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thèmes > géographie sociale et architectures coloniales > Coquilhatville > LE CERCLE LEOPOLD II | ||||||||
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LE CERCLE LEOPOLD II À COQUILHATVILLE (MBANDAKA) / Par Honoré VINCKPublié dans Annales Aequatoria 7(1986) 337 - 344 1. FONDATIONLes Statuts du Cercle Léopold II portent la date du 18 février 1944 et la signature du Commissaire de District Jean Baptiste Delobbe (1899-1946). Mais c'est Mr Antoine Rubbens qui en avait pris l'initiative. Une lettre du 25-9-1945, de Hulstaert à Rubbens, parle de ce cercle comme étant encore à établir: "Ici on a reçu la charge de commencer un cercle pour ces Messieurs mais on chargeait un A.T. qui attend son départ définitif, qui travaille de manière sérieuse, dit-on, mais qui est contrecarré par ses chefs. En tout cas il semble que cela ne démarre pas, car il venait régulièrement ici pour en parler avec moi mais je ne l'ai plus vu depuis 15 jours (1). 2. MEMBRES2.1. Le Comité ProtecteurLes Statuts de 1944 donnent en annexe la liste des membres du bureau et du Comité Protecteur. Ce sont, comme partout dans pareils cas, les plus hauts fonctionnaires de la place, comme le Gouverneur, les représentants des cultes etc. 2.2. Les membres effectifsNous n'avons trouvé aucune liste de membres. Le document des Statuts ne donne que les membres du bureau et elle porte déjà des ratures: le nom de Louis Ilonga, qui fonctionnait comme secrétaire adjoint y est rayé sans être remplacé. Paul Ifufa est remplacé comme "commissaire" par Raphaël Ilongoi. ÉVOLUTIONNous ne disposons pas des rapports des réunions, mais quelques notices dans "La Voix du Congolais" nous informent sur les activités des premières années. Ainsi nous apprenons par Ilonga qu'en 1946, on ne se réunissait plus dans le Cercle de Bakusu mais dans un local de la S.A.B. connu sous le nom de "Parade" (nom de l'ancien propriétaire; actuellement Institut de l'Equateur) et que quelques activités y avaient eu lieu (2). Dès le début, on disposait d'une petite bibliothèque. On prenait l'initiative de lancer un périodique. "L'Echo de l'Equateur" mais on ne l'exécutait pas (3). En 1949, on signalait la fondation d'un Cercle succursale "Prince Baudouin" à Ingende (4). En 1950, Roger Bolamba en visite à Coquilhatville décrivait la situation léthargique du Cercle Léopold II en quelques phrases amères. "La classe évoluante parait assez apathique. Il existe depuis quatre ans environ un groupe d'évoluants dénommé "Cercle Léopold II". Son activité fut assez intense au début. Malheureusement ce ne fut qu'un feu de paille. Ce Cercle comporte l'inévitable bar et une bibliothèque peu fréquentée, sauf par les élèves du Groupe Scolaire. Les évoluants de Coquilhatville doivent s'unir et s'entendre. Ils doivent faire vivre leur Cercle Léopold II" (5). En 1952 nous trouvons à la présidence.(6) A partir de 1953 nous disposons des rapports du Conseil du Centre Extra-coutumier de Coquilhatville (7). Nous en citons les mentions concernant le Cercle: 1953: "Le Cercle Léopold II compte théoriquement 100 membres. Manque d'un local convenable, ce Cercle n'a pas d'activités." (p.8) "Il existe une bibliothèque avec 1172 ouvrages dans le local actuel du Cercle Léopold II. Cependant, elle ne connaît pas le succès qu' on y avait espéré." (p.9) 1954: "Le Cercle Culturel Léopold II a été réformé dans le courant de l'année 1954. Il me semble que ce Cercle connaît un réel succès et répond aux espérances." (p.8) "Local pour évolués: 100.000 francs sont prévus au budget de 1954. Fait" (p. 17). "Dépassé de 50.000 francs" (p. 23) 1955: "Un Cercle Culturel Léopold II comprend actuellement: une section d'étude (1955, 10 conférences); une section théâtrale (1 représentation: "Inventaire" par Joseph Basembe) (8); - une section scouts (garçons - filles 150 membres); - une section de cinéma (7 séances par privés, 2 par l'Information); une section bibliothèque (peu fréquentée). (p.13) La seconde partie du Cercle Léopold II a été construite et achevée par RECOMACO (9); 80.000 francs subsides Colonie pour Cercle des Evolués; Prévisions 15à.000, exécution 133.581" (annexe). 1957: "60 membres. Sous la présidence de Ilonga Louis - section d'étude: 30 membres - section théâtrale: aucune activité en 1957 - section cinéma: Information - section bibliothèque (pour ainsi dire pas fréquentée). Tout comme l'année 1956, l'activité de ce Cercle au cours de l'année fut réduite. Le Cercle fut restauré par le C.E.C. qui le mit à là disposition de toutes les associations." (p. 15) Dans son livre: "Le Centre Extra-Coutumier de Coquilhatville" publié en 1956, F. M. de Thier, caractérise ce Cercle comme: "Cercle Culturel Eurafricain" comptant 200 membres congolais et 20 européens (p. 118). Il n'apparaît nullement des documents connus, que ce Cercle ait été effectivement interracial. C'est là toute l'information que nous avons concernant le Cercle des Evolués à Coquilhatville. Sur base de ces données il est impossible de juger de l'impact qu'il aurait eu sur la prise de conscience des élites congolaises à Coquilhatville. Il faut signaler dans ce contexte qu'une bonne partie de cette élite était rassemblée dans le Cercle Excelsior de la Mission Catholique de Bakusu, déjà fondé dans les années 1930, Etaient également représentées à Coquilhatville les Associations des Anciens Elèves comme : ADAPES (Scheut), ASSANEF (Frères des Ecoles Chrétiennes), ASAEBA ( Mill Hill de Basankusu). A certains moments, d'autres associations culturelles virent le jour comme: Les Chevaliers de l'Equateur (Protestants), le Cercle de l'Otraco, le FEDACIC (Anciens Combattants), l'Amicale Belgo-Congolaise, l'Union Coq - Léo etc., mais nous n'en connaissons que le nom. ANNEXE : LES STATUTS DU CERCLE LEOPOLD IIStatuts de l'Association des Evolués du Centre Coquilhatville 1944Art. 1. Il est créé au Centre Extra-Coutumier de Coquilhatville une association des indigènes évolués. Art. 2. Cette association prendra le nom de "Cercle Léopold II" en hommage de reconnaissance à la mémoire du Roi des Belges qui ouvrit les voies de la civilisation aux populations indigènes du Congo. Art. 3. L'objet de l'Association est de développer la vie sociale des populations évoluées du Centre de Coquilhatville et environs et de poursuivre leur éducation civique. Cette action se fera notamment par l'organisation de réunions amicales, par l'érection d'une bibliothèque, l'organisation de cours post-scolaires, de conférences etc., ainsi que par des oeuvres d'entre aide mutuelle. Art. 4. Le siège ordinaire de 11 association est le local du Cercle de Bakusu. Art. 5. Les réunions ordinaires seront tenues au local du siège, le premier et troisième mercredi de chaque mois, sans convocation. Les réunions extraordinaires se feront sur convocation spéciale. Art. 6. L'insigne des membres du Cercle sera le monogramme de S.M. Léopold II sommé d'une étoile Congo. Art. 7. Pour être reçu comme membre du Cercle Léopold II, il faut avoir fait des études moyennes (10) et avoir un genre de vie et d'occupations répondant à l'éducation reçue. Par mesure d'exception le Comité peut décider l'admission à titre de membre des évolués ne réunissant pas le critère d'études défini au premier alinéa, pourvu que le candidat fasse la preuve que par son éducation personnelle il a atteint le niveau intellectuel et social des évolués du centre. Art. 8. Le Cercle Léopold II est dirigé par un bureau élu à la majorité de l'assemblée générale convoquée à cet effet chaque année au courant du mois de Janvier. Ce bureau est constitué d'un président, d'un vice-président, d'un secrétaire, d'un secrétaire-adjoint, d'un trésorier et de deux commissaires. Il se réunit à la convocation du président. Art. 9. Le Cercle peut élire un président d'honneur. Art. 10. Le Cercle invitera quelques personnalités de la ville, qui ont marqué leur bienveillance particulière à l'égard des populations évoluées du Centre à constituer le Comité protecteur du Cercle Léopold II. Les Protecteurs seront consultés avant chaque décision importante, ils seront les invités d'honneur aux fêtes et cérémonies organisées par le Cercle Léopold II. Art. 11. Le chef du territoire ou son délégué sera invité à chaque réunion ordinaire ou extraordinaire du Cercle, ainsi qu'aux réunions du bureau. Art. 12. Les ressources du Cercle sont les cotisations et les libéralités. La cotisation des membres est uniformément fixée à 5 frs par mois. Le trésorier sera comptable des recettes et dépenses. Il présentera ses comptes trimestriellement au Chef du Territoire et au Bureau du Cercle, pour contrôle, et annuellement au cours du mois de février à l'assemblée générale pour approbation. Art. 13. Seront exclus du Cercle Léopold II, ceux qui ont fait l'objet d'une condamnation infamante, sauf à faire la preuve d'une conduite irréprochable durant les cinq années qui ont suivi la libération; qui par leur action, propos ou attitudes, s'opposent expressément aux buts définis dans l'article 3 des Statuts; qui ont retardé plus de trois mois le paiement de leur cotisation. Dans les deux derniers cas, les membres visés par une mesure d'exclusion seront préalablement mis en demeure par écrit avec un délai d'un mois. Les exclusions seront prononcées publiquement à la réunion ordinaire. Constitution du bureauPrésident: SAMBWA Antoine, clerc au secrétariat, commis de 2e cl., conseiller du Centre Extra-Coutumier, originaire de Banzyville Vice-président: LUMBUME Jean, clerc Otraco, originaire de Kutu Secrétaire: KAPINGA Lambert, clerc SAB, orig. de Luebo Secrétaire adjoint: Trésorier: BASELE Henri, clerc S.M., commis de 5e classe, originaire de Monkoto Commissaires: ILONGOI Raphaël, clerc B.C.B., originaire de Monkoto; BOSILIKWA Bernard, clerc Titres Fonciers, commis adj.1e cl., orig. d'Irgende. Président d'honneur: ITELA (11), Chef du Centre Extra-Coutumier. Personnalités à inviter en qualité de protecteursMonsieur le Gouverneur de la Province, S.E. Mgr. Van Goethem, Vicaire Apostolique, Monsieur le Commissaire Provincial, Monsieur le Président du Tribunal, Monsieur le Procureur du Roi, Le Rév. Rowe de la D.C.C.M., Monsieur le Médecin Provincial, Monsier Vangèle, Directeur SAB Wangata. Vu et approuvé le 18-2-1944 le C.d.D. D. DELOBBE
NOTES 1. Lettre de G. Hulstaert à A. Rubbens, Archives Aequatoria à Bamanya (A. Aeq.) 2. La Voix du Congolais (LVC) 1946, p. 364 3. Henri BaselC dans LVC 1946, p. 523 4. LVC 1949, p.127 5. LVC 1950, p.212-214. Bolamba écrivait aussi un article sur le phénomène des Cercles pour Evolués: LVC 1947, p. 718-720 6. LVC 1952, p.703 7. Arch. Aeq. HH 15,5 8. Dans La Gazette de l'Equateur (Coquilhatville) du 1 novembre 1954, p. 8 nous lisons à ce propos: "Une troupe d'Artistes-Amateurs Congolais, crée au sein de la section littéraire du Cercle Léopold II, a vue le jour à Coquilhatville. Le samedi 9 octobre à 21 heures, cette petite troupe, assez homogène, a donné en avant-première au Cercle Excelsior une pièce à thèse intitulée: "L'inventaire" et qui est de là plume de Monsieur Basembe (...) une foule nombreuse assistait à cette avant-première. Elle est jouée en lingala - français et pour les européens qui connaissent bien le lingala, il y avaient certaines réparties cocasses qui faisaient bien rire aux larmes. Une seconde représentation a été donnée le samedi suivant 16 octobre pour les européens". Il s'agit probablement de Désiré Joseph Basembe dont une oeuvre (Les aventures de Mobaron) est longuement analysée par Mukala Kadima Nzuji, La Littérature Zaïroise de Langue Française, Karthala Paris 1984, p. 162-167. 9. RECOMACO: Régie pour la construction d'habitation en matériaux durables pour Congolais, était une entité du C.E.C. de Coquilhatville. 10. A notre savoir à Coquilhatville et environs, il n'y avait comme d'autre école secondaire que: (1) A Coquilhatville même, le Groupe Scolaire (fondé en 1931); (2) A Bamanya l'Ecole Normale Primaire (fondée en 1929). Toutes les deux étaient dirigées par les Frères des Ecoles Chrétiennes; (3) A Bokuma le Petit Séminaire fondé en 1930; (4) A Bolenge, une école de formation de pasteurs: l'"Institut Chrétien". 11. Remplacé -par Joseph Bofonge en 1953 (LVC 1953, p. 556). In memoriam dans LVC 1959, p. 595. |
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