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BIOGRAPHy ERNEST ITELA (1890-1959): Chef du Centre Extra Coutumier (C.E.C.) de Coquilhatville (1934-1953) / by LUFUNGULA Lewono [in French only]From: Annales Aequatoria 13(1992)499-504 Le présent travail constitue un premier essai pour reconstituer le cheminement du chef Itela, dont la mort en 1959 affligea la population. LE C.E.C. DE COQUILHATVILLEEn vue de séparer les Noirs des Blancs, la cité "indigène" de Coquilhatville fut créée par décision du 28 mai 1918 (1). Il s'étendait du Nord au Sud entre les avenues Bonsomi et Révolution, de part et d'autre de l'artère Munji (2). Cette nouvelle entité reçut ironiquement l'appellation de "Belge", terme populaire qui servait à désigner à l'époque coloniale, tout quartier des Noirs détribalisés. "Le quartier Bakusu, réservé aux salariés indigènes de la colonie et des entreprises privées ainsi qu'aux noirs exerçant des métiers, le quartier Bandaka qui constitue l'extension du quartier Bakusu, le quartier administratif où seraient groupés les bâtiments de l'administration du Centre et le tribunal et enfin le quartier commercial réservé exclusivement aux commerçants noirs" (5). LA FAMILLE ITELAErnest Itela naquit à Bokélé sur la rivière Ruki vers 1890, de Pierre Mpilo Iluka, alias Piro et de Bompende Bawala, dans l'actuelle Collectivité de Bokatola, Zone d'Ingende, (anciennement secteur des Elinga), SousRégion et Région de l'Équateur. SOLDAT ET TRAVAILLEURAprès ses études, Ernest Itela fut enrôlé dans. l'armée où il connut une fructueuse carrière. Il existait à cette époque un lien étroit entre les "colonies scolaires" et la Force Publique (10). CHEF DU CENTRE EXTRA COUTUMIEREn 1933 les habitants du C.E.C. de Coquilhatville, répartis en en deux tendances, firent des requêtes au pouvoir. La première réclama un candidat lettré et élu au suffrage universel direct; la seconde composée d'une douzaine de clercs, souhait que l'un d'eux fut d'office désigné. Le 18 août 1934, l'Administrateur du Territoire accéda aux propositions de là dernière tendance et rendit publiques les conditions d'éligibilité du Chef du C.E.C. (11). Le système aboutit à un échec et le 26 août 1934, on changea de procédure. En effet, en décembre 1934, l'Administrateur Territorial désigna, sur proposition des membres du Conseil du Centre, MM. Inkombela et Bofaya (12), respectivement comme chef du Centre et adjoint de ce dernier. Mais, le Commissaire de District refusa d'entériner la décision à cause de la situation Matrimoniale des candidats (13). Ainsi les notables et les clercs en profiteront pour proposer, le 2 mai 1985, leur candidat, le coriace Pius Bokilimba Witshima, comme chef du Centre. Mais son casier judiciaire le défavorisa (14). A dire vrai, il était fort redouté par l'Administration à cause de sa perspicacité et de sa clairvoyance, tellement il était en avance sur son temps. Cédant aux pressions populaires, le Commissaire de District porta son choix sur Ernest Itela qui figurait depuis 1934 dans la "phalange" des candidats chefs du C.E.C., et qui tacitement. exerçait ces fonctions. La décision n° 27 bis du 3 mai 1935 du Commissaire de District, vint régulariser une situation de fait en nommant officiellement Ernest Itela, Chef du Centre de la Cité indigène. Presque 'au même moment, M. Bangalamingi fut désigné à la tête du Centre Extra Coutumier des pécheurs, appelé aujourd'hui quartier Basoko. L'autorité coloniale le nomma sur proposition des notables d'origine Bangala, Monia, Basoko et Libinza. M. Bangalamingi fut originaire de Lisala. Avant d'exercer ses fonctions, il était d'abord Capita principal du même hameau. Mais il ne connut pas un long mandat, car en 1937, il fut accusé de détournement des deniers publics. La faute reconnue grave déclencha sa chute. Son adjoint, M. Léon Malongo, le remplaça avec le consentement des notables. Il resta en fonction jusqu'au mois d'août 1938, date à laquelle le Centre Extra Coutumier de Basoko fut annexé au Secteur des Elinga. Cependant, en 1952, le quartier de Basoko fera désormais partie intégrante du Centre Indigène de Coquilhatville comme nous l'avons expliqué ci-haut. Quant aux activités d'Ernest Itela, il y a peu à dire étant donné la politique paternaliste de l'époque. En effet, selon le système en vigueur, un agent européen était désigné comme représentant de l'Autorité Tutélaire (R.A.T.). Ainsi Ernest était à peine un agent d'exécution. Et même en 1952, alors qu'il était déjà expérimenté à la gestion des affaires administratives de sa juridiction, et quand même il signait la correspondance officielle, il restait inféodé au R.A.T., comme le témoigne M. De Thier: "L'intervention du chef n'y fut cependant que théorique, il n'est pas d'exemples qu'il ait eu l'initiative de proposer l'application d'une taxe ou d'une mesure réglementaire d'intérêt local; en fait et jusqu'à présent, cette initiative appartient à l'européen chargé de la surveillance du Centre" (16). Cependant à en croire nos informateurs (17), les .habitants de Coquilhatville considéraient Ernest Itela comme leur véritable Chef. Ils le savaient un homme humain, honnête et compréhensif (18). Autres préoccupations de ce chef furent le développement de l'enseignement et l'approvisionnement de la cité. En effet, "Sur intervention de Monsieur Itela, Chef du Centre, le ravitaillement du C.E.C. est discuté. Le président explique aux membres que de la part de l'administration, on n'a pas à se plaindre. L'économat a toujours été pourvu de vivres, mais les habitants du C.E.C. ont jusqu'ici donné préférence d'acheter chez le commerçant particulier et toujours à des prix plus élevés qu'à ceux qui se pratiquent à l'économat" (19). Lors de la création du bureau du Cercle Léopold II à Coquilhatville, le 18 février 1944 (20), Ernest Itela y fut désigné comme président d'honneur. A la veille de sa retraite, la population noire de sa juridiction avait connu une augmentation sensible. Cette augmentation était conséquente au développement industriel de la ville, à la scolarisation des enfants et à l'instauration des indemnités familiales, etc. De 1934 à 1952, Ernest Itela a vu Coquilhatville s'accroître à plusieurs reprises de nouveaux quartiers comme Bruxelles (actuellement Ikongowasa, cfr. Arrêté n° 190 AIMO du 25 novembre 1942); une portion de terrain le long de l'avenue Duchesne , cfr. Arrêté no 46 AIMO du 24 mars 1947; un terrain vers le Nord-Ouest, vers l'Ouest, voir Arrêté no 211 41 du 23 février 1950; enfin l'annexion du quartier Basoko à la cité "Indigène", voir Arrêté n° 21/167 du 7 août 1952 (22). LA RETRAITE ET LA MORTA partir de 1951, Ernest Itela devenait de plus en plus malade: ses yeux ne lui permettaient plus d'exercer convenablement ses fonctions. En 1953, il revint de Léopoldville où il avait suivi sans résultat des soins appropriés. Il fallait donc le remplacer. Joseph Schollaert (23), Commissaire de District, après une patiente et discrète enquête, désigna le 18 mai 1953 Joseph Bofonge (24) comme successeur de Ernest Itela au détriment d'Antoine Sambwa et de Laurent Eketebi. Ainsi l'homme qui essuya les plâtres du C.E.C. de Coquilhatville se retira de la scène publique pour une retraite honorable et méritée. Le 17 août 1959, il rendit l'âme à l'Eternel. Antoine Roger Bolamba en fit échos en ces termes "(... ) Homme de bien et plein de bon sens, M. Itela jouissait d'un grand prestige de la part de ses administrés. Dix-neuf ans durant, il s'adonna entièrement à son travail, cherchant toujours à rendre service à ceux qui en avaient besoin. Il avait le feu sacré qui ravive l'espoir et renforce l'énergie. Compris des uns, redoutés par d'autres pour sa fermeté et sa rigoureuse discipline, M. Itela n'a pas moins été à la hauteur de ses responsabilités. Nous qui l'avons connu de près, nous à qui il. ouvrait souvent son cœur pour y lire des choses intimes, nous sommes en droit de le considérer aujourd'hui comme l'un des hommes les plus remarquables de notre pays" (25). Sur place, l'administration locale débaptisa après l'indépendance du pays l'avenue Breuls de Tiecken (26) qui reçut le nom de l'illustre disparu Ernest Itela. NOTES(1) F.M. De Thier, Le Centre Extra-coutumier de Coquilhatville, Solvay Institut de Sociologie, Université de Bruxelles, 1956, P. 31. Lufungula Lewono, Mbandaka, le 4 juin 1991 | ||||||||
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