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MONSEIGNEUR VAN GOETHEM, UN INDIGÉNISTE ÉMINENT / Par Joseph Esser [in French only]From: Aequatoria 12(1949)103-105 Né à Beveren (Waas) le 10 mai 1873 et ordonné prêtre à Rome le, 23 décembre 1899, Edouard Van Goethem partit le 17 octobre 1902 pour la colonie britannique de Papouasie (Nouvelle-Guinée, Océanie). Nommé Préfet Apostolique de la nouvelle mission de la Tshuapa, confiée à la province belge des Missionnaires du Sacré-Coeur, il quitta l'Australie pour le Congo Belge et s'embarqua à Anvers le 23 septembre 1924. Sacré évêque le 25 avril 1933, il continua à diriger le Vicariat de Coquilhatville jusqu'en 1946. Le 27 octobre de cette année il rentra au pays natal, épuisé par 44 années d'une vie missionnaire extrêmement active et rendit sa belle âme à Dieu le jour de'l'Ascension, 26 mai 1949. 1. L'INDIGÉNISTEPréjugé de la race, préjugé malfaisant et d'une rare ténacité... Pourtant en notre siècle de réhabilitation, ce préjugé devra, lui aussi, disparaître devant la lumière. Grand nombre d'observateurs consciencieux et impartiaux reconnaissent aujourd'hui que certaines peuplades primitives ont conservé intactes leur vigueur morale et leur vitalité, pierres d'attente merveilleuses pour la civilisation et l'évangélisation. "Les populations primitives, disait S. S. Pie XI, sont des populations d'or". On peut dire et écrire aujourd'hui que le primitif n'est pas essentiellement différent du civilisé. Mgr Van Goethem en était convaincu. Champion de la race noire, comme le père Lebbe de ses chers Chinois, il mit cette conviction à la base de toute son oeuvre et en faisait le thème de ses pensées. Aussi pour camper la figure morale de son Excellence, je ne saurais mieux faire que de répéter la phrase typique de Pie XI: "Dites à vos Noirs que je les aime tels qu'ils sont". Et de vrai, le problème colonial et missionnaire qui lui tenait le plus au coeur, était celui de l'adaptation. Comprendre le Noir, l'aimer tel qu'il est et non pas tel qu'il devrait être, l'aimer tel qu'il est et non pas tel qu'on croit qu'il est, fut la grande ambition de l'Évêque des Nkundo. S'adapter, se mettre à l'unisson du Noir, suppose de la part de l'Européen un gros effort de compréhension et de pénétration. Il est regrettable que Mgr Van Goethem n'ait pas publié un ouvrage mettant à la disposition du publie les résultats de ses recherches ethnographiques car elles sont importantes. Rarement un Européen est allé aussi loin dans la connaissance de la vie intime Nkundo. Mgr Van Goethem aurait voulu utiliser le système d'éducation indigène quitte à pratiquer habilement une transfusion pédagogique européenne. Avec passion, il recherchait les pierres d'attente. Il haïssait la méthode des inadaptés, de ceux qui missionnent à distance, c'est-à-dire de ceux qui restent en dehors du monde qu'ils doivent convertir parce qu'ils s'interdisent tout contact personnel et immédiat avec eux. Son bon coeur lui dictait d'ailleurs cette méthode. Se défaire de sa façon personnelle de penser et de sentir, s'assimiler aussi parfaitement que possible la psychologie des primitifs, comprendre à fond la mentalité du Noir, était pour lui une forme de la charité. Exiger la tabula rasa, lui semblait un crime. Il était d'une délicatesse surprenante à l'endroit de ce quelque chose d'invisible qu'on devine plutôt qu'on ne le voit, de ce quelque chose qui fait du prochain un être semblable à nous, un homme. Il réprouvait la théorie de ceux qui veulent imposer à autrui "leur tête et leur cœur." Il était ennemi de ceux qui veulent forcer la vie intime d'autrui. Cette théorie, il l'étendait à tous les hommes, sans distinction de couleur ni d'origine. Même à l'égard de ces pré-chrétiens que sont les primitifs, il avait cette attitude éminemment évangélique. Volontiers il aurait fait siennes ces généreuses paroles du père Tempels: "Il faut découvrir chez nos primitifs cette lueur qui luit dans les ténèbres et qui ne vient pas de l'homme (L'Es rit soupire dans chaque coeur humain par des gémissements ineffables). Par conviction, par nécessité, il faut tenter l'aventure et risquer le plongeon jusque dans l'ame inconnue du Noir." Le primitif doit comprendre le Christ et le vivre à sa manière. Les Juifs et les chrétiens de la primitive église vivaient le Christ à leur manière, non pas à la nôtre, et pourtant les saints et les martyrs fleurirent nombreux dans ces milieux pré-européens. C'est cette conception large et humaine qui caractérise l'attitude de Mgr Van Goethem. Volontiers il utilisait la musique indigène dans les cérémonies religieuses. "Les chants ont déjà un répertoire appréciable de musique religieuse, basée sur les mélodies et le rythme indigènes. Au pétit séminaire, les élèves exécutent dans l'église des cantiques, des chants dialoguées de pure inspiration indigène, et qui, malgré leur crudité imposent l'admiration et dénotent une valeur artistique" écrivait-il en 1936. Parfois il assistait aux danses indigènes, cherchant à pénétrer le sens profond de ce folklore compliqué. C'est pourquoi il écrivait en 1936: "Nous avons encouragé les danses indigènes et nous avons pu reproduire en danses mimiques et sur les rythmes les plus variés, toute la journée d'une femme indigène. Les Batswa de notre poste de Boteke, sous la baguette d'un père musicien du poste, ont exécuté des représentations chorégraphiques des plus intéressantes." Chez lui pas d'apriorisme, mais une volonté évidente de sympathiser. Il étudiait avec compréhension les courants d'idées les plus éloignées de ses positions philosophiques ou religieuses. Il aurait pu prendre comme devise "cherchons les points de contact, cultivons ce qui unit et tuons ce qui divise." Bref, il était le contraire d'un esprit vertical qui n'a ni horizon, ni charité. Parfois il déconcertait par ses vues inattendues comme déconcerte la foudroyante brusquerie de l'épervier qui fond sur le gibier invisible. Que voulez-vous, les myopes ont toujours fait souffrir les voyants et les voyants ne cesseront de faire hocher la tête aux myopes. Réaliste, oui, mais pas pragmatiste obtus et immédiatiste étroit. Partir du réel pour arriver au réel, serrer de près la réalité du passé et construire l'avenir même lointain, telle semble bien avoir été sa méthode. Ses décisions portaient loin. Débordant sur les temps à venir, il aurait pu s'écrier comme le Cardinal Lavigerie: "Oubliez-vous que je suis le serviteur d'un Dieu qu'on n'a jamais pu enfermer dans un tombeau." 2. LE PASTEUR VIGILANTDès le début, il se donne sans réserve à son Vicariat de Coquihatville. Aussitot il en voit les tares et en réaliste préconise les remèdes. La dénatalité sévit cruellement dans la Tshuapa. Il la dénonce vigoureusement à qui de droit. A lui revient l'honneur d'avoir soulevé ce grave problème qui a fait couler tant d'encre. Le Centre Africain crie famine. Il préconise le gros élevage et introduit des bovidés dans différents postes de l'Équateur. Dans ce même but humanitaire, il développe les plantations vivrières. La vue des misères corporelles le font souffrir. Il demande qu'on prodigue à autrui tous les soins médicaux possibles. Il installe même à Bamanya un cabinet dentaire dont il écrit plus tard: "Le cabinet dentaire de Bamanya a rendu de nombreux services à nos missionnaires et aux Européens que les médecins y ont envoyés." Il ouvre trois léproseries importantes, à Wafanya, à Yonda et à Imbonga. Il attire l'attention de ses missionnaires sur la question scolaire et installe de nombreuses écoles rurales en pleine brousse. Il inaugure l'école normale de Bamanya et bénit le premier séminaire de l'Équateur. Avant de disparaître, il aura le bonheur de voir à l'autel son premier prêtre indigène. Il lutte avec acharnement contre l'action nivellatrice et destructrice du sabir Ikeleve-Lingala et s'efforce de maintenir dans sa pureté originelle la langue Lonkundo. Homme de progrès, il encourage tout effort intellectuel. A cet effet il crée à Coquilhatville une imprimerie, un atelier de reliure, fait éditer plusieurs périodiques et lance l'importante revue Aequatoria, dont le but est d'étudier les coutumes des autochtones et leurs besoins. Avec énergie et clairvoyance, il soutiendra cette revue d'ethnographie envers et contre tous. Il jubile en pensant aux résultats obtenus. "Les efforts littéraires et surtout ethnographiques de nos missionnaires méritent une mention spéciale. Ils constituent un apport très précieux à notre connaissance de la mentalité indigène." Comme Pasteur des âmes, il affirme sans se lasser, la primauté de l'amour fraternel. Il accueille tout le monde, indistinctement, dans son palais épiscopal; croyants et incroyants, Catholiques et Protestants. Il semble même avoir un faible pour ceux qui sont de l'autre côté... Il respecte toutes les opinions et craint de blesser la conscience d'autrui. Ferme dans sa Foi comme Newman, mais aussi respectueux de l'opinion d'autrui comme Newman... Parmi l'élite de la Nation et de l'église, il occupe une place de choix, celui qui "opéra la vérité dans la charité", celui qui reconnut en tout homme, la face ineffable qui se fit voir jadis sous les traits d'un charpentier galliéen... BIBLIOGRAPHIE(Extrait de Bibliographie van de Missionarissen van het H. Hart, Borgerhout 1971, p. 163-164) et compléments. Abréviations: Annales = Annales de Notre Dame du Sacré Cœur, Borgerhout 1. Bibliographie scientifique(1) Lokole of tam-tam bij de Nkundo-negers, Congo 7(1927-2)711-716, 8(19281)33-38; 181-187. (2) Procédure du tribunal indigène d'après l'ancienne coutume, Aequatoria 4(1941-5/6)81-94. (3) Proverbes judiciaires de Mongo, Aequatoria 5(1942-1)1-8. (4) Bibliothèques pour indigènes, Aequatoria, 8(1945-3)115-116. (5) Le Dieu des Nkundo. (Posthume), Aequatoria, 13(1950-1)1-6; 41-48. (6) Devinettes Nkundo (Posthume), Aequatoria, 15(1952-2)41-48. 2. Bibliographie missionnaire(7) Brief van den Eerw. Pater Van Goethem aan zijne ouders te Beveren, Annalen, Borgerhout, 20(1905)153-154. (8) Lecture on Papua, Annals, Cork, 40 (1922)178-182; 228-231. Catholic Mission. Papua-Sydney, 1923, 95 pp. (9) Op audiëntie bij Z.H. Paus Pins XI.Annales, Borgerhout, 35 (1924)170-180. (10) Lettre à une bienfaitrice de Rome, Annales, Borgerhout, 36 (1925)102-104. Lettera di Mgr. Van Goethem M.S.C. a una benefactrice di Roma, Annali, Roma, 54 (1925)108-110. (11) Busanga. Reisindrukken uit Congo, Annalen, Borgerhout, 36 (1925)247-249, 269-273. Busanga. = Impressions de voyage, Annales, Borgerhout, 36 (1925)247-253. = Dans le Congo belge. Première visite, premières impressions. Almanach, Issoudun, 10(1928)69-71. = Mein erster Besuch und meine ersten Eindrücke in Busanga, Monathefte, Hiltrup, 45 (1928)144-148. (12) Een en ander nu Bokote, Annalen, Borgerhout, 36(1925)133-135. (13) Les malheureuses négresses, Almanach, Borgerhout 33 (1927)37-44. = La mujer en Africa, Anales, Barcelona, 56(1927)45-47. (14) Over den dood van E. P. Van Houte, Annalen, Borgerhout, 39 (1928)5. = Une lettre de Monseigneur Van Goethem. Annales, Borgerhout, 39 (1928)6. (15) Les voeux de Monseigneur Van Goethem, Annales, Borgerhout, 40(1929)6-7. (16) Hoog bezoek aan onze missie, Annalen, Borgerhout, 41(1930)270-275. (17) D'une lettre de Monseigneur Van Goethem, Annales, Borgerhout, 43(1932)200. (18) Aan onze lezers en vrienden, Annalen, Borgerhout, 44(1933)196-197. = A nos lecteurs, Annalen, Borgerhout, 44(1933)196-197. (19) Uit onze Congo-missie, Annalen, Borgerhout 46(1935)8-10. = Le petit séminaire de Bokuma, Annales, Borgerhout, 46(1935)8-10. (20) Zichten nu Bokuma. Almanak, Borgerhout, 42 (1936)3-11. = Le poste de Bokuma. Almanach, Borgerhout, 42(1936)3-11. (21) Wat Z. Exc. Mgr. Van Goethem et over schrijft, Annalen, Borgerhout, 47(1936)33. (22) Joost zijn brillent Annalen, Borgerhout, 59(1948)84-85. (23) Eerwaarde Moeder Nivarda overleden, Annalen, Borgerhout, 59 (1948)140-141. = Eerwaarde Moeder Nivarda, "Mama Mutu". Almanak, Borgerhout 54(1949)63. 3. ArchivesConsultez le catalogue des Archives Aequatoria. 4. Publications sur Van Goethem(1) J. Esser, Un indigéniste éminant: Mgr Van Goethem, Aequatoria 12(1949)103-105 = Le Courriuer d'Afrique 20(1049) du 21 juin, (n. 192) p. 1 et 3 (2) A. Maes, Een oud-leerling, Mgr Edward Van Goethem, dans Ic Hou. Contactblad tussen de oud-leerlingen van het Sint Josef klein seminarie Sint-Niklaas, 1970, N. 2, p. 5-23 (3) Jos Vereecken, Mgr Van Goethem, pionier van onze Kongomissie, dans MSC 50 ans au Zaire, Borgerhout, 1975, p. 9-11 G. Hulstaert, Goethem (Van) (Eduard), dans Belgische Overzeese Biographie, KAOW-ARSOM, Bruxelles, Deel VII, aflevering C, 1989, col. 181-192 | ||||||||
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