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ILONGA Boyela, Father d’Ibuka / by LUFUNGULA Lewono [in French only]From:Etudes Æquatoria 10(1990)97-100 / Mbandaka hier et aujourd'hui: Éléments d'historiographie locale [format PDF] A Mbandaka, chef-lieu de la région de l’Equateur, la résidence des Gouverneurs coloniaux est devenue celle des Gouverneurs nationaux. Elle est située sur le plateau Bokena (1), au confluent Zaïre-Ruki. Ce beau site est fort chargé de souvenirs. A l’instar des vestiges d’Equateurville (2), il perpétue silencieusement l’histoire coloniale belge, et nous rappelle aussi Boyela, celui qui le céda à l’autorité coloniale. Cette histoire est malheureusement difficile à reconstituer car les données sur Boyela et son fils Ibuka s’avèrent pauvres et divergentes. Nos sources sont en premier lieu les notes de Charles Lemaire (3), et ensuite la tradition orale représentée par les souvenirs de Eanga Ngonji (4) et les témoignages de Tswambe et de Wijima notés par G. Hulstaert (5). Nous tenons d’Eanga Ngonji par l’intermédiaire d’Eale ey’Obodji (6) notre principal informateur et interprète que :
En nous appuyant sur la tradition, nous pouvons estimer que cette installation précéda l’arrivée des Européens à Wangata w’Ibonga ou Equateurville, c.à.d., bien avant 1883. Reconstruisons d’abord l’arbre généalogique de la famille Ilonga Boyela (9). En effet, Ekenga, Patriarche des Inkole eut comme fille Bokela qui donna naissance à Yoka y’Amala, père de Mpembe qui enfanta Ilonga, père d’Ibuka et de Bodukandoko. L’époux de Mpembe fut Engbanjala, un Eleku de Bondo.
Après la mort d’Ekenga, Ilonga Boyela devint patriarche. Il se fit surnommer Boyela, c.à.d. ‘celui à qui l’on apporte’. En suivant le schéma ci-dessus, Ilonga venait en troisième position, Bokela et Mpembe étant des femmes. Comme sa famille maternelle Inkole (faisant partie des Mbandaka) l’avait élevé au grade de chef coutumier, cela implique l’accord des aînés. Ce genre de succession dans le clan maternel n’est pas la manière normale, mais ce n’est pas exclu non plus. Cependant le pouvoir chez les Nkundo était aussi héréditaire (10). Ilonga Boyela en profita pour désigner de son vivant son successeur en la personne d’Ibuka pour plusieurs raisons notamment son courage indomptable et son extraordinaire force physique (11). L’autorité coloniale entérina cette décision qui avait déjà été approuvée par la communauté. Le Père Hulstaert l’affirme aussi lorsqu’il écrit :
Le problème de l’évacuation de Bonkena fut résolu à l’époque d’Ilonga Boyela. Nous croyons que l’agent européen qui négocia pour la toute première fois l’obtention du plateau de Bonkena fut Vangele qui ‘le 11 septembre 1883, (il) voyagea à Mbandaka et y signa un traité pour acquérir un terrain’ (13). Le Père Hulstaert a récolté la version locale de cet événement (14). Après cet accord, Vangele ne résida pas à Bonkena (Mbandaka). Il rentra à Wangata w’ibonga devenu Equateurville (15). Cependant il ne serait pas inutile de scruter les papiers de Vangele pour voir s’il n’existe pas de traces de cette pittoresque narration des autochtones. C’est le 28 août 1891, que l’Etat se décida d’occuper le plateau de Bonkena :
Plus tard, Lemaire de passage à Mbandaka le 1er octobre 1895 notera :
Une autre fois, dit Lemaire,
Et le mercredi 1er octobre 1902, Lemaire ‘Dit au revoir à Boïéra’(19). Notes1. Bonkena : selon le Père Hulstaert, ‘ce mot désigne toute sorte d’arbres dont les fruits sont recherchés par les oiseaux, en particulier le Rauwolfia vomitoria Afz (lomponju ou ikuke). A l’arrivée des Européens, la rive servait de lieu de marché qui portait le même nom’. Lire son article : Aux origines de Mbandaka, dans : Annales Aequatoria 7 (1986) p. 78. Il semble que les Ntomba ey’Eanga se réunissaient régulièrement dans cet endroit en vue de prendre de grandes décisions. L’arbre précis sous lequel ils se réunissaient, Buma, existe encore de nos jours. 2. Voir Lufungula Lewono, ‘Il y a cent ans naissait Equateurville, l’ébauche de l’actuelle ville de Mbandaka’, dans Zaïre-Afrique (1983) n° 175, 301-312. 3. Il fut le premier véritable responsable de la région (province) de l’Equateur (1890-1893). 4. Eanga Ngonji : notable de Mbandaka-Inkole, âgé de 85 ans, il est le seul vieillard de Mbandaka en vie ! 5. Voir son étude : Aux origines de Mbandaka, dans Annales Aequatoria 7 (1986) 74-147, et dans le présent volume. 6. Eale ey’Obodji, notable de la ville de Mbandaka, est né à Bokala (Bamanya), le 30.1.1935. Diplômé de l’Ecole Normale de Bamanya (1952) et de l’Ecole Nationale d’Administration, il fut un stage fructueux en Belgique (Office Belge de Coopération au Développement) avant de se spécialiser au Centre Permanent de Comptabilité au Zaïre (Kinshasa). Il a travaillé successivement dans l’enseignement (Bokuma 1953, Mbandaka 1955) et à l’Economie Nationale et Industrie (1965) où il devint sous-directeur en 1966. De là il embrassa la territoriale (1968) à Lubero, puis à Walikale, au Nord-Kivu, avant de se retrouver aux services du Domaine Présidentiel de la Nsele (1975). En 1982, le Groupe Lombo l’embauche à Kinshasa en qualité de Comptable. Et en 1984, il devint conseiller économique et financier á l’Assemblée Régionale de l’Equateur à Mbandaka. 7. Mbao eya Ntsotso, littéralement le fusil (pupu) qui crépite pendant les nuits. 8. G. Hulstaert, Art. Cit., p. 85. 9. Ibidem, p.93-94; 145-146. On y ajoutera aussi les informations reçue du Citoyen Lokula Bongeye Nkenge, agent de la Banque Commerciale Zaïroise à Mbandaka, âge de 53 ans, et celles du notable Eanga Ngonji. 10. G. Hulstaert, Les Mongo. Aperçu général, Tervuren, 1961, p. 41. 11. G. Hulstaert, Aux origines de Mbandaka, dans Annales Aequatoria 7 (1986) p. 86. Mais selon la tradition, il fut plutôt un négrier redoutable. 12. Ibidem, p. 94. 13. Lufungula Lewono, Op. Cit., p. 308. 14. Hulstaert, Aux origines de Mbandaka, dans Annales Aequatoria 7 (1986) 84-85. 15. Voici une interprétation plausible basée sur l’expérience de Mgr Augouard concernant la raison de ne pas aller y habiter :
16.Voir Le Mouvement Géographique, (1891) p.110. 17. Papiers Lemaire, Carnet 6, p. 87 (62.45.18), Tervuren Département d’Histoire. Disponible en photocopie dans les Archives Aequatoria. 18. Papiers Lemaire, Carnet 3, p.7 (62.45.149), Tervuren Département d’Histoire. La visite a eu lieu le dimanche 28 septembre 1902, après 14h.30. Photocopie disponible dans le Archives Aequatoria. 19. Papiers Lemaire (62.45.149), Tervuren, Département d’Histoire. Egalement disponible en photocopie dans les Archives Aequatoria. LUFUNGULA Lewono | ||||||||||||||||||||||||||||||||
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