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thèmes > biographies et bibliographies coloniales > bio-bibliographies > Joseph TSWAMBE | ||||||||
TSWAMBE Notable / Par Honoré Vinck
Publié
dans: Benoît Ngombo d'Ifeko, raconte à ce sujet sur une bande enregistrée, ce qui suit ici en traduction: "Moi et Tswambe (1) n'avons pas grandi ensemble. Eux étaient dans Ie grand Bonsole (2). Mais celui que j'ai vu c'est cet homme qu'il disait être son père: Belongo l'Isoku. Je n'ai pas vu que son père allait ainsi avec lui. Pendant que j'étais boy chez un juge, je fus surpris quand il arriva un jour de la colonie scolaire (3). II se trouvait dans un bureau et nous ignorions qu'il était des nótres. Lorsqu'il quitta Ie bureau, il alla peut-être chez lui. De toute façon il partait chez les Injolo; il y alla enquêter sur les droits coutumiers des chefs, là chez les Injolo. lIs Ie chassèrent: 'Nous ne te connaissons pas; tu es venu lié comme un esclave et tu es allé à la colonie scolaire'. Il est alors revenu ici chez les Ntomba s'instalIer et préciser ses droits: 'Moi je suis un enfant des Bompanga'. Mais on mit ses affirmations en doute. Et nous, ses compagnons d' âge, nous ne Ie connaissions pas bien du tout (4). Lorsqu 'il n'y avait pas encore chez nous de chef investi, il vint vexer les gens, questionnant les patriarches dans leurs résidences, comme chez Yoka y'Entombo à Bonsole. Il les importunait ainsi: 'Moi je suis Ie fils de Belongo l'Isoku: papa m' a lié et m' a envoyé à la colonie scolaire chez les Injolo (5) et me voici revenu. J'appartiens au groupe Bompanga' . Mais beaucoup d'entre les patriarches ne l'ont pas cru. Il était seulement venu briguer Ie pouvoir. Comme lui et Bongese (6) ne cessaient de discuter, on Ie relégua. Revenu de la relégation, il devint greffier chez Bongese, parce qu'il savait lire et écrire. Plus tard on Ie nomma chef de secteur, mais pas pour longtemps, comme quelqu'un qui a usurpé Ie pouvoir (7). Mais nous ne Ie connaissions pas comme homme libre chez les Bompanga. Ce n'étaient que des suppositions; queIques uns l'admettaient, mais la majorité Ie recusait. OrigineBelongo l'Isoku était un vieux de Bompanga. Il s'était épris d'une femme d'lkengo: Mpande. Mais cette Mpande avait deux enfants à elle: une fille Efetsi et un garçon Bonjusa. Ceux là, je les ai connus. Mais ces enfants n'étaient pas de Belongo l'Isoku. Tswambé était l'aîné de Bonjusa et de sa soeur: Comment pouvait-il être Ie fils de Belongo l'Isoku ? Mpande était la maîtresse de Belongo l'Isoku. Lui était une chose prise en possession (8). Il n'était un enfant libre ni de Mpande ni de Belongo l'lsoku: il brouillait les pistes; on Ie supposait seulement. Peut-être Mpande l'avait-elle eu par une liaison avec quelqu'un, et ensuite on embrouilla les choses (9). Mais il n'était pas l'aîné de Mpande et il n'était pas chez Belongo l'Isoku auparavant. Mpande allait partout pleurer lors des décès. Elle a engendré ses deux enfants avec d'autres hommes que je n'ai pas connus. Mais j'ai connu Mpande même. Elle avait la peau claire, elle portait comme tatouage la ligne horizontale sur Ie front (10). Chez les InjoloVoici comment Tswambe est arrivé chez les Injolo. Le vieux Belongo l'Isoku, s'étant épris de Mpande, alla avec lui chez les Injolo, ou il avait une affaire parmi les affaires graves, p.e. impöt de l'Etat, livraison du caoutchouc. Si tu n'en avais pas assez quelqu'un livrait pour toi Ie caoutchouc p.e. disant: 'Tu me dois de l'argent car j'ai porté ta contribution'. Lorsque devant payer, tu n'as pas assez, tu as une palabre avec moi. Si tu n'as plus rien, tu deviens esclave" (11-12). Notes1. Tswambe était l'homme de confiance de l'administration coloniaIe, vaincu par ses roses audacieuses, son bagout, son flair politique, surtout sa dureté. Cette dernière "qualité" est un fort argument en faveur de la thèse de son origine étrangère à la région et son statut d'esclave, thèse à laquelle se range Ie présent témoin, à coté de beaucoup d'autres. Son témoignage mérite d'être versé au dossier d'histoire. C'est pourquoi, il est reproduit ici. Le manuscrit original de la transcription de la bande enregistrée se trouve dans les Archives Aequatoria HH 18,41-7. Tswambe écrivait une "Histoire de Coquilhatville" publiée partiellement dans E. Boelaert, Equateurville, dans Aequatoria 15(1952)3-4 et Idem dans Bulletin de I'ARSOM 24(1953)521-529. 2. Le grand Bonsole établi près de la rivière Nsoji, par opposition aux autres groupements assemblés dans Ie village d'lfeko. Le témoin est origine d'lfeko. 3. La Colonie Scolaire soit de Boma soit de Nouvelle-Anvers près du Poste Militaire des Bangala. Les agents de l'Etat Indépendant y envoyaient des jeunes gens sur lesquels ils pouvaient mettre la main lors des expéditions pour soumettre les populations. D'autres leur étaient remis par des patriarches, soi-disant comme leurs propres enfants. Plus tard, ces jeunes gens pouvaient devenir chefs investis. Au besoin on falsifiait les généalogies. Le bruit a couru que tel était Ie cas pour Tswambe. 4. Ici Ie texte manque de elarté. 5. Il n'y a jamais eu de Colonie Scolaire chez les Injolo. Ou bien c'est un lapsus du conteur, ou bien c'est un mensonge du personnage décrit. La première supposition me paraît la plus plausible. D'autant plus qu'il est plus loin question d'un voyage chez les Injolo. 6. Bongese a été pendant de longues années chef investi des Ntomba voisins de Coquilhatville, avec résidence à Bongonjo-Wangata. Voir l'article de Lufungula. 7. Le narrateur croit que Tswambe n'a pas été chef longtemps parce que les Blancs auraient découvert les supercheries sur lesquelles il basait ses prétentions. Il n'en estcertainement rien. Car Tswambe a continué à être leur homme de confiance jusqu'à sa mort. Les cas de falsification connues et pourtant maintenues par l'administration coloniale pour conserver certains collaborateurs ont été trop nombreux pour admettre la raison donnée par Ie témoin. Tswambe est loin d'être Ie seul exemple de ces personnages proprement intouchables et inamovibles. 8. Expression pour signifier qu'il n'était pas un homme libre. 9. On embrouille les généalogies pour que en haut lieu Ie personnage soit reconnu comme membre du lignage principal, pouvant donc être candidat chef. 10. A une autre occasion B. Ngombo a encore ajouté les détails suivants: Mpande avait une très belle voix et était ainsi souvent invitée aux chants funéraires, dans lesquels elle excellait. Ce qui lui avait valu beaucoup de relations. Ainsi, on peut facilement expliquer qu'elle eu l'enfant Tswambe. De bons amis se cédaient ainsi mutuellement des enfants à titre de cadeau pour renforcer leur amitié. On achetait même des enfants pour les élever comme des siens propres. 11. Voici ce que raconte au sujet de Tswambe, Pius Wijima Bokilimba de Mbandaka Inkole. "Moi et Tswambé sommes du même äge. Nous avons été ensemble à la Colonie Scolaire de Nouvelle Anvers. Je l'ai ramené ici. Mais nous ignorons ses parents. Il n'avait pas un père. Mpande d'Ikengo, mère de Bonjusa Pierre, était sa mère adoptive. Il se donnait comme fils de Belongo l'Isoku de Bompanga. Et certains ont cru cette histoire. Mais pour moi, nous ne lui avons connu ni père ni mère. Belongo l'Isoku était son maître. Sur ces deux points, il n'y a pas de doute. Son appartenance à Ifeko est douteuse. Certains Ie croient originaire de la région de Bikoro, d'ou Mpande l'aurait amené lorsqu'elle y allait danser. A la Colonie Scolaire, il était connu comme Ie fils de Bonkonju. De fait, il avait été donné à un patriarche des Injolo, nommé Bonkonju, père de Ntoko". 12. De son cöté, Tswambe m'a exposé vers 1940, sa généalogie. Sa mère Mpande était fine de Ingenji fils d'Eanga. Il ajoutait que son oncle maternel Eanga ea Entombo avait encore participé aux razzias organisées par les Ntomba (surtout Ikengo) avec les Eleku dans l'affluent de droite Ikwala (Likouala-aux-herbes) chez les Gada d' ou on ramenait métaux et esclaves. Parmi celles-ci il citait Ekota Mbisa donnée comme épouse à Bobenja d'Ikengo, que Tswambe comptait parmi ses parents. Il ajoutait qu'une de leurs petites fines (Bonkekele) et une arrière-petite-fille (Bingoji) étaient encore en vie en ce temps-là. G. HULSTAERT | ||||||||
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