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thèmes > biographies et bibliographies coloniales > bio-bibliographies > PIUS BOKILIMBA WIJIMA | ||||||||
PIUS BOKILIMBA WIJIMA (1882-1979) / par Charles Lonkama
Publié
dans: PrésentationNous présentons ici quelques faits importants de la vie de Pius Bokilimba, notable des Mbandaka-Inkole (Ikongowasa et une partie des villages aux bords de la Ruki) au Congo (Kinshasa). Sa vie durant, il a combattu l'expropriation des terres des autochtones par l'Administration Coloniale. La presque totalité des éléments biographiques suivants ont été puisés dans les Archives Æquatoria (Fonds Hulstaert 9, 1-10). Le clan Bokilimba des Inkole-JomotoBokilimba Witshima est né le 17 octobre 1882 de P. Nkota, son père, et de M. Wanga, sa mère. Il est mort le 15.12.1979 (1). Dans "Mbandaka Hier et Aujourdh'hui", Hulstaert esquisse la situation clanique de Bokilimba: "La situation de groupes étrangers assimilés - on pourrait la comparer à la naturalisation en usage les Etats européens - se trouve à une échelle inférieure, à l'intérieur de sections mineures. Tel le cas de la famille Bokilimba des Inkole Jomoto. L'äieul Bokilimba, l'ancien originaire de Bonganjo (Injolo), était venu en visite chez le patriarche Bosenga, ancêtre de la branche masculine des Inkole. Bokilimba, célibataire, obtint de ses hôtes (sur quelle base) une épouse nommée Boyoo (un puits d'eau près du village sur la terre Bokondanjika a retenu le nom de cette aïeule ancienne propriétaire. Dans le droit coutumier c'est un titre de propriété. Leur fils Nkota (marié avec Bosembe) fut le père de Wijima Pius, de ses frères Bolonjo (cf. ci-dessus 3.C.) et Ibuka Bernard. En 3.A. on voit l'autorité du vieux Bokilimba lors de la venue des agents de l'Etat à Bokena. Quand plus tard son petit-fils Wijima défendait les droits coutumiers contre l'administration coloniale et que les autorités officiellement constituées - tel que Eanga (voir ci-dessus 3.F.) - voulaient l'écarter comme étranger n'ayant aucun droit sur la terre, il proclamait son droit en se déclarant membre des Inkole Jomoto à part entière et en appliquant l'adage: Bukungu batambuna besenga bafaombuna (les arbres forts et durs ne m'ont pas brisé, les arbres faibles et mous ne me briseront point) ; c'est-à-dire: comme les anciens (par nature plus puissants et plus sages) m'ont accueilli comme membre et ont reconnu mon droit, ce ne sont pas les descendants (par définition plus faibles) qui peuvent m'écarter." (2) L'ordre nouveauSa jeunesse a été sans doute profondément marquée par le nouvel ordre socio-économique: la colonisation belge et ses conséquences. Son éducation, supposons-le, se situe à cheval sur le modèle traditionnel et sur l'école occidentale. Par un concours de circonstances, il fréquente la Colonie Scolaire de Boma avant de s'incorporer dans la Force Publique le 1.6.1911. Démobilisé, le 31.12.1913 (3), il devient moniteur aux Huileries du Congo Belge à Ebonda (Alberta). En 1919, il rentre à Mbandaka avant de se faire engager comme vendeur à Bokote chez Mr. Frisset. En 1920, il rentre chez lui pour cultiver sa terre natale. Déjà à cette époque, et peut-être inspiré par l'expérience d'Ebonda, avec ses travailleurs, il plante 400 palmiers et autres arbres fruitiers entre la SEDEC et L'Interfina à Boloko wa Nsimba (un village absorbé dans les années quarante par la ville de Mbandaka). En 1922, il fait planter encore 300 palmiers à Bofunga (actuel Ikongowasa), village fondé par lui et ses frères. De 1921 à 1946, sur conseil de ses frères, il alla s'installer à Mbandaka-Inkole qu'il fit débroussailler complètement. En 1951, Mr. Gobert (A.T.A.) visita ses palmeraies et lui en reconnut la propriété exclusive. Pour protéger ses plantations contre les voleurs, il engagea des 'sentinelles' vêtues d'un uniforme spécial. Cet acte fut qualifié de création d'une police parallèle, et partant, contraire l'ordre public établi. Il fut aussi accusé de percevoir des redevances sur des terres cédées aux habitants du C.E.C. Propriété foncièreLe 23 avril 1947, il perd le procès dans une affaire l'opposant aux chefs Eugène Nsaka de
Boyeka et Pierre Mokondjo de Boyela, accusés par lui d'accaparement des terres lui appartenant
de droit coutumier. Le tribunal du territoire de Coquilhatville, présidé par l'A.T. Crocket,
assisté des juges Jean Botoli et Maurice Lenga, ainsi que du greffier Joseph Tswambe, le
condamne à 2 mois de servitude pénale principale et propose "la relégation du prévenu dans un
endroit très éloigné de Coquilhatville, et de préférence dans un centre de relégation pour
relégués dangereux" (4). Personnalité tenaceManifestement sévère, le verdict contre Bokilimba témoigne de sa personnalité tenace, et
s'inscrit tout à fait dans la logique du sort réservé à tout opposant à l'ordre établi. Cela
peut s'expliquer ainsi, car la seule revendication des terres ne pouvait pas entraîner la
relégation de cet homme, loin des siens à Boóké (Kasai oriental), de 1947 à 1950 (8). Dans la politiqueBokilimba participe à la vie politique naissante à Coquilhatville et on le trouve membre du
Mouvement Traditionaliste Congolais (M.T.C.). Il participe au Premier Congrès National de
"l'Union" (de plusieurs partis dont le Mouvement Traditionaliste de Coquilhatville) tenu à
Stanleyville du 28 septembre au 3 octobre 1959. Ces partis finiront à former ensemble le Parti
National du Progrès (P.N.P.) En février 1960 il ira à la Table Ronde comme membre suppléant
(11). Il sera membre du Collège exécutif provincial de l'Equateur formé à la suite de la Table
Ronde NOTES(1) Ces dates nous ont été données à Mbandaka, le 30.5.1990 par son fils Witshima Yende
Ibuka (Donat), né le 28.8.1923. Il a ajouté que les documents officiels mentionnent plutôt
1892 comme date de naissance de son père qui, de son vivant, ne cessait de dénoncer cette
erreur. D'après la même source et suivant l'orthographe admis en lomongo, son père s'appelait
Wijima, et non Witshima comme attesté par certains documents. Voir un texte de Witshima sur
l'arrivée des Blancs à Coquilhatville, dans Annales Æquatoria 4(1983)166-171. (3) Son livret militaire faisant foi, Bokilimba a porté successivement les grades suivants:
caporal (1.6.1911), sergent (1.4.1912), premier sergent (1.6.1913). Revu par H. Vinck (2 mai 2002) |
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