. | ||||||||
CÆ | ||||||||
| Accueil | Publications | Thèmes | Archives | Chroniques | Manuels scolaires coloniaux | Tempels | Photos | Contact | English | |||||||
thèmes > Documents mongo: Nsong'a Lianja > Introduction et Bibliographie | ||||||||
Nsong'a Lianja: Introduction et Bibliographie / par Honoré VinckA Boelaert revient le mérite d'avoir vulgarisé l'épopée Nsong'a Lianja par la publication d'une compilation en 1949. Mais un certain nombre de textes avaient déjà été publiés auparavant. Avec Van Goethem et Hulstaert, il avait fait la récolte systématique des versions de l'épopée chez les chanteurs eux-mêmes ou chez les enseignants et les élèves des écoles. En 1951 Boelaert demandait aux lecteurs d'Etsiko (Coquilhatville 1949-1955) des nouveaux textes. De Rop en publiera plus tard un grand nombre, ensemble avec ses propres recherches. Frans Maes a enregistrée plusieurs version de la région de Boteka. L'ÉPOPÉE "NSONGO LA LIANJA"En guise de présentation, nous reproduisons ici une partie de l'introduction de Boelaert à l'édition Aequatoria de 1949. "Lianja est le héros légendaire des Nkundo-Mongo, qui chevauchent l'Équateur à l'Ouest et au Centre du Congo Belge. Au milieu d'autres peuples Bantous, ces Bantous de la Cuvette se caractérisent culturellement par une absence presque totale d'arts plastiques, de masques, de rites d'initiation, d'objets de culte. Mais aussi par un sens extrême du rythme, du chant, de la danse, de la diction. (…) Les Nkundo citent d'ailleurs, assez volontiers, Lianja et Nsongo comme leurs ancêtres les plus éloignés ou même comme les premiers parents du genre humain. Le thème central et essentiel de l'épopée me paraît consister en trois parties. La première raconte comment la mère de Lianja, pendant sa grossesse, désire les fruits du safoutier. Son mari, pour s'en procurer, doit se battre contre les gens du propriétaire et est tué par eux. La seconde narre la naissance de Lianja et de sa soeur Nsongo, puis le combat acharné du héros et de sa suite avec le meurtrier de son père. Enfin la troisième décrit comment Lianja se met à la recherche d'un:fleuve, le trouve, y fixe ses gens et monte au ciel. Lianja porte partout le même nom: il est et reste Lianja, nkân'ékà Nsongo: le frère de Nsong. Il a ses surnoms, surtout Anjàkânjaka. Il n'y a que les Bosaka qui l'appellent parfois Mpasa, et chez les Ngelewa il se confond avec Likinda ou Botombo. Sa femme, la future mère de Lianja, est Mbmbé. Un jour qu'enceinte elle balaie sa cour, un oiseau qui passe laisse tomber un fruit inconnu. La femme le ramasse et va le montrer à son mari. Celui lui explique que c'est un safou, bon à manger. Mbombé le prépare, le mange et prétend ne plus supporter d'autre aliment. Peut-être ce récit indique-t-il l'introduction du safoutier. Il est, en tout cas, une leçon pour les femmes enceintes de ne pas trop céder à leurs goûts. Ilele est embarrassé, mais au prochain passage de l'oiseau il lui demande où se trouve le safoutier. L'arbre est la propriété d'un homme fort et dur, nommé Sausàù. Remarquez un jeu de mots, qui revient assez souvent dans les fables indigènes: le safoutier bosùù est la propriété de Sausàù. Les Bilangi prétendent que cet arbre se trouve encore-à Bompoma, dans la chefferie Injolo; pareille localisation des faits et gestes de l'épopée est courante parmi les Nkundo où chaque tribu essaie de situer les faits dans son histoire locale. Ilela s'en va chercher des safous. Il trouve l'arbre gardé par une sentinelle, qui est soit un enfant, soit un vieillard, soit même un chimpanzé. Sans plus s'occuper des avertissements, Ilele monte à l'arbre et se met à remplir ses paniers. La sentinelle mendie au moins un fruit pour lui, mais Ilele lui en lance un à la figure qui se tache de pian. (Ce qui est peut-être encore une indication de l'apparition de cette maladie si répandue dans le pays.) La sentinelle va avertir Sausàù qui accourt avec tout son. monde. Il expédie d'abord des oiseaux qui devront pousser Ilela et le faire tomber, mais qui s'enfuiront sous les projectiles du voleur, tachetés de leurs couleurs actuelles. La scène est une des plus belles de l'épopée: chaque oiseau entre en scène avec son chant typique, sa manière propre de se mouvoir: l'ensemble est si vivant, si réel dans toute sa poésie naïve que c'est du grand art. Mais Ilele parvient toujours à s'évader avec ses paniers de safous. Il sent pourtant que la mort approche et il avertir les siens. Autour du safoutier, les gens de Sausàù tendent leurs filets. Même la tortue se met de la partie, mais on se moque de son filet fragile et la repousse en forêt. C'est là qu'elle découvre la piste par où Ilele s'enfuit. Elle y creuse une fosse et tend son piège. De fait, c'est elle qui capture enfin le voleur. Notez que la tortue est le prototype nkundo du rusé, le héros populaire de tout un cycle de fabliaux où son intelligence rouée triomphe toujours de la force et de la sottise. Pendant que les parents d'Ilele se fâchent contre Mbombe, qui, par ses exigences insensées, a causé la mort de son mari, les douleurs de celle-ci commencent. Elle enfante les insectes, les oiseaux, les bêtes de la forêt ; puis les hommes: Pygmées et nègres, d'après leur rang d'aînesse. Il ne s'agit pas ici d'un récit de la création ni de totémisme. Nul indigène n'y pense et nous nous tromperions à y penser. Il s'agit simplement d'une leçon de choses dans un style imagé et plaisant. Après, Mbombe enfante l'auxiliaire spécial de Lianja, Entonto, personnage que je n'arrive pas à situer ou à expliquer, mais qui joue, dans beaucoup de versions, un rôle assez important dans la deuxième et troisième partie de l'épopée. Puis c'est le tour de Nsongo, la sœur de Lianja, belle comme la lune, compagne inséparable du héros. A ce moment, Lianja, du sein de sa mère, demande une voie propre à sortir: il ne veut pas du chemin ordinaire par où toutes les bêtes ont passé et ordonne à sa mère de s'enduire la jambe de rouge. La jambe se met à gonfler, se fend, et Lianja sort, armé de pied en cap, le plus beau des guerriers. Il porte un couteau-épée, à nom propre, et une clochette magique. Il saute sur le toit et demande à sa mère: "Mère, où est mon père?" Après quelques hésitations, Mbombe lui dit la vérité, et Lianja appelle tout son monde au combat. Il porte son couteau au ciel pour l'y faire bénir et l'on se met en marche. A proximité de l'ennemi, Lianja envoie Entonto provoquer Sausàù au combat. Lui-même rencontre Lomboto, le beau-fils de Sausaù et le tue. Mais Sausàù se moque de son jeune adversaire et accepte le défi. Lianja lui envoie mouches, abeilles et guêpes, dont les gens de Sausàù se débarrassent facilement par le feu et la fumée. Alors le combat s'engage et de part et d'autre tous les hommes, Batswà et nègres tombent. Lianja appelle Sausàù au combat singulier et va enfin le tuer, quand Nsongo s'interpose et accepte Sausiù comme mari. Le fond historique le plus ancien que je trouve à cette seconde partie de l'épopée serait donc la sujétion des Pygmées-Batswà et des précurseurs nègres par les Nkundo-Mongo. La troisième partie du récit est la plus variable, la plus libre à toutes les insertions, à toutes les fantaisies. D'après la verve du narrateur, elle est interminable. C'est la partie finale, qui relate la marche à travers la forêt, la grande migration vers le couchant. Toutes les traditions sont unanimes à reconnaître comme point de départ des dernières grandes migrations Nkundo-Mongo les sources de la Lopori et de la Maringa. Descendant vers l'Ouest, elles ont dû rencontrer bien des précurseurs, eux aussi déjà avec des assujettis nègres et pygmées, et s'adapter constamment. Les récits nous montrent comment Lianja, le génie nkundo, s'empare tour à tour des brasseurs de bière, des musiciens, des chasseurs, des cultivateurs. Il veut les tuer, mais Nsongo les sauve et les fait entrer au service de l'armée migratrice. Des récits plus fantastiques se mêlent à ce fond. Quelques figures plus saillantes se rencontrent . Yampunungu, l'invincible, qui parfois s'identifie à Sausau, Indombe, le boa géant, Likinda, le chef des ogres. C'est une profusion de fables, de scènes miraculeuses, de combats épiques où chacun introduit, ou omet à volonté. Vers la fin, l'armée se disloque, soit par une digue qui se rompt pendant la traversée, soit par fatigue. Ainsi, tour à tour, les divers groupes se fixent, jusqu'à ce que Lianja atteigne le fleuve recherché. Il s'y fixe à son tour, construit ses villages et fait des cultures. Quand tout est en marche, il monte au ciel avec Nsongo." BIBLIOGRAPHIEA. En généralANONYME, Wanya w'ankoko nda Nsong'a Lianja, Efomesako (Coquilhatville) 1937, 29-34 B. TextesBOELAERT E., Nsong'a Lianja, Congo (1934)I, 49-71; 197-216 C. ÉtudesBAUMANN H., 1936, Schöpfung und Urzeit des Menschen im Mythus der Afrikanischen Völker, Dietrich Reimer, Berlin, 1936 (passim) | ||||||||
. | ||||||||