson. On rencontre aussi parmi les Blancs comme parmi les Noirs, ceux qui s'abstiennent de toute boisson enivrante. L'Etat est conscient des effets de cette boisson et nous en empêche la consommation, de peur de s'enivrer.
16. L'ETAT PROTEGE LES PALMIERS (8) Nous avons lu dans ce livre beaucoup de produits que nous donnent les palmiers. Emme si nous en tirons beaucoup de profits, certaines personnes paresseuses, en quête des noix de palme, abattent les palmiers. Ils ont peur de grimper, mais ils oublient qu'un palmier abattu ne peut plus produire des noix de palme. A cause de l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants, l'Etat interdit de couper des palmiers sans raison valable.
17. L'ETAT NOUS RECOMMANDE CERTAINS ALIMENTS L'Etat fait appel aux Blancs qui connaissent certaines plantes comestibles des pays bangala. A Eala, dans la contrée de Coquilhatville, c'est-à-dire Mbandaka, on aménage un très grand jardin. Ce jardin est appelé "Jardin d'essai de l'Etat". Beaucoup de gens s'y rendent visiter ces plantes expérimentales. Les responsables du jardin demandent des graines ou des boutures d'autres contrées bangala, et en initient des méthodes d'entretien. Après l'expérimentation à Eala, on fera appel à tous les citoyens pour en faire usage. Ainsi, nous disposons des produits suivants: du sorgho, des poireaux, du riz, des papayes, les cœurs de bœuf, des bananes, des avocats, des mangues et des oranges. Ceux qui habitent des régions marécageuses plantent des haricots, des patates douces d'Europe, des tomates, des okras, choux et autres plantes pour la salade. Cela est à vendre. Aussi cultivent-ils ces produits pour leur propre subsistance. Actuellement tout cela est consommé par les autochtones.
18. L'ETAT VEUT SUPPRIMER LA POLYGAMIE L'Etat sait que les contrées prospères sont celles où la monogamie est pratiquée. Il n'est pas convenable qu'une femme ait plusieurs hommes ou qu'un homme ait plusieurs femmes. L'homme épouse 10 femmes, 9 hommes restent sans femmes. L'Etat a dépossédé plusieurs patriarches de leurs épouses. Il est maintenant permis à toute femme voulant quitter la polygamie de le faire. L'Etat veut que l'homme et sa femme aient beaucoup d'enfants. Si quelqu'un a 4 enfants d'une seule femme, il est exempté de l'impôt. Il en est exempt pour avoir fait des enfants avec une seule femme. Celui qui est polygame paie beaucoup au prorata du nombre de ses épouses. Le moment viendra où nous n'allons plus connaître la polygamie. Les vieux se rendront compte que la situation actuelle n'est pas bonne, mais ils finiront par s'y plier à chaque homme, une seule femme.
19. L'ETAT ENCADRE BIEN LES SOLDATS Les soldats de 1'Etat sont originaires du Congo comme nous-mêmes. Nous sommes contents de ce que l'Etat s'occupe de nos compatriotes. Il leur fait vêtir des habits contre le froid, et leur donne des couvertures très efficaces pour qu'ils dorment bien. Un hôpital militaire est érigé à Boma. Ceux qui y ont été nous rapportent qu'on y prend bien soin des malades. Un soldat atteint d'une maladie pendant l'exercice de ses fonctions ou à l'occasion de la guerre, continue à percevoir sa solde. Après un terme de 7 ans, le soldat reçoit une indemnité de sortie de 500 francs.
20. L'ETAT VEUT QUE NOS ENFANTS SOIENT INSTRUITS A L'ECOLE. L'Etat veut que nos enfants, garçons et filles, soient instruits à l'école. Certains Blancs de l'Etat instruisent les chefs à ordonner leurs gens à construire des écoles. L'Etat même a huit grandes écoles dans les plus grandes agglomérations du Congo. Dans les écoles de l'Etat, les instituteurs font apprendre la lecture et l'écriture dans la langue parlée par les enfants. Puis quelques élèves apprennent le français. Nombreux sont de jeunes gens qui apprennent la couture, la technique de navigation ou travaillent aux chemins de fer. D'autres s'accomodent à creuser les minerais, à la menuiserie, à la cordonnerie, à la reliure, c'est à dire l'imprimerie. D'autres élèves apprennent aussi à devenir moniteurs ou à être commis de 1'Etat. Et comme nous 1'avons déjà appris au cours de cette leçon, certains autres apprennent l'art de guérir.
21. L'ETAT FAIT EXPEDIER NOS LETTRES Ce travail n'est pas encore important actuellement, mais il le sera à l'avenir. Bien que nous vivions éloignés des nôtres, l'Etat fait parvenir à ceux qui sont restés, nos nouvelles, afin qu'ils soient informés de notre travail et de ce qui nous arrive. Si nos congénères voyagent très loin, nous sommes contents de recevoir leurs nouvelles. Celui qui veut écrire achète un timbre moyennant quelques francs, et la colle sur une enveloppe. A cause de ce timbre, les capitaines de bateau ou les agents de chemins de fer prendront soin de la lettre. Ils protègeront la lettre de la pluie, des termites ou des rats. Puis, maintenant que la plupart de gens savent écrire, nous aurons des réponses à nos lettres et des nouvelles des contrées lointaines (9).
22. L'ETAT VEUT QUE NOUS ENSEIGNIONS LA BONNE NOUVELLE L'Etat accepte que les Blancs et les Noirs répandent la Bonne Nouvelle de Jésus le Messie dans tous nos villages.
23. L'ETAT ACCEPTE L'ADORATION DE DIEU L'Etat accepte que chaque individu prie et loue Yahvé-Dieu tel qu'il l'entend. Chacun saura ce qui est exigé pour adorer Dieu en lisant sa Bible.
24. L'ETAT ACCEPTE NOTRE REPOS LE DIMANCHE. L'Etat accepte que les enfants de Dieu observent le dimanche comme jour du Seigneur. S'ils veulent se reposer ce jour, personne ne les empêchera.
25. L'ETAT PRONE L'UNITE DE TOUS LES COMPATRIOTES Jadis nos ancêtres étaient répartis en plusieurs groupes. Chaque groupe redoutait un autre. Nous n'avions pas d'amis, nous étions des ennemis. Mais actuellement que nous avons l'Etat, tout le monde vit en paix et dans l'amitié.. Nous tous nous payons l'impôt. Nous pensons que nous payons beaucoup d'argent. Mais ces francs sont largement insuffisants par rapport à ce que l'Etat fait pour nous. L'Etat a besoin de beaucoup d'argent chaque année, mais ils déboursent eux-mêmes leur argent pour que les oeuvres de 1'Etat ne soient pas handicapées. Nous vivons en paix, sans guerre, et sincèrement nous nous réjouissons de ce que nous sommes les citoyens du Congo-Belge. Maintenant nous ne formons qu'un territoire, une grande patrie fraternelle, et le temps viendra où tous les ressortissants du Congo-Belge regarderont avec fierté le symbole de notre nation, le drapeau (10)
NOTES 1. Sur les sacrifices funéraires, voir G. Hulstaert, Coutumes funéraires des Nkundo, Anthropos 32-(1937)502-527; 729-742. 2. La guerre du chien, etumb'ea mbwa, est le nom d'une série de bouleversements dus aux migrations du 19e siècle, causées par les invasions arabes et les mouvements des Ngombe dans la région septentrionale mongo. On utilisait différents noms comme etumb'eki lofembe e.a. Voir G. Hulstaert, Buku ea mbaanda, Mbandaka, 1935, leçon 126. 3. Argument avancé aussi par J-50 (1954), leçons 124 nr 4. 4. Voir " Devoirs des chefs ", dans J.52 (de l925), leçon 45-46. 5. Il existait un service d'achat de marchandises en Europe par correspondance. 6. Nous retrouvons un grand nombre de ces considérations dans de multiples livrets d'hygiène. 7. L'auteur de ce texte appartient à une église protestante (Disciples du Christ, U.S.A.) qui demande l'abstinence totale de l'alcool. Pour la législation en cette matière, voir des livrets comme Quelques notions sur la législation du Congo-Belge. Dans les livrets des écoles catholiques, je n'ai trouvé d'avertissements contre l'alcool. 8. Une leçon de 6 pages (p.90-96, leçon 30): " Remercions nos palmiers " énumère et explique toutes les parties du palmier (25 !) qui sont utiles à l'homme. L'auteur s'oppose à la consommation du vin de palme. 9. L'art d'écrire des lettres faisait partie de l'enseignement depuis le début. Nombre de livrets de lecture donnent des exemples de différentes sortes de lettres. 10. Un certain nombre de livrets de lecture ou d'observation insèrent un texte sur le drapeau belge Sur le drapeau congolais pourtant en usage pendant la colonisation, aucun mot.
NOTE A. Il y a quelques légères variantes dans les éditions successives de ce manuel (1924) (1948 et 1954). La leçon est précédée par la reproduction d'un drapeau belge sur une page entière. A. a) " à la manière des Blancs qui possèdent de nombreux bien " omis dans 1948 et 1954. A. b) 1948 et 1954: " francs imo " = une certaine somme A. c) 1948 et 1954: "Imeza te banto ba wengi bonanga baate ekelesia bekiyo (Il accepte que les habitants de chaque village aient leur église ;) Nous trouvons des échos de cette leçon dans Ekim'ea Nsango de la main de plusieurs Congolais. Ce périodique était rédigé pendant plusieurs années par, 1'auteur du livret (Mme Hedges) 29 avril, p.2;. (1948 ) octobre. p.25-25. Ekim'ea nsango 19(1932) 44-45 (1939). A. d) omis en 1948 et 1954
J. 38 FIDELITE A L'ETAT (Oa nsonsolo, D.C.C.M., Bolenge, 1950)
a. Chercher l'histoire de votre drapeau. b. Maîtriser l'histoire de Stanley et d'autres Blancs qui avaient exploré 1'Afrique c. Méditer sur le changement instauré par la religion chrétienne. Maîtriser l'hymne " La Brabançonne " d. Imprégnez-vous de la manière dont l'Etat prend soin de ce pays le Congo-Belge. Imprégnez-vous aussi de l'hymne"Vers l'avenir" en français. e. Etre à même de mettre par écrit certaines dispositions.arrêtées par l'Etat pour le bien-être de ce pays.
J.90 L'ETAT, leçon 36 (Buku na kutanga o lingala. III, Frères Maristes, Liège, 1927 (3e éd), p. 29-30)
Le nom de notre chef d'Etat, notre grand chef, c'est Albert I. Il a pris possession de son trône après Léopold II, son oncle, en 1909. Sa femme s'appelle Elisabeth. Albert et Elisabeth ont mis au monde 5 enfants: Léopold, Charles et Marie-José. Tous sont des catholiques (1). Il n'y a pas longtemps, Albert voyageait ici au Congo pour se rendre compte de tout ce qui se passait dans notre pays. Il nous aime beaucoup, nous, les Congolais, d'un amour sincère (2). Albert habite Bruxelles, la capitale de la Belgique. Que Dieu le protège, qu'il ne l'abandonne pas entre les mains de ses ennemis.
NOTES 1. Les textes des manuels catholiques sur les rois (exception pour Léopold II) baignent dans la religiosité. cfr note 2 de J-55, 7ème partie. 2. Le même texte avec quelques légères variantes dans Exercices du langage, J-52, leçon 12.
J.4: NOTRE CHEF SUPREME, leçon 100 (Buku ea mbaanda, M.S.C., Mbandaka, 1935,, p.63)
Notre chef suprême est avant les autres chefs de la terre. Il gouverne tout notre pays. Son nom est Léopold. Il est le premier d'entre tous les hommes de ce pays, du fait qu'il a pleine autorité. Il a remplacé son père Albert. Albert a remplacé un autre Léopold qui a commencé à unifier tous les peuples du Congo en une nation de paix et de lois, lui qui commença à organiser notre pays par des travaux soigneux. Notre chef suprême gouverne et organise tous les services de notre pays en ce que ses agents mettent de l'ordre dans nos villages. Léopold a une femme avec laquelle il est marié religieusement; il a aussi des enfants. Comme son père, il témoigne d'un amour sincère à l'égard de ses sujets. Il souhaite que notre pays devienne organisé et prospère, que tous mènent une vie de paix, de bonheur et de prospérité. Notre chef est un chrétien dans la foi. Il encourage toutes les oeuvres de Dieu, il arrange ses affaires comme prescrivent Dieu et l'Eglise. Il n'omet jamais les prières et la messe. Dans sa résidence en Europe, il a une chapelle. Elle est très splendide. Mais il n'interdit pas d'autres chrétiens à y prier ni à y suivre la messe s'ils veulent. Nous remercions beaucoup Dieu, car il nous a donné notre bon chef, à qui il a insufflé un amour sincère pour ses sujets du Congo. Prions sans cesse Dieu pour lui, pour qu'il ait la force physique et spirituelle afin qu'il gouverne et organise notre pays en toute beauté.
J.30. HISTOIRE DES PERSONNES RENOMMEES. (Bonkanda wa nsango, C.B.M., Bongandanga, 1930, p.1-4, (1)
ALBERT-ROI DES BELGES
Albert est le roi des Belges et nous, habitants du Congo-Belge, nous sommes sous son autorité. Il est au-dessus de tous ceux qui sont sous son autorité. Le roi Albert est né à Bruxelles le 8 avril 1885. A la mort de son oncle Léopold II, il lui succéda au pouvoir car Léopold II n'avait pas laissé d' enfant. Le père d'Albert est Philippe, Compte de Flandre, le frère cadet de Léopold II. Albert avait été intronisé roi le 23 décembre 1909. Il s'était marié le 2 octobre 1900. Son épouse s'appelle Elisabeth Valérie de Bavière. De leur union, ils ont eu trois enfants. Le prince Léopold est né à Bruxelles le 3 novembre 1901; le prince Charles né à Bruxelles le 10 octobre 1903; et la princesse Marie-José née à Ostende le 4 août 1906 ; Le prince Léopold était venu au Congo en 1925. Il était encore jeune. Pendant sa jeunesse, Albert s'était adonné aux études pour se préparer à ses responsabilités futures de chef. Il a été à l'école de guerre et il est sorti avec une brillante réussite. Depuis ce temps, il entreprit des tournées dans les pays d'Europe et d'Amérique pour se rendre compte de ce qui se fait là. Et en 1909, il avait voyagé pour le Congo. Dès son accession au pouvoir jusqu'en 1914 , Albert n'a pas connu de grandes difficultés, et pour cela, il a réussi beaucoup de bons projets de travaux de tout genre, les connaissances et l'harmonisation de beaucoup d'affaires qui font la fierté de la Belgique n'a fait que s'accroître et tout le monde s'adonnait à la recherche des connaissances et de la paix pour tous les hommes. Mais depuis 1914, la grande guerre surgit en Europe, et d'août 1914 à octobre 1918 les Belges ont connu de grandes difficultés. En août 1914 l'Empereur d'Allemagne a voulu envoyer une expédition militaire en France, mais il avait souhaité qu'Albert facilite à ses soldats le passage à Bruxelles pour atteindre vite la France. A cet effet, Albert avait réuni son staff et ensemble ils ont songé au jour où les pays d'Europe s'étaient entendu que les militaires en guerre ne peuvent pas passer par la Belgique pour attaquer d'autres pays. Ainsi Albert et son staff ont répondu unanimement: "Non, non; nous ne pouvons pas leur permettre le passage au nom de ce pacte. Nous ne voulons pas cela car c'est mauvais. Si l'empereur d'Allemagne envoie ses soldats, nous allons leur livrer la guerre". C'est de cette façon que la Belgique connut la guerre. Les soldats allemands avaient occupé tout le territoire belge excepté une partie. Pendant cette guerre, Albert a combattu à côté de ses soldats. Il a appris les techniques de la guerre à l'école et il les a bien maîtrisées. Il ne s'était pas séparé de ses soldats pendant la guerre mais il était toujours avec eux comme meneur. Les soldats allemands sont partis de la Belgique après la guerre, et Albert retourna à Bruxelles avec joie. Depuis ce temps, Albert continua à accomplir d'autres belles réalisations qui firent sa renommée à travers toute l'Europe et tous les continents. Albert était très apprécié par ses administrés. Il était fort, poli et bienveillant, et il songeait à tous ceux qui étaient sous son pouvoir. De cette façon, nous l'apprécions au Congo et gardons ses réalisations car nous sommes ses administrés et il est notre Roi. " Le pouvoir des rois émane de moi." Proverbes 8,15. Le roi dirige bien notre pays par des jugements qu'il rend. Proverbes 29,14. " Le Roi tranche avec justice les différends œuvres, ainsi son trône de chef sera renforcé à jamais.
ELISABETH, REINE DES BELGES
Elisabeth est née le 25 juillet 1878, son père est Charles, Duc de Bavière. Son mari est Albert, le roi des Belges. Les deux ont un grand pouvoir en Belgique et le Congo-Belge est leur pays. Elisabeth a trois enfants: deux garçons et une fille. Leurs noms sont: Léopold, Charles et Marie José. Elisabeth est généreuse, et charitable envers les gens. Un célèbre sculpteur belge du nom de Laermans, était très apprécié par Elisabeth. Un jour Laermans souffrait des maux des yeux et près de devenir aveugle. Elisabeth eut pitié de lui et l'aida personnellement. Un autre jour, elle avait rencontré une femme pleurant sur la route, elle s'était arrêtée pour lui demander le pourquoi de ses pleurs. La femme répondit: "Je suis dans le besoin car mon mari est malade et nous sommes dépourvus d'argent; notre créancier voudrait mettre un terme à notre contrat suite à l'impaiement du loyer et nous n'avons pas encore trouvé un autre". Elisabeth est partie avec elle jusqu'à la maison, et elle a payé tous les frais au bailleur et la femme sortait calmée. Elle avait toujours posé des actes charitables. Les Belges disent que c'est leur mère et ils l'apprécient beaucoup. Pendant la guerre elle était à côté de son mari pour soigner les soldats blessés; elle avait toujours pensé à eux et les avait à tout moment assistés. Une autre façon d'assister les soldats était l'approvisionnement des alimentations et des pharmacies. Après la guerre, Elisabeth était partie aider les villes endommagées et elle avait débloqué beaucoup d'argent pour trouver des maisons à ceux qui n'en avaient plus. Autre chose qu'elle préfère, c'est voler en haut à 1'aide de la machine à voler appelée avion et elle n'a pas peur. Quand elle voyage de la Belgique à l'Angleterre, elle n'utilise pas les moyens de transport terrestres mais elle va par avion. Elisabeth n'ignore pas les problèmes du Congo-Belge. Il n'y a pas longtemps, une enseignante (2) du Congo l'avait rencontrée dans son domicile en Belgique, et elle lui avait remis les habits confectionnés par des enfants congolais puis Elisabeth avait pris ces habits et la remercia; elle s'était entretenue avec cette enseignante. La ville où habite cette femme est Talemba. (3) Elisabeth est encore vivante et forte, elle fait beaucoup de réalisations et voyages avec joie; elle est très honorée.
"Une femme parfaite dépasse son poids en celui du rubis". "Ses enfants sont débout, ils l'honorent, elle est bénie et son mari l'apprécie.'' Proverbes 31,10,28
NOTES 1. Textes parallèles dans Ekim'ea nsango, Bolenge, 14(1927)1, 5-8; 15(1928)14,17; 15(1928)4, 1-3, 20(1933)1, 12-13, 2. "une enseignante" en lomongo " bolaki ow'omoto " (un enseignant féminin). Le mot bolaki était utilisé aussi pour le " prédicateur-pasteur " européen. Il s'agit donc probablement de la femme d'un pasteur de la Baptist Missionary Society, établi à Talemba. 3. Talemba, poste de la Mission de la Baptist Missionary Society, fondé en 1908, près de l'embouchure de 1'Aruwimi, sur le fleuve Congo-
J-55: LE GOUVERNEMENT DE LA BELGIQUE, 1. LES GRANDS FAITS HISTORIQUES, 7e partie (Les Abandia, Frères de Saint Gabriel, Bondo, 1936, p. 38).
1. Les Grands Faits Historiques Avant de mourir Léopold II remet aux soins de la Belgique l'avenir du Congo (1908). L'année suivante son neveu Albert I devient le roi des Belges. En 1914 les Allemands attaquent la Belgique, puis son Congo. C'est la grande guerre 1914-1918. Sous la conduite de leurs officiers les soldats Noirs, parmi lesquels on compte des indigènes de tous les coins du Congo, remportent de brillantes victoires. Depuis la Belgique gouverne deux nouvelles régions: le Ruanda et Urundi, situés à l'est des terres congolaises. Albert I, ce roi connu et aimé dans le monde entier, meurt accidentellement en 1934. Dès lors son fils Léopold III nous gouverne. Pensée: Dieu protège la libre Belgique et son Roi.
2. La famille Royale Notre roi Léopold III gouverne la Belgique, le Congo-Belge et Ruanda-Urundi. Il demeure à Bruxelles et monta sur le trône en 1934 à la mort de son regretté père: le roi Albert I. Hélas, notre souverain ne devait pas goûter longtemps les joies de la famille. Après une bonne année de règne son épouse la reine Astrid meurt accidentellement le 29 août 1935, à l'âge de vingt-neuf ans. Elle laisse trois petits orphelins: la princesse Josephine-Charlotte et les princes Baudouin et Albert- La famille royale est catholique (2). Léopold III aime beaucoup les Noirs. Plusieurs fois il est déjà venu les visiter, et les nouvelles du Congo l'intéressent toujours au plus haut point. Honorons notre roi; obéissons-lui; que Dieu l'assiste et le guide dans ses multiples travaux. Pensée: Vive notre roi Léopold III! Vive la famille royale.
NOTES 1. Un texte un peu plus élaboré utilisé dans les mêmes écoles : Toyekola Lingala. Buku ya babale, Bondo, 1938, J.56, leçon 26, p. 125 2. J.9 et J.10 qualifiaient déjà toute la famille royale d'Albert comme étant catholique. Ici et dans J.7, Léopold III et sa famille en reçoivent le même qualificatif. On souligne qu'il est marié religieusement dans J. 4 et J. 7b. Le Buku ea mbaanda (J.4) y ajoute qu'il est pratiquant et qu'il a une église dans son palais. Baudouin est un fervent chrétien pour J.7b.
J-10: [LEOPOLD III et ASTRID], leçon .52 (Buku na kuyekola botangi na lokoma o lingala, Frères Maristes, Buta, s.d. (1936, 4 éd) p. 77-78 (1).
Léopold III est le roi des Belges et des Congolais. Il connaît et aime notre pays. Il veut notre bien-être. Astrid est la femme aimée de notre roi. Elle aima des Noirs, sincèrement!. Chaque année elle envoyait au Congo de 1'argent pour nourrir les malades à l'hôpital. (1) Elle est morte le 25 août 1935. Les Belges et les Congolais en ont été très affligés. Leurs enfants sont: Joséphine-Charlotte, Baudouin et Albert. Prions le Seigneur pour notre chef, puisé-t-il bénir son travail, puisse-t-il bénir aussi notre pays. N'oublions jamais la mémoire de la reine Astrid dans nos prières. Incluons dans notre cœur sur le roi Albert 1, père de Léopold III. Lorsque les gens ont pris connaissance de sa mort, ils se sont profondément émus, car c'était un homme intelligent et un chrétien au cœur droit. N'oublions pas la reine Elisabeth, elle qui nous aime et nous aide avec son argent (2).
NOTES 1. Texte parallèle des protestants dans Ekim'ea nsango, Bolenge, 21(1934)3, 1-3; 22(1935)4, l.; 23(1936)4, 1.4. 2. Allusion au Fonds Reine Elisabeth, pour l'Assistance Médicale Indigène (FOREAMI) doté en 1930 par l'Etat belge et par un don de la Reine-Élizabeth suite à son voyage au Congo en 1928. Dans J.3, protestant, c'est sa charité et sa compassion qui y sont évoquées.
J.7a: LE ROI, leçon 19 (Buku botangi na bangala na Uele, degré inférieur: IIe année), RR PP Dominicains, Niangara, 1948, p.45)
19. LE ROI Le nom du Roi, notre grand chef Léopold III (1). Il s'est déjà marié à une seule femme nommée, Astrid. Tous les deux sont chrétiens, et sous les yeux de Dieu, ils ont eu trois enfants appelés: Baudouin, Joséphine-Charlotte, Albert. Léopold III a déjà visité l'est du Congo, car il y a juridiction aussi. Il y a nommé des gouverneurs pour l'administrer. Il convient que les gens de partout se soumettent à la volonté de Léopold III, le grand chef.
NOTE. 1. Il est étonnant de lire que "partout les gens se soumettent à la volonté de Léopold III" a un moment où celui-ci était empêché de régner et même d'entrer dans son pays. La version de 1953 (J-58) est déjà adaptée bien qu'on y maintienne la photo de Léopold III.
J.58: LE ROI DES BELGES, leçon 16 (Mambi ma botangi, III, Lisala (Scheut), 1953, p. 30-32.
A la date du 16 juin 1951, le Roi Léopold III a légué son pouvoir à son fils. Le 17 juin, le Prince Baudouin commença à régner sur la Belgique et sur le Congo, appelons-le désormais Roi Baudouin I. Il commence un grand travail alors qu'il est encore jeune, mais son courage lui fait convenir à ce travail. Ecoutez les paroles qu'il a prononcées devant toutes les autorités de la Belgique: "Les Rois qui jadis ont régné sur la Belgique juraient d'observer toutes les lois de la Belgique, de défendre l'indépendance de notre pays; quant à moi, je ne jure que cela; je vais me consacrer à mon travail, au devoir de servir le pays. Quand mon père était Roi, la Belgique a connu des événements effroyables. Je loue le courage de nos soldats et de nos compatriotes; j'honore avec respect la mémoire de ceux qui sont morts pendant la guerre pour défendre la patrie. " Les gens de notre pays ont vraiment souffert, mais la Belgique est restée un pays souverain, un pays glorieux. Les ennemis n'ont pas ravi la Belgique ni le Congo. Nous sommes restés avec notre propre Constitution. Dans nos cœurs un seul désir: que nous restions indépendants, que nous soyons heureux ". " Mon père Léopold s'est donné tout entier au pays. Il a étonné les gens, car il a évolué dans le sens de l'honneur, il n'a cherché que le bien du pays, pas le sien propre. Je remercie les Belges du fait qu'ils l'ont honoré à cause de cela. Je commence mon travail pendant que tous nos compatriotes ont un sentiment d'unité, cela m'encourage. Toute entreprise qui fait progresser le pays et qui génère de nouvelles connaissances, je vais les encourager. Mon père m'a conseillé à observer toutes les lois et les usages de l'autorité. Je vais les observer avec soin. Puisse Dieu m'aider à faire jouir le bonheur à notre pays ". Ce sont les paroles d'un jeune, mais au coeur adulte. Que nous aussi aimions et honorions notre roi ! Prions Dieu qu'il protège la Belgique et le Congo, qu'il protège soigneusement notre Roi Baudouin I.
J-7b: LE CHEF, leçon 19 (Buku na botangi 1-2, Dominicains, Niangara 1953, p.50-51)
Notre premier chef était Léopold III. Il s'est marié religieusement avec une seule femme; son nom est Astrid. Dieu les a aidés avec 3 enfants: Josephine-Charlotte, Baudouin et Albert. Léopold: s'est adonné à son devoir. Ainsi il a déjà cédé le pouvoir aux mains de son enfant, Baudouin. C'est ainsi que Baudouin est maintenant notre chef. Il est un bon souverain et un fervent chrétien. C'est lui qui nous a envoyé des chefs blancs pour sauvegarder notre territoire. Prions Dieu afin qu'il bénisse notre chef.
J.52: L'IMPOT, leçon 43 (Exercices de langage lingala-français te français-lingala, Frères Maristes, Liège 1925, p.144-146)
Nous payons l'impôt. Beaucoup d'indigènes n'aiment pas à payer l'impôt parce qu'ils ne savent pas à quoi l'Etat le destine. Que fait-on avec cet argent? Avec cet argent: a) On construit des camps pour les soldats, on leur donne des habits, de la nourriture, des fusils, et on les paye mensuellement. b) On paye les chefs. c) On paye les médecins qui soignent et guérissent les malades. d) On paye tous les frais pour l'instruction des Noirs dans les écoles officielles. e) On fait de bonnes routes. f) On paye tous les travaux qu'on exécute pour l'unité de la collectivité. Les Blancs payent aussi beaucoup d'impôts. Les revenus de l'impôt ne suffisent pas pour payer toutes les dépenses de l'Etat. Mais le Gouvernement complète ces revenus par d'autres moyens. Quand nous voulons payer l'impôt, le collecteur demande: Quel est ton nom? Quel est ton prénom? Quels sont tes surnoms? Quel âge as-tu? Quelle est ton occupation? Quel est le nom de ton père? Quel est le nom de ta mère? Quel est le nom de ta femme? Combien d'enfants as-tu? Comment s'appelent-ils? De quelle tribu es-tu? Quel est ton village? Quel est ton chef?
J.25: LES RAISONS DES CORVEES DE L'ETAT, leçon 33 Mateya ma lisolo, III. Livre du maître, Lisala, 1948, p 28.
33. LES RAISONS DES CORVEES DE L'ETAT A. Pourquoi les gens cultivent-ils le riz? Lorsque l'Etat fait planter le riz quel but poursuit-il pour les gens? (l'argent et la nourriture). B. Ainsi, la culture du riz n'est pas un travail en rapport avec la nutrition? Dès lors comme l'Etat ne donne pas de crédit pour planter le riz, n'allez-vous plus planter le riz? A. L'habitude de planter le riz ne nourrit-elle pas le pays? Ainsi la culture imposée du riz n'est-elle pas une bonne loi? B. Ne voulez-vous pas que votre plantation produise beaucoup de riz? Ainsi, n'allez-vous pas bien entretenir votre plantation? A. La souffrance qu'engendre le travail, est-elle vaine? (Non, maître, la souffrance fait gagner de l'argent, endurcit le corps, et fait expier les péchés). A. En faisant cultiver le coton, l'Etat nous éduque-t-il aussi? Que fabrique-t-on avec le coton? (Les vêtements). B. Citez quelques vêtements fabriqués à partir du coton : (Amerikani, l'indigo drill, la cretonne indigo, les couvertures, les tissus pour femmes, etc.). Où fabrique-t-on ces vêtements? (Kinshasa). A. Ainsi, en faisant cultiver le coton, l'Etat ne nous fait-il pas habiller? Le monde devient agréable à cause du riz et du coton. Ne devons-nous pas nous en réjouir? B. Dieu ne nous nourrit-il pas et ne nous habille-t-il pas dans notre propre pays? Ne sont-ce pas de travaux des tortures? (Non). B. L'Etat ne nourrit-il pas le pays? A. Les hévéas que l'Etat a fait cultiver, n'est-ce pas un devoir? Citez les produits tirés de l'hévéa : (Des chaussures, pneus, chambre à air, des ballons, des pipettes, des ballons d'oxygène, des imperméables, etc) B. Notre pays a-t-il besoin d'héveas? Dès lors avec toutes ces oeuvres, l'Etat ne nous entretient-il pas? Ces travaux ne sont-ils pas à notre intérêt? N'allons-nous pas nous y soumettre? Devoir: 1. Pourquoi 1'Etat fait-il cultiver le riz? 2. Pourquoi l'Etat fait-il cultiver le coton? 3. Pourquoi l'Etat fait-il cultiver l'hevea? 4. Qu'entretient l'état? 5. Le travail de l'Etat, n'est-ce pas une grande oeuvre?
J.25: S'ENREGISTRER AUPRES DE L'ETAT. Leçon 34 (Mateya ma lisolo, II, livre du maître, Lisala 1948, p.29
A. Qui gouverne notre pays? (L'Etat). Si l'Etat ne connaît pas sa population, va-t-il bien gouverner? B. Ainsi, ne convient-il pas que toute la population s'enregistre? Lorsque l'Etat recense, que veut-il connaître? (Les noms des personnes, leurs langues, leurs occupations, leurs habitations). A. Si l'Etat instaure ce système, ne va-t-il pas nous protéger convenablement? Et si quelqu'un est tué, les coupable sera-t-il protégé? A. Que le registre de l'Etat contienne les noms de toutes les personnes. Tous doivent se faire enregistrer. L'Etat va-t-il connaître votre nom? Qu'écrit-on dans le registre? (Nom, père et mère, village, secteur et District, les noms des garçons et des filles). A. Que font les parents lorsqu'un enfant est né? Le père peut-il encore y aller si l'enfant est décédé? B. Qui détiennent le livret d'impôts? (Maître, les hommes adultes détiennent le livret d'impôts). Enfants, que chacun garde soigneusement ce livret et l'emporte partout où il va. Sinon, on est arrêté. Si quelqu'un perd son livret d'impôts, qu'il aille chercher un autre, mais il paiera un peu d'argent. Celui qui quitte son village pour un séjour prolongé de plus ou moins un mois, doit se faire livrer une autorisation de l'Administrateur du Territoire. Le Blanc inscrit cet acte dans son livret d'impôt pour qu'un autre Blanc en prenne connaissance. Celui qui ne remplit pas cette formalité sera en prison ou paiera une amende. Un homme au cœur juste obéit à toutes les autorités. Devoir 1) Citez deux oeuvres par lesquelles l'Etat gouverne notre pays? 2) Comment l'Etat connaît-il la population? 3) Qui se font délivrer un livret d'identité? 4) Lorsque l'Etat gouverne, ne peut-il pas connaître les gens? 5) Les gens ont-il la permission de quitter leurs villages un peu plus longtemps?
J.23: IMPOT, SOLDATS, ADMINISTRATION DU TERRITOIRE, Leçon 36 (Mateya ma bomonisi, Manuel du maître, Lisala, 1955, p. 93)
Préparatifs: Le maître prévoit un livret d'impôts, une photo de soldat, et une photo de policiers. Il préparera le cœur des enfants à la soumission. Que les enfants comprennent le devoir d'aider l'Etat à rendre le pays prospère : les corvées et l'impôt.
1. Mes élèves, l'entretien du pays est un grand travail. C'est bien que les hommes s'entraident pour le développement du pays. Pour cela, les hommes adultes payeront 1'impôt selon la loi. 2. Où va l'argent de l'impôt? Cet argent ne va jamais, même en partie, en Europe; ça reste ici. Avec cet argent, on construit partout les maisons de l'Etat, des dispensaires, des pharmacies, des écoles. On achète des produits pharmaceutiques. On paie les chefs, les juges, les soldats, les greffiers, les policiers, les messagers, les moniteurs agricoles et les autres. On paie une partie du salaire mensuel des enseignants. Avec cela, on paie les cantonniers et ceux qui entretiennent les ponts. Avec l'impôt on payera aussi tous les Blancs. Si ce n'était pas l'impôt, l'aménagement du territoire n'existerait pas. L'impôt est nécessaire. 3. L'Etat entretient aussi les militaires. Ceux-ci gardent le pays, aident les dirigeants; interdisent les troubles, mettent fin à des guerres. Lorsque le pays est dans l'insécurité, ce sont les militaires qui livreront des guerres sur instruction de l'Etat. 4. L'administrateur donnera des ordres aux chefs. Les chefs enverront les policiers dans les villages. Les enfants verront que les villages sont entretenus grâce à tous les hommes. Les hommes respectent les paroles de tous les chefs. Ne seront punis que tous ceux qui manqueront le respect aux ordres.
J.23. L'AGRICULTURE ET LE COMMERCE, leçon 37 (Mateya ma bomonisi, Manuel du maître II, Lisala, 1955, P-96-97)
Préparatifs: Dans cette leçon, le maître fera grandir l'intelligence des élèves. Qu'ils connaissent la valeur de leur pays ! Qu'ils aiment les travaux agricoles. L'agriculture fait gagner à l'homme l'argent avec joie. Que les élèves aiment le travail. Leçon proprement dite 1. Le maître rappellera la leçon n°15 (l). Là, il enseignera les richesses du pays. Il demande quelles sont ces richesses du pays : le sol et le sous-sol, la flore et la faune. Il le demandera en bref. 2. Nos parents ne connaissent pas encore la valeur de notre pays. Les Blancs nous ont révélé la puissance de notre pays. Mais nous ne bénéficierons de grands revenus que par le travail du Blanc. Ceux qui auront peu de travail n'en bénéficierons pas. 3. Le pays peut faire produire l'argent. Ecoutez un peu les Blancs de l'agriculture (2) sont venus prospecter la forêt et le sol. Ils ont remarqué certains sols qui convenaient pour le coton, d'autres pour le riz, d'autres encore pour l'hévéa, d'autres enfin pour l'arachide, etc... Ils ont aussi indiqué la voie pour mettre le pays en ordre, pour avoir de bonnes familles. C'est pourquoi chaque personne est obligée à avoir un travail. Laisser la terre sans rapport ne convient pas. Susciter l'argent de la terre pour que vous ayez la nourriture et les vêtements, pour que vous ayez l'argent pour payer l'impôt et la propagation de la foi, n'est-ce pas bien? 4. Ainsi le travail du Blanc de l'Etat, qui consiste à faire cultiver le coton, le riz et l'arachide, est utile. C'est comme pour éduquer les gens à gagner de l'argent. Ces cultures font bénéficier aux Noirs beaucoup de gains. Elles accroissent l'économie du monde entier. 5. Les grandes routes ont fait réellement souffrir nos parents et nos ancêtres. Mais de nos jours, elles conviennent aux véhicules qui transportent le coton, le riz et nos divers produits. Autrefois, les routes étaient mauvaises, les autos transportaient des poids lourds et chemin faisant, ils passaient plusieurs fois la nuit en cours de route. Aujourd'hui un véhicule parcourt tout ce trajet en une journée. Quel plaisir ! Tous les hommes se réjouissent de ces routes. Si jamais tu avais un vélo, ne te réjouirais-tu pas de cette route? Ainsi, si jamais le chef convoquait encore (les gens) pour entretenir la route, ne l'accepterais-tu pas? 6. Aimons le travail. Ayons la soif de l'agriculture. Ce travail fera fuir le dégoût et les tentations, soutiendra le corps. Les travaux des chefs ne sont pas une corvée, mais c'est comme un commandement de Dieu.
Questions de rappel
- 1. Citez les 3 sortes de terres se retrouvant dans notre pays?
2. Citez trois sortes d'animaux de prairies? 3. Citez trois sortes d'animaux se retrouvant dans les for@ts de notre pays? 4. Qui nous a montré la richesse de notre pays? 5. Ceux qui ne travaillent pas, obtiendront-ils cette richesse? 6. Les Blancs ont trouvé de la bonne terre pour quelles cultures? 7. Que veux-tu obtenir en faisant produire la terre? 8. L'Etat, entretient ces gens avec quoi? 9. L'effervescence de l'Etat à imposer des cultures aux gens est-elle vaine? 10. L'agriculture vise quoi pour le pays? 11. Tailler les routes n'est pas un sot métier, pourquoi? 12. Dites le mal des anciennes pistes? 13. Quels sont les bienfaits des nouvelles routes? 14. Les travaux des Blancs sont-ils pénibles? 15. Citez les intérêts du travail pour l'esprit et pour le corps?
Devoir: Les élèves dessinent des routes sur lesquelles rouleront des véhicules et des vélos.
NOTES 1. Leçon 15: " Bana bakotambola o zamba " (Les enfants se promenant dans la forêt). 2. Agronomes.
J.11. TROIS CHANSONS D'ECOLIERS, (Nzembo ya bayekoli, 3ème édition. Frères Maristes, Stanleyville, 1927,6.7.8) (1)
1. Retour des soldats
Refrain : Vous tous Soldats de Bula-Matari Avec joie Vous avez durement combattu Au Ruanda Au Burundi, à Ujiji, à Tabora. Nous, enfants Avec toute joie nous chantons
1. Finie la guerre, vaillants soldats Et les commandants tous ensemble. Ils sont rentrés au Congo, le coeur joyeux Ils ont défilé avec fierté dans leur pays
2. Ils ont retrouvé père, mère, tous les frères, Certains leurs femmes et leurs enfants. Tous éprouvent de la joie Ils rendent grâce à Dieu, puisqu'ils ont survécu
3. Et Bula-Matari bienveillant, a retribué Les soldats qui ont combattu avec Aux uns des décorations Aux autres de l'argent en plus (2) [Air de la chanson: Les voyez-vous les hussards, les dragons]
2. Les soldats du Congo
Refr. Nous chantons Pour vous soldats, Vous avez combattu dans la guerre, Sans avoir peur, Vous avez combattu les ennemis.
1.Oh ! nos ennemis Ont voulu s'emparer du Congo; C'est Bula-Matari Qui a fait appel à vous tous.
2.Avec beaucoup d'empressement les soldats Ont quitté leurs casernes Vers le Tanganyika Ils y sont précédés de la fanfare
3. Avec fusil et munitions Glaive ou sabre ; Ils ont combattu avec énergie Et ils ont battu les ennemis
4. Ils ont pris Rwanda, Kigoma, Ujiji, Urundi Ils sont entrés à Tabora Tous d'une grande joie [Air: Valeureux Liégeois. liederenboek, page 111 Les soldats
3. Les Soldats
refrain: tan ran ran tan tan tan, tan ran ran tan tan tan tan ran ran tan tan tan
1. Frères les soldats arrivent ; Ecoutez leurs clairons; Regardez, mes enfants sur la route Ils arrivent avec fierté, ils ont le même pas, Le fusil à l'épaule, Le sac au dos, Ils arrivent, ils arrivent maintenant.
2. Les soldats de Bula-Matari, Avec le drapeau multicolore Tout droit où vont-ils? Ils vont aux exercices (3) Le commandant les entraîne, Il leur donne les instructions, Les dures instructions des soldats, Des soldats de l'Uele.
3. Beaucoup d'enfants viennent A côté ils se réjouissent ! Ils dansent, ils dansent en paires, Tous s'enivrent de joie ! Maintenant comme des soldats Ils défilent avec fierté Certains devant, d'autres en arrière, Ils dansent avec entraînement.
Air: Le régiment qui passe "Claude Augé", I, p.6
NOTES 1. Les textes des chansons ont été publiés avec commentaire dans le Bulletin de CRAOCA, Bruxelles, 1998, 3,23-27 2. Dans le livret protestant de 1924 (J-31) on nous en donne l'explication (p.111-112) "Un soldat, atteint d'une maladie pendant l'exercice de ses fonctions ou à l'occasion de la guerre, continue à percevoir des "francs". "Après un terme de 7 ans, le soldat reçoit une indemnité de 500 francs".. 3. A Bambili, il y avait un camp d'instruction de la Force Publique à cette époque. Toute cette chanson en évoque la proximité et l'observation des exercices des soldats par les enfants..
J.56: BADAWOLI [Chanson d'écolier] (Tokoyekola lingala, Buku ya babale, Frères de Saint Gabriel, Bondo, 938, 128-129)
1. Badawoli est un soldat Il a vu Kisangani Il a beaucoup étudié au village Tralala, Mes frères, Badawoli est un vrai soldat 2. Badawoli est un soldat Il est aussi un chrétien Son prénom est Mathias 3. Badawoli est un soldat Il vit de l'Etat (1) Il obéit parfaitement au Commandant 4. Badawoli est un soldat Il est un soldat avec élégance Il marche avec fierté 5. Badawoli est'un soldat Il tire au fusil Il arbore un couteau puissant 6. Badawoli est un soldat Il travaille toute la journée Ou'il pleuve ou pas.
NOTE 1. "Il vit de l'Etat". Dans la leçon 48 de J.10, nous lisons ce que cela signifie: "Le commandant des soldats leur donne un fusil, une couverture, un tricot, une culotte et une maison pour dormir. Il leur paie chaque mois. Les soldats ont une ration".
J.10: LES SOLDATS, leçon 48 (Buku na kuyekola botangi na lokoma 0 lingala, Buku II, Frères Maristes, Buta, s.d. (1936?), p. 73
Leçon 48: LES SOLDATS
Beaucoup de soldats sont au Congo. Nous leur donnons aussi un nom: batukutuku. Les soldats font chaque jour les exercices de gymnastique. Ils tirent le fusil très bien. Ils accompagnent les Blancs de l'Etat. Ils veillent jour et nuit. Les soldats sont forts. Ils n'ont -peur de rien; ils arrêtent les hommes mauvais: ils font la guerre. Le commandant des soldats leur donne un fusil, une couverture, un tricot, une culotte et une maison pour dormir. Il leur paie chaque mois. Le samedi, les soldats reçoivent une ration alimentaire.
J.51. LE DRAPEAU, leçon 16 (Mambi ma tanga ndenge na ndenge II, Mpombu (Nieuw Antwerpen, 1920, p.23)
Chaque pays a son propre drapeau, reconnu par ses couleurs. Quant à nous les Belges, notre drapeau est un tricolore: le noir près de la hampe, au milieu le jaune, et à la fin le rouge. Dans chaque station de l'Etat on a érigé une grande hampe pour le drapeau pour indiquer que c'est un poste de l'Etat. Le bateau salue le drapeau par trois coups de sirène, tel est son hommage. A chaque tournée d'un chef dans les villages sous son contrôle, les drapeaux le saluent. Lors des fêtes officielles, on pavoise les maisons de drapeaux. Lors de la procession du Saint-Sacrement, les chrétiens-qui tiennent un drapeau saluent le Roi des rois. Lorsqu'une autorité meurt, on met le drapeau en berne. Le drapeau est hissé devant ceux qui se réjouissent et lorsque les soldats vont en guerre. Après quoi les soldats suivent le drapeau. Ils s'y rendront avec courage à cause du drapeau. Le drapeau est le symbole du pays. Celui qui aime son pays aime aussi son drapeau.
NOTE 1. Autre version légèrement différente dans J.24.
Présentation
Un grand nombre de manuels donne une vue générale sur les habitants de la Colonie. Cette énumération est parfois très incomplète, et ne témoigne pas d'une bonne connaissance ethnologique du terrain. Les appréciations ne sont pas toujours flatteuses. Plusieurs manuels présentent ensuite, dans des leçons séparées, les groupes humains les plus remarquables ou qui peuplent la région où le livret est en usage. En général, ces dernières sont présentées sous une lumière plus positive. Le village est présenté de manière idyllique, le milieu naturel du " bon sauvage " (christianisé bien sûr) Il y a aussi des Blancs dans la colonie qui en tout font le contraste avec les Noirs à qui ils sont donnés en exemple. Les leçons sur les pygmées reprennent toutes les préjugés des bantous environnants.
J.9. LES HABITANTS DU CONGO, leçon 37 (Buku na kutanga o lingala, III, Frères Maristes, Liège, 1927, 30-31)
Les Congolais sont noirs. On n'a pas encore recensé toute la population congolaise. Ils sont des milliers. Ils sont de toutes sortes: les Basolongo, les Bakongo, les Bateke, les Bangala, les Bapoto, les Basoko, les Babua, les Azande, les Bakango, les Bangbetu, les Batikitiki ou Baka, etc Les Basolongo sont situés près de l'océan. Les Bakongo, en aval, à Boma, Matadi, Kisantu, à la rive gauche du fleuve. Ce sont des porteurs et des travailleurs courageux. Les Bateke sont à Kitambo. Ils sont de fins commerçants. Les Bangala sont à Mankanza, Mobeka, Lisala et Bumba. Ils sont de grande taille. Ils font beaucoup de tatouages au front et près des oreilles. Ils rasent leurs sourcils et se font tailler des dents. Ils n'ont pas peur d'aller en guerre. De nombreux Bangala ne sont-ils pas des soldats de l'Etat? Ils sont, eux, des gens intelligents. Les Bapoto et les Basoko sont les frères des Bangala. Ils portent aussi des tatouages. Ils créent de grands villages. Ils font du bien aux gens. Ils fabriquent des lances et des couteaux. Ils capturent beaucoup de poissons. Les Babua, Bazande, Bakono, Bangbetu sont des gens de l'Uele.
J.28. LES HOMMES DU CONGO, l. Du côté de l'ouest (1), J. and E.E. Carpentier. Banto ba monde, C.B.M., Bongandanga, 1929, p.31-32)
Dans la page qui vient de s'achever, nous avons lu les histoires d'autres personnes qui ont vécu dans les pays de l'est au sud du désert (2. Ils surpassaient certains groupes de l'Afrique noire en connaissances. Dans ce chapitre, nous allons lire les histoires d'autres gens qui habitent dans l'ouest de l'Afrique Centrale. Il y a un pays autour d'un grand fleuve Congo où ils habitent. Ce n'est pas un petit pays au bord d'un seul fleuve comme l'Egypte; mais c'est un très grand pays et il y a beaucoup de grands fleuves. Ces fleuves se jettent dans le très grand fleuve appelé Congo; toutes ses eaux se jettent dans la mer. Dans ce pays, la chaleur est plus forte qu'en Ouganda, mais à cause de la chaleur et de l'eau, on y trouve de grandes forêts. Là où il n'y a pas d'arbres le maïs pousse bien et dépasse même la taille de l'homme. Dans les forêts du Congo, il y a des animaux sauvages comme le lion, le léopard, l'éléphant, l'hippopotame et autres. Ces animaux sauvages peuvent être mangés; les Congolais mangeaient tous ces animaux. Nombreux vont souvent à la chasse dans la forêt pour chercher le gibier, et des peaux.
NOTES 1. Le sous-titre en lomongo: Wiji wa ilelo ea jefa se traduit littéralement comme: Du côté du coucher du soleil (D-807), donc l'ouest. Situer le Congo (Belge) du côté ouest de l'Afrique (centrale) est une approche typiquement anglaise. 2. Dans les pages précédentes, on avait présenté l'Egypte, le Sahara, 1'Afrique du nord, l'Uganda.
J.4: LES PEUPLES DU CONGO, leçon 96 (Buku ea mbaanda, Mbandaka, 1935, p.60-61)
Les gens pensent que les pygmées ou négrilles étaient venus habiter le Congo avant d'autres tribus. Certains peuples sont nombreux dans un même grand groupe. Les Blancs l'appellent du nom de Bantou. On les divise en trois parties : les Bantous de la mer, les Bantous de la forêt et les Bantous de la Savane, selon leur habitat. Une autre division en trois groupes: les Bantous du sud, les Bantous de l'est et les Bantous de l'ouest. Parmi les Bantous de la forêt ou de l'ouest nous rencontrons beaucoup de tribus. Quelques-unes sont très peuplées. Citons-en quelques-unes unes: notamment les Nkundo ou Mongo et d'autres tribus qui leur sont proches, c.à.d., les Mbole et les Elinga. Les Nkundo ou Mongo habitent les contrées sur les bords de la Jwafa, de la Luilaka, de la Lulonga et de la Lokenye jusque sur les bords de la Lomami et la savane du Sankuru. Les tribus avec qui ils sont apparentés sont: les Batetela, les Bakusu, les Lokele, les Topoke et les Bafoto. Sont apparentés aux Elinga, les Basoko, les Bangala (2), les Bobangi; ils habitent- le fleuve Congo et les bords de l'Ubangi. Certaines -tribus dans ce groupe sont Babua et Mangbetu dans les Uele. Et beaucoup d'autres tribus dans les colonies de la France. La tribu apparentée avec les Basoko est Wangenia. Elles sont toutes de vrais riverains. Ils habitent les rives de Tsingitine, c à d le fleuve Congo en aval ou en amont de la ville de Kisangani. Ils sont très habiles aux travaux de la pêche. Les Bakuma restent au delà de Kisangani. Les Bantous de la savane se divisent en quelques grandes tribus: des Bakongo et les Bateke en aval du fleuve Congo. Des Bayaka et Bampende habitent l'affluent Kwango et Kwilu. Des Batsoko sont dans l'aval, ils sont très féroces. A l'est d'eux nous trouvons des Basilele et des Bakuba. Ceux-ci sont habiles pour la sculpture et dans la fabrication des pots. En amont d'eux habitent les Baluba. Ils habitent au Kasai au Katanga. Des Balunda habitent de leur côté. Entre la Lualaba et Tanganyika il a beaucoup de petits groupes. A 1'est nous trouvons des Balundi. Au nord du Congo nous trouvons un autre groupe qui est près de nous, ce sont des Ngombe. Près des Ngombe nous avons les Ngbaka, les Ngbandi, les Buja et quelques autres groupes. Mais beaucoup groupes sont au-delà de la frontière du Congo.
NOTES 1. Dans ce même livret de lecture, l'auteur présente spécialement les groupes suivants : Les Nkundo, les Mbole. (Qu'il qualifie d'apparentés aux Mongo), les Ngombe, les Bongando, les Elinga, les Batswa. 2. Hulstaert utilise ici l'ethnonyme Bangala dont il combattra l'existence en tant qu'ethnie pour le reste de sa vie.
J.28. LES HOMMES D'AFRIQUE. Notions Préliminaires (Banto Ba Monde, J. and E.E Carpenter, C.B.M., Bongandanga, 1929, p. 3-6)
Dans ce livre, nous lisons les premières histoires des hommes habitant dans notre continent d'Afrique. L'Afrique est un grand continent mais personne n'était arrivé dans tous ses endroits. Mais certaines gens étaient arrivés dans d'autres coins et d'autres encore dans d'autres endroits, d'Afrique, et ils avaient raconté les histoires des pays où ils avaient vécu. Si l'on se met débout partout où nous vivons en Afrique et nous cherchons là où le soleil se lève, nous voyons ce qu'on appelle "Est". Puis nous marchons des journées en journées et nous arriverons dans les grandes eaux salées qu'on appelle "mer"; du côté du nord, il y a une mer, et dans le sud, la même chose. Partout où nous allons, nous atteignons la mer, mais nous mettrons plusieurs mois en cours de route. Dans ce voyage, nous nous croiserons avec plusieurs personnes de différentes sortes. D'autres côtés, il y a plusieurs fleuves. D'autres parts des collines que l'on appelle "montagnes". Il y a encore, de grandes terres, sans herbes ni fissures. Dans tous ces côtés, il y a des demeures des hommes, et ces gens construisent leurs maisons de différentes manières et leurs aliments et leurs habits sont différents. Nous voulons connaître l'histoire de ce continent et des hommes qui y habitent car nous, nous sommes originaires d'Afrique. Ces hommes sont des vieux et jeunes, hommes et femmes comme chez nous, mais leurs langues sont différentes des nôtres. Certains sont blancs et d'autres noirs, et les langues qu'ils parlent sont aussi différentes. Mais, ils construisent des maisons, ils mangent et s'habillent de différents habits, mais nous voulons nous habituer de leur comportement. Dans ce cas, nous allons lire dans ce livre les histoires de certains d'entre eux et leur comportement. Nous aurons l'occasion de nous étonner de la façon de vivre de chacun. Lorsque nous lisons nous nous souviendrons de ces hommes sont là, et si nos forces nous permettent, nous pourrons arriver chez eux, et les voir de nos propres yeux car ils sont tous nos frères d'Afrique. A l'époque, plusieurs hommes d'Afrique n'avaient pas eu passage chez les autres habitants du monde, parce qu'il y a la mer et les grands déserts. Durant ces temps, la rencontre avec les hommes d'Europe et d'Asie pour prendre connaissance de ce qu'ils font chez eux, n'était possible qu'aux seuls habitants d'Egypte. Pour cela les Egyptiens augmentèrent leur savoir et leur intelligence. Par contre d'autres Africains qui vivaient dans les pays du sud du grand désert n'avaient pas ce savoir sauf leur propre intelligence. Depuis lors, les Arabes ont commencé à traverser le désert à la recherche de l'or et des esclaves Noirs d'Afrique. Ces Arabes les avaient un peu instruits. C'est alors qu'après eux, les Européens ont traversé la mer avec de grands bateaux. Au début, ils étaient des commerçants comme les Arabes, mais ils avaient planté de grandes plantations de cotons et de tabac, car ces plantes ne poussent pas chez eux. Ils ont remarqué que les Noirs d'Afrique n'avaient pas des connaissances requises et vivaient sous la peur quotidienne d'autres peuples dont ils redoutaient des invasions guerrières. Après, les peuples d'Europe conclurent des pactes avec des chefs, raison pour laquelle des "Gouvernements d'Europe sont aujourd'hui dans plusieurs pays d'Afrique; ils interdisent des guerres et des assassinats. En Afrique du Nord, les Gouverneurs sont affectés par la France. Au Congo, ils étaient affectés par la Belgique, la France et le Portugal. Certains pays d'Europe envoient des hommes en Afrique pour instaurer la paix pour que chaque homme organise son commerce. L'arrivée des Européens a changé certaines affaires pour les gens d'Afrique. Dans l'ancien temps, tout le monde se livrait à la guerre; il y avait la destruction de certaines régions, les autochtones s'entretuant ou se faisant des esclaves. Actuellement finies les guerres, mais abondance d'activités. Il y a augmentation de la population et la terre n'est plus suffisante pour donner des grandes surfaces comme avant. Les Européens préfèrent qu'ils travaillent dans leurs grandes plantations. D'ailleurs actuellement les Africains désirent des biens qu'ils n'avaient pas auparavant, et cherchent de l'argent pour s'en procurer. A cause de cela, le travail a remplacé les guerres. Et les Européens n'acceptent pas que ceux qui ont une parcelle d'autorité accusent faussement les gens comme auparavant; ils ont interdit des guerres, et ont entretenu des routes; Ils ont jeté des ponts pour que les gens se déplacent aisément et rapidement. Personne n'accepte d'abandonner l'ancien système, mais comme les jeunes commencent à imiter le système actuel, les vieux trouvent cela mauvais; au demeurant, l'arrivée des Européens en Afrique a été bonne pour les Africains, parce qu'il n'y a plus de guerres et certaines mauvaises habitudes comme l'esclavage et la tuerie sont terminées.
J.21. LES TRIBUS DU CONGO. Leçon 18 (Botondoli mambi ma nse, V, Lisala 1944, p.14
Causerie: Mes enfants, nos ancêtres n'étaient pas dans ce pays. Ils l'ont plutôt ris par la force. Des personnes qui vivaient ici: les Batswa, gens de petite taille. Quelques-uns uns sont restés dans la province de Kisangani et dans d'autres petits villages. Alors d'où viennent vos ancêtres? Certains viennent du nord et du sud. Peut-être ont-ils fui de ce côté. Au Congo nous voyons les gens suivants : 1. Les Batswa dans la forêt. (Le maître va écrire le nom au tableau). 2. Les Soudanais au nord du Congo: Azande, Ngbaka, Bganza, Ngbandi 3. Les Bantu dans presque le Congo entier. Voici les différentes sortes de ces hommes: Budja, Ngombe, Mongo, Nkundo, Bakuba, Batetela, Bena-lulua, Baluba, Bakongo et d'autres. 4. Les Hamites: Watutsi et Warundi (des hommes géants à l'Est). Le maître montrera la contrée de chacun sur la carte, les enfants vont copier dans les cahiers les sortes des hommes)
J-7b::LES HOMMES DU CONGO, leçon 20 (Buku na botangi, I,2, Niangara, 1953, p..51-53)
Nous trouvons au Congo les Noirs et les Blancs, mais les Noirs sont les vrais propriétaires de ce pays. Ils se répartissent en deux grandes sortes : Les Batikitiki (les pygmées), les anciens habitants du Congo, ensuite la grande diversité arrive après les pygmées. Les Pygmées se sont dispersés dans toutes les grandes forêts ; on les retrouve chez nous ici à Watsa, Ingi, Bolisi, Medze et Viadana (1). Ils sont courts, la couleur de leur corps est claire, une grosse tête, un cou court, un nez plat, beaucoup de poils au corps, les jambes courtes et les bras longs. Ils sont très habiles pour tuer les gibiers. On les appelle avec autre nom: Bamambule ou Baaka. D'autres genres de peuples noirs étaient venus après les Bamambute. Ils venaient d'autres pays. Comme les gens d'ici ils sont à la recherche des terres fertiles ou pour exploiter les hommes qui étaient ici avant. Les Bamoye sont des hommes très grands, leurs têtes très grosses, un grand front, les lèvres épaisses, la couleur de la peau est claire et peu noire. Les grands peuples de Bamoye que nous avons trouvés ici chez nous sont: Zande, Madi, Barambo, les Mangbetu, les Mayogo, les Banghe, les Bari, les Mamvu, les Mangbutu, les Logo, les Walese, les Makere, les Baka et quelques autres encore.
NOTE 1. Il s'agit ici des Pygmées de l'Ituri, décrits par Schebesta. L'auteur de la leçon ne semble connaître que les Pygmées de chez lui, mais évidemment les Pygmées sont dispersés dans toute la forêt équatoriale.
J.9: LES BAKANGO, leçon 40 (Buku na kutanga o lingala, III, Frères Maristes, Liège, 1927 (3e éd.), p.33-34
Les Bakango bâtissent leurs villages sur les rives ou sur les îles de l'Uélé. Habitués à l'eau dès leur enfance, ils sont d'excellents nageurs. Ils sont aussi des pagayeurs très forts et très adroits. Descendre, remonter l'Uélé au milieu des pierres et de grands rapides n'est pas chose très difficile à leurs yeux. Pendant la saison sèche ils n'abandonnent pas l'eau. Ils construisent des huttes sur les rochers, au milieu de la rivière. Ils prennent beaucoup de poissons. Ils tuent des hippopotames et des crocodiles. Quand un éléphant arrive dans une eau profonde, ils le tuent avec leurs lances. Ils tressent des filets, se font des pagaies, et de bonnes pirogues. Parmi les Bakango il y a aussi des cultivateurs et des forgerons. Tous sont renommés pour leur courage.
J.9: LES BABUA, leçon 39 (Buku na kutanga o lingala, III, Frères Maristes, Liège, 1927 (3 éd., p. 32-33)
Les Pays des Babua est situé à la rencontre des affluents Uélé Bamokandi et Rubi. Les Babua sont gros, forts; ils sont nombreux. Ils font de tatouages, aiguisent les dents, trouent les oreilles, utilisent de l'huile pour le corps. Ils tuent beaucoup d'animaux et capturent les poissons. Ils défrichent de gros champs, mais loin du village. Ils cultivent les bananes le riz, le manioc, le maïs, le sorgho, 1a canne à sucre. Leur sol est un sol très fertile: ça produit beaucoup de choses. Leurs forgerons forgent des lances, des haches, des houes, de grandes et petites machettes. Les femmes fabriquent des paniers, tissent des cordes, des chaises et des lits. Les Babua et les Bambili aiment transporter les malles et récoltent beaucoup de caoutchouc. Les Babua construisent de gros villages le long des routes. Ils n'ont pas peur de leurs chefs comme les Azande. C'est honteux ! Les grands chefs Babua envoient leurs enfants dans les écoles de Buta. N'est-ce pas sage?
J.28: LES OUGANDAIS, leçon 2 (J. and E.E. Carpenter, Banto ba Monde, C.B.M., Bongandanga, 1929, p. 26-28) (1)
Les Ougandais sont des Noirs d'Afrique. Ils sont tous comme d'une même famille et parlent la même langue, mais ils sont entourés par d'autres peuples d'Afrique, et ceux-ci parlent d'autres langues. Depuis l'arrivée des Blancs d'Europe en Ouganda, il s'est passé à peu près soixante ans et ils trouvèrent des habitants de ce milieu encore jeunes. Avant l'arrivée de ces Blancs, les peuples d'Afrique Centrale livraient chaque fois des guerres et tuaient plusieurs personnes et arrêtaient d'autres comme esclaves. D'autres esclaves ont été vendus chez les Arabes qui les amenaient en Zanzibar dans l'Est d'Afrique, et d'autres traversaient la mer pour partir ailleurs et enfin d'autres encore traversaient le désert pour partir en Egypte. Certains peuples surpassaient d'autres par la force et les chassaient du pays qu'ils avaient choisi. Ils leur arrachèrent le pays en entier et s'unissaient en un seul royaume. Un de ces peuples forts sont les Ougandais. Certaines gens veulent faire des va-et-vient, mais les Ougandais préfèrent rester pour toujours sur les bords du grand lac Victoria Nyanza. Quand les Européens sont arrivés en Ouganda, ils ont trouvé que les Ougandais avaient un Patriarche ou Roi qu'ils vénéraient. Ce Roi avait de nombreux collaborateurs. Certains d'entre eux étaient des sous-chefs dans son royaume. D'autres avaient de grandes responsabilités, l'un était juge, et l'autre Capitaine des soldats. D'autres étaient au service de ses épouses et des ses enfants. Quelqu'un était préposé au tambour par lequel le Roi appelait ses serviteurs, un autre gardait la maison du Roi. Même si leurs attributions différaient, tous, le chef et le sous-chef et même d'autres personnes, étaient d'accord pour qu'on respecte le Roi. Pour cela tous étaient débout pour la guerre ou pour travailler dans les affaires du Roi avec toute dignité, et c'est pour cela que les Ougandais sont plus forts et plus intelligents que d'autres peuples d'Afrique. Les habits, qu'ils portaient jadis étaient des habits en entier, non cousus, mais pliés aux genoux et sous les bras, frottant les talons comme les pagnes des femmes. D'autres pliaient sur leurs hanches. Ces habits sont fabriqués par d'écorces d'arbres. On les immergeait dans 1'eau durant plusieurs jours jusqu'à devenir liquéfiées et on les enterrait comme pour devenir glissantes et dures comme un habit tissé. Leurs maisons étaient en forme des cercles et construites en bambous et les toitures étaient très élevées et les murs sont baissés près de la terre. Les petits endroits étaient appelés villages, là, il n'y avait pas beaucoup de monde et ces habitants avaient des liens de parenté. Mais les Ougandais avaient d'autres grands centres, mais actuellement un village est devenu vraiment grand, c'est Mengo, où habite le Roi. Dans ce village les gens vont trafiquer, c'est à dire, ils y exécutent les travaux du Roi et certains vont au marché vendre des produits alimentaires et des habits d'écorce d'arbres. Les maisons du Roi et de ses chefs étaient en bambous tissés, grandes et entretenues. Les produits alimentaires de première nécessité chez les Ougandais étaient les bananes non mûres, pelées et emballées dans des feuilles de bananes, ils cuisent petit à petit sur le feu dans un pot avec un peu d'eau les bananes qui germent. Lorsque le repas sera cuit, ils pilent le manioc et délient les feuilles et celles-ci devenaient comme leur assiettes. D'autres aliments sont cuits comme les haricots et légumes, les poissons dans les feuilles de banane; on mange ce repas ensemble avec les bananes.. Certains Ougandais cherchent des poissons dans le lac et lorsqu'ils font des voyages ils vont vers ce lac-là, c'est là leur chemin. Beaucoup d'Africains savent tailler des pirogues, mais les Ougandais savaient fabriquer de longues pirogues dont les deux extrémités étaient bien taillées. Ces pirogues avaient une grande vitesse et pouvaient contenir vingt à trente personnes. Leur lac est très large et très profond et cela fait qu'ils étaient habitués à y naviguer rapidement. Les tempêtes y sont très violentes à certains moments, peuvent renverser des pirogues qui n'ont pas de quille. La manière dont les Ougandais fabriquaient leurs pirogues, et la façon dont ils construisaient les maisons de leurs chefs était différente de la façon dont d'autres exécutent ces travaux. Lorsque les gens commencent à fabriquer de belles choses qui vaillent la peine, ces gens ne tardent pas à devenir des gens intelligents et glorieux.
NOTE 1. La Société Missionnaire qui a publié le livret, la Regions Beyond Missionnary Union, avait des Missions en Ouganda ce qui peut expliquer l'attention hors pair donné à ce peuple dans un livret pour le Congo. La version originale de ce manuel était probablement destinée à être utilisés dans plusieurs pays d'Afrique
J.4: LES NKUNDO, leçon 102 (Buku ea mbaanda, M.S.C., Mbandaka, 1935, p.64-65)
Dans une autre leçon nous avions lu que les gens du Congo se divisent en plusieurs groupes. Ils se distinguent en dialectes, en manières et mêmes en leurs lois. Notre vraie famille est Nkundo. Nous avions depuis longtemps un nom différent pour chacun. Mais les Blancs appellent Mongo (1) tous les peuples qui sont apparentés avec nous par la naissance, par la langue et par les coutumes. Sur la Lulonga on appelle cette contrée Mongo. Mais Mongo et Nkundo sont les deux noms d'une même tribu, d'une langue et d'une même coutume. Notre peuple se divise encore en beaucoup de petites tribus. Quelques-unes sont: Bokote, Bombwanja, Ntomba et Bolenge, Boangi, Bonyanga et Lingoi, Injolo et des groupes de Mongo descendants de Eongwalanga, Nsongo, Mbonje, Ntomba, Bolaka, Nsamba et beaucoup d'autres. Notre peuple s'est établi dans les régions des rivières Tshuapa et Loilaka avec leurs affluents, Lolanga avec affluents et Luo, et Lokenye, limité par la Lomami. C'est une très grande région avec des fleuves et rivières. C'est une terre avec forêts et marais fertiles et riches. Les Ekonda sont dans le groupe des Nkundo et Mongo. Ils se distinguent un peu par la langue, mais ils ont les mêmes coutumes que nous. Une partie des Ekonda habite la Tshuapa et Lofoi, leur nom est Ekota.
Certains groupes des Nkundo sont en amont de la Tshuapa et Lomela, mais eux aussi ont certaines particularités. Ils sont deux grands groupes avec beaucoup de gens, qui sont les Bosaka et les Boyela. Une autre grande famille apparentée à nous ce sont les Bongando. Une autre, ce sont les Bambole. D'autres petites tribus habitent Maindombe. Si nous additionnons le nombre de tous les Nkundo nous en comptons quatre-cent mille.
NOTE 1. Pour le problème de l'appellation Nkundo ou Mongo ou Nkundo-Mongo, voir G. Hulstaert, Nkundo et Mongo, Aequatoria 4(194,1)2, 35-37. A un certain moment, Hulstaert et Boelaert ont sélectionné le mot Mongo, d'abord appliqué aux habitants au Nord de la Ruki pour le réserver exclusivement au grand "cluster" de groupes ethniques apparentés qui habitent dans la boucle du fleuve Congo. Hulstaert publiera un cours d'histoire mongo donné au Petit Séminaire de Bokuma en 1941-42 (Le Coq Chante), texte qui sera repris en 1957 dans le Bosako wa Mongo (Histoire des Mongo).
J.7b: LES AZANDES (1), leçon 21 (Buku na botangi 1-2, Dominicains, Niangara, 1953, p.5 -55)
Le pays des Zandes est l'Uélé. Les Zande d'autrefois étaient appelés: Les Avongara, Abandia, Akurangba. Les Azande n'ont pas une tête allongée et un grand nez comme les Mangbetu. Leurs lèvres sont petites et ils n'ont pas beaucoup taillé leurs dents. La couleur de leur peau est un peu claire. Leur corps est présentable. Les Zande sont intelligents, ils fabriquent par leurs mains: des lances, des couteaux, des haches, des houes, des paniers à couvercle puis les choses en ivoire et en argent. Les Avongara sont le peuple-chef de tous les autres. les Zande aiment beaucoup leur chef ; ils construisent pour lui de grandes maisons et une cour pour ses femmes. Les policiers du chef restent auprès de sa cour. Les hommes en fusil se postent sur la route qui mène au village du chef. Les Zande respectent et vénèrent beaucoup leurs chefs. Ce comportement est bon, car ils obéissent vite à sa parole.
NOTE. 1. Ce texte est très proche de celui de J.9. La différence principale par rapport à celui-ci est l'omission de la phrase: "Les notables zande envoient leurs enfants à 1'école de Buta" c.à.d. chez les Frères Maristes. Les Dominicains préféraient-ils ne plus faire de la réclame pour cette école et tenir les enfants zande dans leurs écoles?
J.28. LES PYGMEES(l), leçon 4. (J. and.E.E. Carpentier, Banto ba monde, C.B.M., Bongandanga, 1929, p.38-39)
Pensons maintenant aux gens de deux autres peuples qui vivent au Congo. Ils sont très différents des autres peuples. Ces gens sont des Pygmées. Ils sont bruns et noirs. Ils n'ont pas de villages propres. Ils sont tous des chasseurs et font des déplacements, et chaque homme et sa femme se déplacent avec leurs enfants partout où ils veulent. Lorsqu'il arrive près d'un village d'un autre peuple, il coupe des branches d'arbres, va chercher des herbes, et construit une maison très basse dans laquelle personne d'autre ne peut se tenir debout. Les Pygmées ne sont pas aussi noirs que d'autres peuples d'Afrique Centrale, mais ils sont plus petits, et leur tête n'atteint pas les épaules des autres hommes. Leur occupation habituelle, c'est la chasse, et ils tuent des bêtes par des flèches, des lances et des arcs. Un homme pygmée obéit au chef du village où il habite, mais il ne fait pas la guerre pour lui ni ne travaille pour lui à l'instar de ses sujets. Quand il veut, il quitte ce village pour un autre. Lorsque les Pygmées veulent les fruits ou autre nourriture que possèdent les villageois, ils y lancent une flèche comme signe. Après avoir pris la nourriture ils y accrochent un paquet de viande comme paiement pour ce qu'ils ont pris. Mais ils ne font pas cela toujours, car ils excellent à voler purement et simplement les biens d'autrui. Ils ne provoquent pas d'autres personnes, et ils parlent leur propre langue, ils ne se lient pas d'amitié avec d'autres personnes, et n'épousent que les femmes de leur propre race. Les hommes portent des écorces d'arbres et les femmes des herbes. La plupart des peuples d'Afrique Centrale aiment avoir des corps propres et comme il y a beaucoup d'eau, ils se lavent tous les jours. Mais les Pygmées refusent l'eau, et ils sont très sales. Ils ne préparent pas leur nourriture dans des pots, mais ils fument leur viande. Ces gens appelés Pygmées dépassent tous les autres peuples d'Afrique en ignorance. Ils ne savent pas qu'habiter un village avec les gens de sa culture est mieux que se déplacer sans cesse. C'est le début de l'apprentissage des choses.
NOTE. 1. Le titre est en français dans le livre, mais entre parenthèse. L'auteur ajoute: (Bafoto mongo.) La dénomination de bafoto est celle d'un groupe spécial de pygmoïdes localisés aux alentours de Lisala, donc proche de l'endroit où vivait l'auteur. Voir G. Hulstaert, Notes sur la langue des Bafoto, Anthropos 73(1978)113-132.
J.4. LES PYGMEES (1), leçon 125 (Buku ea mbaanda, M.S.C., Mbandaka,1935, p.79-80)
Les pygmées sont une tribu qui habite ensemble avec les Nkundo et avec certaines autres tribus. Ces tribus sont des Baoto. Certains groupes de pygmées s'appellent Balumbe, d'autres Bilangi et Bone et quelques autres noms encore. Et puis à d'autres endroits au Congo et en Afrique, il existe quelques groupes qui s'appellent aussi Batswa. Beaucoup pensent que les pygmées sont très habiles aux travaux de la forêt. Ils ne se trompent pas à la chasse, ils connaissent toutes les manières de tous les animaux; ils ne s'égarent pas dans la forêt; comme des riverains dans 1'eau, sont les pygmées dans la forêt. Ils ne vivent que dans la forêt. Les pygmées n'ont pas de champs; ils ne soignent pas leurs maisons ni leurs cours; ils ne lavent pas leurs vêtements. Ils ne vivent que dans la forêt par des choses qu'ils trouvent là. Leur manière reste la leur. Ils ne cherchent pas beaucoup d'intelligence ni de bien-être. Les pygmées ne sont pas polygames comme les autres gens du Congo. Ainsi ils appliquent les lois de Dieu depuis le commencement du monde: qu'un homme aie une seule femme. Plusieurs n'ont pas l'occasion de la polygamie, par manque de moyens. Actuellement quand l'Eglise arriva au Congo pour enseigner aux gens la voie du ciel, les pygmées n'ont pas encore voulu y croire. Peut-être croiront-ils après. Mais en ce moment ils circulent et errent dans la forêt. L'Etat a fait sortir une bonne quantité de pygmées, pour qu'ils sortent sur la route (2.) Mais ils ne sont pas encore habitués dans les villages et souvent ils retournent dans la forêt. Ils n'ont pas encore laissé leur habitude de fuir. Et ils sont très négligeants aux affaires de Dieu et aux affaires du monde.
NOTES 1. L'auteur, G. Hulstaert, avait fait une première fois la connaissance des mœurs et coutumes des Batswa lors de son séjour de 1927 à 1936 à Flandria-Boteka. Cette mission organisait un apostolat spécial pour les Pygmées, avec une école primaire exclusivement pour eux. 2. Allusion à la tentative de l'Administration pour sédentariser les Pygmées en les fixant de part et d'autres des routes nouvellement aménagées dans la région.
J.52: LES NAINS, leçon 14 (Exercices de langage lingala-français et français-lingala, Frères Maristes, Liège, 1925, p.107-108)
Les nains du Congo sont une race d'hommes très petits. Ils ont une tête ronde et un gros ventre. Ils se dispersent par groupes dans la forêt, entre les autres tribus. On les rencontre dans les régions de l'Uélé, de l'Aruwimi, du Kasaï et entre le Lualaba et le Tanganyika. Ils habitent dans des huttes. Les nains sont de grands chasseurs. Ils font la chasse avec de petites lances et des flèches. Ils ne cultivent pas la terre. Ils échangent du gibier contre des fruits; la nuit ils vont mettre de la viande dans un endroit et prennent du mais, du manioc, des bananes qu'on y a placés. Cependant ils ne craignent pas la rapine. Les autres tribus les craignent parce qu'ils blessent leurs ennemis à l'improviste avec des flèches et puis se cachent dans la forêt.
J.2: CONGO, MON PAYS, chant n.33 (Njembo nda nkundo, Sœurs du Précieux Sang, PP. Trappistes, Bamanya, Westmalle, 1911, p.18-19) (1)
Congo, mon pays, tu surpasses Tous les autres pays. La patrie de mon père et de ma mère La Patrie où je suis né
Je te salue avec amour Avec tous les Noirs- Congo, mon pays, tu surpasses bis Tous les autres pays
Je te salue grande forêt Avec tes arbres, Oiseaux, singes et flèches Ma forêt, je t'aime. Il y a beaucoup de mpanga (2), de mbuli (3), de nsombo (4), de mpambi (5) Et des chenilles comestibles. Je te salue grande forêt bis Avec tes arbres
Salut les eaux du ruisseau Elles murmurent si bien Les poissons, les hameçons et les nasses Je veux avoir une pirogue et une pagaie Car il y a des mbeli (6), des ntula (7), des bekala des bitsimbe (9) Salut les eaux du ruisseaux bis Elles murmurent si bien
Les chants, la danse des Noirs Nous procurent beaucoup de joie Au champ, au jeu Nous te chantons, ce pays; Quand la lune sera pleine Elle nous rassemblera tes gens. Les chants, la danse des Noirs, bis Nous procurent beaucoup de joie
NOTES 1. Dans une note manuscrite à côté, on lit " Deutschland ". Ou bien c'est un renvoi à la mélodie ou à la chanson allemande entière (texte et mélodie) qui aurait été pris comme modèle et inspirations 2. mpanga: D.1364, antilope zébrée Boocercus eurycerus Ogilb. 3. mbuli, D. 1338, antilope Limnotragus spekii Sclater. 4. nsombo: D.1491, = sanglier Potamochoerus porcus L 5 . mpambi: D.1364 = antilope Cephalophus nigrifrons Gray. 6. mbeli D.1329, poisson Clarias angolensis Stdr. 7. ntula, poisson électrique. 8. bekale, sing.bokala, poisson sp. Clarias.. 9. bitsimbe, sing. etsimbe: Poisson Clarias sp., Clariidae.
J.4: MON VILLAGE, leçon 28 (Buku ea mbaanda, M.S.C., Mbandaka, 1935, p.19
Mon village est grand. Il y a beaucoup de personnes: les vieux qui nous apprennent des contes, les vieillards et les jeunes. Deux rangées de maisons y sont parallèles. Les maisons d'habitation y sont propres: les femmes nettoient en ramassant des herbes chaque matin. La rue par laquelle passent les gens sépare les deux rangées. Au bord de chaque rue, un fossé a été creusé pour éconduire l'eau des pluies, de peur qu'elle ne détruise la rue-même. Les herbes poussent-elles, les femmes et les enfants les arrachent aussitôt ou les sarclent, avant de les ramasser à l'aide d'une petite natte, et de les jeter ensuite. Quelques arbres fruitiers se dressent sur la cour des personnes. L'arbre à palabre boala (arbre Pentaclethra) se dresse au bord de la rue: les vieux se réunissent à son ombre, préparant leurs projets, et arrangeant les affaires du village. La chapelle se trouve au milieu du village. Les chrétiens et les catéchumènes s'y réunissent pendant la prière et la catéchèse, après que le catéchiste a sonné le tam-tam. Un autre tam-tam se trouve chez le chef par lequel il convie la population au travail pour le développement du village. Certaines personnes possèdent aussi leurs propres tam-tams. Derrière les maisons, nous rencontrons une bananeraie qui produit des bananes pour nous. Des étables pour des poules et des canards se trouvent à la cour arrière. Il n'y a que des gens sans beaucoup de soin qui installent des étables devant les maisons. J'apprécie mon village où je suis né, où habitent mes parents.
J.53. LA PATRIE/Conjugaison, leçon 39 (Manuel pour apprendre le français, Tumba, 1926, p.143 et 144, nr 1 et 3)
1. La Patrie La patrie, c'est le village où je suis né, ce sont mes parents et ma maison paternelle. Ce sont les champs, les bois et les rivières. Ce sont les collines et les immenses plaines où courent les antilopes et les buffles, les léopards et les éléphants. La patrie c'est le grand fleuve avec ses crocodiles, ses hippopotames et ses poissons. Ma patrie, c'est le Congo. Tous les jours je prie pour ma patrie et pour le Roi qui en est le chef. 3. Conjugaison. Le Congolais vit de la chasse, de la pêche et de la culture surtout de manioc, d'arachides et de bananes. Il habite surtout au bord d'un cours d'eau. Sa maison est faite en paille ou en pisé. Il fabrique beaucoup d'objets utiles: des lances, des haches, des arcs et des flèches, des houes, des paniers, des vases en terre. Il vend ses produits aux Blancs et leur achète des étoffes et beaucoup d'autres objets Mettre le numéro 3 à l'imparfait.
J.12. LES CONGOLAIS, leçon 2, (Tokoyekola lingala, Frères de Saint Gabriel, Bondo, 1937, p.8.)
Le Congo est un grand pays renfermant la forêt et des eaux. Dieu y a mis beaucoup de bêtes pour nourrir les hommes. Les Noirs vivent au Congo. Jadis ils étaient des sauvages, mais actuellement leur intelligence s'est développée, rapidement. Nous remarquons que beaucoup d'argent sort des mains des travailleurs. Quelques Noirs sont capables de s'acheter un vélo ou une machine à coudre. Mais la richesse de la terre est vaine devant Dieu. Les prêtres sont arrivés chez les Noirs pour apprendre aux sauvages la foi en Dieu. Beaucoup de Noirs se sont convertis à leur enseignement. Voilà pourquoi nous rencontrons de nombreux bons chrétiens au Congo. Les prêtres soignent 1'âme des Noirs; des médecins soignent le corps des malades A dire vrai, la terre du Congo est en train de progresser sur la voie de l'éducation. Nous rendons grâce à Dieu pour avoir envoyé des Belges dans notre pays.
J.61. COMMENT SHABANI PARVINT A S'INSTALLER COMME UN BLANC, leçon 22 (Livre de lecture français-lingala, p.106-107)
A partir de ce moment, Shabani acheta ses planches aux scieurs du village. Comme les commandes affluaient prit quelques apprentis à qui il enseigna le métier et à qui il enseignait le métier et qui l'aidèrent dans son travail.. Il fabriqua des meubles non seulement pour les indigènes, mais encore pour les Blancs Au bout de quelques années; il avait épargné assez d'argent pour acheter un moteur et une petite machine universelle. Les Blancs qui venaient lui faire des commandes dirent entre eux en voyant son installation: Les indigènes commencent à travailler comme nous; nous sommes très heureux de le constater, car le travail apporte le bien-être et la paix. Les indigènes disaient : Nous n'aurions jamais cru que nos enfants auraient pu acheter des machines et travailler comme des Blancs. Et beau coup d'indigènes grondèrent leurs fils disant : Au lieu d'aller en classe chez les Blancs, vous avez préféré vous amuser au village et aujourd'hui vous n'êtes que des sauvages. Si vous aviez été en classe chez les Blancs, vous seriez aujourd'hui riches et considérés comme Shabani. Kamulete dit aux enfants : Enfants, voyez ce que Shabani a gagné en suivant les conseils de ses maîtres.
J.61: POURQUOI L'ANCIEN COMMANDANT REVINT AU VILLAGE DU CHEF KAMULETE, leçon 30 (Livre de lecture français-lingala, s.d./-s..l., p.146-154)
Une dizaine d'années après que Kamulete, Shabani et Kasese se furent installés au village, l'ancien commandant du village des Blancs revint dans le pays. Un matin, les habitants du village du chef Kamulete le virent descendre d'une automobile conduite par un soldat. Il était devenu vieux. Les indigènes s'empressèrent de le conduire à la maison du chef. Un sourire illumina son visage lorsqu'il revit le chef. Il dit : Chef, je suis heureux de te revoir. Moi et toi, nous avons travaillé beaucoup pour le bien du pays. Me voici devenu vieux: Les Blancs vieillissent rapidement au Congo. J'ai demandé à Boula-Matari l'autorisation de revoir mon ancien District avant de retourner pour toujours en Belgique. Il a bien voulu me l'accorder. Comment vont les affaires de ton village? Le chef lui répondit : Commandant, te rappelles-tu que lorsque tu es arrivé la première fois dans notre village, il y a un peu plus de vingt ans, notre village se composait de quelques groupes de cases en paille, perdues dans la brousse? Te rappelles-tu que les femmes et les enfants ne portaient pas de vêtements et que les hommes n'étaient habillés que d'un morceau d'écorce battue, nouée autour des reins? Te rappelles-tu que tu as trouvé, dans le petit bois situé entre notre village et le village des Blancs, les ossements d'un de tes travailleurs qui avait été assassiné et mangé? Te rappelles-tu que tu es arrivé un jour, pour sauver la vie à une pauvre vieille femme, accusée par le féticheur d'avoir causé par ses sortilèges la mort d'un vieillard et condamnée à boire le poison? Te rappelles-tu qu'un jour tu passais sur le sentier du village, une flèche empoisonnée, tirée par un indigène caché dans la brousse, a percé ton casque et que tu as dit à tes soldats: Ne tirez pas, vous pourriez tuer des innocents? Te rappelles-tu que tu as dû venir maintes fois avec tes soldats pour empêcher les villages de se battre entre eux? Te rappelles-tu le temps où les mères n'osaient pas laisser sortir seuls leurs enfants du village, de crainte qu'ils ne fussent volés, les uns pour être mangés, les autres pour être vendu comme esclaves? Te rappelles-tu combien était grand le nombre des enfants qui mouraient en bas âge, combien était grand le nombre des hommes, des femmes et même des enfants dont les membres étaient rongés par de nombreux ulcères? Te rappelles-tu que lorsque tu as demandé à Boula -Matari de faire venir des maîtres au village des Blancs tu as dû envoyer des Policiers pour forcer les enfants à venir à l'école? Regarde maintenant notre village. Vois ces routes, maisons, ces champs. Y a-t-il en Europe des villages plus beaux? Regarde ces hommes, ces femmes, ces enfants rassemblés devant la véranda pour te voir, ne sont-ils pas habillés comme des Blancs? Ne sont-ils pas resplendissants de santé? Dis-leur que leurs pères ont mangé de la chair humaine, ils le nieront. Parle-leur de l'épreuve du poison qui a fait tant de victimes parmi leurs ancêtres et ils ne te comprendront pas. Compte le nombre des enfants du village il y en a trois fois plus que de grandes personnes. L'école du village est fréquentée par plus de deux cents enfants et l'école du village des blancs par plus de deux mille. Autrefois, notre terre était la terre de la crainte : crainte des hommes, crainte des sortilèges, craintes des esprits, craintes des fauves. Aujourd'hui, toute crainte a disparu: les enfants circulent librement et seuls à travers tout le pays que seuls quelques anciens croient encore aux sortilèges et les fauves ont disparu avec la brousse et les marécages. Le commandant laissa parler le vieux chef pendant longtemps encore, puis il lui dit : Chef, tout ce que tu viens de dire est vrai. Tu as connu le temps des guerres entre villages, de la terreur des sorciers, des épreuves du poison et des maladies. Tu as connu le temps où tes gens habitaient dans des huttes, où ils ne voudraient plus loger leurs chèvres. Tu as connu le temps où-tes gens n'avaient d'autre nourriture que le manioc et les bananes de leurs maigres plantations, où ils se disputaient les fourmis, les sauterelles et les rats. Tu as connu le temps de la peur, de la misère et de la mort.
Chef, ce temps existerait, encore si le Roi des Belges, le Grand Roi Léopold II, n'avait envoyé au Congo des officiers pour dresser des soldats et faire régner la paix dans le pays, des missionnaires pour faire connaître aux gens la loi de Dieu, des médecins pour guérir les malades, des juges pour punir les assassins et les voleurs, des administrateurs pour aider les chefs à diriger les villages, des commerçants pour acheter les produits du pays et vendre des vêtements, des outils et des objets de ménage dont les gens ont besoin, et enfin des maîtres pour faire des enfants des artisans habiles, des cultivateurs avisés, des travailleurs instruits, courageux et honnêtes. Chef, le Roi Albert et après lui son fils Léopold III, ont continué l'œuvre du Grand Roi et leurs descendants la continueront à leur tour. Chef, n'oublie jamais ce que les Rois de la Belgique ont fait pour les gens du Congo. Tant que toi et tes gens, vous obéirez aux ordres et suivrez les conseils des Belges que les Rois de la Belgique envoient chez nous, vous vivrez heureux Chef, dis ces choses à tous tes gens, dis cela aussi aux enfants, afin que ceux-ci le répètent plus tard a leurs enfants. Le commandant et le chef visitèrent ensuite le village et s'arrêtèrent longuement à l'école de Kamulete, à l'atelier de Shabani et à la ferme de Kasese. Le chef dit en parlant d'eux: Sans l'exemple de ces trois hommes, je ne serais pas parvenu à transformer le village. Lorsque la visite du village fut terminée, le commandant dit au chef : Chef, je te quitte. Je ne te verrai plus en cette vie et je demande à Dieu de continuer à bénir ton travail. Je pars sans regrets, car je vois que j'ai fait oeuvre utile dans le pays. Ayant dit, le commandant remonta en voiture et retourna au village des blancs. Le chef, Kamulete, Shabani et Kasese allèrent le saluer avant son départ et le remercier pour l'aide et la protection qu'il leur avait accordées. Aujourd'hui le chef est mort. Son fils lui a succédé et marche sur ses traces. Kamulete, Shabani et Kasese sont devenus des anciens. Rien ne se fait dans le village sans leur assentiment ce sont eux qui m'ont raconté l'histoire que j'ai écrite dans ce livre. Le village est devenu très grand. La santé et le bien-être y règnent. Si vous voulez le visiter, n'allez-y que le dimanche, car pendant là semaine, tout le monde travaille du matin au soir, les enfants à l'école, les femmes dans leur ménage et les hommes aux champs et à l'atelier.
J-50 : A PROPOS DU CONGO, leçon 32 (Mateya ma lisolo, Manuel du maître, II,2, Lisala, 1954, p. 42-43
1. Les personnes qui viennent actuellement au Congo voient leur beau. pays, où partout on a construit des grandes routes sur lesquelles circulent des camions; les gens s'habillent bien; de petites agglomérations en sont devenues grandes! On y a construit des maisons en briques, des maisons pour hôpitaux; des églises, des magasins, et plusieurs autres maisons. Les gens voyagent loin; ils n'ont plus peur des gens d'une autre ethnie. Jadis, ce n'était pas ainsi. 2. En ce qui concerne le corps, c'était très triste. Un bébé était-il mal formé, on le tuait. Les gens mouraient effroyablement de toutes sortes de maladies. A ce temps-là les guerres entre villages étaient fréquentes; malheurs à ceux qu'on arrêtait lors de ces guerres; ils sont faits esclaves ou on les mange. Nombreux aussi sont ceux qui sont morts lors de la guerre des Arabes; ou fait esclaves et on va les vendre dans d'autres pays. Actuellement, tous ces problèmes sont terminés, l'Etat a interdit strictement les guerres; on va chercher la survie à l'hopital ou à la pharmacie. 3. En ce qui concerne l'esprit: jadis on ne savait ni lire ni écrire; les enfants n'apprenaient que les métiers du village; ils étaient vraiment des analphabètes. Actuellement nous voyons toutes sortes d'écoles. Nous voyons aussi que les Noirs exercent toutes sortes d'emplois qu'ils ont appris à l'école. 4. Jadis les Noirs ne connaissaient même pas leur âme ; ils ne croyaient qu'aux fétiches, et aux faux dieux. Leur religion, ce n'est qu'avoir peur des misères et des provocations de toutes sortes d'esprits. Ensuite les prêtres arrivèrent; ils leur apprirent les choses du vrai Dieu. Actuellement, nous voyons des églises dans tous les villages, les gens prient, il y a beaucoup de chrétiens, certains sont même devenus prêtres.
NOTE Ce texte est proche de celui de la leçon de 1908-1932 (J.51 et J.26) à l'exception de la mention de Stanley/Arabes [Cette partie se trouve ailleurs dans le livre]
J.33. LES BLANCS DANS NOTRE PAYS, leçon 33 (Mateya ma lisolo, II, 2, Lisala, 1954 p.43-44)
1. Toute la terre est le domaine de Dieu; Il est le propriétaire de la terre, il y a mis des choses utiles aux hommes les animaux et les plantes dans la forêt, les poissons dans l'eau, les minerais dans le sol. Au pays Congo, les choses utiles à l'homme sont nombreuses. Les gens qui habitaient ici jadis n'en connaissaient pas l'utilité; les jeunes actuellement aussi n'en connaissent pas encore l'utilité. 2. En arrivant dans ce pays, les Blancs ont trouvé ici des choses d'une grande utilité comme les minerais, le fer, autres pierres précieuses, une terre fertile, le tout gisant là pour rien. Ils se sont dit: "Il convient que toute cette richesse nous rapporte à nous et aux hommes de ce pays". Ils ont cultivé de grandes plantations de toutes sortes de produits; ils ont prospecté le terrain et ont extrait toutes sortes de matières précieuses; ils ont fait apprendre aux gens de ce pays toutes sortes de métiers; ils ont construit de grandes routes. Certaines personnes ont commencé à cultiver de plantations aux produits de commerce comme le coton, le riz, etc.; les autres sont allés travailler chez les compagnies; tous ont l'argent. Ce pays qui n'était que forêt et eau seulement, est transformé en un pays de richesse, aux beaux villages, aux belles routes. 3. Certains engagent même la discussion suivante en disant: "Pourquoi les Blancs nous maltraitent-ils avec tous ces travaux" Maltraiter, c'est-à-dire faire souffrir inutilement. Les Blancs le font-ils ainsi? Si un médecin fait avaler à un malade un médicament amer, est-ce le maltraiter? Si on recommande aux gens de cultiver des champs pour qu'ils aient de la nourriture et de l'argent, est-ce les maltraiter? Faire prospérer le pays, cela est un grand travail, un travail qui dure; ce travail comporte aussi la souffrance. Demande aux gens de jadis comment le pays était avant et comment il est devenu maintenant: tous vous diront que vraiment le pays est changé; cela est le travail des Blancs.
4. NOTRE LANGUE, Leçon 17 (Buku ea mbaanda, M.S.C., Mbandaka, 1935, p.12 (1)
Dieu donna une langue aux gens pour qu'ils la parlent (2) et pour qu'ils cohabitent comme des parents et des camarades sur la terre, qu'ils s'entretiennent avec d'autres personnes, et pour que les uns apprennent aux autres toutes les bonnes choses. Chaque contrée a sa langue. Il y a plusieurs langues dans le monde. Chaque langue a son propre système de fonctionnement. Toutes sont bonnes. Nous avons notre langue le lonkundo. Certains la nomment lomongo sur les terres au bord de la rivière Lolango ou Lulonga, à savoir le terroir de Basankusu. Qu'il s'agisse du lonkundo ou du lomongo, ce n'est qu'une même langue. D'un village à un autre, notre langue a des variantes. Mais nous nous comprenons clairement. Ces variantes sont de moindre importance. Certaines personnes, et les Blancs et les Noirs parlent d'autres langues. Une certaine langue que parlent les Blancs et leurs associés est même parvenue ici chez nous. La langue en question, c'est le lingala. Même si certaines personnes apprécient bien le lingala, nous n'apprécions que notre langue le lonkundo. Cette langue à nous est très agréable, elle comporte beaucoup de réalités rationnelles. Nous l'apprécions beaucoup, cette langue nous a été transmise par nos ancêtres. Notre 1angue a sa beauté. Nous pouvons exprimer toutes les réalités. Nous apprécions notre langue et nous y restons attachés avec amour.
NOTES 1. Toute une littérature, souvent dans un contexte polémique, remplit les publications locales éditées à Coquilhatville par la Mission Catholique à partir de 1936, et souvent inspirée par l'auteur de ce livret scolaire, G. Hulstaert. 2. La langue, pour l'auteur, est une créature de Dieu, et doit être respectée à ce titre. Cfr sa discussion avec Mgr. E. De Boeck : H. Vinck, Annales Aequatoria 15(1994)505-575, principalement la lettre du 27-6-194.
Présentation
L'implantation du christianisme dans la colonie belge a été interprétée de manière contradictoire. La Mission s'est présentée elle-même selon le schème du passage du royaume du diable à celui de Dieu, le premier représenté par les sorciers, le second par les prêtres (missionnaires.) Ce sont ces derniers qui ont pris l'éducation (scolaire) en main, éducation qui mène tout droit aux bienfaits de la (vraie) civilisation. Mais les deux fractions représentant le christianisme, les catholiques et les protestants, n'étaient pas portés à la collaboration. Ils n'hésitaient pas à discréditer l'autre parti par des procédés pas toujours honnêtes.
J.1. LE SCAPULAIRE ET LE CHAPELET (Bonkanda wa mbaanda, p.23, Trappistes, Westmalle, 1908, (1).
Si je vois un homme avec une tenue militaire, je dis qu il est soldat et la même chose avec un policier. Pourquoi imagine-je cela? Parce que je reconnais la personne à sa tenue. Comment tu peux savoir qu'un homme est chrétien? Si elle porte son scapulaire et son chapelet au coup. Oui, un chrétien n'a pas peur de montrer sa foi à ses amis. Mes amis,, il est bon que le scapulaire et le chapelet soient respectés toujours. Dieu est notre Père et Marie est notre Mère et elle montre souvent qu'elle veille sur ses enfants.
NOTES 1. Cette leçon est très proche de textes semblables en Flandre pendant la première moitié du vingtième siècle. Nous l'avons reproduite ici parce qu'elle illustre à la lettre l'histoire personnelle d'Isidore Bakanja, proclamé Bienheureux par le Pape Jean Paul II à Rome, le 24 avril 1994. Bakanja était le disciple, à la même époque des auteurs de ce livret. 2. Le scapulaire était un petit morceau d'étoffe symbolisant un vêtement religieux complet qui historiquement était lié à un dévouement à. la Vierge Marie. Lé jour de son baptême ce scapulaire a été imposé au nouveau baptisé Bakanja.
J.2. LES PLEURS D'UNE FILLE NOIRE. Chant 34 (Njembo nda Nkundo, Sœurs du Précieux Sang et Pères Trappistes, Bamanya 1911, p.19-20 (1).
Quand j'habitais au village Avec ma mère-chérie très affable, Je demeurais dans la pauvreté, Mais sans tristesse. Dans la maison le bonheur est à son comble A cause de son amour.
Les souffrances m'attendent, Mais moi, je ne le savais pas; La joie à jamais terminée, Et en vain je pleurais; Au marché mon père m'amène; Et à un homme il me vend. (2)
Celui-ci n'a pas tenu compte du consentement Qui provienne de mon cœur; (3) Et six mille laitons de fer Il donna pour moi. Que de larmes au marché !A cause de ma mère-chérie
Je ne faisais que pleurer, Puis j'en devenais malade. Et la réaction de mon mari ? Eh bien, pour moi il exige; Qu'on lui apporte dix poules, En guise de ma rançon. (4)
Une vraie tristesse Esclave (5), je l'étais devenue, Les travaux forcés M'attendaient; Et lorsque je me reposais, mon seigneur Tapait sur moi.
Souffrances et j'en pris fuite, Et on me rattrapa Tu me regardes, ma mère-chérie, Par la force on m'arrête; Ça ne fait rien, seulement la faim et les plaies Ne me rendaient pas heureuse.
Mais seulement, Dieu au Ciel N'a pas méconnu son enfant; Il m'a envoyé dans la pauvreté Un homme épris d'amour, Le prêtre qui me prit, Il prend pitié de moi.
I1 m'enseigne la bonté De Dieu, mon Père, Et que la souffrance sur la terre Fait mon bonheur. Je souhaite seulement que le Créateur Fasse appel à ma mère-chérie.
NOTES. 1. Ce texte est à la fois éclairant et confus. La structure en est claire: la coutume, représentée par le père de la fille a réduit une jeune fille à la misère et au désespoir. Le christianisme, représenté par le Père Missionnaire, apporte la libération. Mais deux problèmes persistent le malheur de la fille est de fait causé par éloignement de sa mère-chérie et dans la finale, nous lisons qu'elle découvre dans le christianisme que la souffrance sur terre a une valeur pour le bonheur au ciel mais ne la fait pas sortir de son état malheureux. La mère chérie ne reste qu'un souhait. Il y a manifestement un mélange entre les motifs traditionnels et modernes. 2. Ceci ne correspond pas à la coutume mongo, univers du poème. 3. La nécessité du consentement est bien présente dans le mariage des Nkundo. 4. Une "pleureuse" n'a certes pas pu plaire à son mari. Elle en est devenue malade, donc de valeur amoindrie et le mari a droit à une compensation. 5. La caractérisation de 1'état de mariée comme esclave revient souvent dans les conceptions mongo. Par exemple dans le poème de Bampele (G. Hulstaert, Poèmes mongo modernes, ARSOM, Bruxelles, 1972, p.13): "Mon frère dit: Tu es devenue une esclave"
J. 2.: LA PUNITION DE CHAM (1), chant 35 (Njembo nda nkundo, Sœur du Précieux Sang, PP. Trappistes, Bamanya, Westmalle, 1911, p. 20) (1).
O Père Cham, qu'as-tu fait? Nous souffrons beaucoup Par Dieu nous sommes punis Durement sans pitié La punition qu'Il t'avait infligée Est héritée par nous tous
Tu t'étais moqué, toi, mauvais fils Tu avais raillé ton père Et Noé, comme punition à toi T'a humilié Et ainsi: "Cham travaille Toujours pour ses frères"
Et maintenant ta descendance Des esclaves ici sur terre Quelle pitié pour ton peuple!A cause de ta malédiction Tous les Noirs ici Regrettent ta faute
Comme tu t'es moqué de ton père Tes descendants se moquent de toi Ils refusent ton. nom Toujours est-il que Si tu veux la bénédiction sur terre Honores ton père et ta mère
NOTE Voir H. Vinck, La malédiction de Cham dans les livrets scolaires du Congo-Belge, Le mythe de Cham dans les livrets scolaires du Congo Belge, Canadian Journal of African Studies 33(1999)2-3,642-674; Les références bibliques: Livre de la Genèse, 9,1-27
J.12. LE PRETRE, leçon 3, oint 5 (Tokoyekola lingala, Frères de Saint Gabriel, Bondo, s.d. [Imprimatur de 1937], p.13
5. Lecture: Le Prêtre Au milieu de la forêt Les sauvages (1) étaient en train de Tenir ardemment "Le volant" Les sorciers (2) étaient contents Mais le prêtre est arrivé Leur parlant de Jésus Il les a baptisés Et le sorcier est exorcisé 1 (3)
NOTES 1. "Sauvages": en lingala du livret "basenji", sing., mosenji. Voir Fr Bontinck, L'étymologie du terme bosenji, Annales Aequatoria 6(1985)210-213. 2. Sorciers: en lingala du livret baloki. Ce mot peut signifier aussi : le sorcier traditionnel (sorcellerie noire loka) ou dans le contexte chrétien : diable. 3. La cérémonie du baptême catholique comprenait plusieurs prières et rites d'exorcisme.
J.23: L'ETAT ET L'EGLISE, leçon 35 (Mateya ma bomonisi, Manuel du maître, Lisala, 1955, p.91-92)
Préparatifs : Le maître cherchera les noms des anciens Administrateurs. Il montre la liste des gouvernements du territoire. Il cherchera aussi les noms des Prêtres dirigeant leurs missions. Le maître montrera l'endurance de l'Etat et la fermeté des Missions pour le bon fonctionnement du territoire. Les Blancs s'évertueront à fortifier l'esprit et corps l'homme tout entier. Leçon proprement dite : 1. Les Blancs commencent à nous sauver. Ils ne laissent pas inachevé leur travail. Ils ont l'idée d'améliorer l'homme tout entier: l'esprit et le corps. 2. Observons, mes enfants; lorsque le Pape de Rome nous a vus, il s'était réjouit. Auparavant, notre pays n'était pas connu, mais actuellement les routes sont taillées. Le Pape nous envoie des Prêtres et des Frères et après des Sœurs. Tous sont sous l'autorité de l'Evêque. L'Eglise veut que nous formions des foyers heureux, de paix dans l'amour. Que nous ayons le savoir des livres et l'art de différents travaux! Ne restons pas païens, devenons tous chrétiens, enfants de Dieu. Recevons le bien que nous offre l'Eglise. 3. L'Eglise entretient l'homme entier mais surtout l'esprit. L'administrateur de l'Etat gouverne le pays, donne l'autorité à nos chefs. Les chefs font travailler les villageois divers travaux d'entretien du village, entretien des routes, soigner les malades, défendre le vol et les troubles, juger les affaires, le développement de l'agriculture.. 4. Dans notre village, nous voyons le chef de Secteur. Chaque village a un capita. Le chef dispose d'autre auxiliaires, le juge, le médecin, l'agronome, l'arpenteur, le téléphoniste, les planteurs, les commerçants et d'autres pour divers services. Que de malheurs lorsque les prêtres et d'autres Blancs n'étaient pas encore venus ici. Les Noirs ne seront civIIsés que par la foi et ils veulent que prêtres et autres Blancs y collaborent.
Questions de rappel:
- 1. D'où vient l'autorité de 1'Etat?
2. D'où vient l'autorité de l'Eglise? 3. Dieu veut que l'Etat fasse grandir quoi? 4. Qui avait taillé les routes au Congo? 5. Lorsque le Pape de Rome nous a vus, il envoya qui? 6. Les Prêtres, les Frères et les Sœurs sont sous l'autorité de qui? 7. Ils ont laissé l'Europe, qu'est-ce qu'ils sont venus faire ici? 8. Citez trois bienfaits que l'Eglise nous a faits? 9. Quelle est l'exigence de l'Administrateur de l'Etat? 10. Citez quatre des travaux que l'autorité exige pour 1'entretien? 11. Quelles sont les préoccupations des juges? 12. Quels sont les collaborateurs du chef de Secteur? 13. Citez quatre façons d'autres Blancs que nous rencontrons dans notre Territoire? 14. Tous les hommes du Territoire respecteront quels Blancs 15. Pour que nous les hommes soient bien, que feront l'Eglise et l'Etat?
J-54. LES MISERES AU PAYS DES NOIRS (1), leçon 14 ( Buku ya Nzambe (Ancien Testament). Nsango Ndamu (Nouveau Testament). Mpe libandela lia Eklezia, Frères Maristes, Liège [Imprimatur de 1928], p. 234-235)
Les premiers prêtres sont venus et n'ont opéré qu'au pays des Bakongo. D'autres tribus n'avaient pas connu de prêtres. Stanley de retour du Congo, en l'an 1877, informa Léopold II et d'autres Blancs de toutes les misères des Bakongo. A partir de 1822, les Arabes sont arrivés au Congo via Tanganyika, avec des soldats et des fusils. Ils sont venus pour faire la guerre. Ils pénétraient dans les villages et arrêtaient des gens, pillant et incendiant. Puis, ils amenaient hommes, femmes et enfants sur les lieux du marché, et ils les vendaient comme esclaves. Quelqu'un était-il très malade, ils le tuaient. D'année en année, les Noirs ont quitté par milliers leurs terroirs. Certaines puissances finançaient les Arabes. Que c'est pitié!Une autre source de misères, c'est que les Congolais ne s'aiment pas. Beaucoup de fois, il y avait des guerres. Ceux qui gagnaient la guerre pillaient les biens des autres, y capturaient les ennemis, les tuaient et les mangeaient. Presque dans tout le Congo les gens ont mangé leurs semblables. Lorsque quelqu'un devient vieux, lorsqu'un enfant est né mal formé, on les tue, on les abandonne, on n'avait pas pitié d'eux. Les animistes, comme beaucoup de païens ne connaissent pas le vrai Dieu, ils croient aux fétiches. Lorsqu'un malheur s'abat sur le village, lorsqu'un parent tombe malade, lorsque quelqu'un meurt, ils se disent: l'ennemi a usé de la sorcellerie; ils vont consulter un féticheur, et font avaler le poison au présumé coupable. Les animistes ne croient pas au vrai Dieu, mais partout ils croient en l'immortalité de l'âme; ailleurs, ils disent que l'âme va au corps d'un animal. Lorsqu'un chef meurt, on tue quelques-unes de ses femmes et quelques esclaves pour qu'ils le suivent dans la vie de l'autre monde qu'ils l'y servent. Vraiment malheureux
NOTE A comparer cette leçon à la leçon III, 21 de Bosako w'oyengwa J-34. Cette leçon montre l'inextricable enchevêtrement de la religion et de la colonisation. Le schème de la leçon est très proche de plusieurs autres reproduites ici sous le titre " Histoire "ou "Arabes".
J.54: ARRIVEE DES PRETRES AU CONGO, leçon 15 (Buku ya Nzambe (Ancien Testament). Nsango Ndamu (Nouveau Testament). Mpe libandela lia Eklezia, Frères Maristes, Liège [Imprimatur: 1928], p.235-236)
Lorsque le Roi Léopold II apprit toutes les misères des Noirs, il eut pitié d'eux. Il envoya ses soldats pour qu'ils combattent les Arabes et les délogent; il demanda aux prêtres d'évangéliser les Noirs, et qu'ils se convertissent. Après quelques années, les commandants chassèrent les Arabes, ainsi ils mirent fin à leur traite et à leurs exactions. Les prêtres se rappelaient dans leur cœur les paroles suivantes de Jésus: "Allez, enseignez à tous les peuples la bonne nouvelle, et baptisez-les au nom du Père et du Fils, et du Saint-Esprit", et ils quittèrent le pays de leurs parents à cause de l'amour envers Dieu et envers le prochain. Les premiers prêtres sont arrivés en l'an 1878 via Tanganyika. Depuis cette période, ils sont arrivés par centaines; les uns ont usé leur corps par l'apostolat, et sont rentrés en Europe; les autres sont morts ici; tous ont oeuvré pour tirer les Noirs de l'abîme du diable, et leur montrer la voie qui mène à la joie, le chemin du ciel. Actuellement on rencontre les chrétiens dans tout le Congo, ils refusent le diable et les fétiches, et les oeuvres du diable, et ils croient en un seul Dieu, le chef du ciel et de la terre ; ils travaillent pour Jésus, l'aiment d'un cœur sincère. Ainsi les Belges ont-ils sauvé les Noirs de l'esclavage du corps et de l'âme.
J.54: L'OEUVRE DES PRETRES AU CONGO, leçon 16 (Buku ya Nzambe (Ancien Testament). Nsango Ndamu (Nouveau Testament). Mpe libandela lia Eklezia, Frères Maristes, Liège [Imprimatur: 1928], p.236-237)
Les prêtres n'abandonnent pas les chrétiens. Ils leur donnent un enseignement pour accroître les affaires de Dieu, enlever l'idolâtrie, et ainsi purifier le cœur. Ils n'ont pas oublié les enfants : à leur demeure et chez les autorités, ils ont crée des écoles; ils ont montré les bienfaits de la foi, ils ont augmenté leurs connaissances, ils ont sauvé leur cœur. Lorsqu'ils ont vu la misère des malades et des vieux, ils ont invité ces gens dans leur demeure, ils les ont soignés. Ainsi ils montrent aux païens l'amour du prochain. Lorsque Adam a commis le péché, Dieu lui a dit: "Travaille". Les prêtres sont venus sur la terre du Congo, et tout de suite ils ont remarqué toutes sortes de turbulents, mais qui avaient enseigné un métier dans leurs villages. Mais l'argent est vite épuisé à cause de nombreux abus; ils leur ont démontré le bien-fondé de l'épargne. Ainsi par l'enseignement de Dieu, le travail et l'épargne deviennent source de bonheur, et les gens vont s'y conformer au village. (1) Mais les prêtres ne sont pas assez nombreux. Dans les villes, les Frères et les Sœurs enseignent les enfants. Les prêtres ont choisi des gens de bon cœur pour les aider dans leur travail; on les appelle des catéchistes. Pour se conformer à la loi du Pape de Rome, (2) les évêques choisissent parmi les enfants honnêtes certains qu'ils initient à la prêtrise. Certains enfants expriment le désir de devenir Frère. Les jeunes filles, sur la terre du Katanga (3) se sont faites Sœurs.
NOTES 1. La loi du travail comme devoir religieux est répétée souvent. Ceci n'est pas exclusif pour la situation coloniale ou africaine. Il se formait dans l'Eglise Catholique en ce moment toute une "théologie du travail". 2. A l'époque le Pape à Rome était Pie XI. Il insistait sur l'indigénisation de l'Eglise catholique et demandait 1'érection de séminaires en pays de mission. 3. L'Annuaire des Missions Catholiques au Congo-Belge de 1935 signalent que les Sœurs de la Charité de Gand ont ouvert une maison de formation pour Sœurs à Elisabethville avec 8 novices indigènes.
J-30: HISTOIRE DE LA MISSION PROTESTANTE ET DE LA CONGO BALOLO MISSION, (Bonkanda wa nsango, C.B.M., Bongandanga, 1930, p.149-154)
Les missionnaires protestants sont arrivés ici au 19ème. siècles. En 1878, deux Blancs d'Angleterre débarquaient à San Salvador. Ils s'appelaient Grenfell et Comber. Le Roi du Congo, Dom Pedro, les accueillit chaleureusement. Ils étaient envoyés par la Baptist Missionary Society (B.M.S.). Lorsque ces Blancs ont essayé d'aller du Bas-Congo au Stanley Pool ils ont été aux prises avec des gens très sauvages. Là-dessus Comber rentra en Angleterre chercher d'autres missionnaires. Il en revint en 1879 accompagné de 3 autres Blancs: Crudington, Hartland et Bentley. Ils s'en allèrent tous à San Salvador. Et ils y créèrent un Poste. Le poste existe encore aujourd'hui. De là, ils essayaient d'attein dre Stanley Pool pour y créer un autre Poste. Ils y arrivèrent, et on leur accorda une concession pour un poste. C'était en mars 1881. Puis les indigènes commencèrent à les combattre. Devant ce danger de mort, les Blancs prirent fuite. Au retour de Stanley de l'Europe, il porta assistance à ces Blancs et interdit à ces gens féroces de les combattre, et leur permis de regagner leur poste de mission à cet endroit. Après cela, ils ont commencé l'exploration pour fonder des Postes de missions sur les bords du fleuve Congo. A la fin de 1908, ils en avaient fondé 9, et les adhérant plus de 2000 personnes.
Au début de l'arrivée des missionnaires blancs, beaucoup sont morts de maladies. De 1878 à 1908, cette Mission avait envoyé 160 Blancs, et 50 en étaient morts. Et 2 Blancs d'une autre Mission de l'Angleterre arrivèrent au Congo en 1878. Cette mission s'appelait Livingstone Inland Mission (L.I.M.). Ils furent suivis par d'autres Blancs, et ils allaient créer des postes de mission en amont et en aval. Et en 1884, cette mission fusionna avec une mission américaine appelée American Baptist Foreign Missionary Society (A.B.F.M.S.). Depuis lors les missionnaires protestants sont devenus nombreux. Voici les noms des Missions qui avaient envoyé des Blancs à cette époque: Svenska Missionsforbundet (S.M.F.) (1881); Christian and Missionary Alliance (C.M.A.) (1885); Congo Balolo Mission (C.B.M.), notre propre Mission (1887), American Presbyterian Congo Mission (A.P.C.M.) (1890), Disciples of Christ Congo Mission (D.C.C.M..) (1896). D.C.C.M. est la mission qui avait remplacé A.B.F.M.S. à Bolenge, près de Coquilhatville. Quelques petites missions existaient aussi. Mais quelques-uns envoyaient des missionnaires sans cesse. Actuellement l'Assemblée des missionnaires protestants a délimité avec justice la juridiction de chaque mission afin que chaque mission proclame dans cette étendue l'enseignement de Jésus le Messie. Et nous qui sommes régis par la C.B.M. nous devons connaître les épisodes de notre Mission. Lorsque nos Blancs sont venus, on appelait leur mission la Livingstone Inland Mission (L.I.M.). Cette Mission a commencé en Angleterre en 1877. Cette Mission est née à la suite des faits rapportés par Stanley sur le Congo. Et lorsque certains Blancs de Dieu ont lu ces rapports, ils ont entendu l'appel de Yahvé d'envoyer les missionnaires au Congo. A cet effet, ils se réunirent et créèrent une mission. Ils demandèrent aux chrétiens de l'argent pour envoyer des missionnaires ici. Les deux premiers missionnaires furent Craven et Strom. Ils sont arrivés à Banana en février 1878. Leur arrivée a été très effroyable. Ils ne savaient pas comment est le Congo et ni avaient eu des gens pour les accueillir comme il faut. Ils y trouvèrent un Blanc de Société qui les aida. Il les prit à bord de son embarcation jusqu'à Boma. Arrivés à Boma, ils achetèrent une grande pirogue avec pagaies et atteignirent Noki. Les Noki les accueillirent bien. Mais ces deux Blancs avaient beaucoup de maladies. A leur guérison, ils prirent de nouveau la route et arrivèrent à Matadi où ils créèrent un poste de ravitaillement et où ils commencèrent à prêcher. Puis il mourut. Le Blanc Craven passa 7 ans au Congo. Le Blanc Strom ne fit pas longtemps. Leur mission envoya d'autres Blancs. Tous voulaient aller plus loin. La première mission a été à Pala-Bala, non loin de Matadi sur le chemin de Stanley Pool. Le chef de cette contrée accueillit les Blancs et leur octroyèrent une concession, qu'ils valorisèrent. Les autres continuaient l'exploration et créèrent un autre poste de Mission à Banza-Manteka. Le tout premier missionnaire mort pour le Seigneur au Congo, fut Telford. Il est mort à Pala-Bala. Et la première femme blanche, missionnaire au Congo, fut Maman Bosson. Elle était la femme du Blanc Craven. En 1880, les Blancs de la L.I.M. envoyaient des missionnaires créer un poste à Stanley Pool. Le Blanc responsable de cette mission fut McCall. Il tomba malade en cours de route et retourna. Il n'arriva pas à son village de l'Europe, mais mourut en chemin à l'océan. D'autres Blancs arrivèrent et atteignirent Stanley Pool. Et Stanley leur octroyait une concession, et ils créèrent un poste à Léopoldville en 1883. Lorsque les responsables de la mission apprirent en Europe que les missionnaires sont arrivés à Stanley Pool, ils achetèrent un bateau appelé "Henry Reed " qu'ils envoyèrent au Congo afin que les Blancs remontent le fleuve. Le transport de ce bateau de Matadi à Léopoldville fut un grand travail. On le démonta, et on le transporta par le fleuve à Léopoldville pour le remontage. Là-dessus, ils s'embarquaient et remontaient le fleuve jusque très loin. Ils créèrent un poste à Bolenge. Bolenge est le premier poste fondé par les Blancs en amont. A partir de Bolenge, les Blancs exploraient parfois l'Ikelemba, et atteignirent une grande contrée située à son bord, et ils s'y arrêtèrent. Le chef de la contrée les accueillit et leur demanda des missionnaires. Mais les Blancs ne pouvaient pas s'y rendre fréquemment à cette époque. Les missionnaires de la L.I.M. ont créé 7 postes Mukimvika, Pala-Bala, Banza-Manteka, Mukimbungu, Lukunga, Léopoldville, et Bolenge. Mukimvila est situé en territoire sous dépendance du Portugal, près du Congo-Belge. La première communauté chrétienne a commencé à Banza-Manteka. Actuellement ces postes de missions sont sous la responsabilité d'autres communautés missionnaires, et l'Eglise y est en grande expansion. A l'arrivée des missionnaires de la L.I.M. en amont, les responsables de la Mission en Europe venaient de créer une autre Mission pour l'évangélisation permanente de l'amont. On l'appelait Congo Balolo Mission. C'est notre mission à nous les Mongo. Huit missionnaires sont arrivés, et ont créé un poste à Bonginda. Leur responsable était John McKittrick (enterré à Bonginda). 5 sont morts, mais 3 autres sont encore vivants. Une est affectée comme missionnaire à Bolobo, c'est Mlle de Hailes. Et les Blancs achetèrent un autre bateau appelé "Pionier". Après montage, les Blancs remontaient le fleuve à partir de Stanley Pool, et vinrent créer un poste à Lolanga. Puis ils quittaient le fleuve pour la rivière Luwo (c.à.d. Lolonga), et ils arrivèrent à Ikau, où ils créèrent un poste de mission. Les habitants de ces deux contrées étaient très féroces à cette époque, et les blancs les ont trouvés en train de poser des actes sataniques. Les missionnaires de C.B.M. projetaient de propager la Bonne Nouvelle du Seigneur Jésus aux contrées situées au sud du fleuve Congo. Ces peuples étaient appelés à l'époque "Ba-Lolo". C'est pourquoi, ils ont quitté le fleuve pour aller créer des postes sur d'autres rivières. Ils avaient créé des postes à Bonginda, Lolanga, Ikau, Bongandanga, Baringa, Mompono, Yuli et Yoseki. Ils sont maintenant à la recherche d'un poste à la Mongala, car la juridiction de Lolanga est trop étendue. La toute dernière station missionnaire, c'est Tamudjumbe. Depuis que notre Mission est en activité, plus de 50 Blancs sont déjà morts. Bien que le travail fut difficile, Yahvé aida ses serviteurs, et actuellement l'œuvre a prospéré, et le nombre des chrétiens dépasse 1000. Le premier bateau est abîmé et les Blancs viennent dû en acheter un autre appelé "Livingstone". C'est un bateau très grand. On en acheta encore un autre plus grand qu'on appela aussi "Livingstone". Il y aussi un bateau appelé "Evangelist". Les missionnaires ont ainsi la possibilité de voyager à bord de ces bateaux avec des auxiliaires Noirs pour proclamer la nouvelle de Jésus le Messie. Les missionnaires blancs ont tous souffert pour l'œuvre du Seigneur ici au Congo. Ils ont souffert de maladies, des insultes, des provocations, d'indignation du fait de la méconduite des chrétiens. Beaucoup en sont morts. Actuellement les Blancs se sont adaptés au Congo et n'y meurent plus nombreux comme avant. Et les prédicateurs congolais commencent à devenir nombreux. Ils sont des auxiliaires des Blancs pour l'œuvre du Seigneur. Une mission protestante belge au Congo, c'est la Société Belge de Missions Protestantes au Congo (S.B.M.P.). Les Blancs de cette mission sont originaires de Belgique. Ils oeuvrent au Ruanda. Leurs postes de missions sont: Kirunda, Iremera, Rubengera. Cette mission n'a pas encore fait longtemps au Congo, mais son travail porte de fruits, et ils ont fondé une chrétienté. Et il existe des protestants originaires de la Belgique dans quelques missions au Congo. Actuellement, il existe 23 Missions qui envoient des Missionnaires au Congo, et les pasteurs européens viennent des pays suivants: Belgique, Amérique, Suède, Norvège, Angleterre. Ils ont 130 postes de missions. Les pasteurs blancs sont plus de 500. Et les pasteurs Noirs sont au nombre de 200, les autres auxiliaires 4070. Il y a 414 communautés chrétiennes, 889 temples et plus de 60.000 de chrétiens, plus de 49.350 de catéchumènes, et plus de 90.000 écoliers. Ces missions disposent de 15 hôpitaux, avec 19 médecins, 34 gardes-malades, 69 dispensaires et 132 infirmiers.(1) Nous nous rendons compte que l'œuvre missionnaire s'accroît chez nous, et de bonnes oeuvres concurrencent à voir le jour à cause de la Bonne Nouvelle de Jésus le Messie, Sauveur de l'humanité. En 1928, les Blancs des Missions protestantes se réunissaient à Léopoldville pour se souvenir des bienfaits de Dieu Jahvé. Sa nouvelle est arrivée au Congo il y a 50 ans. Nous rendons grâce à Yahvé pour avoir envoyé ses serviteurs nous enseigner la nouvelle du salut éternel.
NOTE Les chiffres posent un problème d'interprétation. Le texte les écrit en toutes lettres mais la terminologie n'était pas univoque à cette époque. On ne doit donc pas se fier sur ce point à la traduction.
J.1: CONCLUSION, leçon 54 (Bonkanda wa mbaanda, PP. Trappistes, Bamanya, Westmalle, Bamanya, 1908, 32-33
Chers amis, nous avons achevé ce livre. Nous l'avons imprimé pour ceux qui veulent lire un livre. De Dieu, vous avez reçu l'intelligence, et il veut que vous fassiez du bien, que vous travailliez avec sagesse. Apprenez la lecture pour que vous sachiez lire le catéchisme et d'autres bons livres, que vous appreniez à vos amis certaines bonnes choses et celles de Dieu. Apprenez à écrire pour que vous sachiez écrire de bonnes choses entendues, envoyer une lettre à un ami. Mais sachez bien que si vous ayez beaucoup étudié et si vous ne connaissez pas le catéchisme, d'autres affaires n'ont pas d'importance; premièrement le catéchisme, après d'autres affaires. Nous voulons être de bons chrétiens intelligents. Remercions Dieu.
J.26. L'EDUCATION, leçon 88 (Mambi ma botangi ndenge na ndenge, III, Mankanza (Nouvel Anvers, 1932, p.152-155
Nous voici à la fin du livre de lecture. Nous avons appris beaucoup de réalités. Nous avons entendu que certaines choses ennoblissent le corps, et que plusieurs autres ennoblissent l'esprit. Beaucoup de leçons ont mûri notre intelligence; certaines autres ont affermi notre cœur à fuir le mal et à faire le bien. Ici à l'école, les Pères, les Frères et les Sœurs nous éduquent. Eduquer un enfant, que cela veut dire? Eduquer un enfant, c'est le conduire avec soin dès sa naissance à 1'état d'adulte. Un enfant n'est pas né adulte. Lorsque les parents abandonnent leur enfant à lui-même, cet enfant ne fera pas longtemps, et ne parviendra pas au ciel. Il faut que les parents le surveillent. Le baptême le situe sur le chemin du salut. Il apprendra l'histoire, les choses de Dieu, la civilité et ses devoirs. Devenu jeune les parents le préviennent des dangers, lui donnent le goût du travail pour vivre ici sur terre et qu'il parvienne au ciel par ses propres efforts.. Tout cela, nous l'appelons éducation. L'éducation entraîne le bonheur de quelqu'un ici sur terre et les félicités éternelles au ciel. L'éducation, quel bonheur. Si vous éduquez bien un enfant, il réussit sa vie. Si vous n'éduquez pas un enfant ou si l'éducation n'a pas réussi, alors l'enfant ne réussira pas sa vie. C'est pourquoi, la Sainte Eglise, notre mère, éduque la jeunesse toujours avec soin La voie de l'éducation, c'est l'instruction. On enseigne l'hygiène par l'instruction. L'instruction offre l'intelligence de discerner plusieurs réalités. L'instruction ennoblit le cœur de 1'enfant. Le principe de l'instruction éduquer l'enfant entièrement. Figures-toi; élève, que tu as quitté ton village païen maintenant. Médites un peu sur l'intelligence que tu as acquise à présent, grâce aux Pères et aux Sœurs. Ainsi donc rend grâce à Dieu pour la grande éducation que tu as reçue. Nombreux sont les chrétiens et les païens restés sans éducation. Dieu t'a choisi parmi eux et d'ailleurs tu n'es pas encore arrivé au paroxysme du bonheur. Les Pères, les Sœurs et les Frères t'ont aidé à devenir chrétien, à savoir lire et écrire, à trouver du travail, à devenir un homme instruit parmi le peuple. Sois reconnaissant. Respecte-les jusqu'à la fin de ta vie. Ecoute leur parole et dans le futur, aussi longtemps que tu es sous le service que te recommande Dieu. Ne néglige pas les bienfaits de l'éducation. Ne chagrine ni n'humilie tes éducateurs. Demeure un bon chrétien, un travailleur assidu, un homme sage devant Dieu et tes amis Loue Soit Jésus-Christ, Amen. Fin
J.60: OEUVRES ET INSTITUTIONS CATHOLIQUES n° 29 (Petite Géographie, F.E.C., Léopoldville-ouest, 1939, (.5e éd.), p.12.
Les missionnaires catholiques ont fondé au Congo plus de 200 postes principaux et 4 à 500 postes secondaires (250 écoles dont des écoles normales pour la formation des catéchistes et des moniteurs, des orphelinats et lazarets, dispensaires, ateliers), Les missionnaires s'adonnent avec un zèle admirable à leurs oeuvres d'apostolat et de charité, et travaillent par tous les moyens en leur pouvoir à la prospérité et à la civilisation de la Colonie. Ils relèvent le Noir de son abaissement moral et physique, en lui procurant le bienfait de l'éducation et de l'instruction, en l'initiant aux divers métiers et aux cultures, en soignant les malades en créant des villages chrétiens etc. Ils sont secondés dans leur oeuvre évangélisatrice par le précieux concours de plusieurs Congrégations de Sœurs enseignantes et hospitalières, qui consacrent à l'enseignement et au service des malades les fécondes ressources d'un inlassable et religieux dévouement; le zèle avisé de ces vaillantes messagères de la bonne nouvelle étend son champ d'action aussi auprès des marmots dans les "Gouttes de lait" (1), qu'au milieu des plaies incurables des pauvres déshérités dans les léproseries. Les missionnaires s'appliquent aussi à l'étude des langues indigènes, dont ils dressent le vocabulaire et la grammaire.
NOTE Ainsi était nommé la distribution de lait dans les dispensaires pour les enfants mal nourris pendant les années 1930-40.
J.60: OEUVRES ET INSTITUTIONS MISSIONNAIRES, n° 29, (Petite géographie, Procure Ecole Professionnelle, Léopoldville-ouest, s.d. 7ème éd., p.9)
Les missionnaires ont fondé au Congo des centaines de postes qui comprennent: des écoles de tous genres selon les nécessités des régions; des orphelinats, des lazarets, des dispensaires, des ateliers, des oeuvres d'assistance sociale. Les missionnaires s'adonnent avec un zèle admirable aux œuvres d'évangélisation et de charité, d'éducation et d'instruction, de civilisation et de relèvement moral et matériel. Ils initient les Congolais aux métiers et cultures, soignent les malades et apportent non seulement la lumière et les bienfaits du christianisme mais collaborent puissamment au progrès et au. Bien-etre des populations congolaises. L'essor des études des langues indigènes est dû à l'activité des missionnaires. Leur dévouement est universel et leur aide s'étend jusqu'aux plus déshérités.
J.60: BIENFAITS DE LA CIVILISATION, n°38 (Petite géographie, Procure, Ecole Professionnelle, Léopoldville-ouest, s.d., 7ème éd., p.11)
1. Liberté et sécurité, par l'abolition de l'esclavage et la cessation des luttes entre les races. 2. Relèvement de la race noire par l'instruction morale, 1'apprentissage des métiers et de cultures plus rationnelles. 3. Lutte contre les maladies, surtout la maladie du sommeil par 1'extension du service médical, par la création des hôpitaux et des lazarets. 4. Faciliter le déplacement, par la construction des chemins de fer, des routes, des bateaux. 5. Progrès industriel par l'utilisation des produits végétaux et minéraux.
J.64: LE COMBAT QU'ON LIVRE CONTRE L'EGLISE (Bonkanda wa baoi ba njimeja), 1924, 1949, Coquilhatville, p.85-93.
Nous avions vu au début de cet ouvrage que le diable livre un combat contre nous, il nous tente, il veut que nous trébuchions afin que nous puissions perdre le bonheur de notre âme. Comme le diable combat notre âme, il combat également l'Eglise de Dieu. Le diable hait Dieu, lui qui l'a jeté au feu ; et le diable hait le juste car celui-ci est le fils de Dieu. Le diable hait Dieu, le juste et la véritable Eglise parce que, l'Eglise nous montre le chemin du ciel; ensuite la Sainte Eglise nous amène dans un beau village que le diable a perdu à cause du mal qu'il avait fait. Depuis longtemps, c'est-à-dire depuis le commencement de l'Eglise, le diable avait excité les méchants de lutter contre l'Eglise en maltraitant et en tuant les chrétiens. Autrefois, les incrédules, les faux prophètes et les païens, inspirés par le diable, s'étaient réunis pour chercher voies et moyens d'anéantir 1'Eglise. De nos jours, ils continuent à calomnier l'Eglise tout en provoquant de vaines discussions, en changeant les sens des Ecritures Saintes, mais c'est de la peine perdue. L'Eglise est l'œuvre de Dieu et par le truchement de son aide, elle se répand chaque jour dans le monde. Quelle est la véritable Eglise? C'est l'Eglise que Jésus avait fondée. Quel est le nom de l'Eglise que Jésus avait fondée? Nous l'appelons l'Eglise Catholique. Certains groupes se nomment Eglises, mais ils se trompent grossièrement avec leurs semblables. Il n'y a qu'une seule Eglise comme il n'y a qu'un seul Dieu. Il y a une seule Eglise qui vient de Dieu, c'est l'Eglise fondée par Jésus-Christ. Toutes les Eglises de n'importe quelle autre nature viennent du diable. Car leurs fondateurs ne sont que les gens qui s'étaient retirés de l'Eglise de Dieu à cause de leurs mauvais désirs. La plupart avaient détesté l'Eglise à cause de la luxure et de l'orgueil. Jésus nous a montrés les faux enseignements quand il nous avait dit fuir les mauvais enseignants qui viendraient en peau de brebis mais, en réalité, ils sont comparables à un léopard féroce capturant les hommes. Cependant leurs propres enseignements te feront voir leurs mensonges. On reconnaît le fruit par son arbre. Au début de l'Eglise, les chefs des païens avaient tué les premiers chrétiens en grand nombre. Pour ainsi dire, le diable haïssait l'Eglise. Mais le diable se donnait inutilement de la peine car le nombre de chrétiens augmentait au jour le jour, sans tarder, l'Eglise s'est retrouvée sur toute la terre habitée. Lorsque le diable s'était rendu compte qu'il ne pourrait pas anéantir l'Eglise en massacrant les chrétiens, il eut une autre stratégie : celle d'envoyer des méchants pour prêcher des mensonges. Ces faux prédicateurs glissent des faussetés dans la bonne nouvelle de Jésus-Christ. C'est-à-dire ils font un attelage mal assorti en mélangeant certaines bonnes choses à des mensonges. Les méchants avaient sérieusement propagé de faux enseignements, mais l'Eglise nous laisse voir leurs erreurs. L'Eglise est comparable à une bonne mère, elle surveille ses enfants. L'Eglise démasque rapidement les faux enseignements avec l'aide de Jésus-Christ. Il avait dit à Pierre et aux Apôtres qu'il serait avec eux jusqu'à la fin du monde. Les faux enseignements ne durent pas car l'esprit de Dieu n'y est pas. Des faux enseignements d'autrefois sont éteints; mais quelques nouvelles faussetés persistent encore. Luther, un certain prêtre, s'était soustrait de l'Eglise à cause de son extrême orgueil. Lorsque l'Eglise l'avait blâmé au moment où il enseignait des mensonges, il n'a pas voulu obéir à l'Eglise et dans sa fureur, il déposa la soutane et s'habilla comme n'importe quel Blanc. Il épousa une femme et dans sa mauvaise conduite, il roula beaucoup de gens par ses faux enseignements. Luther a fait beaucoup de mal et c'est la raison pour laquelle il mourut d'une manière pénible. Zwingle fut aussi un prêtre, l'orgueil et l'adultère 1'ont fait détourner de la bonne voie. Il avait aussi mal agi et trouva la mort à la guerre. Calvin a fait aussi beaucoup de mal à l'Eglise. L'Etat l'avait mis en prison à cause de ses méfaits. Il subit une mort cruelle, une maladie vénérienne. Le fondateur de l'Eglise Anglicane était un Blanc, le roi de Angleterre, Henri VIII. Cet homme, un mauvais chrétien avait répudié sa femme du mariage religieux pour épouser une autre femme. La femme du mariage chrétien se nommait Catherine et le nom de la seconde était Anne Boleyn. Il emprisonna sa première femme. Sans tarder, Henri convoita une autre femme et tua sa concubine, Anne Boleyn. Il eut au total six femmes: l'une mourut en prison, Henri assomma deux femmes et certaines furent répudiées comme d'habitude. Le pape était au courant de cette affaire et l'avait blâmé. Mais, Henri n'avait pas écouté la voix de l'Eglise. Celui-ci réunit les évêques et les prêtres pour qu'ils fassent le mariage religieux avec sa première femme. Comme les évêques ne peuvent pas dissoudre un mariage chrétien, ils lui dirent ceci: "Nous ne pouvons pas casser ce mariage religieux. Ta femme est une bonne ménagère; il fait maintenant dix-sept ans de vie commune. Pourquoi proposes-tu de la répudier " Elle t'aime, elle travaille bien, c'est elle seule, qui est ta femme devant Dieu, et comment oses-tu la faire partir?" Sur ce, Henri n'écouta plus la voix de 1'Eglise, son désir d'avoir des rapports sexuels en dehors du mariage l'aveugla et dans cette déviation religieuse, il tua vingt-quatre évêques et sept cents prêtres. Au demeurant, il fonda l'église protestante mais ses sujets n'avaient pas apprécié les nouveaux enseignements. Ils lui dirent ceci: "Tu es chrétien comme nous, pourquoi tu dois changer les enseignements de Jésus-Christ? Qui te donne le pouvoir de changer les choses de l'Eglise? Ayant été blessé par la vérité, Henri se fâcha et tua tous ceux qui avaient renoncé à ses enseignements. On dénombre à peu près septante-deux mille victimes (72.000). Certaines moururent par la potence, certaines par le glaive, certaines étranglées mais la plupart étaient morte en prison à cause de la faim et des souffrances. Beaucoup d'Anglais s'étaient exilés, mais certains avaient accepté les faux enseignements à cause de la peur de la mort. Chers lecteurs, voici comment le roi d'Angleterre avait fondé l'église pour son propre désir. Jésus-Christ a-t-il fondé la Sainte Eglise de cette façon? Non. Ayons pitié de faux enseignants, et prions Dieu afin qu'ils puissent se convertir. C'est-à-dire qu'il ouvre leurs yeux car beaucoup de gens ignorent qu'ils ne sont pas fixés sur la véritable Eglise. Le roi d'Angleterre avait témoigné ne haine contre I'Eglise parce qu'elle lui a interdit de répudier sa femme du mariage religieux pour épouser une seconde, et cet homme méchant passait sa haine dans le cœur de ses sujets. Et celui qui hait son prochain le calomniera aussi. Voyez comment agissent tous les faux enseignants; ils haïssent l'Eglise, ils la calomnient sans raison. Voici certaines fausses accusations à l'endroit de l'Eglise et de ses chrétiens; ils disent: Primo, les chrétiens vénèrent les images des Saints. Secundo les chrétiens disent que la Pénitence ôte leurs péchés même s'ils ne se repentissent pas. Tertio, les chrétiens ne prient Dieu que des lèvres mais pas de cœur. Quarto, les chrétiens croient toujours à tout ce que le Pape de Rome dit. Quinto, les chrétiens prient et vénèrent Marie et le Pape comme Dieu. Ce ne sont que vaines accusations. Les chrétiens se rendent facilement compte des faussetés qui sont dans ces accusations car le catéchisme et les prêtres les enseignent aussi; revoyons ces mensonges et ces calomnies. (…) La plupart de gens calomnient les chrétiens, certaines gens les calomnient par jalousie, mais quelques-uns les calomnient par ignorance des choses chrétiennes. S'ils avaient voulu apprendre le catéchisme et certaines choses divines, ils n'auraient pas pu les calomnier.
J-65: CHAPITRE 25. REFORMATION ANNEES 1500-1600. (Besako bia Ekelesa), Bokotama la Révérend W.D. ARMSTRONG, Congo Balolo Mission. Congo-Belge, 1950.
La période de la Réformation était entre les années 1500 et 1600. les superstitions, la supercherie, la mauvaise conduite des prêtres et des évêques avaient provoqué un climat d'abattement chez les hommes. Les Européens étaient comme des esclaves sous les griffes de leurs maîtres qui étaient impitoyables; le maître agissait comme il voulait avec leurs corps et leurs âmes ici sur terre et même après leur mort. Les défauts graves et les mauvaises pratiques de Rome avaient une grande renommée. La Simonie (c'est-à-dire l'achat des fonctions ecclésiastiques) et les indulgences étaient vendues pour avoir beaucoup d'argent, le concubinage des gens qui avaient une grande autorité, la brutalité à l'endroit des gens qui n'avaient pas les mêmes pensées qu'eux, toutes ces pratiques courroucèrent les gens. Les chefs de l'Eglise avaient dit qu'ils étaient les disciples de Jésus, mais ils se comportèrent en véritable Satans. L'argent achetait la vie et les indulgences. Celui qui possédait beaucoup d'argent pouvait faire du mal mais se défendait par l'argent; le pauvre était considéré comme un esclave. Les Papes et les prêtres n'étaient pas seuls les oppresseurs. Les rois et les riches étaient semblable, quant à leurs agissements. Ils avaient transformé les nécessiteux comme des bêtes, ils les piétinèrent. Les prêtres avaient recommandé aux gens de leur donner un dixième de tous leurs avoirs: un mouton sera donné aux prêtres si l'on a dix, une chèvre si l'on a dix, une poule si l'on a dix, et cela pour toutes les choses qui poussent dans les champs. Les prêtres mettaient les gens en pénitence au prix d'une amende, le baptême était donné au prix d'un paiement, l'enterrement devait intervenir au prix d'un paiement aussi. Tout le monde croyait que peut-être sans l'intervention des prêtres, ils n'auraient pas la vie. Ils ne pouvaient pas entrer au ciel. L'Eglise avait tiré un grand profit à cause des superstitions qu'elle avait enseignées aux gens. Les prêtres avaient sauvé les gens, mais ils étaient eux-mêmes les transgresseurs de première force. Les prêtres mêmes étaient sous la cruauté du Pape qui prenait beaucoup d'argent d'eux. Les Papes étaient des arrogants, des égoïstes, des avares et résidaient à Rome avec toutes les abominations et les turpitudes. L'argent venait de tous les coins d'Europe pour se localiser à Rome. Le Pape se proclamait juge de toutes les affaires des hommes, le seul juge; c'est ainsi que les hommes débouchaient de tous les coins afin que leurs affaires soient tranchées par lui. Les méchants corrompaient le Pape et celui-ci leur faisait gagner le procès. A Rome, il y avait beaucoup de gens qui avaient de l'autorité. Ces derniers faisaient partie de l'Eglise. Mais avant de trancher un différend, ils exigèrent des cadeaux à partir des hommes en conflit. Souvent, avant de prononcer le verdict, on devait présenter des cadeaux devant vingt ou trente autorités. Ce pouvoir était vendu à un grand prix à ceux qui le demandaient. L'abomination, les superstitions et les mauvaises choses se localisaient dans l'Eglise. Certaines gens essayaient, petit à petit, de purger l'Eglise de ses abominations, mais c'était en vain. Cette abomination était le germe de mauvaises choses et les erreurs des autorités de l'Eglise. Sur ces entrefaites Jahvé Dieu redressa les incrédules, ceux-ci acceptèrent la vérité et renoncèrent aux superstitions. C'était des gens de grande foi et de persévérance. Ils savaient que les enseignements qu'ils dispensaient et ceux de Rome étaient différents et que ceux-ci tomberaient à l'image des hérétiques comme John Huss, ou encore une persécution interviendrait comme aux temps des Albigeois et des Vaudois. Ce qu'il fallait avoir dans ce combat c'était le courage car leur combat paraissait opposer un agneau à un léopard. Martin Luther était le chef de la Réforme. Il était un Allemand. Il était né en 1483. L'Allemagne était une forte nation et avait une autorité au sein de l'Europe. L'Allemagne s'était divisée en plusieurs principautés et l'on comptait beaucoup de princes. Les Papes considéraient l'Allemagne comme leur servante la plus fidèle, et c'est la raison pour laquelle ces princes étaient amis des Papes. Cependant les messages de Rome se multiplièrent en ce qui concerne l'argent. Les Allemands envoyèrent beaucoup d'argent à Rome. Les gens de n'importe quelle race haïrent 1'Eglise à cause de cette cruauté mais, ils manifestaient quand même un désir de suivre Dieu. Pendant cette période, il y eut un éveil de conscience, on devait rechercher le savoir avec sagesse, on voulait apprendre le mode de vie des anciens Grecs. Ils apprécièrent les Grecs, et conclurent de les imiter dans beaucoup de choses, la première préoccupation était celle d'augmenter la connaissance. Ils étaient à la recherche de la vérité. Copernic et Galilée avaient dit la vérité à propos du soleil, de la lune et des étoiles, Vasco de Gama et Colomb avaient fait de longs voyages sur la mer; ils étaient rentrés avec des faits vrais des pays visités. Vessalius était à la recherche passionné de la physiologie humaine. Les hommes avaient lu le grec (la langue hellénique), le latin et rassemblèrent les anciens ouvrages. Ce désir de la vérité leur poussa de comparer les enseignements de Rome et ceux que Jésus et ses disciples avaient enseignés. Ils découvrirent que Rome les avait trompés et que ces enseignements étaient axés sur leur foi mensongère. Ce désir de savoir était le début de ce siècle de lumière et de force. Luther fut un moine qui voulait accomplir la volonté de Dieu en toute vérité. Tout le monde l'avait admiré à cause de sa bonne conduite. Il était sage et il était allé augmenter son savoir dans l'université où il fit son inscription. Mais il était sceptique. Un autre aspect c'est qu'il n'était pas sûr dans tout ce qu'il faisait pou sauver son âme. C'est la raison pour laquelle il alla au monastère. Là les enseignants lui dispensèrent des cours et il essaya d'obéir à tous leurs commandements. Mais la finalité de leurs enseignements était que les bonnes oeuvres, seules, sauvent. Il jeûna et se fouetta, lui-même, comme pour se punir. On lui dit qu'il n'avait pas fait les actions de marque et de repentance et qu'il n'avait pas fait montre d'une profonde repentance. Il étala ses péchés de tous les jours à tel enseigne que son enseignant sentit un abattement à cause de sa pérégrination. Son corps devint sensiblement maigre comme il avait jeûné mais il n'eut pas la paix du cœur. L'enseignant le défendit de lire le Livre de Dieu mais, par après un certain l'enseignant lui accorda cette faveur de le lire. Cet homme (John Staupitz) l'avait beaucoup aidé; il lui appris la vérité: La justice de Dieu se retrouve dans la justice de l'homme qui appartient à Jésus le Messie. (1) Dieu a aménagé le chemin afin que ceux qui l'aiment se rapprochent de lui et entrent en communion avec lui. Le but de notre conversion c'est la foi. Par la foi, nous acceptons la justice de Jésus comme la notre. Sans foi, toutes les bonnes actions ne sauveront pas. "Les justes ont la vie grâce à la foi" (1). Ces choses éclairent ses ténèbres et l'apportent la paix. Il avait lu ces choses dans l'épître de Paul aux Romains 1,17. Par la foi en ce principe, il est de droit le premier de la Réformation. Il peut continuer à accepter les enseignements de Rome, il est moine; mais il doit continuer à rechercher la connaissance et son intelligence ira toujours croissante. En 1511, il fut envoyé à Rome. Il pensait qu'il allait y rencontrer des hommes justes, il se trouva devant les Romains qui n'avaient pas foi en Yahvé Dieu, et qui étaient répugnants. Certains prêtres se moquaient des choses consacrées qu'ils offraient, et ceux qui occupaient un rang élevé dans l'Eglise commettaient des péchés sans toutefois avoir honte. Il regagna l'Allemagne, et là, il devint l'enseignant de la connaissance de Dieu dans une ville dénommée Wittenburg. La chose qui a fait que Luther se fâche contre l'Eglise romaine, c'était d'abord la vente des indulgences. Ces lettres du Pape étaient vendues dans les villes d'Allemagne et avaient multiplié les mauvaises pratiques des hommes. Les gens désiraient ardemment les acheter et Rome gagnait beaucoup d'argent à cause de l'achat de ces ouvrages. La raison d'être des indulgences était de faire une lettre qui sauve la vie des hommes à partir de nouveaux châtiments que l'Eglise avait infligé aux hommes à cause des péchés qu'ils avaient commis. Le clergé avait enseigné que celui qui confesserait ses péchés vivrait et échapperait à la peine éternelle, mais ils avaient multiplié certaines actions que les gens devaient faire comme signe de repentance à cause des péchés, et l'indulgence était synonyme de la vie à partir des actions qu'on recommandait. Ils n'avaient pas cru que "le sang de Jésus son Fils, pourrait ôter tous les péchés", mais "si nous confessons nos péchés, fidèle et juste comme il est, il nous pardonnera nos péchés". (1 Jean: 7,9). Ils dirent qu'ils détenaient le pouvoir que Jésus avait légué à ses disciples dans ces choses, "ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis" (Jean 20,23). Mais n'importe qui croyait que l'indulgence constituait la vie, et peut-être ils achetaient cette lettre pour échapper à toutes les peines (…) Melanchthon était l'ami de Luther et il avait travaillé avec lui. Il était sage et aimable, il avait bien écrit dans plusieurs langues. Ses livres avaient aidé les Protestants en Allemagne. A ce moment, les hommes apprirent à écrire par la machine et ces machines avaient bel et bien aidé la Réformation. Des livres furent publiés en grande quantité et il avait l'extension de du savoir. Des milliers de gens avaient acheté des livres de Luther et de certains érudits, c'est ainsi que la lumière jaillit partout. Les Européens semblaient dormir pendant 1000 ans mais à ce moment les gens se sont réveillés et commencèrent à prendre conscience de leur situation. Les Papes, les évêques et les rois avaient tenté d'assujettir les gens pour qu'ils restassent dans les ténèbres, mais c'était en vain. C'était le lever du soleil la lumière paraissait partout et les hommes s'étaient réjouis à cause de cette lumière.
NOTE Le concept clé de la théologie protestante lié à cette phrase de la Lettre aux Romains 1,17 (et Hébreux 10, 38 et Galates 3,11) est celui de la " Justification ". Les protestants dans les successives traductions (1908-1930-1971) de la Bible en lomongo le traduisent comme liongi, basé sur la racine -(b)ong-a qui signifie selon G. Hulstaert (Dict. p.40) : réunions, pouvoir, convenir. Hulstaert lui-même utilise le mot lisembi (Dict.1184) de la racine -semb(ama) (Dict.-1617: être droit).
J-65: CHAPITRE 27. LA DIFFERENCE ENTRE LA RELIGION CATHOLIQUE ET LE PROTESTANTISME. (Besako bia Ekelesa), Bokotama la Révérend W.D. Armstrong. Congo Balolo Mission. Congo-Belge. 1930. p.80-87.
Avant que nous écrivions certaines choses, il est bon que nous disions un mot sur la différence qui existe entre la Religion Catholique et le Protestantisme. Le lecteur qui a un discernement a déjà compris que les Romains (1) sont des Catholiques (les prêtres) et nous sommes des Protestants. Comme nous avions vu, ils sont la première église qui avait accueilli beaucoup de superstitions tirant leur origine dans des choses que certains prédicateurs avaient enseignées sans conseil. Et par après les gens l'ont accepté en disant qu'elles avaient la même véracité que la Bible. Nous croyons que la Bible a été écrite par les gens qui étaient guidés par l'Esprit Saint (2), et ces écrits avaient été inspirés par Dieu. (2 Timothée 3:16; Romains 1,2; 2 Pierre 1, 21-22). Tout le Nouveau Testament avait été écrit, il y a cent ans passés à ce moment. Alors, nous n'accepterons pas que certains écrits qui seront ajoutés après s'unissent de droit à ce livre. (Révélation 22:18-19). Les Romains considèrent la Bible comme un livre de Loi. Ils pensent que la Bible traduite en Latin, appelée Vulgate (traduite par Jérôme) a un grand pouvoir. Cependant la Vulgate et les anciens textes rédigés en Grec présentèrent des différences sur certaines choses. Les Romains ont foi aux traditions, c'est-à-dire des pratiques que les gens ont autrefois fait, à l'instar des pratiques des gens comme Origène, Jérôme et Cyprien qui sont considérés comme "Pères". Cette croyance est à la base de beaucoup d'erreurs comme la vénération des saints, le purgatoire, la transsubstantiation, le respect aux reliques et les prières en faveur des morts. Quand un certain Père prêche, son enseignement est considéré comme vrai par certaines gens qui viendront après lui, et si ce Père commet une erreur, il cause l'égarement de tous ceux qui ont confiance à sa parole. Les Romains confessent des fautes graves chez les prêtres qu'ils croient être intermédiaires entre Yahvé Dieu et les hommes. Nous enseignons ainsi: "Confessez-vous donc vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin d'être guéris". (Jacques 5-16), mais on ne nous enseigne pas d'aller se confesser devant les prêtres.(Hébreux 7:24). Dans l'église primitive, il n'y avait pas de prêtres comme les prêtres de Rome. Nous avouons nos fautes à Jahvé Dieu, et celui-ci nous sauve par le canal de Jésus le Messie. (Romains 10:9; Jean 1:9; 1 Jean 4,15). Les Romains affirment que l'homme peut avoir le salut à partir de ses péchés par la pénitence (châtiment infligé par les prêtres), mais, elle seule, ne suffit pas. Alors les âmes humaines sont lavées après la mort au feu du Purgatoire. Nous ne croyons pas à ces choses, car elles ne sont pas écrites dans la Bible. Nous affirmons que "le sang de Jésus nous purifie de tout péché. (I Jean l7); et si nous confessons nos péchés, fidèle et juste comme il est, il nous pardonnera nos péchés" (I Jean 1:7-9). Les Romains affirment qu'ils sont justes devant Dieu à cause de leurs bonnes actions. Nous affirmons que notre justice va de pair avec la foi en Jésus qui nous a fait hériter cette justice. (2 Corinthiens -5:21). Les Romains s'inclinent devant Marie et les Saints, et vénèrent les reliques et les statues. Cette inclination est pour nous de la pure idolâtrie. (Exode 20:4-5; Actes des Apôtres 15,29; 21:25; Révélation 21:8; Révélation 22:15; I Jean -5:2-1). Les Romains croient que le prêtre a le pouvoir sur la Table de Communion de changer le vin et le pain en sang et en corps de Jésus le Messie. Nous croyons que cette Cène ni est qu'une Cène de souvenir, le vin et le pain ne subissent aucun changement, ils sont comme ils étaient au paravant. (Luc 22:19; I Corinthiens 11:24,25). L'église romaine a un commandement ferme qui dit qu'il défend le mariage des prêtres et l'on connaît beaucoup de défauts graves à cause de ce commandement. L'église de la Réformation n'obéit pas à ce commandement, nous croyons aux choses qui sont écrites (aux Ecritures Saintes): " Que le mariage soit honoré de tous ". (Hébreux 13:4). Les Romains ont foi aux prières à l'intention des morts. Nous ne croyons pas à cet enseignement car il n'est pas mentionné dans la Bible. (Révélation 14;13). La religion romaine est une religion d'images et d'objets en vue de tout le monde. Ils se prosternent devant les statues et les prêtres portent des habits de marque dans leurs assemblées. Ils parlent le Latin qui n'est pas connu des gens ordinaires. Dans la religion protestante, nous adorons Jahvé Dieu en esprit, non à travers les images, et nous parlons une langue connue de tout le monde. (Jean 4:23; I Corinthiens 14:127; Psaumes 51:16; Actes des Apôtres 1:24) (..).
CHAPITRE 28. LE PROTESTANTISME ACCROIT. LES PERSECUTIONS PAR LA RELIGION CATHOLIQUE.
Le protestantisme se répandit rapidement en Europe. Certains protestants dévoués en Allemagne et en Scandinavie suivirent Luther, mais la France, l'Angleterre, l'Ecosse, la Hollande et une partie de la Suisse se rangèrent derrière Calvin. A l'avènement du protestantisme, la cruauté et le manque du savoir avaient diminué peu à peu la lumière et la vie, et l'argent étaient en abondance. Le sud de l'Europe faisait partie de l'Eglise de Rome, notamment, l'Italie, 1'Espagne et l'Autriche; mais le nord de l'Europe était protestant. Quand les Romains s'étaient rendus compte que les Européens abandonnaient leurs enseignements, ils tentèrent de les combattre et une certaine Congrégation dénommée "Jésuites" fut fondée en 1540. La signification de ce nom c'est "la Société de Jésus". Elle n'a pas pour but de combattre 1'enseignement des protestants. Ils avaient accepté d'aller partout où le pape devait les envoyer. Ils travaillaient ardemment et certains étaient des sages. L'un d'eux François Xavier, était un prédicateur assidu et de grand renom. Il alla au Japon, en Inde et en Chine pour prêcher les gens. On lui doit l'auréole. Cependant, les protestants haïrent la Congrégation des Jésuites car nombreux étaient connus pour des défauts graves et comme espions, ils sont comparables au léopard revêtant la peau d'un agneau. Ils étaient évincés dans beaucoup de villes à cause des actes qu'ils avaient posés. Sur ce, le Pape réunit l'Eglise dans la ville de Trente pour améliorer les enseignements de l'Eglise romaine. Ils pensèrent aux nouveaux enseignements. A la fin de la réunion ils conclurent que le Pape était le chef de l'Eglise et que son pouvoir était au-dessus de toutes les assemblées religieuses. Ils considérèrent la Vulgate comme une Bible ayant le plus d'autorité. Ils rejetèrent les enseignements de Luther qui manquaient de foi, et conclurent que les traditions et la Bible ne se contredisaient pas en ce qui concernaient les enseignements. L'inquisition se généralisa. Le droit d'inquisition est ainsi appelé "Droit consacré, mais ce n'était que l'œuvre de Satan. Au moment où nous lisons l'histoire cruelle de cette époque, nous frissonnons d'épouvante. Ce manège se faisait en secret. Tout hérétique était arrêté et questionné sans témoin. Au cas où il affirmerait qu'il était hérétique, on décidait de le brûler au feu. Et s'il ne voulait pas redire les choses qu'il avait prononcées, on le faisait souffrir atrocement au moyen des couteaux, du feu et des instruments causant la souffrance de toute nature. Certains pays avaient augmenté le pouvoir de l'inquisition, comme l'Espagne et ses colonies, l'Italie également. Un certain écrivain, Florente, raconte que Torquimada avait envoyé 9000 personnes au bûcher en 1600. Des milliers de gens ont souffert en Europe, comme ils avaient les mêmes convictions religieuses que nous. Les Papes n'avaient pas le pouvoir d'ouvrir un tribunal d'inquisition dans un quelconque pays sauf si le roi de ce pays était d'accord, et la peine était aussi infligée aux serviteurs du roi. L'Eglise transférait les accusés aux mains de l'Etat pour qu'ils soient punis. Les cruautés de l'inquisition étaient mal digérées par les Protestants depuis ce temps-là, et leurs actions sont une des causes majeures de la haine entre Protestants et Catholique. (... ) Une grande persécution avait sévi en Hollande, mais les protestants avaient maîtrisé leurs oppresseurs et s'étaient délivrés de leurs mains. En Belgique, la persécution eut lieu et les Catholiques battirent les Protestants. C'est la raison pour laquelle les Catholiques y sont nombreux. En Allemagne, il y eut trente ans de guerre entre Catholiques et Protestants et en 1648 ces guerres avaient cessé à cause du "Traite de Westphalie". Cette situation avait lieu dans tous les pays d'Europe: les Catholiques tentaient de détruire les Protestants par force, mais ils n'avaient pas pu le faire comme les Protestants avaient les choses de la vie, la vérité et la persévérance. Nous pensons que ceux qui étaient morts à cause du Protestantisme sont plus nombreux que les martyrs aux temps de Rome antique qui persécutait les gens qui suivaient Jésus et qui n'avaient pas foi aux idoles.
CHAPITRE 29. L'EXTENSION DU PROTESTANTISME. LES FRUITS DU PROTESTANTISME
L'Espagne fut un puissant royaume aux temps de la Réformation, et ils avaient propagé les enseignements de Rome dans leurs colonies d'Amérique du sud. C'est la raison pour laquelle l'Amérique du sud est un continent qui croit aux enseignements de Rome aujourd'hui. Cependant la puissance de l'Espagne s'est évanouie, et elle a perdu ses colonies. En 1620, des hommes et cent femmes avaient quitté l'Angleterre -à 1'aide du bateau "Mayflower" pour l'Amérique. Ils étaient à la recherche d'un pays où ils allaient prier Jahvé Dieu à leur gré. La cruauté qui régnait en Europe était à la base de la recherche de leur délivrance, et dans le nouveau monde, ils avaient la liberté de propager le protestantisme qu'ils avaient accueilli. Ils rencontrèrent beaucoup d'obstacles mais ils les surmontèrent, et la pure religion qu'on trouve aujourd'hui en Amérique est le fruit des graines plantés à ce moment-là. Le Protestantisme s'harmonise au jour le jour avec la liberté. La richesse et l'accroissement du savoir viennent du Protestantisme et, aujourd'hui l'Amérique surpasse presque tous les autres continents en richesse et tous les jeunes sont scolarisés. C'est de la même façon que l'Angleterre cherche la délivrance de ses hommes de cette cruauté cruelle.
NOTES 1. Ba-Rome est l'expression utilisée dans ce livret pour indiquer les Catholiques. Nous conservons l'expression telle quelle dans la traduction. D'autres expressions: BaMonpère. 2. Bolimo w'olotsi: " Esprit de bonté " est le terme utilisé par les protestants pour Esprit Saint. Les Catholiques utilisent l'expression Filito ey'Oyengwa ou Elima ey'oyengwa, Esprit de Sainteté.
12/10/01
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