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themes > Mongo documents: Nsong'a Lianja > Prolegomena | ||||||||
Prolégomène à l'épopée des Móngo / LES ANCÊTRES DE LIANJA [in French only]From: Etudes Aequatoria 5 INTRODUCTIONParmi les nombreuses versions de la grande épopée Mongo, connue sous le nom du héros Lianja, celle qui est présentée ici en traduction francaise peut être considérée comme une des plus importantes. En effet, elle contient des péripéties qui s'éntendent rarement dans les autres variantes. En outre, elle constitue la meilleure introduction au récit de la vie du personnage principal de la Saga. Cette épopée est le chef-d'œuvre de l'art oral des Mongo. Pour ce peuple du Centre de la République du Zaïre, elle est une valeur de premier ordre, non seulement dans le domaine artistique, mais aussi au niveau sentimental. Comme le rappelle l'introduction du présent ouvrage, la vie des Nkundo - Mongo en témoigne couramment. Car ils citent le héros dans les exclamations, proverbes, etc., dans des locutions telles que onko nde nsang'ea Lianja c'est là une nouvelle de Lianja, c.à.d. merveilleuse ; ou quand ils disent que l'Européen est un petit-fils de Lianja - et le rapporteur ajoute moi aussi je le crois - parce que, eux aussi, exécutent des œuvres prodigieuses, comme le proclame leur surnom Bakalakamboka nk'ont'onjalaka ouvre-routes sans que quelqu'un le leur enseigne. Ainsi nous a-t-il paru justifié de traduire le texte écrit dans sa langue maternelle (lomongo - lonkundo) par le moniteur Bamala Louis et publié à côté d'une traduction en néerlandais, par E. Boelaert, M.S.C. et Ngoi Paul, dans les Annales du Musée de l'Afrique centrale (Tervuren 1958). Cette publication est basée sur l'original écrit par Bamala tel qu'il l'a entendu conter dans son village natal Mpenjele (Bofiji, tribu Bolenge wa Simba) en 1937. Dans une introduction il rappelle avoir appris cette saga de deux vieillards de chez lui. Malheureusement il ne cite pas leur nom, mais il ajoute que leur âge ne leur laisserait plus beaucoup de temps à vivre. Ils racontaient sans hésitations et sans erreurs. Ils étaient convaincus de l'authencité de leur récit. La traduction néerlandaise porte comme sous-titre (je traduis) "Les Ancêtres de Lianja". Il y est traité de l'arrière-grand-père, du grand-père et du père de Lianja. L'histoire s'arrête à la naissance du héors et de sa sœur Nsongo. Comme l'indique le titre de la publication de Musée de Tervuren le texte en langue d'origine a été muni d'accents marquant la tonalité par Ngoi Paul. Ce qui laisse entendre que le manuscrit de base était dépourvu. Ce document se trouve dans les archives de l'archidiocèse de Mbandak sous la forme d'un texte dactylographié, inscrit comme étant l'original (déposé personnellement par l'auteur ou, plutôt je crois, par l'intermédiaire du Père E. Boelaert). Ce document ne porte pas de marques tonales. En outre, il s'y trouve de nombreuses fautes d'orthographe telles que la compréhension est ca et là difficile au point d'exiger une interprétation sur la base du contexte, voire de la comparaison avec d'autres versions. Une photocopie de ce document se trouve dans les archives du Centre Aequatoria de Bamanya. Dans le présent ouvrage cette pièce d'archives correspond au sigle O. L'Abréviation A renvoie au livre publié par le Musée de Tervuren. La traduction francaise donnée ici suit le texte du volume publié. Ce texte présente une amélioration notable avec O non seulement pour l'orthographe (marques tonales, régularité et caractère scientifique de la phonologie) mais aussi pour le style littéraire nettement supérieur. Nous pouvons attribuer ces améliorations au co-éditeur Ngoi. Pourtant, il faut remarquer une faiblesse : de nombreuses fautes (erreurs ou coquilles ?) dans le texte Mongo de A, mais qui ne gênent pas la compréhension, en partie grâce à la traduction parallèlle. Au sujet de la forme on peut encore signaler que la langue employée dans O est un mélange du dialecte d'origine du rapporteur avec les variantes locales d'autres tribus et, surtout, du lomongo commun enseigné à cette époque dans les écoles et employé par les missions. Pour le contenu, A suit O sur la majeure partie, tout en divergeant plus ou moins ca et là. Límpression s'en dégage que par endroits la différence est due au souci de présenter un texte plus littéraire ou plus coulant, tout en respectant l'essentiel du récit. Cette supposition est corroborée par les faits suivants : A quelques endroits les divergences sont indiquées et incorporées dans la traduction. 1. LONKUNDOLa renommée de LonkundoIl y a bien longtemps habitait ici un homme appelé Lonkundo. Cet homme était plus puissant que tous les hommes. La contrée où il habitait était Méditerre (1). La femme de Lonkundo s'appelait Nsombe et son fils Yonjwa. Il avait un très grand pouvoir sur cette région. Un jour Lonkundo rêva (2) que son père Elombo lui dit : 'Rends -toi de grand matin sur le sentier du puits-d'eau. Quand tu seras arrivé, regarde bien tout autour, tu y trouveras une petite piste. Coupe un arbre à ressort, prends une fibre de raphia (3) et tout l'outillage pour tendre un piège à collet. Tu n'échoueras pas, à ce moment-là je serai avec toi'. De très grand matin, Lonkundo décrocha ses outils (4) et s'y rendit. Il fit tout comme il avait vu dans son rêve pendant la nuit, puis il rentra. Le jour venu les femmes s'assemblèrent et partirent (5) puiser l'eau. Elles trouvèrent le piège dressé. Elles se mirent à se demander qui aurait fait cette chose étrange. Lonkundo leur dit : 'C'est moi qui l'ai fait'. Le soleil se coucha. Le matin se leva. Lorsque les femmes allèrent aux champs elles trouvèrent une bête prise au collet. Mais elles ignoraient le nom de cette bête. Elles rentrèrent chez elles. Elles dirent à Lonkundo : 'Nous avons trouvé une bête mais nous ne savons pas ce que c'est'. Lonkundo battit le tam-tam. Les hommes affluèrent (6). Arrivés en forêt, ils trouvèrent la bête prise. Ils la détachèrent et la prirent avec eux au village. Arrivés chez eux ils cherchèrent en vain le nom de cette bête, ils ne le connaissaient pas. Là-dessus Lonkundo leur dit : 'Laissez-moi faire, je vous l'apprendrai'. Il se dressa au milieu. Il leur ordonna de battre les mains. Ils le firent. Il dit :' Donc vous tous ignorez le nom de cette bête. Ne voyez-vous pas qu'elle est noire à cause de la magie' ? Et il dit : 'Battez les mains pour recevoir la magie de la danse ; le chant ne peut rester sans réponse'. Et il chanta : Tous s'approchèrent ; ils savaient que cet animal est la mangouste habitant de la clôture de chasse. Ils enlevèrent la bête et la portèrent chez eux. Dès lors tous les hommes ont appris à dresser des pièges grâce à Lonkundo. Quand ils eurent apporté la bête, Lonkundo annonca à sa femme de la rôtir. Elle prépara un panier plein de manioc et rôtit la mangouste. Le matin très tôt Lonkundo commanda à Yonjwa de battre le tam-tam. Les gens s "assemblèrent et mangèrent la mangouste. Lonkundo ajouta encore quelque chose : 'Parce que les femmes n'ont pas osé détacher cette bête, elles ne peuvent en manger'. Il lui donna le nom de : animal félin (8). Voilà pourquoi les femmes ne mangent pas la viande des animaux félins. Lorsque Lonkundo vit qu'il avait tué la bête-prémice il se rendit dans la très grosse forêt appelée Bengongo et établit une clôture grnade et longue. Il dressa beaucoup de collets et creusa une grande quantité de fosses. Il y circulait chaque matin et tuait une multitude incalculable de bêtes. Il devint extrêmement riche (10). Une nuit Lonkundo rêva qu'il avait pris le soleil dans un collet. Il se fit des soucis à ce sujet, parce que la terre demeurerait dans les ténèbres. Là-dessus il s'éveilla. Il réveilla da femme et lui raconta son rêve. Sa femme lui dit simplement : 'Voyons ce qui se passera ces jours-ci'. Le matin venu Lonkundo décrocha son outillage et partit. Arrivé à la clôture, il se promena tout au long mais ne trouva aucune bête. Arrivé à l'avant-dernier piège il vit soudain une personne assise au bord du piège. Il s'effraya. Cette personne était éclatante comme le feu. Mais Lonkundo prend courage, apprête sa lance (11) , s'approche. Arrivé tout près d'elle femme lui dit : 'Lonkundo, contre qui apprêtes-tu les lances' ? Lonkundo répond : 'Et toi, que fais-tu là' ? La femme répondit : 'Approche, je vais te le dire'. Lonkundo remit (12) la lance en place, et s'approcha d'elle. La femme dit : 'Arrête-toi là, ne me touche pas'. Mais Lonkundo la touche. Et la femme dit : 'Mai, je suis l'aînée rénommée de mon père. J'ai refusé tous les hommes. Mon père ne voulait pas que je me marie. Or, un homme vint un jour demander ma main ; je l'aimai et l'accompagnai dans sa famille (13). En route je ne vis plus où il avait passé. On dit que c'était un mâne. En voulant rentrer chez moi, je m'égarai et vins me faire prendre dans ce piège. Maintenant il vaut mieux que tu me libères et que nous allions chez mon p`re, qu'il te paie ton salaire de cuivres pour ma libération'. Londundo regarde en hout, regarde en bas (14) et dit : 'Non, pas ainsi. Je te libère et tu seras mon épouse. Je ne veux point d'autre salaire'. Et il lui demanda : 'Comment donc säppelle ton père' ? Elle dit : 'Mon père est Esombyankaka (15) et mon nom est Ilankaka'. Puis Lonkundo reprit : 'Partons'. La femme ne fit pas d'objection et ils partirent. Ilankaka avait avac elle une petite corbeille, dans laquelle elle avait mis une amande palmiste et un morceau d bois d'allumefeu (16). Venus au village, ils le traversèrent et arrivèrent à la sortie. Ilankaka dit à Lonkundo : 'Arrête, que je te fasse connaître chez mon père et ma mère. Lorsque nous serons arrivés chez toi, même si nous nous querellons ou que nous nous battons, ne me lance pas l'injure : je t'ai prise au piège. Ce jour-là, fût-ce au moment de la plus forte chaleur du jour, gare à toi' ! Ils arrivèrent. On questionna le patriarche Lonkundo au sujet de cette femme. Il leur dit : 'C'est la femme dont je vous ai parlé ; je viens da la ravir. Je crois que cela me causera une guerre'. Ils entrèrent chez lui et bientôt il indiqua à sa femme sa propre maison à elle (17). Un jour Ilankaka dit à son mari : 'Tu es un patriarche, il ne convient pas que tu n'aies que deux femmes. Cherche encore d'autres'. Lonkundo reprit : 'Moi aussi je le veux bien, mais je n'en ai pas les moyens financiers'. Ilankaka reprit : 'Va les demander, je payerai pour toi les titres de mariage autant que tu veux'. Lonkundo ne refusa pas le conseil d'Ilankaka et partit chercher des épouses. Lonkundo revint. Sa femme lui dit : 'Combien de femmes as-tu obtenu'. Il dit : 'J'en ai quatre'. Ilankaka : 'Est-ce tout ? Ce n'est pas assez. Va en chercher encore d'autres'. Le seigneur se leva avant le jour et partit. Il arriva au vaillage où il avait laissé les femmes précédentes (18). Celles-ci dirent : 'Lonkundo est venu'. Lui dit à leurs pères : 'Voici, moi je veux que vous m'appeliez d'autres femmes, même celles qui sont mariées ; j'en veux même cent'. Les pères s'étonnèrent : 'Lonkundo est-il venu comme par amusement ? Peut-on demander cent fiancées'. Ils le quittèrent, eux et leurs filles. Là-dessus Londundo retourna chez lui. Il raconta à sa femme tout ce qui lui était arrivé. Son épouse acquiesca et dit : 'De grand matin réveille ton fils ; nous allons avec ton fils chercher des fiancées'. Le soleil se choucha. De bon matin Lonkundo alla réveiller son fils et ils retournèrent à ce village. Le succès de LonkundoIls arrivèrent, lui et Ilankaka et Yonjwa. Ilankaka portait avec elle la corbeille. Elle dit à son mari : 'Appelle les personnes qui s'étaient séparées de toi, afin de discuter'. Lonkundo ordonna à Iselamaka (19) de battre le tam-tam, et il le battit. Tout le monde afflue ; ils trouvent Lonkundo assis. Eux aussi s'asseyent. Ils demandent pourquoi il les appelle. Il leur dit : 'Nous nous étions séparés et maintenant je viens terminer cette affaire'. Tous s'exclamèrent : 'Ainsi donc tu viens payer le titre pour cent femmes comme tu l'as dit' ? 'Oui'. Et eux : 'Bien, expose donc ta première affaire'. De suite il appela le père de Bolumbu et ils parlèrent. Le père de Bolumbu fixa le prix. Lonkundo ne tarda pas ; il accosta sa femme ; ils prirent tous les biens que le père de Bolumbu voulait et les lui donnèrent. Lonkundo appela un autre ; il lui demnada ce qu'il voulait pour lui. Cet homme le lui dit et on lui donna tout. Ils arrangèrent les mariages toute la journée ; ils terminèrent toutes les affaires sans être à court de rien. Tous envoyèrent des messages à leurs filles mariées et elles vinrent. Lonkundo paya pour toutes, les bonnes et les mauvaises, sans distinction. Il ramassa toutes les filles nubiles de ce village sans laisser aucune (20). Lonkundo dit : 'Alliés, moi et vous sommes devenus parents par alliance. Sachez que cette épouse-ci n'est pas une épouse, c'est ma mère'. Tous les alliés dirent : 'Là tu dis vrai, elle n'est pas ton épouse, elle est ta mère'. Lonkundo reprit : (21) 'Faisons nos adieux, je pars'. Mais les alliés dirent : 'Tu ne pars pas aujourd'hui ; patiente, reste dormir : pour que nous cherchions des victimes pour tes épouses (22), tu pourras partir demain'. Lonkundo ne s'opposa pas. Il alla se coucher. Le lendemain matin on apporta les animaux domestiques aux épouses ; à chaque femmes deux esclaves et des animaux domestiques sans compter. On se fit des adieux ; puis Lonkundo et sons escorte se mirent en marche en groupe serré et ils arrivèrent chez eux. Arrivée de Lonkundo avec son escorteQuand Lonkundo eut pris congé de ses alliés, ceux-ci le laissèrent partir avec son trésor (23). Ils se hâtèrent (24) et arrivèrent chez eux. Les parents du patriarche vinrent tout joyeux souhaiter la bienvenue aux fiancées (25). Il arriva à ses maisons mais il n'y avait pas assez de résidences. Il ordonna au groupe d'esclaves venus avec lui de construire plus de huttes. Ils se dispersèrent dans la fôret, coupèrent les matériaux pour la construction (26) et construisirent les huttes ce même jour. Lonkundo distribua les résidences : Il y en avait assez. Le patriarche et ses femmes vivaient et s'habituaient. Mais il ný avait pas de champs. Un matin il alla avec elles leur désigner le terrain. Elles établirent des champs et eurent une abondance de produits. Il vivait avec elles en bonne entente ; il eut une nombreuse progéniture (27). Les gens devinrent envieux de sa prospérité. Tout la journée ils se querellaient avec ses femmes (28). Là-dessus Lonkundo convoqua une assemblée. Il dit aux gens : 'Maintenant je veux quitter ce village, parce que vous ne m'aimez plus. Je suis aux abois (29). Je ne vous le dis pas pour rien, mais afin que vous ne me preniez pas pour une antilope qui détale sans raison'(30). Les uns se déclarent d'accord, les autres le retiennent, mais lui-même ne veut pos. Il attend encore quatre mois, puis il émigra. Il dit à ses femmes : 'Aucune femme ne peut emporter quelque chose d'ici, exceptée maman Ilankaka qui emporte sa corbeille. Vous toutes partez les mains vides' (31). Dès le matin ils partirent. Ils pénétrèrent dans la fôret. C'est Ilankaka qui ouvre la marche. Pendant qu'elle marche elle ne parle à personne, elle n'écoute que l'appel des perroquets ; quand elle entend cet appel c'est qu'elle est arrivée à l'endroit où ils fixent leur demeure. Ils marchent résolument, très loin.(O ajoute : comme d'ici à Bondombe là-bas). Arrivé à un gros arbre boemba Lonkundo entendit des gens murmurer et médire de lui. Ayant entendu pronocer don nom il prit ses flèches, pénétra en fôret, se coula furtivement vers ces personnes. Il trouva l'homme qui était venu chercher Ilankaka. Lonkundo cria fort et le saisit. Il l'amena à Ilankaka et le lui donna comme esclave pour assouvir sa colère. Ils progressent un peu ; Ilankaka tend l'oreille et entend le tapage des perroquets. Elle impose silence à la caravane par un geste et quitte le sentier. Elle trouva des perroquets en train de s'amuser. Elle se glissa vers eux. Quand les perroquets eurent entendu le crissement de ses pieds (sur les feuilles mortes) ils s'envolèrent. Cependant Ilankaka s'approcha et arriva à cet endroit. Elle était très contente qu'on est arrivé. Elle retourna auprès de son mari et de ses coépouses et dit : 'Nous sommes arrivés' (32). Ils se rendent à cet endroit et voient qu'il convient très bien comme habitat. Ils se jettent par terre tout joyeux en faisant des culbutes. La nouvelle demeure de LonkundoLorsqu'il furent arrivés Lonkundo dit : 'Aujourd'hui personne ne peut couper ne fût-ce qu'un feuillage. Demain matin je vous dirai ce que je veux'. On écouta ses paroles et tous se couchèrent à même le sol sous les arbres. Au matin le patriarche appela Ilankaka et lui dit : 'Ilankaka, maintenant nous sommes arrivés dans notre nouveau village. Avant de couper les premiers arbres pour les travaux, nous devons enterrer notre victime de fondation pouir la résidence'(33). La femme répondit : 'Qui, c'est bon. Mais qui allons-nous tuer comme victime de fondation' ? Il dit : 'Prenons cet homme qui t'a importuné et tuons-le pour le punir'. Ils prirent donc cet homme, on le décapita à la potence et l'enterra comme victime de la fondation de la résidence. Lonkundo envoya les esclaves chercher les arbres pour les maisons de toutes les femmes ce jour-là même. Il dispersa les femmes en fôret chercher des aliments. Elles se dispersèrent : les unes partent pêcher par écopement, les autres sur la terre ferme ; il en retint d'autres pour égaliser le terrain pour les huttes. Aussi-tôt elles partirent (34). A la baisse du jour tout le monde revint. Surabondance de poissons ! Le terrain arrangé par les femmes était tout égalisé. Ceux qui étaient allés aux pieux et aux poutres pour les maisons revinrent. Ils construisirent les maisons et les finirent complètement. Les gens étaient très contents. Puis le mari vint et distribua les maisons aux femmes et aux enfants. A sa première femme, Bonduwa, il donna une maison mauvaise. Bonduwa se mit en colère ; elle assembla les coépouses et le leur raconta. Quand Lonkundo eut entendu cela, il prit ses affaires et la chassa. Quand Yonjwa vit sa mère déshonorée il partit avec elle ; il lui bâtit une maison et lui interdit d'aller chez son père. Ilankaka demeurée avec Lonkundo lui dit : 'Lonkundo, moi je possède un objet qui mon père m'a donné. Au sujet de cette chose, il m'a dit : avant de la planter tu dois savoir si ton mari t'aime vraiment. Maintenant je veux la planter'. Lonkundo dit : 'Tu vois toi-même comment je me conduis avec toi. Plante donc ton objet'. Ilankaka prit l'amande palmiste qui se trouvait dans sa corbeille et la planta. Un certain laps de temps étant passé, le palmier était devenu un gros palmier (35) et produidit un régime de fruits de palme énormes. Les fruits murirent et on les coupa : un seul frit gros comme un fruit de Chrysophyllum ! Ilankaka l'spprêta et le donna à son mari. Lorsque le mari se mit à le manger, il lui trouva un guôt si doux et si savoureux qu'il oublia les noms de ses épouses et de ses enfants. Il appela toutes ses femmes et leur dit : 'De ce palmier personne ne peut manger. C'est là un pacte que j'ai conclu avec Ilankaka. Toi, Ilankaka, sache-le (ne l'oublie pas)'. Ils continuaient à vivre en paix. Un jour ce palmier porta trois régimes. Lonkundo dit : 'De ces trois régimes produits personne ne peut manger, excepté moi et Ilankaka'. Les jours passaient. Un jour, vers le soir, les gens de Méditerre envoyèrent un message à Lonkundo : 'Viens à l'assemblée demain matin, nous n'attendons que toi'. Le matin venu, le patriarche dit à sa femme : 'Allons un peu voir les fruits de palme'. Ils allèrent et trouvèrent les fruits mûrs. Lonkundo bondit de joie, il dit à Ilankaka : 'Voici, va m'appeler quatre femmes pour qu'elles aillent m'accompagner à l'assemblée. Toi qui restes ici, appelle Yonjwa pour qu'il coupe ces fruits des palme et prépare-les. Apporte-les-moi à l'assemblée l'avant-midi, que je les mange. Ainsi je me payerai la tête de ces gens-là'. L'épouse prit quatre jeunes femmes et les fit se mettre en route pour accompagner leur mari à cette réunion. Après leur départ elle prit un couteau, appela Yonjwa qui coupa les fruits de palme et les découpa. Elle prit des ignames et d'autres alments et les prépara. Elle invita une jeune fille qui les emballa dans une petite hotte et elles partirent, puis arrivèrent à l'assemblée et entrèrent dans une maison. Lorsque Lonkundo vit son épouse, il tressillit d'allégresse et dit : 'Amis, celle qui vient là-bas n'est-elle pas comme la mère de mon ami' ? Ils regardèrent et dirent : 'Oui, fourre un cure-dents entre les dents' (36). Lorsque Ilankaka se fut approchée Lonkundo envoya celles qui étaient venues avec lui : 'Allez accueillir votre tante'. Elles partirent et se chargèrent de la hotte. Elles vinrent et déposèrent la charge. Lonkundo appela sa femme et lui dit en secret : 'Voici : délie d'abord le paquet d'aliments et quand les gens sont venus manger, délie le paquet des fruits de palme seulement après, entendu' ? L'épouse acquiesca. Elle vint, mais elle n'avait pas encore délie un paquet qu'une jeune coépouse prit le paquet aux aliments et l'ouvrit. Les membres de l'assemblée mourant d'appétit et tout ébahis se jetèrent sur les mets et les mangèrent tous. La jeune fille délia également le paquet de fruits de palme ; les gens se ruèrent sur les fruits et les firent disparaître d'un coup. Lorsque le patriarche vint il chercha la nourriture : rien ! Il se mit dans une colère terrible. Ceux qui s'étaient jetés sur le mets et dur le fruits de palme les finirent et dirent : 'Comment ! patriarche Lonkundo, tu manges ces bons fruits de palme tout seuls ! Où les as-tu obtenus' ? Et ils léchèrent les feuilles avidement. Ilankaka Etait toute ébahie. Elle alla se mettre à côté de son mari pour le calmer. Mais le mari se fâcha et la souffleta devant tout le monde. L'épouse dit : 'Comment ? Qu'ai-je fait ? Pourquoi me frappes-tu ? Je suis bien venue avec les aliments mais je ne les ai pas dépaquetés, ce sont les jeunes femmes qui les ont dépaquetés ; de quoi suis-je coupable' ? Là-dessus elle prit sa hotte et emballa tous ses sffets pour partir. Lonkundo dit : 'Reste que je te dise quelques mots. Tu as enfreint ma loi, maintenant je vais enfreindre la tienne. Je vais dévoiler nos secrets réciproques'. Déshonoration d'IlankakaLonkundo dit : 'Vous tous les camarades assemblés, écoutez que je dégrade cette femme. Vous savez tous que je me conduis avec cette femme en tout bien. Ce n'est pas pour rien qu'elle est l'objet de ma bonté, car elle est très active. Savez-vous pourquoi épousée par un titre, je l'ai simplement ramassée, je l'ai prise dans un piège. Je ne connais pas son père et sa mère. Pas un seul anneau de cuivre n'a été versé pour elle. Elle est devenue comme ma mère ; elle travaille à m'enrichir. Elle est mon paladin. Mais a-t-elle un clan ? Si vous le contestez : n'avez-vous pas vu comment je l'ai amenée ? Qu'est-ce que vous m'avez demandé ? D'où viens-tu avec cette femme ? Que vous ai-je répondu ? J'ai dit que cette femme était celle que j'avais cherchée depuis fort lontemps et que je viens d'enlever. Je vous ai menti. Sachez qu'elle n'est qu'une esclave'. Lorsque les gens eurent entendu cela ils furent tout honteux. Ilankaka était écrasée, elle ne pouvait plus lever un pied (37). Tous avaient les yeux fixés sur elle. Elle se couvrit et baissa la tête. Transpirant et sèchant alternativement, elle s'enhardit et quitta l'assemblée/ Toutes les coépouses étaient très mécontentent et réprimandérent leur mari. Celui-di dit : 'Non, laissez-moi. Elle vous traite mal toujours. C'est pour cela que j'agis ainsi'(38). Elles n'écoutaient pas leur mari et n'incriminaient que lui seul. Ilankaka s'éclipsa furtivement. Mais arrivée en forêt elle éclata en sanglots, toute triste. Quelle affliction indescriptible ! Elle courut à pas de géants. Elle se dévêtit de tous ses vêtements et continua toute nue. Elle courut vite et arriva au village. Lorsque ses coépouses la virent nue elles eurent peur. Elles allèrent s'enfermer. Ilankaka entra dans sa maison ; elle prit sa corbeille, sortit et pleura : 'Papa hélas, maman hélas ! ma parenté qui n'a pas besoin de chercher le travail hélas ! que dois-je faire ? on m'a nommée esclave hélas' ! Ensuite elle alla au milieu des épouses et leur dit : 'Moi et vous avons vçu ensemble. Lonkundo est devenu célèbre par moi. Mais sachez qu'aujourd'hui il m'a déshonorée. Je ne demeure plus avec vous. Emballez vos affaires pour que je vous reconduise dans votre famille'. Elles ne désobéirent pas. Elles entrèrent dans leurs maisons, ramassèrent toutes leurs frusques et se mirent en caravane. Ilankaka prit des cendres, s'en couvrit et cria l'invitation : 'Nous toutes avons vécu ensemble, moi aussi, écoutez et répondez'. Et elle entonna : 'Libres' ! Elles répondirent : 'En avant'. Les femmes se mirent en rang serré et partirent. Ilankaka marcha en tête avec la fumée d'un brandon et chanta : 'Fumée, brouille le chemin' (39). Elle alla conduire les femmes chez leurs pères et leur dit : 'Prenez vos filles et les payements de mariage'. Toutes arrivèrent chez leurs parents et ils se réjouirent. Mais elle-même contiua sa marche avec sa corbeille et arriva chez ses parents qui étaient séparés d'elle depuis fort longtemps. On lui souhaita la bienvenue, et on tua pour elle des poules et des chèvres. Les femmes qui étaient restée là-bas avec Lonkundo l'avertirent qu'elles devaient se rendre derrière les huttes (40). Là elles sentirent l'odeur de la fumée laissée par Ilankaka qui les appelle et elles partirent définitivement. (O ajoute : Voilà le trébuchement de Lonkundo à cause de sa stupidité et de son orgueil). Retour de LonkundoAvant que la réunion ne fut terminée Lonkundo se rappela ses fautes envers son épouse. Il avait beau attendre le retour de cellles qui étaient allées derrière les maisons : elles ne revenaient pas. Il dit : 'Amis, moi et vous étions en assemblée. Vous avez vu avec quelle colère Ilankaka est partie. Voici que les femmes qui étaient avec moi ne reveinnent pas. Attendez-moi donc un peu, je vais regerder, je reviendrai demain'. Ils dirent : 'Pas ainsi ! Tu es un grand seigneur ; il ne convient pas que tu voyages par la forêt tout seul. Il est préférable que nous envoyons des jeunes gens qui aillent te chercher quelques femmes qui viennent te prendre'. Ils envoyèrent les jeunes gens. Ceux-ci partirent en partie courant en partie marchant ; ils arrivèrent à la résidence du patriarche. Mais ils trouvèrent le village désert ; ils jetèrent des regards mais ne virent personne. Les maisons étaient abandonnées depuis longtemps. Quelle peur ! Ils retournèrent en grande vitesse. Ils arrivèrent chez eux et communiquèrent la nouvelle aux membres de l'assemblée. Lorsque Lonkundo eut entendu cela il s'élanca en courant. Mais ses compagnons lui dirent : 'Seigneur, arrête de courir, marche correctement. Tes épouses ne sont pas parties ailleurs, elles sont encore là'. Mais lui rétorqua : 'Laissez-moi, je ne vous entends pas, j'ai perdu la tête'. Il partit au galop. Il passa par plusieurs villages et questionna les habitants : 'N'avez-vous peut-être pas vu mes épouses par ici' ? Ils dirent : 'Vas-y toi-même, nous autres nous avons trop peur'. Il s'élanca à toute allure. Arrivé à l'extrémité : ah ! le village tout désert ! Il commenca à trembler ; il hésita, il passa dans la rue, il jeta des appels à celles qui sont mieux connues, en vain ! rien ! Il appela : 'Maman Ilankaka ! Maman Ilankaka !'Absolument rien. Il se jeta par terre. Il sanglota à pleine gorge. Il pleure bruyamment. Et il se rend chez Bonduwa qu'il avait chassée. Il lui demande où son bonheur est allé. Bonduwa répond : 'Est-ce à moi que tu le demandes ? Comment saurais-je ce qui se passe entre toi et tes femmes' ? Il appela son fils et le questionna sur ce qui s'était passé. Son fils lui dit : 'Là où tu te trouvais à l'assemblée as-tu mal agi envers Ilankaka ' ? Il acquiesca. Le fils reprit : 'Voici : quand elle est venue ici, elle assembla les femmes et les enfants et leur raconta tout. Ce fut une colère extrême. Elle entra dans la maison, prit tous ses effets, elle maudit le palmier. Toute la multitude des coépouses entrèrent dans leurs huttes, emballèrent tous les ustensiles, et sortirent sur-le-champ : 'Libres ! En avant ' ! Ilankaka en tête entra avec elles en forêt. Si tu mets cela en doute, voilà le chemin par lequel elles ont passé'. Lonkundo est là comme un chien qui a mangé les chenilles (41), il perd ses esprits. Il appelle son fils et dit : 'Viens, poursuivons-les'. Ils allèrent en forêt par le même chemin quélles avaient pris mais n'arrivèrent nulle part. Ils s'égarèrent et marchèrent par le même chemin par lequel ils avaient pénétré dans la forêt. Le fils dit : 'Papa, maintenant nous n'arrivons pas où elles sont allées ; il y a trop de fumée. Nous ne voyons plus le chemin. Retournons donc'. Lonkundo brisé se laissa lourdement tomber, pleurant sans cesse, mais les pleurs ne rendent rien à personne. Il retourna à sa femme précédente. Lui et sa femme et son fils emballèrent leurs effets et retournèrent à Méditerre. Il u revint monogame. Il débroussa les jachères, remit ses maisons en bon état et reprit son travail habituel de la clôture de chasse. Le fils devint un grand homme propre au mariage. Il désirait se marier lui aussi. 2. YONJWALe Mariage de YonjwaLonkundo se réhabitua à Méditerre ; il se fit vieux et affaibli. Il laissa le pouvoir à son fils, disant : 'Yonjwa chéri, maintenant il convient que tu prennes femme ; pars donc demander une épouse, que je paie le titre de mariage encore de mon vivant'. Le fils dit : 'Bon, je l'ai entendu. Mais je ne veux pas aller moi-même choisir une fiancée ; il vaut mieux que tu le fasses pour moi'. Le père consentit : 'Demain matin, je vais chercher une femme pour toi'. Le lendemain matin, le père prend ses armes, part chercher une femme pour son fils. Arrivé à certain village il se rend chez un patriarche nommé Ilela, il lui dit : 'seigneur, je ne suis pas venu pour rien, je suis venu demander pour mon fils la main de ta fille aînée'. Ilela dit : 'Bon, mais attendons Bolumbu wui est allée pêcher'. Le soir tombé les personnes parties à leurs travaux revinrent. Ilela raconta à sa fille ce qui s'était passé. Bolumbu dit : 'Bon, discutez l'affaire ; moi-même j'irai voir cet homme'. Le soleil couché, on porta les côtes à la natte (42). Puis il se fit matin. Bolumbu et le beau-père partirent et arrivèrent. Lonkundo appela son fils et lui présenta son épouse. Le fils dit : 'Ca va, mais attends-moi que j'appelle mes compagnons d'âge pour qu'ils la voient'. Les compagnons vinrent et firent la moue contre elle, disant : 'Cherche de la bière, buvons, puis chante : On apporta la bière et on but. Enivrés ils se mirent à chanter. Yonjwa se dressa et lanca les termes d'accueil : 'Ce que je fais tous les villages l'entendent'. Puis il entonna son chant et ses compagnons répondirent : 'Papa renvoie celle-là. Son visage n'est pas beau'. Le père et la mère ne l'entendent pas, ils sont distraits. Seule la fiancée l'entend, elle est toute honteuse. Elle s'enfuit la nuit-même. Pour de bon. Après un certain nombre de jours Uonjwa envoya encore son père lui demander une fiancée. Le père lui amena un multitude de fiancées, mais il agissait toujours de la même façon. Une autre fois qu'il envoya son père celui-ci dit : 'Non, tu n'es pas sérieux. Je t'ai présenté une grande quantité de filles et tu n'en veux pas. Il vaut mieux que tu ailles toi-même comme font tes compagnons. Quand tu en auras trouvé une, reviens-moi que je te donne les richesses dotales'. Yonjwa se déclara d'accord. Un soir il dit à son neveu : 'De grand matin demain nous partons chercher une femme qui me convient'. Le neveu acquiesça. Le matin venu Yonjwa et son neveu se mirent en marche. Arrivés à Inganda ils quittèrent le sentier. Ils trouvèrent des jeunes filles en train de jouer. Il en aima une, et dit : 'Je viens te demander'. La fille répond : 'N'es-tu pas ce Yonjwa qui arrache les femmes par les bras (pour les répudier) ? Je ne t'aime pas, va-t'en avec ta beauté masculine' (43). Yonjwa se retira et partit. En progressant il trouva d'autres jeunes filles jouant à dinette.Il alla vers elles, en aima une et lui dit : 'Je viens chez toi'. La fille lui dit : 'Faire quoi ? 'Il le lui dit, mais elle : 'Non, tu m'aimes aujourd'hui, mais quand ton père m'a prise pour toi je crois que tu m'as refusée. Comment me trouves-tu, aujourd'hui ? Ai-je donc changé ? Va-t-en' ? Yonjwa est tout désappointé. Yonjwa sortit et poursuivit son chemin. Il trouva des jeunes filles en train de faire leur coiffure. Il s'y porta et en aima une. Il dit : 'Maman, je viens chez toi'. - 'Chez moi' ? - 'Qui'. - 'D'abord ton nom'. - Je m'appelle Yonjwa'. - 'C'est donc toi Yonjwa le bafoueur qui va bafouant les femmes, comme ton père maltraitait min aînée et c'est moi que tu demandes en mariage ? Va-t-en vit, n'ai-je pas déjà vu d'autres beaux jeunes gens ? Quelle laideur' ! (44) Yonjwa revint sur le chemin. Son neveu lui dit : 'Oncle, je vois que tes demandes n'ont pas de succès. Il vaut mieux que nous allions consulter un magicien'. Yonjwa se dit d'accord. Ils se rendirent chez Bokika-le sauvage se faire désensorceler. Bokika dit : 'Apporte-moi deux anneaux de cuivre ( avance sur les honoraires). Il les lui donna. Bokika dit : 'Prends cette petite natte ramasse-balayures et ces deux feuilles, donne-les à ton neveu. Toi-même marche toujours derrière lui'. Ils firent ainsi. Ils marchèrent tout droit. Ils travesèrent le village et pénétrèrent en forêt. Arrivés juste à l'entrée du village ils rencontrèrent un homme ruisselant d'huile de palme : il en est devenu invisible. Bolembe voulut rebrousser chemin mais Yonjwa l'empêcha : 'Arrête' ! Yonjjwa arrêta cet homme et le questionna : 'D'où viens-tu' ? 'Mais cet homme ne répondit pas, il ne faisait qu'haleter. Il dit : 'Je te raconterai'. Ils s'assirent. Quand l'halètement fut diminué, Yonjwa dit : 'Raconte-mai un peu comment tu es devenu tout couvert d'huile'. Lui dit : 'J'etais allé demander une fiancée. Je ne voulais pas n'importe quelle femme. J'appris la renommée d'une femme nommée Eyonga. Comme elle est extrêmement forte à la lutte on lui applique le sobriquet Championne. J'y allai. Arrivé, je la demandai en mariage. Elle accepta. Mais avant de la prendre, on doit la terrasser dans l'huile. Nous nous sommes mesurés moi et elle ; bien vite elle me terrassa deux fois, puis elle me versa encore le résidu d'huile dur le corps. Voilà pourquai je suis tout crasseux d'huile. Je m'élançai en vitesse derrière les maisons ; je rentre chez moi. Si tu ne le crois pas, écoute ce chahut-là avec lequel on se moque de moi'. Yonjwa ne répondit rien. Ils se firent leurs adieux et se séparèrent. A l'arrivée à l'entrée du village, Yonjwa sit à Bolembe : 'Quand nous serons arrivés là chez la femme, reste au milieudes chemins. Etends la natte et assieds-toi sur les feuilles magiques. Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'on t'appelle, tant que tu n'as pas entendu mon appel à moi, ne te lêve pas de la natte'. Ils arrivèrent. Yonjwa demanda où habitait Eyonga. On le lui indiqua. Il s'y rendit, y trouva quatre femmes occupées à tresser leurs cheveux. Il les questionna, elles répondirent, mais ne lui demandèrent pas pourquoi il était venu. Il badina et leur demanda : 'Qui de vous est Eyonga' ? Eyonga ne le cacha pas, elle se nomma. Lui reprit : 'C'est à toi que je suis venu rendre visite. Je ne veux pas aucun agacement'. Eyonga se retourna. On la laissa un instant. Et elle dit : 'Venu pourquoi' ? - 'Je viens te demander en mariage'. Eyonga repartit : 'Chez moi, on ne fait pas ainsi. Va là-bas au-déla de la place centrale, questionne ceux qui s'y trouvent assemblés ; ils te diront ma façon d'agir'. Il partit (45). Les patriarches lui dirent : 'Reste, on te flanquera par terre toi aussi demain matin'. Mais Yonjwa reprit : 'Je ne veux pas demain, je le veux aujourd'hui même'. Les patriarches : 'Son père n'est pas ici. Attends que nous l'appelions pour toi'. On appela Kungoelo. Il vint. Yonjwa lui dit pourquoi il était venu. Kungoelo : 'Qui es-tu' ? Et lui : 'Moi, je suis Yonjwa fils de Lonkundo'. - 'Oh ! ainsi c'est toi ! Attends'. Le patriarche appela les esclaves et leur ordonna d'apporter cinquante fûts d'huile. Ils les apportèrent. Kungoelo battit le tam-tam et les gens s'assemblèrent. Il leur dit qu'il s'agit du combat habituel. Tout le monde se mit à huer : 'Yonjwa est venu ramasser sa part de honte pour les chutes lui aussi'. Les gens s'assirent et les esclaves vidèrent tous les fûts d'huile. L'huile arriva aux cuisses (O : aux mollets). On appela les deux lutteurs. Immédiatement ils entrèrent dans la mare d'huile. Bolembe demeuré à distance sur le chemin se casse le cou pour voir. Les lutteurs s'empoignent. Ils glissent d'un côté et de l'autre ; puis se détachent. Ils recommencent, s'empoignent, slissent d'un côté et de l'autre, puis se lâchent. Les spectateurs s'émerveillent de la vigueur de Yonjwa. Championne n'est pas habituée à une longue lutte. Que fait-elle maintenant avec Yonjwa ? Championne soulève Yonjwa jusqu'aux épaules. Au moment de le jeter par terre Yonjwa dit : 'Papa Lonkundo, une femme peut-elle me terrasser devant tout le monde ? Où irais-je cacher ma honte' ? 'Immédiatement Championne sentit des crampes comme d'un poisson électrique et la lâcha. Championne le leva en haut pour le flanquer par terre, mais elle-même glissa et tomba ; son père cria : 'que fais-tu' ? Championne rebondit. Les gens sont tout étonnés. Le père dit : 'Reprenez cela'. Alors Yonjwa en eut assez et Kungoelo dit : 'Finissez-en'. Yonjwa triomphe de Championne Yonjwa se fâcha. Il se mordit les lèvres et dit : 'Bolembe, réponds à mon chant'. Et il entonna : Yonjwa sois comme un Ficus Là-dessus Yonjwa lève Championne et l'agrippe solidement. Elle tente de se libérer : impossible. Elle le tente encore : sans résultat. Il la lève en haut et la jette en bas mais tombant sur les pieds. Les visiteurs hurlèrent : 'Oh ! assez ! Championne a un mari'. Quelques-uns n'étaient pas d'accord. Yonjwa dit : 'Si vous n'êtes pas d'accord, continuons pour y mettre fin'. Mais Championne ne voulait plus, elle en avait assez. Le père dit : 'Cessez la discussion. Taisez-vous et écoutez. Yonjwa est un premier-né, Championne est une première-née (46). Mais aujourd'hui Championne a trouvé un mari. Avouez qu'il l'a terrasée'. Tous battirent les mains et répandirent la nouvelle que Championne avait trouvé un mari. Le père dit : 'Il l'a bien vaincue mais il reste une chose : il doit me couper les fruits de palme qui se trouvent sur l'arbre Polyalthia (47). Quand il aura fait cela il peut prendre son épouse, la dot s'arrangera après'. Le patriarche Kungoelo prépara à manger et de la bière pour tous les visiteurs, puis ils s'en allèrent. Yonjwa et sa femme se baignèrent, s'enduisirent de fard rouge et entrèrent dans la chambre de Championne. Bolembe qui était resté dehors entra dans la maison. On cuisina une abondance de nourriture et on mangea. Le soleil se coucha. La nuit Championne dit à son mari : 'Papa veut te mettre dans l'embarras. En pleine nuit je t'éveille-rai, pour que nous allions dans la palmeraie couper deux régimes de fruits excellents : tu grimperas sur le Polyalthia les y attacher, que tout soit fini demain matin'. Ils firent ainsi. Le lendemain matin le patriarche bat le tam-tam et les gens s'assemblent. Il dit : 'Amis, allons à l'accord d'hier, c'est-à-dire que mon gendre coupe les fruits de palme sur le Polyalthia'. Tout le monde s'étonne : 'Comment les fruits de palme murissent-ils sur le Polyalthia' ? Ils partirent. Arrivés là ils trouvent deux régimes brillants. 'Ah ! Comment ? Voilà des fruits de palme mûrs sur le Polyalthia' ! Yonjwa grimpa et les coupa. Tout en sueur il descendit et remit les fruits à son beau-père. Ayant fini cela Yonjwa dit au patriarche : 'Je désire me mettre en route aujourd'hui'. Le patriarche répondit : 'Tu as une femme, mais attends : arrangeons ses bagages, vous partirez demain'. Ils arrangèrent les affaires. Pendant la nuit la femme eut un rêve. Elle réveilla son mari et lui dit : 'Lorsque nous partirons demain nous disposerons la caravane comme ceci : toi en tête, ton neveu te suit, puis moi, et Lofale - un enfant que Championne avait eu avant son mariage - me suit. Tous les autres viennent après nous. Si tu n'agis pas ainsi nous n'arriverons pas en bonne condition'. Le mari se dit d'accord. Ils se remirent à dormir et la femme eut encore un autre rêve : 'Si ton mari rencontre quelquún et que cette personne demande son nom, qu'il ne le dise pas. Yonjwa doit lui demander son nom a lui. Dis-le-lui. Ne cache absolument rien' ! Championne dit à son mari : 'Si tu rencontres quelqu'un pendant que nous marcons et qu'il te demande ton nom en disant : halte, dis, qui es-tu ? ne lui dis pas ton nom mais demande-lui de même : halte, dis, qui es-tu ? Si tu lui cites ton nom, il te tue'(48). Au matin Yonjwa se rend chez son neau-père Kungoelo et prend congé de lui : 'Je vais chez moi. Je ne pars pas seul, donne-moi des hommes pour qu'ils t'apportent les valeurs dotales autant que tu veux'. Kungoelo appela huit hommes, disant : 'Pars avec ceux-ci, qu'ils aillent me chercher les valeurs dotales'. Yonjwa reprit : 'Non, huit n'est pas assez, quatre-vingts hommes (49). Le soleil étant monté la caravane se mit en route dans l'ordre que l'épouse avait vu la nuit. Ils marchèrent fermement. La nouvelle s'était répandue que Yonjwa avait acquis Championne et qu'il allait passer avec elle par là. Lorsque les hommes qui avaient demandé la main de Championne entendirent cela ils en furent jaloux et allèrent se cacher pour le tuer. Championne portait avec elle un sachet en fourrure que son père lui avait donné, sans rien d'autre. Arrivés au milieu de la forêt, et pendant qu'ils causaient ensemble, ils virent soudam devant eux comme un coup de foudre : 'Halte, dis, qui es-tu' ? Yonjwa dit : 'Moi, Yonjwa'. Immédiatement cet homme prit une lance et le blesa profondément à mort. Les gens prennent la fuite. L'homme dit : 'Championne, partons'. Championne dit : 'Attends-moi, je dois d'abord enterrer Yonjwa'. Elle retira de son sachet en fourrure de genette un pau de collyre qui sý trouvait et le mit dans le nez de Yonjwa. Yonjwa éternua trois fois et revint à la vie. Cet homme (étranger) s'enfuit. Championne réprimanda son mari pour sa stupidité et ils partirent. Peu de temps après, ils voient soudain un homme qui s'amène, armé de flèches et de lances. Il interpelle Yonjwa : 'Halte ! Dis, qui es-tu' ? Yonjwa se trompe une nouvelle fois et lui dit : 'Moi Yonjwa'. Cet homme prend une lance et en blesse Yonjwa mortellement. Championne agit tout comme avant et guérit son mari. Toutes les personnes dans la caravane le réprimandèrent. Championne jura : 'Si on te tue encore une fois, moi je rentre chez moi, tu n'as pas d'intelligence dans ta tête' ! Yonjwa eut honte, il fit un serment lui aussi. Pendant qu'ils s'entretenaient là-dessus, ils virent un homme devant eux : 'Halte ! Dis, qui es-tu' ? Yonjwa répliqua : 'Halte, dis, qui es-tu' ? Cet homme répondit : 'Moi je suis l'oiselet des herbes, on entend sa renommée mais on ne le voit pas'. Yonjwa prend sa lance et le tue. Ils continuent la marche, puis soudain voient encore quelqu'un apparaître devant eux, effroyable à voir : 'Halte, dis, qui es-tu' ? Yonjwa : 'Halte, dis, qui est-tu' ? L'homme répondit : 'Je suis la chauve-souris du marécage aux palmiers Raphia qui habite ici et là, même chez ses parents par alliance' (50). Yonjwa prit sa lance et le tua. On le jeta. Ils continuèrent et rencontrèrent une multitude de personnes qui leur tendaient un traquenard et il les maîtrisa tous. Ils continuent mais Championne est fatiguée de la marche, et elle dit : 'Yonjwa chéri, j'en ai assez, qu'allons-nous faire' ? Son mari dit : 'Ordonne aux esclaves de chercher un endroit convenable pour y construire des huttes' ! Les esclaves trouvèrent un endroit excellent et revinrent le leur dire. Yonjwa leur commanda d'établir le campement. Le soleil se coucha. Le matin se leva. La femme dit : 'Je ne peux plus continuer à marcher ; il vaut donc mieux faire ici notre demeure définitive'. Le mari dit : 'Bon, faisons donc ainsi'. Il matériaux de construction. Ils firent ainsi : les uns arangeant le sol, les autres coupant les pieux, d'autres encore plantant. Immédiatement tout était fini. Yonjwa dit : 'Avant de donner un nom à ce village je dois tailler un tam-tam et avertir mon père que je suis revenu avec une épouse et que je suis occupé à établir une résidence dans cette forêt'. Il ordonna aux esclaves de chercher un gros arbre Pterocarpus. Puis il tailla un tam-tam plus grand que tous. Ce tam-tam s'entendait par tout le pays des Nkundo. Et il dit : 'Avant que je parte chez mon père : ce village s'appelle Nkuma'(51). Yonjwa présente sa femme à son pèreYonjwa dit : 'On ne peut cacher la viande au feu (52). Je vais donc mener cette femme à mon père pour qu'il fasse sa connaissance'. Il dit à son épouse : 'Ce soir nous emballons quelques choses. Tous les esclaves doivent voir la demeure de papa'. La femme agréa le projet du mari. Le soir Yonjwa monte vers le tam-tam et le bat pour la première fois. Il mande à son père : 'J'ai été parti longtemps. Demain matin nous nous reverrons. Les nattes étendues ! Je viens avec le jeune d'un léopard. Arrange tout. Demain je suis en route' (53). Les gens s'étonnèrent cat on ne connaissait pas la présence d'un tam-tam dans cette forêt-là. Ils le mirent en doute, disant : 'Cela n'est pas le tam-tam de Yonjwa ; c'est un autre patriarche venu s'établir là'. Ils eurent peur de cela. Le jour se lève. Championne et son mari appellent les esclaves qui s'assemblent. On leur expose longuement l'ordre de la marche. Ils partent mais ont beau chercher le chemin de Méditerre, ils ne le trouvent pas. Ils se mettent à errer et à s'égarer complètement. Ils marchent sans interruption et arrivent de retour à Nkuma. Ils se fâchent (54). Championne leur impose silence disant : 'Calmez-vous'. Elle prend son sachet en fourrure de genette, l'ouvre et dit : 'Vous tous ici, pendant que nous allons dans cette fourrure personne ne peut parler. Mais répondez à la chanson que je vais entonner'. On s'assied. Championne et son fils Lofale chantent : Cette fourrure courut à toute allure, les emporta tout droit et les mena à Méditerre. Yonjwa enjoignit à sa femme d'arrêter la caravane. Tous s'arrêtèrent net ! Il leur dit : 'Maintenant nous sommes arrivés chez moi. Mais vous tous n'entrez pas, attendez un moment. Moi et Championne et Lofale et Bolembe, nous nous présentons d'abord'. Ils firent ainsi. Ils arrivèrent. Lorsque le père de Yonjwa le vit, il bondit de joie et alla embrasser son fils. Le fils dit : 'Vois-tu mon épouse' ? - 'Oui, entrons dans la maison'. Il battit le tam-tam. Les gens vinrent lui souhaiter la bienvenue. Yonjwa dit : 'Papa, je suis venu avec une multitude de personnes, bats le tam-tam qu'ils viennent'. On les appela et ils affluèrent tous. Le village se remplit de monde. Ils viennent admirer Yonjwa en rappelant la richesse de Lonkundo : 'Le fils ressemble au père, ce n'est pas un conte'. On leur souhaita la bienvenue et leur prépara une abondance de nourriture. Le soleil se coucha. On leur assigna où passer la nuit. Tôt le matin, Yonjwa dit : 'Papa, demande-moi les nouvelles (55), que je t'expose tout ce qui m'est arrivé là où je me suis rendu'. Le père convoqua les gens et il le questionna sur ce que lui était arrivé depuis qu'ils s'étaient séparés. Le fils dit : 'Je suis parti avec Bolembe. Il n'est pas là. Nous ne pouvons donc tout raconter aujourd'hui'. Quand Bolembe fut arrivé Yonjwa raconta clairement tout dans les détails : le chahut ne peut percer le ciel (56). Ils s'étonnèrent de toutes les tribulations du jeune homme. Et il termina : 'J'amène un jeune léopard : paie les valeurs de mariage pour elle'. Le père regarda en bas, regarda en haut, et transmit les nouvelles aux visiteurs. Ils dirent : 'Nous nous fions à toi' (57). Lui dit : 'Cher Yonjwa, quelle affaire formidable ! Cela coupe le sifflet ! (58). Mais nous verrons bien demain'. On alla ze coucher. Le matin venu, Lonkundo appela son fils et lui dit : 'Appelle les beaux-parents que nous arrangions l'affaire du titre matrimonial'. L'arrangement du MariageLes beaux-parents vinrent. Lonkundo questionna son fils : 'Yonjwa, qui est vraiment le frère de ton épouse' ? Il répondit : 'Elle n'a pas de frère. Son père a envoyé ces gens pour lui apporter les valeurs, donn-les à eux tous. Mais fais d'abord que Championne ramasse le premier anneau de cuivre pour le leur remettre'(59). Le père dit : 'C'est en ordre, c'est parfait. Attention à ce que je vais faire' ! On fixa les regards sur lui. Lonkundo dit : 'Méditerre' ! Et il acclame : 'Comment je me suis fait une renommée, vous l'avez vu' ! Il dit : 'Yonjwa, appelle les esclave qu'ils viennent'. Il les appela. 'Dis-leur qu'ils aillent dans mes maisons, qu'ils prennent les houes et les couteaux et tous les outils en fer qui conviennent au travail de la terre, pui qu'ils se mettent dehors'. Ils sortirent tous ces objets. Le patriarche dit aux anciens : 'Vous avez vu comment j'ai travaillé à m'enrichir grâce à la chasse. Vous vous êtes demandé : Est-ce que Lonkundo dissipe sa richesse en boisson ou en bagatelles ou quoi ? Regardez ce que je vais faire'. Et il dit aux esclaves : 'Pénétrez dans mon arrière-cour, creusez partout et prenez la richesse comme vous voulez, jusqu'à ce que vous n'en pouvez plus'. Ils l'entendirent et partirent. Lorsque les habitants de Méditerre eurent entendu cela ils prirent aussi leurs outils et allèrent creuser eux aussi. Quelle bousculade se fit là ! Ils prirent du couvre tant qu'ils pouvaient, il en resta encore. Ils remplirent des quantités de paniers jusqu'à la satiété. Ceux qui étaient encore célibataires à Méditerre payèrent pour leur mariage ce jour-là même. Yonjwa remercia son père grandement, disant : 'Papa, tu es un véritable père. Tu as la renommée de n'être pas allé à la chasse vainement. Tu as acquis des esclaves par ce travail. Tu as libéré des hommes du célibat. Tu as fait un travail admirable. Reconnaissance à toi ! Les villages vivent grâce à toi. Mets-toi en marche allons à Nkuma, pour voir les animaux domestiques que mon beau-père t'a envoyés par moi'. Lonkundo prit toutes ses affaires et on partitLes habitents de Méditerre dirent : 'Nous ne restons pas ici ; partons avec le patriarche, il n'y a plus personne qui soutient le village'. Ils prirent leurs effets et partirent avec Lonkundo et son fils : ce fut là l'extinciton de Méditerre. A l'arrivée en forêt Championne appela les femmes et leur enseigna la loi habituelle : 'Personne ne peut parler dans ce sachet ! Qui parle reste'. On entra dans le sachet. Championne et son fils entonnèrent leur chanson habituelle et partirent. Ils courent en volant et arrivent. Yonjwa ordonna aux esclaves de construire une agglomération pour les arrivants. Entretemps le père de Championne les suivit. On lui souhaita la bienvenue. Il fit la connaissance des alliés. On lui donna son trésor et il se réjouit. Il prit le groupe de ses esclaves, il fit ses adieux aux alliés et partit. Arrivé chez lui ce ne furent que des acclamations d'accueil. La rénommée de Lonkundo et de son fils de répandit. Lonkundo convoqua une assemblée et donna à son fils toutes ses possessions et la bénédiction. Il le bénit : 'Que tout ce que tu désires arrive dans tes mains. Que ton fils aîné devienne renommé partout comme toi-même. Ma force est finie. Agis sur la terre comme tu veux'. Et il lui donna encore d'autres épouses ce jour-là. 3. ITONDEGrossesse de ChampionneAprès la conclusion du mariage Yonjwa et Championne vivaient comme mari et femme. Championne devint enceinte. Dans sa grossesse elle refusa tut aliment. Le mari eut très peur. Il la réprimanda, mais son épouse lui dit : 'Yonjwa, tu me réprimandes sans raison, je ne supporte aucune nourriture, qu'y puis-je' ? Mais renvoie-moi à papa, lui sait quels aliments j'aime'. Le mari dit : 'Non, dis-les, je te les chercherai moi-même'. L'épouse n'avait aucune bonne explication, et continuait à pleurer fort. Lorsque la femme eut vu la viande elle la prit et la braisa. Elle prit trois bananes, les passa par le feu. Elle mangea avec énormément de goût, et dit : 'Yonjwa chéri, tu as réussi ; je ne veux plus d'autres viande ou poisson, je ne veux que les rats de Gambie. Va m'en chercher'. Le lendemain matin, le mari sortit, appela trois esclaves, et les envoya en forêt. Ils dressèrent une multitude de collets et tuèrent huis rats. Ils les apportèrent à Championne. Venant à les manger elle les engloutit en une seule heure. On envoya encore un groupe d'esclaves et ils eurent beaucoup de rats. Elle les braisa tous ; elle les fit disparaître sans rien laisser (60). Puis elle se remit à pleurer. Lorsque son mari eut vu cela il se fâcha. Il envoya les esclaves en forêt et ordonna d'y rester jusqu'à la naissance de l'enfant. Ils préparèrent des provisions et pénétrèrent dans une forêt très éloignée. Cette caravane comprenait douze hommes. Yonjwa et Championne et les esclaves marchèrent droit et loin, puis arrivèrent au plus profond de la forêt. Yonjwa ordonna aux esclaves d'établir un campement. Ils se couchèrent. Le lendemain, de très grand matin, Yonjwa ordonna aux travailleurs de construire une très longue maison et une grande étagère. Cela fini, quand la matinée fut avancée ils pénétrèrent dans la forêt afin de déblayer le terrain pour la clôture de chasse. Ils établirent une clôture colossale et dressèrent une grande quantité de collets. Le lendemain matin ils allèrent inspecter la clôture. Ils y trouvèrent pris huit rats de Gambie et les apportèrent. Championne les mangea tous goulûment (61). Le lendemain après ils y retournèrent et y trouvèrent pris dix rats de Gambie. Ils les portèrent à Championne qui en braisa cinq et boucana cinq. Elle mangea les premiers toute seule. Le jour se coucha ; le matin venu ils inspectèrent les rats posés sur l'étagère : disparus ! plus aucun ! Championne éclata en pleurs longuement. Lorsque le mari eut vu cela il appela les esclaves et les qustionna. Ils dirent : 'Comment ! Nous dormons de notre côté et toi ici. Quoi donc viendrons-nous faire par ici chez toi' ? Championne pleura toute la journée. Yonjwa envoya les hommes inspecter la clôture. Ils trouvèrent vingt rats. Ils les apportèrent Championne les prit toute nerveuse. Elle en boucana dix et braisa dix. Ceux-ci venus à point elle les dévora toute seule. Pendant la nuit les dix rats mis dur l'étagère disparurent. Au matin Championne pleura en sanglotant. Voyant cela Yonjwa se fâcha. Il appela tous ses esvlaves et les fouetta. Il ls la et versa de l'eau sur les cordes. Ils pleurèrent : 'Nous ne sommes coupables que d'être esclaves. Là où le seigneur et sa femme dorment personne n'y va. Qui donc irait manger les rats ? Qu'y pouvons-nous' ? Là-dessus un garçon a une idée, il dit : 'Laisons cela, aujourd'hui même je tresse un filet et j'en couvrirai les rats. Nous verrons bien' ! La matinée étant déjà avancée, Yonjwa libéra les esvlaves et dit : 'Alles inspecter les collets'. Ils y allèrent et prirent quarante rats ce lour-là. Ils les apportèrent. Championne bondit de joie et fit comme d'habitude : elle en mangea vingt et boucana vingt. Entretemps le soleil se coucha. Le garçon qui avait tressé le filet dit : 'Seigneur, je voudrais te préparer ce tabac-ci' (62). Ils entrèrent dormir. Au beau milieu de la nuit le patriarche entendit du bruit sur l'étagère. Il trembla fort. Il réveilla sa femme. Mais en lui tâtant le ventre et écoutant : le ventre était tout silencieux (63). Il questionna sa femme : 'Championne ! Championne ! où est parti ton enfant' ? Elle répondit : 'Yonjwa, tu m'interroges, mais je suis toute ébahie, j'ignore où il est parti. Qu'allons-nous fair' ? Yonjwa dit : 'Attise un peu le feu'. Pendant que Championne s'approche du foyer pour raviver le feu elle sentit quelquún lui lancer un crachat à la figure ! Ce crachat piquait comme une chenille urticante. Championne se retira en glissant sur le séant et se laissa tomber sur le lit en pleurant. Le patriarche s'enhardit pour attiser le feu. Mais il sentit qu'on lui chachait à la figure lui aussi, la salive comme la pluie et piquante à l'excès. Celui qui leur chacha au visage était celui qui nenait manger la viande se trouvant sur l'étagère ; c'était l'enfant dans le sein de Championne ; il sortait chaque nuit pour mange la viande. Mais un garçon avait eu une idée et ainsi le prit au filet. Epouse et mari souffraient beaucoup des urtications. Ils appelèrent les esclaves pour qu'ils viennent avec du feu pour voir ce qui s'était passé. Lorsque les esclaves retournèrent à leur propre foyer ils trouvèrent le feu éteint depuis longtemps. Quel malheur ! Il faisait tout noir. Le patriarche et sa femme se levèrent. Ils restèrent assis, puis entendirent les coucous qui commençaient à annocer le jour. Quand Championne eut entendu cela elle s'éveilla, et chanta une chanson magnifique : R/ avec des appels comme d'homme Lorsqu'elle eut fini cette chanson le jour redevint tout obscur. Ils attendent et sombrent dans le sommeil. Puis ils entendent qu'on bat le tam-tam dans chaque village : Là-dessus Yonjwa réveilla sa femme : 'Championne, qu'allons-nous faire ? là-bass au village on bat les tam-tams que le jour point. Or ici, que se passe-t-il' ? Ils dormirent toute la journée puis entendirent de nouveau des tam-tams battre : 'Si tu vas te marier rentre parfois dans ta famille pour qu'on ne t'enseigne pas en vain le chemin vers ta famille ; natte et lit, nous te revenons'. Yonjwa dit : 'Ecoute comme on bat les tam-tams pour le coucher du soleil. Comment ne s'est-il pas levé ici' ? Ils sont fatigués de dormir et se mettent à passer la nuit en veillant. Ils réveillent les esclaves, mais ils ne se voient pas, ils s'entendent parler seulement. Puis ils entendent chanter les coucous comme d'habitude. Championne chante aussi sa chanson habituelle. Entendant cela Yonjwa réprimande sa femme : 'Comment ! Je crois que tu sais ce qui se passe ici. Car à peine entends-tu les coucous commencer à chanter que tu commences de suite également ta chanson. Cesse un peu de chanter encore. Nous nous trouvons ici en danger de mort. As-tu jamais vu qu'on vit dans les ténèbres nuit et jour ? Cesse' ! Chaque fois que Championne entendait le chant des coucous elle ne laissait pas de chanter. Yonjwa se fâchait et dit à sa femme : 'Si tu veux rester ici tu le peux ; mais moi je me traine en târonnant sur le chemin de chez moi, même dans l'obscurité, n'importe'. Il annonça ce projet à ceux qui étaient venus avec eux. Il rampa lui et sa femme et les esclaves, et partirent, cherchant le chemin à tâtons. S'étant avancés un peu ils arrivèrent en pleine lumière. Ils y trouvèrent le soleil déjà en haut. Ils se mirent les bras dans les bouches (d'étonnement). Lui et sa femme et les esclaves se mirent à courir. Pendant cela personne ne regardait en arrière. Ils arrivèrent dans les villages, puis chez eux. Lorsque les gens les virent ils vinrent accueillir le fils. Mais Yonjwa dit : 'Parenté, retournez dans vos maisons. Attendez-moi un instant que je mange ; ensuite je vous raconterai le grand événement inoui qui m'est arrivé là-bas en forêt'. Il s'assit, puis se coucha. Le lendemain matin il ordonna à Lofale de battre le tam-tam. Lofale convoqua l'assemblée. Les villages affluèrent d'affilée et remplirent la place publique. Là-dessus Yonjwa appelle sa femme et les personnes qui étaient allées avec lui était arrivé dans la forêt. Les cris montent jusqu'au ciel (65). Yonjwa ajouta encore ceci : 'Ici dans ce village nous nous connaissons bien. Mais si vous voyez un étranger ne lui enseignez pas le chemin vers mon habitation ; mettez-lui du poison dans la nourriture afin qu'il meure ; ou encore : faites-lui boire l'ordalie'. Ayant entendu cela les gens eurent très peur. Ils préparèrent toutes sortes d'armes pour le tuer quand il viendra. Itonde revientLà-bas où l'enfant était resté dans le campement le jour était levé depuis longtemps. Cet enfant s'appelait Itonde-esprit-de-sorcellerie-au-flanc. Il ramassa une amande palmiste et se mit en position pour attendre le gibier. Voyant passer une antilope naine il lui lança l'amande, la toucha aux pattes et l'antilope mourut. Il prit l'allume-feu et alluma le feu. Il braisa la bête en entier. Elle vint à point et il chanta sa chanson de repas : 'Itonde garçon dévorant R/ dévore-le Là-dessus il mangea la bête entièrement. Pendant quíl était assis il vit une antilope mpambi passer. Il prit son amande palmiste habituelle et al lança, l'antilope atteinte mourut. Il la prit et la braisa comme d'habitude. Il chanta son chant et la mangea entièrement. Il fit ainsi avec beaucoup d'autres bêtes, excepté seulenment le éléphants et les serpents. Pendant qu'il était assis il vit un nectarin se percher tout près de lui. Il prit son amande palmiste comme de coutume pour le tuer. Mais le nectarin lui dit : 'Es-tu fou ? N'es-tu pas rassasié de toutes ces bêtes que tu manges ? Pourquoi donc me tues-tu' ? Itonde eut peur et déposa l'amande palmiste. Le nectarin parla encore : 'Voici, reste tranquille, je te dirai pourquoi je suis venu'. Il lui dit : 'Tu as une parenté. Or où est-elle' ? Itonde repartit : 'Je ne le sais pas'. Le nectarin : 'Demeure ici, ne pars pas ; je vais chercher quelqu'un qui t'indique le chemn de chez toi'. Le nectarin le quitta et lui envoya le coucou. Pendant qu'Itonde était assis il vit le coucou venir. Il lui demanda : 'Qui es-tu' ? L'oiseau répondit : 'Qui es-tu' ? Itonde réfléchit et dit : 'Es-tu le coucou qu'on m'a promis ? Apporte-moi l'envoi qu'on t'a remis pour moi'. Le coucou dit : 'Bien sûr je suis venu pour toi, mais on ne m'a pas confié un cadeau pour te remettre. Moi je suis venu te donner un moyen magique. Mais cette magie personne n'a les moyens de la payer. Mais toi, tu es digne de pitié et je suis venu te le donner gratuitement'. Itonde dit : ' Je te remercie, donne-la moi'. Mais l'oiselet reprit : 'Non, non, avant de recevoir ma magie tu dois chanter pour moi'. Itonde : 'Que dois-je chanter' ? L'oiseau lui rit et dit : 'Tu as les yeux ouverts et tu ne connais pas de chansons' ? Chante donc : 'Coucou, chanson que chantent les jeunes femmes. Quand tu auras fini je te donnerai'. Itonde chanta à pleine gorge. Le coucou vint voler doucement et se poser sur ses mains, disant : 'Bats les mains et tu reçois la magie de la danse'. Notre héros battit les mains. Le coucou dit : 'Cette chose que je t'ai apportée est un grelot. Et ce grelot porte un nom. Son nom est monde. Chaque chose que tu aimes demande-la au grelot et tu l'auras. Tout y est : combat, force, richesse, pauvreté, orage, vent, tous les oiseaux et animaux, toutes les langues de la terre. Voici ta vie' (66). Itonde prit ce grelot. Se mettant à l'examiner il y trouva les marques de tout ce qui se trouve sur la terre : les marques qui se trouvent sur les feuilles de la forêt, les objets et tous les serpents. Il était content. Puis il se mit en marche cherchant le chermin pour sortir de la forêt. Il sonna le grelot et chanta : 'Que cette brisée R/ soit un chemin'. Immédiatement il suivit la brisée en allant tout droit et arriva très loin. Mais il s'égara encore et revint à l'endroit où il s'était trouvé avant. Soudain il vit le nectarin lui revenir en disant : Itonde R/ tin tin tin Le gaillard ne protesta pas, il prit le grelot, le sonna, chanta sa chanson et parvint sur une grande route (67). Itonde-esprit-de-sorcellerie-au-flanc était très content pour être parvenu à une grande route. Mais il était déprime parce qu'il était tout nu. Il se regarda et eut honte, disant : 'Ainsi ce ne va pas ; il convient que je retourne en forêt pour y rester ; puis me mettre en route quand j'aurai un vêtement'. Il retourna en forêt. Pendant un détour il entendit quelqu'un chanter des chansons d'écot à pleine gorge. Il dit : 'Je n'ai pas encore été en contact avec des humains. Il est préférable de me porter sur le chemin pour demander à cet homme une petite pièce de tissu'. Il s'y rendit et le salua. Lorsque Lomanga l'eut vu il prit peur et dit : 'D'où viens-tu' ? Avant même qu'Itondo lui réponde Lomanga sortit une lance et la lança vers lui. Itonde l'évita, disant : 'Toi, un patriarche, tu n'as pas de façon. Je ne fais que t'interroger. Pourquoi donc me jettes-tu des lances' ? Il n'avait pas encore fini ce qui était dans la bouche (68) que Lomanga lui en lança encore une. Itonde l'evita. Il en prit encore une et la lança. Toute la journée Itonde évitait les lances jusqu'à ce que toutes celles que le patriarche avait furent épuisées. Itonde courut, retira de terre toutes les lances, poursuivit Lomanga, le blessa et le tua tombant net comme une masse. Il lui enleva tout son habillement et s'y enfila lui-même. Le gaillard était très content parce qu'il avait obtenu toutes les affaires : lances, boucliers, réticule, couteau, et beaucoup d'autres objets. Il reprit le chemin et le suivit tout droit. Mais il avait la peau sèche grise ; il dit : 'Ainsi ce n'est pas bien ; je vais chercher du fard rouge'. Il entendit le bruit d'une vieille femme, Ondufeji, occupée à râper le fard. Il se porta vers elle pour lui en demander un peu. Lorsque la femme le vit elle cessa de râper son bloc de bois, elle cria alarme et s'enfuit. Notre héros quitta le chemin, prit ce fard et s'enduisit. Il était devenu un vrai homme qui n'a plus peur. Il continua longtemps et arriva à l'entrée du village. Il s'arrêta toute la journée, inspecta l'agglomération, puis continua. Il arriva auprès des gens en assemblée. Lorsqu'ils l'eurent vu ils sortirent et l'examinèrent. Lorsqu'Itonde vit cela il leur posa ses propres questions, puis il se retira en courant et les laissa. Mais l'un des patriarches qui était là l'examina longuement et leur dit : 'Vous autres ne vous souvenez-vous pas de ce qu'on vous a dit ? Ne connaissez-vous pas cet homme ? N'est-ce pas lui dont le patriarche Yonjwa a dit qu'il les ensorcelait dans la forêt ? Comment ! Cessez le tapage et ne le fixez pas trop pour qu'il ne remarque rien. Laissez-le pénétrer en forêt ; ensuite envoyons-lui un garçon l'inviter ; et quand il vient donnons-lui des alments empoisonnés et des ignames vénéreuses afin qu'il meure aujourd'hui même'. On ordonna aux femmes de préparer des aliments empoisonnés. Le patriarche Ilongalomola envoya son fils à la poursuite d'Itonde dans la forêt. Il l'arrêta et lui dit : 'Viens, papa t'appelle vite' ! Itonde hésite, puis se retourne et ils reviennent. Lorsqu'ils le voient à l'entrée du village ils sont ébahis et vont l'accueillir. Certains lui lancent les salutations solennelles ; il leur répond : 'La liane a des yeux' (70). Là-dessus quelques-uns s'enfuirent sachant que cést un vrai homme. Itonde s'arrêta dehors. Le patriarche en personne va vers lui et lui dit : 'Comment., tu es un notable, entre donc dans la maison. T'ai-je appelé pour rester dehors' ? Immédiatement il quitta la place et ils entrèrent dans le hangar (71). Là il se défit de son réticule et l'accrocha à un pieu. Les vieux et les femmes et les jeunes l'entourèrent et lui demandèrent les nouvelles. Mais il leur dit : 'Moi je n'ai pas de nouvelles. Tout est en paix chez nous. Je suis en voyae pour visiter le monde'. Ils approuvèrent. La nourriture étant prête lui est servie. Il dit : 'Seigneurs, on dit : L'habitant vit grâce au visiteur. Entourez-moi, joignons les doigts' (72). Tous, jeunes et vieux, disent : 'Tu voyages tout seul, il vaut mieux que tu manges aussi tout seul. Nous pas' ! Il dit : 'Il y a trop d'aliments ; empaquettez-m'en une partie'. Le patriarche (A cite son nom Ilongalomola : Ilonga démasqueur de mensonges) reprit : 'Mange tranquillement ; ce que tu laisses les femmes te l'empaquèteront'. Il se dit content et les remercia. Là-dessus il décrocha son réticule et sortit son grelot. Tous le regardèrent tout ébahis. Il se leva, prononça des incantations interminables ; puis il se mit à danser en chantant sa chanson apprise du coucou : Lorsqu'il eut fini sa chanson personne ne dit mot. Tous étaient engourdis. Itonde décrocha son réticule, et sans rien dire se mit en marche et partit. Ceux qui restaient derrière mouraient d'une honte indicible. Ils mirent les mains dans la bouche (74) et le poursuivirent. Jetant le regard en arrière le gaillard vit un essaim comme d'abeilles l'entourer. Il prépara une lance et ils s'enfuirent. Il continua à marcher sans arrêt et parvint à un autre village. Les gens firent comme les précédents et il les vainquit. On l'attaqua des fois et des fois mais il continua et arriva au village de Yonjwa. Les gens qui se trouvaient dehors le virent ; ils eurent peur et se jetérent dans les maisons. Là ils épièrent par les petits trous dans la toiture. Notre héros marcha résolutement pour battre le tam-tam que personne ne peut toucher. Mais quelques-uns sortirent et lui crient : 'Toi, d'où viens-tu ? Qui t'a dit que tu peux utiliser ce tam-tam ? Es-tu ensorcelé ? Ote-toi, descends immédiatement. Si tu ne t'en vas pas tu verras' ! Lui répondit : 'Si vous ne vous taisez pas je ne m'en vais pas et je vous battrai'. Eux reprennent : 'Ah ! avec ta témérité tu oses battre ce tam-tam' ? Pendant qu'ils parlent encore il prend les baquettes qui se trouvaient dans le hangar et il battit le tam-tam d'urgence. Quand les localités eurent entendu cela ils accoururent, même les vieux et les tout vieux (75). Personne ne reste. Tomber est rester (76). Vinrent là toutes les cinq tribus qui vivaient ici dans notre pays : Bombwanja, Elingal, Mpama, Bokote, Balumbe. Ils affluèrent par vagues et remplirent Nkuma entièrement. Ils disent : 'Seigneur Yonjwa, nous ne te demandons qu'une suele nouvelle. Nous ne voulons pas converser. Tu es un esprit. Tu as interdit sévèrement ce lokole qui ne peut être battu. Or ces temps ne sont pas arrivés. Le jour où il serait battu est un mauvais présage. Et voici qu'aujouird'hui ce tam-tam parle. Dis-nous donc pourquoi, afin que nous puissions nous disperser'. Yonjwa répondit : 'Je ne peux vous dire la raison. Ce n'est pas moi qui ai battu le tam-tam. Regardez au-delà de la résidence capitale, vous y verrez le maître du village qui est venu battre les tam-tams, qu'il vous le dise'. (O : Moi je l'ignore. Demandez-le à ce jeune homme là-bas, qu'il vous dise pourquoi il bat le tam-tam. Et s'il ne vous le dit pas comme il faut, faites-lui comme vous l'entendez). On porta l'affaire à Itonde. Il dit : 'Je ne bats pas le tam-tam pour rien. Je m'étais égaré et maintenant je suis arrivé chez mon père'(77). Lorsque Yonjwa entendit Itonde le nommer père il cria de fureur, prit une lance pour le tuer mais on l'empêcha. Il dit : 'D'où vient-il que nous nous appelions père et fils ? Qu'il vous dise pourquoi il a battu le tam-tam, qu'il cesse de m'impliquer'(78). Itonde dit : 'Comment ? Laissez-moi, je le dirai'. - 'Dis'. - 'Je ne l'appelle pas père sans raison, Yonjwa et son épouse maman Championne'. Championne ne l'a pas entendu que déjà elle s'est élancée avec un brandon pour le brûler. Elle le renie : 'Cherche ta propre mère, moi je n'ai donné le jour à aucun enfant comme toi' ! On fait taire Yonjwa et sa femme : 'Laissez-le donc parler' ! Itonde continua son exposé. Il questionna son père : 'Toi, Seigneur Yonjwa, tu nies m'avoir pour fils ; ton épouse Championne n'était-elle pas enciente ? Pendant sa grossesse ne pleurait-elle pas pour avoir des rats de Gambie ? Quand vous étiez allés dans la forêt n'avez-vous pas eu d'accidents' ? 'Si vous mettez cela en doute, interrogeons les esclaves qui étaient allés avec vous. Ils ne savaient pas tuer assez de rats et ceux-xi disparaisaient chaque nuit. Et où donc est l'enfant que ton épouse a enfanté ? Quel est son nom' ? Et si malgré tout tu maintiens ton opposition et continues à me renier je te donnerai d'autres preuves. Regarde un peu mes orteils ! N'est-ce pas là la forme de tes oreilles ? Explique-moi cela pour me convaincre que je ne suis pas ton fils'. On lui répète le discours de son fils. Yonjwa regarde en bas, regarde en haut (14), et dit : 'Amis, j'ai entendu ce qu'expose ce gringalet. Attendez-moi, je vais le dire à ceux qui vivent toujours avec moi. Nous allons tenir une délibération secrète'. Yonjwa, son épouse, le fils Lofale, le père de Lonkundo, la mère se retirent en comité secret. Ils tinrent conseil. L'ayant terminé ils sortirent. Yonjwa dit : 'Amis, j'ai entendu tout ce que ce gringalet-l`a dit. Mais avant de réprondre qu'il vienne montrer les orteils dont il a parlé'. On l'appela. Il leur montra ses orteils. On regarde : ce sont ceux de Yonjwa. Lui dit : 'Qui, que dirai-je ? Camarades, voyez-vous la difficulté ? Oui, il dit qu'il est mon fils. Je l'admets. Vous tous avez entendu les graves arguments qu'il m'oppose. Maintenant je peux le recevoir dans ma maison'. 'Mais il n'entrera pas chez moi ainsi comme un enfant bâtard. Il doit d'abord éclaircir tout. Afin que vous ayez le cœur en paix, convaincus que nous accueillons un homme parfait'. 'Voici la première chose que nous avons pour le croire : vous tous préparez-lui la potion de l'ordalie qu'il doit boire. Moi et sa mère et la parenté qui habite la maison avec moi lui en préparons une autre pour la lui faire boire. Ainsi nous pourrons savoir si nous avons affaire à un pardait homme et j'agirai avec lui comme doit agir un père envers son fils'. L'ordalieLorsque les gens eurent décidé qu'Itonde devait boire l'ordalie ils se rendirent chez Lomama Mponde pour presser les ignames vénéneuses, des lianes Periploca, diverses choses mauvaises. Tous ceux qui étaient venus le juger participaient au pressage. Ils le considéraient comme le jeune d'une bête. Quelle pitié ! La potion de l'ordalie terminée, on la mit dans une grande cruche nommée puanteur. On la lui apporta. Itonde jeta des regards, reluquant dans toutes des directions. Il prit son grelot et le sonna. Il se glorifia, il cita son sobriquet habituel : 'Moi Itonde esprit-de-sorcellerie-au-flanc, animal sans protecteur'(79). Pendant qu'il sonne son grelot il ne se tient pas à un seul endroit ; il se dresse ici, il saute là ; le cou d'un côté, le cou d'un autre côté ; il se balance comme un serpent aquatique dans un étang réexploité. Mais les gens murmurent envers lui : 'Ce garçon pourra-t-il avoir la vie sauve, camarades' ? Tous le pressent de boire l'ordalie. Mais lui se plaint : 'Comment ! ne pouvez-vous pas patienter ? Je ne fuis pas. Attendez, vous verrez comment j'agis'. Eux ne font que le regarder. Il décrocha le grelot et invita à l'attention disant : 'Amis, que je vive ou que je meure, regardez-moi et répondez-moi'. Et il entonna une chanson merveilleuse : 'Itonde esprit-de-sorcellerie-au-flanc Il leva la cruche, ingurgita tout jusqu'au fond, et déposa la cruche inversée. Il la reprit et la jeta par terre. Les cris au ciel (56) ! Yonjwa dit : 'Bon, je l'ai vu. Maintenant nous savons que tu as vidé la cruche, mais je vais en préparer une à moi'. Yonjwa et Championne et ses épouses et toute la parenté allèrent presser leur potion d'ordalie et la lui apportèrent. Le héros prit son grelot et le sonna. Il chanta sa chanson habituelle. Il boit, chante, gigote, rabâche, saute du coq à l'âne (80). Ils dirent : 'Ce n'est pas nortre affaire. Nous voyons que vous avez donné la vie à un véritable homme qui a fait des actions très merveilleuses. Il est ton vrai fils. Nous avons acquis un vrai guerrier dans le village. Le mieux est que tu lui fasses un cadeau d'accueil afin qu'il soit connu comme un premier-né important'. Yonjwa dit : 'Oui ; asseyez-vous, vous allez voir'. Ils s'assirent. Lui dit : 'vous tous qui êtes venus saisissez les poules et tous les animaux domestiques que vous pouvez voir sur mon terrain. Saisissez tous les poissons dans le vivier. Ravissez tous les alments que vous voyez'. Les visiteurs obtiennent une abondance de nourriture, mettent la main dessus jusqu'à l'épuisement. Yonjwa dit : 'J'ai accueilli mon fils avec des cadeaux en nourriture. Mais ainsi on ne le connaîtra pas comme un véritable homme. Car ce village nous le dominons moi et un autre homme. Mais cet homme, Indombe, ne se montre jamais. Nous entendons son nom comme une fable'. 'Vous êtes venus ici : les cinq tribus du pays. Aujourd'hui j'ai fait un choix ; j'en prends toute la responsabilité. Par vos ancêtres, par vos cadavres, déterrez tous vos parents qui ont vécu avec vous' (81). 'Vous les quatre tribus que voici : Bombwanja, Mpama, Bokote et Elinga, écoutez-bien : Prenez vos armes et attaquez les Balumbe comme sacrifice pour Itonde'. Sur-le-champ les quatre tribus s'engoufrèrent dans les maisons, prirent les armes qui s'y trouvaient et sortirent. On se mit à tuer les Batswa. Quelle pitié ! Blesser et achever ! Blesser et achever ! Tous les Batswa y passèrent. Quelques-uns s'enfuirent en forêt, mais les morts étaient les plus nombreux. Certains se jetèrent dans la forêt pour toujours. Là-dessus Yonjwa et les quatre tribus se firent leurs adieux et se séparèrent. Ils partirent tout joyeux à cause de la nourriture et des animaux domestiques et quelques esclaves. Ils portèrent dans toutes les agglomérations la nouvelle que Yonjwa a un héros pour premier-né (82). Chez le ForgeronItonde et son père vivaient en paix. Mais Itonde ne voulait pas se marier. Un jour il informa son père : 'Papa, je vois tous mes contemporains avec des anneaux de coivre aux jambes ; or, que porterais-je' ? Le père répondit : 'Attends un peu ; demain nous emballons nos bagages et nous allons chez le forgeron'. Le matin venu, le père convoqua ses femmes et ils allèrent à la forge. Arrivés ils dirent au forgeron le motif de leur venue. Il répondit : 'Je l'ai entendu, mais apportez l'avance aux honoraires'. Ils cherchèrent une aiguille et la lui donnèrent. Le forgeron était content. Il chercha du charbon de bois et prépara l'outillage. Mais en se mettant à actionner le soufflet il n'obtint pas de flamme. Itonde dit : 'ecarte-toi, je vais t'aider, peut-être ne le sais-tu pas. Laise-moi faire'. Le forgeron s'écarta. Le héros vint et chanta : 'Chauves-souris, venez, écopons toute la nuit' (83) Quand le gaillard eut fini son chant, le cuivre était devenu brillant et fondu. Il appela le forgeron pour le lui mettre. Le forgeron s'évertua à le mettre, mais en vain. Notre héros dit : 'Comment ! Ne sais-tu pas ton métier de forgeron ? Donne-le moi' ! On lui remet le moule. Il le prend malgré la chaleur et le dépose. Il dit : 'Apporche ici pour me mettre les anneaux'. Voulant les mettre, le moule lui glissa des mains et tomba à terre. Itonde prit le récipient, le replaça sur le feu, l'ôta, et se mit l'anneau lui-même. Ayant fini il dit à son père et aux épouses de son père : 'Levez-vous, partons'. Ils se levèrent. Mais le forgeron dit : 'Le patriarche et son fils veulent partir, or m'avez-vous payé' ? Itonde dit : 'Ah ! papa, lève-toi, nous partons. Devons-nous le payer sans qu'il ait travaillé' ? Ils se levèrent et partirent. Arrivés dans la rue ils rencontrèrent des gens portant un cadavre. Notre gaillanrd laissa ceux qui étaient venus avec lui ; il courut vers ceux qui passaient avec le cadavre et leur dit : 'Arrêtez ! je veux vous aider à porter cette charge'. Il prit la civière et emporta le cadavre en courant. Il laissa ceux qui étaient veus avec lui et les porteurs du cadavre loin derrière. Il court tantôt d'un côté tantôt de l'autre. Il saute avec le cadavre en haut, il se jette dans la rivière. Ceux qui étaient venus avec le cadavre restaient consternés. Il est comme en Europe, puis comme à Bondombe, puis comme chez les Ekonda, ou comme chez les Mpama, et on l'attendait ainsi. Mais le cadavre était pourri depuis longtemps. Lorsqu'ils eurent entendu cette réponse ils prirent peur ; ils ramassèrent les nattes et les gaines de feuilles de bananier et allèrent les enterrer (84). Le père et le fils et les épouses rentrèrent en groupe chez eux. Arrivés à l'entrée du village, le gaillard sute en haut et fait une culbute en disant : 'Papa, écoute les bêtes de la forêt sont impliquées dans une très grave affaire. Or, cette affaire est dans un mauvais état. Je ne pense pas qu'elles se mettront d'accord. Ce sont l'écureuil et la chauve-souris. La situation y est très mauvaise'. Et il se mit à chanter : Mais son père et ceux qui étaient venus avec lui dirent : 'Comment ! Toi, tu entends même le langage des animaux ? Nous autres avons beau écouter, nous n'entendons rien'. Ils marchèrent longtemps et arrivèrent dans leur village. On les accueillit avec le présent d'animaux domestiques. Il se passa un nombre de jours. Itonde alla en forêt, les anneaux de cuivre se rompirent. Il retourna vers son père et lui dit : 'Papa, les anneaux sont cassés, que vais-je faire' ? Le père était tout consterné ; il dit : 'Nos villages ici n'ont pas beaucoup de forgerons. Et nous avons mal agi envers ce forgeronlà. Il ne voudra plus te forger d'autres anneaux. Qu'allons-nous donc faire' ? Le fils dit : 'Fais que les épouses préparent les bagages pour retourner quand même chez lui'. Le père ne le contredit pas et ils partirent. Ils marchèrent longtemps et arrivèrent à la jachère d'Ilola (85). En regardant de côté Itonde vit des jeunes pousses de Pancovia et de Momordica. Il dit : 'Papa, ordonne à l'une des femmes d'aller arracher un seul rejeton de Pancovia et cueillir des semences de cette liane-là'. Le père ne s'opposa pas ; il commanda à une femme et elle cueillit. On le questionna pourquoi il cueillit des choses inutiles ; il rit. Ils marchèrent longtemps et arrivèrent chez le forgeron. Lorsque celui-ci les vit venir la moutarde lui monta au nez. Ils entrèrent dans le hangar. Le gaillard dit : 'Forgeron, des gens viennent te trouver et il n'y a même pas une question, que signifie cela (86)' ? Lui répondit : 'A toi il n'y a pas le moindre degré de bonté. J'ai fait pour toi une grande œuvre et tu ne m'as pas payé'. Le gaillard répondit : 'Non, le travail que tu as fait ne valait rien. Il vaut mieux le faire de nouveau ; cette fois-ci je te payerai bien'. Le forgeron continua de refuser. Mais l'autre insistait très fort. Il ne tarda plus à appeler les arbitres pour juger leur différend. Ils vinrent. On s'expliqua.l On donna gain de cause au forgeron, mais ils dirent : 'Itonde ne t'a pas payé parce qu'il t'a aidé. Aujourd'hui ne le laisse point t'aider. Quand tu auras fini ton travail, toi et tes assistants, appelez-nous pour qu'il te paie en notre présence'. Ils se mirent d'accord et se quittèrent. Le forgeron dit : 'Yonjwa, aujourd'hui je ne ferai pas le travail pour ton fils ; mais demain matin je lui forgerai les anneaux. Je n'ai pas de charbon'. Ils furent d'accord. Le soleil se coucha. Itonde dit : 'Papa, appelle la femme qui est venue avec les objets que j'ai ordonné de cueillir en passant par la forêt'. Elle les apporta. Il demanda au forgeron un endroit pour planter ces choses. Son père dit : 'Comment ! Nous sommes en voyage et tu plantes' ? Sommes-nous donc venus habiter ici' ? Mais le fils ne l'écouta pas et planta ses objets. Le jour est totalement fini. Le matin arrive. De bon matin il va vers le forgeron et lui dit : 'Eh bien ! comment est-ce que nous nous sommes quittés hier' ? Il répondit : 'Va m'attendre dans la forge, j'y viens'. Le forgeron le trouva et appela ses aides habituels. Tous s'assemblèrent. En jetant les yeux derrière les maisons ils virent le Pancovia et le Momordica devenus de très grandes plantes. Ils se mirent les mains dans la bouche de peur (74). Ils dirent : 'Itonde, regarde, ce que tu as planté hier sont devenus des plantes avec des fruits dont les noms sont inconnus chez nous'. Il ordonna : 'Forgeron, prie duex de tes épouses : que l'une cueille un fruit de Pancovia et l'autre des feuilles de cette liane'. Il dit : 'Femmes, préparez ces choses, chauffez ces feuilles'. Il prit le fruit du Pancovia et le pela. Il prit les feuilles de Momordica, les plaça au fond du pot ; il mit le pot à bouillir sur le feu et il vint à point. Il l'enleva du feu, a ;;ela un mortier et se mit à battre les fruits de Pancovia (87). Il en forma plusieura poignées à remplir le plat. Puis il prit les feuilles de Momordiva, les fit bouillir dans l'eau ; il pila des fruits de palme pour en faire une sauce ; il prit le mortier, le nettoya, finit tout et leur dit : 'Prenez et mangez. C'est une bonne nourriture'. Ils furent tout ébahis ; ils avaient peur de ces aliments, ils dirent : 'Nous allons manger ces mets, mais quel est leur nom' ? Il prit une poignée de légumes, rompit un morceau de la pâte de banane et chanta : Ayant fini son chant il ordonna : 'Mangez'. Les gens se mirent à boulotter au point que l'habit leur tombait du corps. Ils mangèrent sans rien laisser, à être gonflés de satiété. Il leur dit : 'Moi j'ai appelé cette nourriture : Pancovia, mais vous devez toujours la nommer bananes'. Ils se sentirent las et s'endormirent de rassasiement. Itonde alla chez le forgeron et dit : 'Comment ! Tu es tout rassasié, mais à quand le travail' ? Il répondit : 'Je ne puis plus travailler, la satiété est excessive. Patiente un peu, je le ferai lorsque mon ventre se sera affaissé'. Mais lui : 'Je ne veux pas attendre plus longtemps, aide-moi que nous puissions partir'. Le forgeron ne pouvait pas. Notre héros dit : 'Appelles-tu maintenant les juges habituels pour te faire remettre le payement sur-le-champ ? J'ai beau te réveiller, tu ne veux pas ; tu dis que je dois te laisser puisque tu es tout gonflé de satiété ; n'importe, couve ta satiété ; je travaillerai moi-même'. Sur-le-champ il prit le charbon, l'arrangea et chanta sa chanson : Dès qu'il eut fini sa chanson il vit tous les animaux qu'il avait appelés venir en volant, remplir le hangar et encore tout le village. Les gens décampèrent de peur et s'enfuirent dans les maisons. Ils le laissèrent seul avec ses animaux venus l'aider. Ils soufflèrent le soufflet à qui mieux mieux et les cuivres étaient fondus immédiatement. Il prit les anneaux et se les mit. Il appela son père et lui dit : 'Que craignez-vous, toi et tes femmes ? Venez, rentrons chez nous'. Ils emballèrent leurs effets et prirent le chemin de chez eux. Mais soudain ils virent le forgeron qui était dans la maison se réveiller de la satiété et venir leur barrer le chemin ; il dit : 'Comment ! Je vois que vous voulez partir. Où est mon salaire' ? Itonde dit : 'Qu'es-tu ? un imbécile, ou un homme ou quoi ? Je te payerais ? quel travail as-tu fait aujourd'hui' ? Le forgeron dit : 'Es-tu une bête ? Tu viens te glorifier de ta force ! Montre-moi ta forge. Est-ce que jamais ja'ai entendu que tu possèdes une forge ici ? Viens payer ta dette' ? Là-dessus Itonde appela les témoins et leur fit son exposé. Le forgeron déposa de sa part. Ils jugèrent leur affaire et donnèrent gain de cause à Itonde. Ils condamnèrent le forgeron à pauer le prix d'un esclave. Le forgeron dit : 'Par vos aïeux ! Par vos défunts ! Crevez ! Je ne lui donne aucun esclave. Qu'il fasse comm il veut'. Notre héros sentit la col1ere lui monter au cœur, il dit : 'Vous tous l'avez entendu ? Allez-vous encore me traiter de méchant auhourd'hui ? Regardez, agissons comme des hommes' ! Il se jeta sur le forgeron, lui ravit ses armes, le lia et dit : 'Lève-toi ! Emballe tous tes effets, prends aussi ta forge et tes épouses et tes enfants pour venir chaez moi comme esclave'. Le forgeron essaya de résister mais il le fouetta de coups de bâtons, lui mit une liane au cou, menaça de le tuer. Dans toutes ces souffrances le forgeron se plaignait : 'Grand-frère Itonde, laisse-moi partir'. Le forgeron ne pouvait même plus emballer ses effets ; il commanda à ses épouses et aux enfants de le faire pour lui. Notre héros dit à ceux qui étaient venus avec lui. Lorsque les gens eurent entendu cela ils vinrent auprès d'Itonde et le prièrent : 'Comment ? Nous t'entendons parler de combat, avec qui te bats-tu ? Nous mêmes avons tranché la palabre en décidant que le forgeron doit te donner un esclave ; il n'a pas admis notre jugement et tu l'as fait prisonnier. Maintenant nous t'entendons chanter une chanson de combat ; contre qui te bas-tu ? Nous autres ne le voulons pas. Pars chez toi, tu es un esprit'. Le gaillard dirigea la caravane : son père, le forgeron et ses enfants, les épouses de son père et celles du forgeron ; et ils partirent. Ils arrivèrent chez eux. Ceux qui étaient demeurés vinrent les accueillir à couse de leur richesse extrême. La vie continuait. Itonde convoqua une assemblée et raconta à ceux qui étaient restés chez eux tout ce qui était arrivé à lui et à son père pendant leur voyage. Puis il prit les épouses du forgeron et les distribua à sa parenté et à son père, et le forgeron resta célibataire. Après cela il prit quelques esclaves et leur ordonna de lui construire une forge sur son propre domaine, tandis que le forgeron devenait son esclave. Mais le forgeron n'avait plus une épouse pour vivre avec lui ; il demeurait célibataire et n'avait à manger que ce que lui préparaient les femmes du père d'Itonde. 4. ENCORE ITONDELe mariage d'ItondeLorsque Itonde eut fini de distribuer à son père et la parenté les possessions du forgeron, il vint chez son père et lui dit : 'Papa, maintenant mon temps est arrivé de me marier. J'aimerais que tu me donnes l'argent pour le titre de mariage'. Le père dit : 'C'est un bon projet ; moi aussi je le veux. Si tu veux choisis parmi mes épouses celles que tu aimes'. Le fils ne voulait pas, il dit : 'Je veux ma propre femme'. Le père l'envoya en chercher une. Le fils dit : 'Papa, moi je ne veux pas aller cirvuler dans les villages. Je préfère rester ici. Les femmes qui passeront seront à moi'. Le père le lui défendit, mais lui : 'Est-ce la guerre que tu crains ? S'il est question de la guerre, nous la ferons, ne crains pas. Ne me connais-tu plus' ? Le père céda. Le héros sortit un escabeau et commença à râper des fibres dans le hangar. Pendant qu'il se trouvait là il vit passer deux jeunes femmes. Il dit : 'Jeunes femmes, vous là-bas ! Venez prendre des fruits de palme'. Elles répondirent : 'Pas nous ! Nous devons aller très loin et notre mari vient après'. Il se leva, alla vers elles, et les saisit, disant : 'Si-votre mari n'est pas content qu'il le dise, nous discuterons' ! Et il les prit. La vouvelle parvint au mari. Il proclama la guerre et la porta à Itonde. Venant à se battre, Itonde le vainquit supérieurement et le fit prisonnier. Il prit ses épouses chez lui, appela les beaux-parents et ils conclurent le mariage. En ce temps Itonde dressa ses pièges. Il en fit le tour et trouva un écureuil et le mit en dessous du moule de forge ; puis il alla à l'assemblée. Après la fin de l'assemblée il retourna chez lui. On lui apporta à manger. Regardant bien il ne vit pas son écureuil. Il appela ses épouses et les questionna. Elles répondirent : 'Nous n'avons rien vu. Manges seulement'. Le mari reprit : 'Diantre ! j'ai tué un écureuil et vous ne me l'avez pas donné. Allez donc m'en chercher un autre'. Elles dirent : 'Dis-nous l'endroit où tu l'avais mis pour que nous reconnaissions notre faute'. Le mari convoqua une assemblée et exposa cette affaire. Ils se retir`rent pour la délibération, puis vinrent disant : 'Toi Itonde, tu gagnes. Mais avant de pouvoir de frotter des cendres tu dois nous montrer cet écureuil' (90). Itonde se leva et alla retourner le moule. Il en sortit un petit paquet et leur dit : 'Qu'est ceci' ? On lui applaudit et dit : 'Tes épouses doivent t'offir un présent de pardon' (91). Il dit : 'Me demander pardon avec quoi' ? On lui fixa des animaux domestiques. Il dit : 'Je ne veux pas d'animaux domestiques. Qu'elles rentrent dans leur parentèle et que chacune m'amène une adjointe' (92). Les femmes se déclarèrent d'accord. L'asesemblée dissoute, elles allèrent dans leur parentèle et lui amenèrent des adjointes. Ainsi il a déjà quatre épouses. Plus tard Itonde tua encore un écureuil. Il alla le mettre encore sous le moule. Il partit à l'assemblée. Revenant il trouva qu'on ne l'avait pas préparé. Il convoqua encore une assemblée et on fit comme auparavant. Maintenant le gaillard a six épouses. Il agit ainsi quatre fois. Lorsqu'il fut arrivé à douze épouses il cessa. Vivant avec elles, toutes étaient stériles. La vie continua et son père était devenu très vieux. Il l'appela et le bénit. Grossesse de WangalaAprès avoir hérité l'autorité de son père, Itonde vivait avec sa famille dans une opulence indicible. Pendant ce temps, Wangala, épouse de son frère aîné Lofale, devint enceinte. Durant cette grossesse elle ne voulait pas d'autre nourriture que des serpents. Un jour Itonde envoya des pygmées chercher des serpents. On les lui apporta. Wangala en les mangeant les engloutit totalement. Tous les jours c'était ainsi. Itonde appela son frère aîné Lofale et lui dit : 'Maintenant Papa est exténué. Lève-toi. Prends des hottes et allons chercher des serpents'. L'aîné se dit d'accord : 'Partons demain matin'. Le lendemain ils prirent leurs provisions et entrèrent en forêt. Ils marchèrent longtemps et arrivèrent au plus profond de la forêt.L'aîné qui marchait en tête en jetant des regards vit un serpent jwembe étendu. Il s'enfuit à toute allure. Venant à passer son frère celui-ci le saisit à bras le corps et dit : 'Frère aîné, que fuis-tu ainsi à toute vitesse' ? Lui dit : 'J'ai vu une chose excessivement merveilleuse. Vas-y voir, toi qui es plus brave'. Le cadet le blâma et le fit passer devant. En continuant plus avant il vit ce même serpent étendu. L'aîné chanta à haut voix : Le cadet s'élance à toute vitesse, le rejoint, le dépasse et arrive au serpent. Il prend son couteau magique (94) et tue le serpent. Il le découpe et le lui fit emballer. Itonde le réprimanda : 'Frère aîné, où est ton intelligence ? Qui t'a dit que ceci est un python' ? Ils partirent et poursuivirent la marche. En passant l'aîné vit encore un serpent, un cobra. De nouveau il s'enfuit en vitesse. Le cadet l'arrêta, le fit passer devant. Il chanta de nouveau la même chanson : 'Itonde chéri, viens couper la tête du python, l'oncle maternel du cobra'. Lofale dit : 'Itonde chérie, nous sommes venus chercher des serpents et nous en avons tué beaucoup ; rentrons donc plutôt chez nous'. Le cadet dit : 'Non, il n'y a pas encore assez de serpents, nous n'allons pas rentrer maintenant'. L'aîné se fâcha, l'invectiva : 'Comment ! c'est moi le maître de la femme enceinte ! Je te dis qu'il y a assez de serpents. Rentrons, pourquoi ne veux-tu pas ? Partons'. Le cadet ne voulut pas écouter et continua, disant : 'Suis-moi là où je vais'. Ils marchèrent loin et l'aîné fatigué de la marche dit : 'Cher frère, moi je m'arrête, rentrons donc chez nous'. Le cadet ne voulut pas, il l'appela et lui dit : 'Je pense que tu es fatigué à cause de cette hotte avec les provisions. Donne-les moi à porter pour toi'. Il les prit à porter et ils poursuivirent la marche dans le marais à palmiers Raphia. Il dit : 'Prends ta charge, nous approchons. Maintenant tu dois passer derrière et moi devant. Quand je te dis : arrête, attends-moi, reste là où tu te trouves, ne me suis pas. Quand tu vois celui que nous sommes venus saisir, ne fuis pas. Si tu fuis tu n'arriveras pas chez toi, il te bloquera dans la forêt'. Lorsque l'aîné eut entendu ces préceptes, il trembla ; il appela son frère et lui dit : 'Comment ! Dans notre famille nous ne sommes que deux, nous n'avons pas de sœur. Nous sommes venus chercher des aliments pour mon épouse et ils suffisent ; ils sont même en excédent. Maintenant je vois que tu ne veux pas que nous rentrions, pourquoi cela ? J'ai très peur à cause des préceptes que tu m'as donnés. Viens rentrons'. Le cadet dit : 'Nous sommes proches, nous ne rentrons pas, poursuivons notre voyage'. L'aîné se laissa aller et pleura très fort. Lorsque le cadet entendit cela il prit pitié et dit : 'Frère aîné, tu es excessivement fatigué ; assieds-toi donc ici, moi je pars. Quand j'aurai trouvé ce seigneur que nous sommes venus chercher, je te le ferai savoir, tu ne l'ignoreras pas'. L'aîné s'assit. Le cadet s'en alla ; il poursuivit sa marche longtemps et il arriva quelque part ; il s'assit et mangea. Ayant fini de manger il ramassa ses affaires et continua la marche. Il parvint à l'endroit déterminé. En se voyant devenu tout entier blanc et brillant il prit peur. Il trouva une très grande agglomération mais sans personne ! En jetant les yeux en haut il vit quelque chose qui s'y trouvait brillante comme le soleil au coucher. Il prit la fuite à toute vitesse lui aussi. Il se glissa sous la base d'une liane pamacée et appela son frère resté en arrière : 'Lofale ! Lofale ! viens par la piste même par laquelle je suis passé, je suis arrivé. Viens nous avons terminé. Viens nous sommes arrivés chez celui à qui nous sommes venus rendre visite ; viens très vite'. Cette liane se déroula et arriva près de l'aîné. Celui-ci s'enhardit et se leva. Il vint vite et approcha du cadet. Mais en se regardant : il brillait comme le soleil. Il dit : 'Itonde, pourquoi est-ce que je suis devenu blanc comme le feu ? Dis-moi ce qui se trouve chez toi'. Le cadet lui dit : 'Approche, viens voir toi-même'. L'aîné était terrifié. Il y alla. A peine arrivé et portant son regard en haut il vit un arbre tout blanc. Examinant encore mieux il vit un serpent enroulé autour de l'arbre entier. Ce n'était pas un serpent, en réalité c'était du laiton (95). Ce serpent était long comme de Mbandaka à Bikolo et gros comme la cheminée d'un bateau d'Europe. Effrayant ! Il brillait comme les rayons du soleil, impossible de le regarder. Il était plus majestueux qu'une personne en chair et os. Son nom était Indombe de la tribu des Bakongo (96). Son arbre était un Pachyelasma extrêmement gros. Ses branches s'étendaient jusque Mbandaka et Boende et Bikolo. Indombe de la tribu des Bakongo eveloppait l'arbre tout entier. Lorsque l'aîné eut vu cela il pleura chaudement. Il lança des invectives et des insultes à son frère. Il s'enfuit, lui abandonnant les armes et toutes ses affaires. Il suivit le chemn par où ils étaient venus. Mais arrivé à l'endroit où son frère l'avait laissé il trouva une rivière coupant le passage. Il chercha une voie mais en vain. Il attendit donc son frère avec grande tristesse. Là-bas où il était resté, le cadet s'était assis sous l'arbre des palabres (97). Ayant mieux examiné Idombe, il dit : 'Seigneur Indombe, c'est chez toi que je suis venu. Descends donc afin que nous nous demandions l'un l'autre nos nouvelles'. Indombe dit : 'D'où viens-tu ? Es-tu fou ? Tu es venu pour que nous nous demandions des nouvelles l'un l'autre ? As-tu jamais appris que je parle avec les humains ? Va inviter ton père pour nous les demander l'un l'autre'. Itonde reprit : 'Non, viens, entretenons-nous'. Pendant qu'il parle, il tremble de peur. Indombe lui dit : 'Si tu désires traiter des nouvelles avec moi, attends que le soleil décline ; attends tes compagnons pour vous interroger l'un l'autre, pas moi' ! L'autre reprit : 'Pas de compagnons, toi seul es le compagnon ; descends donc afin de nous questionner'. L'un avance l'autre réplique, ils sont complètement dans une impasse. Indombe dit : 'Si tu veux que nous nous demandions des nouvelles, dis-le moi ici où je me trouve en haut ; je ne descends pas'. Itonde le pressa de descendre. Comme il ne voulait pas obéir, Itonde lui chanta la chanson : Lorsque le seigneur Indombe eut entendu cette chanson, il ne se possédait plus de colère (98), il dit : 'Toi, cette nullité d'Itonde, tu as quitté ton père pour venir manifester ton insolence envers moi ? Nous traitions de nouvelles et maintenant tu parles de me porter ? Montre- moi d'abord le membre sur lequel tu vas me poser si je descends'. Indombe hurla si fort que le bruit parvint même jusqu'au village d'Itonde. Les hurlements raidirent le frère aîné au bord de la rivière. Itonde même prit peur de nouveau. Indombe dit : 'Il y a déjà longtemps que je me suis plaint de toi. Mais tu le désires toi-même. Attends-moi' ! Itonde devint tout blanc ; la forêt proche brilla comme le soleil. Les personnes qui se trouvaient au brod de la rivière devinrent comme le couchant, mais ne savaient pas la raison pour laquelle elles étaient devenues ainsi. Indombe le questionna : ' Tu es vunu me prendre, où cas-tu avec moi' ? Il répondit : 'Je te ferai venir chez moi pour que nous vivions ensemble'. Lui reprit : 'Si nous habitons ensemble, me supporterez-vous' ? Il dit : 'Oui'. - 'As-tu un terrain comme le mien ici ? As-tu un tam-tam ? As-tu femmes et enfants et tout comme moi' ? Il confirma tout cela. Indombe dit : 'Voici, tu veux que nous paritons. Arrange tout, je viens. Présente-moi l'endroit sur lequel tu vas me porter'. Lorsque Itonde-esprit-de-sorcellerie-au-flanc eut fini de lui présenter l'endroit Indombe se mit à pleurer : Là-dessus il s'étend ; il lui ordonne de lui présenter une épaule. Lorsque Itonde l'examine mieux il se jette de nouveau en forêt. Et dit : 'Ceela n'est pas une personne qu'on porte, je ne pourrai pas le toucher ; je vais rentrer chez moi'. Il partit. Arrivé un peu loin il s'arrêta, regarda en arrière, et dit : 'Quoi maman ! si je le laisse que dirai-je à la parenté ? Mieux vaut qu'il me tue' ! Il retourna et le trouva remonté sur son arbre des palabres. Itonde reprit sa chanson habituelle : 'Descends, que je te porte, Indombe du clan Bakongo Indombe'. Le seigneur Indombe se mit en fureur contre lui, disant : 'Tu m'as fui, alors pourquoi me reviens-tu ? Va-t'en'. Mais il ne lui prêta pas attention, il dit : 'Descends, que je te porte' ! Il lui présenta l'épaule et dit : 'Laisse-toi glisser ici, je te souteindrai sur le dos'. Indombe se déroula. Dès qu'il voulut poser la tête toute la peau d'Itonde s'écorcha. Il tomba à cause de cette chaleur de la tête et il tomba en pâmoison. Indombe le ricana : 'Te voilà avec ton orgueil ! Lève-toi donc pour me porter. Lève-toi comme un homme' ! Mais Itonde ne savait plus où il était. Il se coucha doucement et immobile, puis sentit un peu de force lui revenir. Il étend un bras en tâtonnant et touche le grelot. Il le prend et le sonne. Immédiatement il revit. Jetant des regards il voit qu'Indombe est remonté en haut. Il dit : 'Descends qu je t'emporte. Tu ne peux plus coucher ici'. Pendant ce temps le soleil est près de se coucher. Itonde lance un cri ; il redoute qu'Indombe ne vienne le tuer pendant la nuit. Il dit : 'Seigneur, attends-moi un moment, que j'arrête le soleil'. Il le laisse et va vers le soleil, disant : 'Soleil, attends-moi'. Mais le soleil n'a pas d'oreilles (100). Il se fâche et dit : 'Si tu ne veux pas m'attendre je te prends de force' ! Mais le soleil ne lui répond pas. Il prend donc soon couteau magique et coupe une liane palmacée. Il abat les arbres qui se trouvent lá et tend un piège dans les branches. Il s'assied, puis voit le soleil se préparer au coucher. Il se couche plat immobile et voit soudain le soleil étranglé ! 'Diantre, soleil que vas-tu faire ? te coucher' ? Il tire donc la liane ; le soleil qui était au ciel se tord, s'arrache et se fait prendre dans le piège. Il fait déclencher le piège d'un coup et le soleil tombe à terre ! Allant le prendre le soleil le brûle tout entier et le consume totalement, excepté le bras droit qui tient le grelot. Itonde perd conscience complètement, il se meurt. Lorsque le fils d'Itonde vit l'obscurité, car la terre restait plongée dans les ténèbres à cause d'Itonde, il alla raconter à son père cette merveille. Là où Itonde se trouvait son bras qui tenait le grelot s'étendit : il vivait encore. En retirant ce bras il heurta le grelot. Quand il entendit le son du grelot il éternua et revint à la vie. Il s'éveilla et vit que le matin était levé de nouveau. Il se leva, s'inspecta et comprit qu'il avait échappé à la mort. Il s'assit au pied de l'arbre et se mit à se déplorer et à regretter ce qu'il avait fait. Crois-tu qu'il cessa ? Pas question ! Il alla vers Indombe et l'appela pour l'emporter. Il dit : 'Nou étions empêchés par le soleil. Maintenant il s'est levé de nouveau. Descends qu je t'emporte'. Indombe ne s'opposa plus comme avant. Il prit congé de ses femmes et de ses enfants, il leur dit : 'De vous tous personne ne peut rester dans cette contrée. Partez, qu'on ne vous voie plus, sinon vous aurez la vie dure'. Il les bénit et ils partirent. Depuis ce temps jusque maintenant nous entendons seulement le nom d'Indombe, nous ne le voyons pas, parce qu'il a chassé toute sa descendance. Et nous ne savons pas où elle se trouve désormais (101). Itombe emporte IndombeQuand Indombe eut fini de leur faire ses adieux, ses enfants partirent tout en pleurant. Là-dessus il ordonna à Itonde de lui présenter l'endroit où le porter. Maintenant Itonde connaissait le moyen ; il prit le grelot et se le mit sur l'épaule. Indombe déroula ses plis, dressa la tête verticalement, l'approcha très lentement et la posa sur le grelot. Itonde commença à geindre déjà seulement à cause de la tête. Il s'affaissa complètement. Il pleura disant : 'Replace-toi un peu en haut, que je m'arrange'. Indombe ne voulut pas. Les pieds d'Itonde s'enfoncèrent dans la terr. Il pleura très fort. Il appela père et mère (102). Il pria Indombe qu'il cesse de peser sur lui, mais celui-là ne l'écoutait pas. Itonde pleura : Il essaie de se soulever de terre, mais ne réussit pas. Il tâtonne pour trouver le grelot et le sent. Il le sonne et trouve une nouvelle vigueur. Indombe s'enroule autour de lui et l'enveloppe complètement. Itonde grossit outre mesure. Son corps entier est absorbé. Il cherche à respirer : en vain. Il essaie de marcher : en vain. Il s'abandonne. Indombe se met en colère : 'Tu es venu m'appeler pour partir. Or que fais-tu maintenant ? Lève-toi (105), partons' ! Itonde se met à l'implorer et ne le laissa pas, il dit : 'Retourne à ton arbre, je ne suis pas capable de te porter'. Mais Indombe du clan Bakongo ne voulait plus remonter. Le gaillard dit : 'N'importe, je vais agir comme agit un homme'. Il prend le grelot, le sonne, s'écrie : 'Papa Yonjwa, grand-père Lonkundo' ! Il chante sa chanson comme de coutume : La chanson terminée, il a une force extrêmement grande, il le tire vigoureusement et l'emporte. Ils marchent longtemps sans se parler. Ils arrivent sur le bord d'un marais. Itonde dit : 'Indombe déroule-toi un peu de moi que je puisse boire'. Indombe ne voulut pas. En cherchant à l'abandonner de force Indombe le brûla et le tua. Il se mit à le ricaner : ' Cette nullité qui était venue me molester, te voilà mort. Il est préférable que je rentre chez moi et que j'y vive tout seul'. Pendant qu'il se retire un côté touche le grelot qui se met à sonner. Itonde se réveille, et dit : 'Indombe, où veux-tu aller' ? Il prend le grelot et le sonne, Indombe perd sa force. Il lui présente l'épaule et l'enserre. Ils partent. Ils arrivent là où Itonde avait laissé son frère aîné fatigué. Ils le trouvent incapable de passer, bloqué par une rivière qui a sa source là même. Il s'assied. Il s'exclame : 'Pourquoi ce seigneur nous barre-t-il le chemin ? Nous étions venus par la terme ferme. D'où vient donc cette rivière' ? Il dit : 'Ce n'est rien. Descends que je passe'. Indombe ne voulut pas. Il le déposa de force, car il connaissait le moyen de vivre ; en effet, il n'avait qu'à tenir le grelot en main. Il le tassa anneau par anneau. En voyant cela, Lofale perdit la tête de peur (106). Il se colla aux jambes de son frère et lui dit : 'Itonde, qu'allons-nous faire' ? Le cadet lui imposa le silence. Il regarde de tout côté longtemps, dans toutes les directions, et il voit une racine. Il l'inspecte longuement, l'étire et lui chante : 'Jeune liane, passe-moi ton gendre' (107). Cette liane fait sortir une très grande pousse qui s'étend de plus en plus. Elle devient très large. Elle se dresse toute droite et fait tomber la pousse sur l'autre bord de la rivière ; elle forme une très large route. Il fait passer son aîné premier. Lofale marche avec précaution et traverse. Lui-même suit et chante encore pour Indombe : Il le soulève et le porte. Il marche sur la liane et traverse. Il sonne le grelot et commande à la jeune liane de redevenir comme avant. La liane retourne et eux partent. Lorsque Lofale eut enfilé le chemin du retour chez lui il se mit à courir et les laissa loin derrière ; il arriva chez lui. La parenté vint l'accueillir mais il dit : 'Attendez un peu avant de me souhaiter la bienvenue. Faites vos bagages et fuyez ; fonçez même à travers la forêt (108). Allez-vous en d'ici. Si quelqu'un ne me croit pas, il mourra'. Mais eux se mirent à le questionner. Il dit : 'C'est impossible à dire. Itonde amène une grave affaire. Fuyez il est près d'arriver'. Sur-le-champ il n'était plus question de lui souhaiter la bienvenue. On plia bagages et prit la fuite vers d'autres villages. Le patriarche Yonjwa dit : ' Je ne fuis pas ; je veux voir cette chose qui vient avec mon fils'. Tout le monde prit la fuite, excepté Yonjwa et ses épouses et quelques esclaves. Les femmes d'Itonde restèrent aussi. Le patriarche prit flèches et bouclier. Il posta des guerriers partout pour arrêter le meurtrier de son fils. A l'entrée du cillage Itonde eut peur ; il appela son père et lui annonça : 'Papa, pars, toi et tes femmes'. Mais par amour de son fils le père ne fuit pas. Arrivée d'IndombeA la sortie de la forêt Itonde déposa Indombe. Celui-ci comprit qu'on était arrivé dans le village. Il poussa la tête jusque dans toutes les bananeraies et dirigea la queue dans une autre direction, il encercla toute l'agglomération. Il se contracta et saisit tous les habitants et les engloutit avec même le père d'Itonde. Itonde pleure et se mit à se lamenter au sujet de tout ce malheur. Mais Indombe se moqua de lui toute la journée : 'Fais-nous parvenir dans le village et indique-moi l'endroit où je dois résider ; montre-moi ton père et ta mère et ses épouses et les tiennes dont tu étais allé m'entretenir chez moi'. Itonde se mit en fureur, il dit : 'Tu es un monstre de cruauté. Tu as tué ma parenté et tu veux que je te montre père et mère ; qu'est-ce donc que tu as tué ? Es-tu insensé ? Viens je vais t'indiquer ta demeure'. Il lui montra un gros arbre de palabres sur la cour de son père et dit : 'Voilà ta demeure. Monte pour y résider. Je ne veux plus t'entendre et cherche ta nourriture toi-même'. Indombe monta mais l'arbre tomba sous le poids. Il s'y rendit de nouveau pour lui indiquer un autre arbre de palabres : un Pentaclethra. Il s'y assit et tenta de s'y accomoder. Plusieurs jours passèrent ainsi et il s'y habitua un peu. Un matin Itonde se rendit dans la babaneraie ; il coupa des feuilles et les mit avec un pot sur la cour. Il alla vers Indombe et lui dit : 'Je suis allé te prendre pour que mon beau-père puisse te manger. Maintenant tu l'as avalé. Descends donc que je te tue et te mange moi-même'. Indombe était tout ébahi, et dit : 'Es tu allé me prendre pour me manger' ? Il acquiesça et dit : 'Je n'avais pas voulu te manger, mais maintenant que tu as mangé ma parenté, c'est moi qui te mange'. Il dit : 'Bien, tu veux donc me manger vraiment. Mais quand tu me tueras, mange-moi totalement ce même jour. Ne conserve pas ma viande. Ne laisse pas la moindre parcelle de ma chair. Si tu en laisses, tu ne resteras pas en vie'. Le gaillard accepta : 'Viens, je te tue et te consume aujourd'hui même'. Indombe lui dit : 'Attends jusque demain matin pour me tuer. Maintenant ce ne va plus, le jour est passé'. Le soir tomba, le soleil se coucha, puis se leva. De grand matin très tôt Itonde sortit et alla vers l'arbre. Il le trouva. Il prit son couteau magique et dit : Indombe se déroule et descend tout triste. Il lui dit : 'Où me tues-tu ? Indique-moi l'endroit où je dois aller'. Il lui indique le tam-tam qui s'y trouvait. Indombe s'y trîne et pose la tête sur le tam-tam. Notre héros prend son couteau magique, lui fait des incantations toute la journée, gonfle les joues en faisant des grimaces de ricanement, puis lui coupe la tête d'un coup. Indombe est pris de convulsions et s'étend raide mort. Itonde le prend et commence à le dépecer. Il le met dans une multitude de pots et se met à manger. Mais avant de manger il chante : 'Garçon déchireur, déchire-les'. Puis il prend tous les fûts pleins d'huile et les ingurgite tous. Il prend les pots et les avale tous. Il est gonflé de rassasiement. Il se rend derrière les maisons, prend le grelot, le sonne et la satiété disparaît. Il met la tête d'Indombe sous le lit. Le soleil se couche, il va dormir. Au beau milieu de la nuit, Itonde sent qu'il se déplace de plus en plus, jusqu'á être acculé à la poutre du toit. Il est consterné. Impossible de respirer ou de se mouvoir. Ils est en danger de mort. Il tâtonne pour trouver le grelot et le sonne. Il sent que la couche retourne vers le bas et descend là où elle se trouvait toujours. Le jour se leva. Sortant tout peureux il trouva Indombe redevenu entier et posé sur son arbre comme de coutume. Itonde est tout ébahi. Indombe se moque de lui en ricanant : Itonde eut fort peur et dit : 'Je ne te tue plus, je n'en suis pas capable'. Mais Indombe reprit : 'Bien sûr, en cela tu as raison. Maintenant, je suis un mâne. Voici, appelle ta parenté encore en vie, va à l'endroit que je t'enseignerai'. Itonde envoie à ses parents égayés partout le message : 'Venez, venez, Indombe est mort depuis longtemps, venez, venez'. Indombe dit à Itonde : 'Tes femmes et tout le monde doivent prendre les bagages. Ils doivent prendre un autre chemin que moi et toi'. Ils firent ainsi et partirent. Où ? Ils allèrent dans le village où Indombe avait habité. Cette localité était extrêmement riche. C'était une bonne demeure sans maladie ou chaleur. Indombe et Itonde passèrent par le bord de la rivière ; tout le monde pasa à travers la forêt. Indombe dit à Itonde : 'Dans la marche des épouse et esclaves, Mbombe doit prendre la tête avec Lofale, ensuite tout le monde'. Chemin faisant l'une des épouses exprima son désaccord : Nsombe ne voulait pas cela. On se mit à se battre en chemin. La nouvelle en parvint à Itonde par Indombe : 'Itonde, je vois que tes épouses enfreignent la loi ; ainsi tu ne seras pas heureux dans cette contrée'. Itonde y alla, réprimanda cette épouse nommée Inongo, la frappa et remit Mbombe en tête. Ils continuèrent. Mais en traversant le marais Itonde prit congé d'Indombe : 'Moi j'ai été lié avec un ami à moi nommé Bitsuke. Nous sommes partis sans nous faire les adieux. Attends-moi, je vais lui idre adieu'. Il retourna. Mais Bitsuke avait fui, il avait creusé une autre demeure sous la terre et s'était caché là. Notre héros l'appela toute la journée mais ne vit personne. Jetant des regards il vit soudain un homme qui était posté là. Cet homme lui dit : 'Itonde, Bitsuke est parti en voyage. Il t'a laissé cette canne-à-sucre là-bas. Coupe-la et mange-la avant de t'en aller'. Itonde était tout furieux et prend un couteau. Pendant qu'il marche vers la canne-à-sucre, elle prend la fuite en se lamentant. Itonde remet le couteau et se met à avoir des remords à couse de ces lamentations de la canne-à-sucre. Mais voilà quíl aperçut des cheveux humains sortant de terre. Il y court et saisit ces cheveux. Pendant qu'il les tirait il vit le fils de Bitsuke. Il le prit et l'emmena. Cet enfant eut beau pleurer, Itonde lui dit : 'Avant de te lâcher tu dois appeler ton père'. Il lui demanda pourquoi il pleurait, il lui dit : 'Quand tu étais parti, Indombe nous arriva tout en colère ; il prit Lofale, plongea avec lui dans la rivière et le tua'. Itonde pleura puis il arriva chez eux. On lui raconta la même chose. Il dit : 'N'importe ! Mon frère est mort ici parce que je suis retourné vers Bitsuke, je ne l'ai pas trouvé, j'ai pris son fils. Il est donc préférable que je tue son fils comme victime'. Il le prit et l'enterra comme sacrifice de fondation (33). Ils allèrent et arrivèrent dans cette résidence. Indombe appela Itonde et lui dit : 'Vois-tu quelle belle agglomération c'est ? Et je t'impose un autre nom, car tu es extrêmement fort et courageux. Voici ton nom est Ilelângonda. Personne ne t'appellera plus Itonde. J'étais encore maître d'une autre tribu : Elinga. Maintenant ils sont à toi. Adieux' ! Il se concentre et se jette dans la rivière. Les gens étaient très contents. 5. IlelangondaIlelangonda alla habiter dans ce pays en parfait bonheur. Il distribua des forêts et des maisons à ses épouses et à ses esclaves. Il y en avait assez. Un jour de marché, ils virent passer deux pirogues, Ilelangonda envoya Bombute appeler les passants. On lui rétorqua avec brutalité. Là-dessus Ilelangonda les bloqua sur la rivière ; la pirogue ne put plus avancer. Ils furent retenus deux jours. Ensuite ils vinrent lui demander pardon, disant : 'Papa Ilele, sauve-nous, nous ne désobéirons plus ; nous ne savions pas que c'est toi qui habites ici'. Il leur commanda : 'Chantez tous : Ils chantèrent ainsi et se dégagèrent. Ils apportèrent des poissons et ils commencèrent eux et Ilele et ses épouses et esclaves. Mbombe (109) acheta un poisson Synodontis, mais son mari la réprimanda. Mbombe alla rôtir son poisson puis le retira du feu. En le mangeant une épine lui resta dans la gorge. On s'occupa de la soigner toute la journée et elle fut sauvée. Là-dessus elle devint enceinte. Dès lors elle ne voulait plus aucune nourriture. Elle maigrissait à cause des avortons de fruits de safou. Son mari avait beau la supplier de manger autre chose, elle ne voulait pas. Une nuit elle dit à son mari : 'Je sens comme un danger d'avortement'. Le mari eut très peur. Il sortit au petit matin, et lui apporta des hottes de safous mais elle n'en voulut absolument pas. Elle pleura toute la journée. Le soir venu, le mari sortit, rassembla épouses et esclaves, et leur dit : 'Quand le soleil sera au couchant personne ne peut sortit sur la place publique. Quelque chose passera avec des maladies. Ne sortez point' (110) ! Dès que le mari eut fini de parler, Mbombe dit : 'Sauf moi' ! Le mari se sentit déprimé, mais s'en tint là. Le soir tombé, tous entrèrent dans les maisons : ils restaient là tout tristes. Pendant ce temps ils entendirent un bruit comme d'un avion. Ils sont tout consternés. Mbombe sortit. En regardant elle vit un oiseau venir avec quelque chose dans le bec. Elle crie à cet oiseau qui laisse tomber la chose qu'il portait. Mbombe court, la ramasse et va la montrer à son mari. Le mari met la main dans la bouche de peur (74). La femme prit cette chose et la rôtir, elle vint à point. L'ayant mangé la femme était très contente. Puis elle se mit à chanter sa chanson en pleurant : 'J'aimerais que le calao m'épouse, pour les fruits qu'apporte le calao' ! Elle chanta toute la journée en pleurant. Son mari l'interrogea mais elle ne lui répondit pas. Entendant cette chanson plusieurs fois il devint jaloux et dit : 'Le calao est un oiseau d'en haut, un animal. Comment alors peux-tu le vouloir comme mari' ? Mais l'épouse ne cessa pas. Ayant vu cela Ilele assembla ses épouses et leur raconta tout cela : 'Mbombe aime un oiseau, moi je vais chercher cette chose qu'elle désire pour la lui acheter'. Il décroche le grelot, vca se poster sur la place publique et le sonne. Il le tend vers l'est puis vers l'ouest. Quand il le tend vers l'ouest le grelot sonne. Il décroche les hottes et entre dans la forêt. Il marcha fort loin. Au plus profond de la forêt il trouva un safoutier. Regardant en bas il vit quelqu'un couché couvert de pian. Il grimpa dans l'arbre. Cet homme s'appelait Fetefete. Il lui adressa la parole mais il répondit : 'Attrape la folie ! Que le léopard te prenne' ! Il cueillit beaucoup de safous et en remplit deux hottes. Fetefete dit : 'Toi là ! tu sais qu'on ne monte point sur ce safoutier et tu montes quand même ! Descends ! Mais entretemps jette-moi aussi un safou' ! Ilele demanda : 'Quel safou veux-tu' ? Il répondit : 'Celui-là près de la fiente'. Ilele arracha un safou et le lui jeta en le frappant sur les ulcères du pian (111). Aussitôt Fetefete pleura : Les gens demeurant au village de Fetefete entendirent ces pleurs et battirent le tam-tam d'urgence. Lorsqu'ils vinrent, notre gaillard était parti depuis longtemps. Ils s'entretinrent au sujet de ces événements et partirent. Lorsque Ilele fut rentré avec les safous son épouse se réjouit et les avala tous (112). Elle se mit encore à se lamenter. Le mari retourna, arriva et monta. Fetefete le traita comme auparavant. Il cria alarme. Ceux qui se trouvaient au village vinrent. Ils trouvèrent Ilele en haut dans le safoutier. Ils tendirent les filets. Ils ordonnèrent aux oiseaux de le faire dégringoler. D'abord le Himantornis, qui chanta (113) : 'Himantornis chéri, prudemment'. Il monta peu à peu prudemment. Ilele arracha un safou et l'en frappa sur les pattes. L'oiseau dérapa et tomba à terre. Depuis lors le Himantornis a les pattes blanches. On envoya beaucoup d'autres oiseaux. Il les frappa tous. C'est de là que les oiseaux portent des marques. Itonde prit ses paniers, se jeta en bas avec (les paniers) et partit. Quand il revint chez lui, Mbombe prit les paniers de safous avec une grande joie. Elle les mangea et les finit totalement ce même jour. Puis recommença ses pleurs habituels. Le mari rassembla ses épouses et leur raconta tout ce qui lui était arrivé en forêt. Il dit : 'Si je meurs ne le mettez pas en doute. Car j'ai lutté extrêmement avec ces gens-là. Et si je meurs, voici les signes qui se manifesteront : les singes verdâtres crieront sur la place publique, il tombera une pluie à gouttes à l'improviste, une corde se déroulera comme un serpent, les éléphants quitteront la forêt pour venir au village. La corne qui se trouve dans le hangar se remplira de sang bouillonnant. Beaucoup de bêtes viendront sur la place publique. Quand vous verrez ces choses, ne doutez pas, mais pleurez' ! Là-dessus il prit quatre paniers et partit. Arrivé au safoutier, il y trouva Fetefete qui dit : 'Comment ! Encore toi pour ces safous ? Ne peux-tu pas laisser un seul jour ce qui appartient à autrui' ? Notre héros le maudit, le repoussa et grimpa dans le safoutier. Il cueillit toute la journée et remplit trois hottes. Quand il se mit à remplir aussi celle qui restait Fetefete lui demanda un safou. Ilele lui montra quelques safous mais il n'en voulut aucun ; il dit : 'Je ne veux pas ceux-là, continue encore'. Il continua et arriva tout au sommet. Il lui indiqua tous les fruits mais n'en voulut point. Pour Ilele ce n'était pas un jeu. Il arracha un safou, visa un ulcère de pian et le frappa vlan ! Fetefete hurla à pleine gorge : 'Sausau, je suis blessé à un ulcère de pian'. Lorsque ses parents l'entendirent pleurer ils décrochèrent leurs qrmes et arrivèrent. Ils tendirent les filets et envoyèrent les oiseaux comme d'habitude. Ils dirent : 'Aujourd'hui nous ne voulons pas envoyer tous les oiseaux, seul le 'faisan'doit y aller'. Mais le Tockus dit : 'Laisse-moi y aller'. Il monta. Ilele arracha un safou et le lança. L'oiseau l'évita et s'approcha. Ilele eut peur, prit son grelot, le sonna et appela l'orage avec la foudre et le vent. Sur-le-champ le ciel se couvrit uniment de nuages. Il plut, ce n'était pas une pluie (95) ! Il sonna son grelot, se jeta sur sa piste et disparut. Les gens venus le prendre regrettèrent l'échec et rentrèretn au village. Ilele arriva chez lui. Il cacha deux hottes et en donna deux à Mbombe qui était contente et cessa de pleurer. Elle se mit à manger les safous. Mais elle agit mal : elle mangea les uns frits et les autres bouillis dans l'eau. En deux jours tout y passa. Sausau dans son village rassembla ses gens et il vint les interroger à fond au sujet de cet homme. Mais on ne le connaissait pas. Seulement on admirait sa force et ses miracles. Pendant qu'ils se trouvaient assemblés un nectarin arriva, se percha en haut et dansa la danse magique. Il dit : 'Payez-moi qu je vous dise le moyen d'attraper cet homme'. On le chassa. Et il dit : 'N'importe ! Adieu' ! Là-dessus on l'appela et on lui donna trois anneaux de cuivre. Le nectarin se mit en position de cérémonie magique et dansa : Le nectarin alla chez le coucou criard et lui raconta tout, ainsi que le prix que Sausau voulait payer. Le coucou se rendit à l'assemblée. Quand on le vit on se réjouit beaucoup. On l'appela. Le coucou dit : 'Pourquoi m'appelez-vous' ? On lui raconta ce dont on avait parlé avec le nectarin. Le coucou se déclara d'accord, et dit : 'Si vous voulez que je vous enseigne le moyen, donnez-moi mille cuivres'. Sausau ne marchanda pas et les lui donna. Le coucou dit : 'Regardez bien cet homme. On ne peut le maîtriser. C'est de moi qu'il tient cett force. Elle réside dans le grelot. S'il vient ces jours-ci, allez en silence. Si vous envoyez quelqu'un pour aller le décrocher, qu'il cherche le moyen de lui ravir le grelot. Si vous pouvez prendre le grelot ou qu'il tombe, vous l'avez maîtrisé'. Il leur donna deux feuilles de l'arbre Morinda. Pendant qu'ils étaient en assemblée ils entendirent pleurer Fetefete. Ils battirent le tam-tam de guerre. Ils décrochèrent les filets et partirent. Avec eux marchait la tortue qui allait avec un filet de fibres de bananier. En route on se moquait d'elle comme d'un imbécile. Ils arrivèrent et tendirent les filets. Mais quand la tortue tendit le sien on la chassa. On l'insulta qu'elle parte avec sa stupidité. Elle partit et trouva une piste très fréquentée. Elle prit son filet de fibres de bananier et le pendit. On envoya les oiseaux comme de coutume. C'était un jour funeste. D'abord la pintade. Pendant qu'elle montait elle chanta : Chère pintade aux couleurs bigarrées Ilelangonds arracha un safou. Tuer ? nullement ! Caler ? nullement ! La pintade approcha. Ilelangonda prit peur ; il cueillit un safou pourri et l'en frappa. Le fruit lui pénétra dans le corps. C'est de là que la pintade est tachetée. On envoya encore beaucou d'oiseaux et il les frappa de ces pourritures ; de la tous ont leurs marques. On envoya le faisan. Il monta et chanta : 'Faisan de serpent, je monte je danse'(114). Il trottina sur les petites branches progressivement et s'approcha d'Ilele. Celui-ci arrache un safou et le lui lance mais le manque. Arrivé tout près il le manque encore. Il est tout près des yeux. Il cherche à le troubler : en vain ! A l'effaroucher : en vain ! Il prend le grelot pour le sonner, mais le faisan s'approche, se perche sur ses yeux, et le bat de ses ailes. Essayant de sonner le grelot, le grelot se fend. Alors ils dégringolent tous deux et tombent à terre. Tout le monde crie fort : On le cherche : rien ! On écoute : rien ! On prend peur. Puis on entend qu'on le lève à l'extrémité du cercle des chasseurs : 'Ici, il est encore encerclé'. On le poursuit, tantôt là. On écoute encore : rien ! En allant vers une cavité on le fait décamper de là. Il passe au galop comme une étoile. Ils chantent de plus en plus fort poussés par la peur. Puis ils entendent la tortue les appeler : 'Venez, il est pris'. On dit : 'Venez, allons-y quand même'. Y allant ils trouvent Ilelangonda empêtré dans un filet de fibres de bananier. Ils s'appellent l'un l'autre de leurs sobriquets et on le tua. Ilelangonda mourut ainsi. Là-bas où se trouvaient les épouses et les esclaves la situation ne peut se dire. Tout s'accomplit. Les épouses dirent : 'Parents qui vivez ici, venez voir ce qui s'est passé' ( 110). Ils se réunirent pour voir. Inonge dit : 'Si Ilele est mort : corde étire-toi'. Et la corde se déroula sur-le-champ. Ils eurent peur. L'épouse dit : 'Essayons un peu une autre chanson'. Et on chanta : 'Si Ilele est mort, singe vert crie' ! On entendit derrière les maisons le singe crier. On essaya beaucoup de choses et tout se réalisa indiquant qu'il était mort. Les épouses se jetèrent par terre, ells défirent la chevelure et pleurèrent tout le jour. Pendant qu'elles pleuraient, Inonge alla chez Mbombe ; elle la trouva assise. Inonge lui dit : 'Es-tu folle ? C'est à cause de toi que ton mari est allé mourir. Nuos voyons pleurer celles qui n'ont pas joui de la prospérité ; or toi-même qu'attends-tu ? Pleure donc, toi qui a joui'. Toutes les coépouses se réunirent avec elle et se mirent à lui chanter : Mbombe répondit : 'Je ne pleure pas, car mes douleurs me tenaillent'. Elles pleurèrent longtemps jusqu'à la fin du jour. Entretemps les douleurs de Mbombe s'aggravent. On s'intéresse à elle seulement. Les douleurs de l'accouchement durent toute la journée. Cette grossesse était étonnante. L'enfant ne pouvait pas sortir par de petites ouvertures. On est occupé avec Nkoko et Bayanga arrive en avance (115). L'accouchement commença. Quel accouchement spectaculaire ! D'abord il débuta avec des fourmis (116) et tous les insectes. Puis divers oiseaux. Ensuite toutes sortes d'hommes. Enfin elle cessa. Mais elle sentit une nouvelle douleur. Elle entendit quelqu'un parler dans ses entrailles qui dit : 'Maman, je constate qu les esclaves ont endommagé le chemin où je sois passer ; je ne veux pas passer par ce chemin-là, cherche-moi un autre'. La mère répondit : 'Non, je n'ai pas d'autre réponse, viens donc par cette piste'. L'enfant reprit : 'Pas moi ! je suis un vrai homme. Cherche une voie. Je viens en compagnie de ma sœur'. La mère dit : 'Que dois-je faire donc' ? Il dit : 'Fais comme je vais te dire : prends fu fard rouge, frotte-le sur ta jambe ; ensuite je vais passer par là'. La mère prit donc le fard et l'appliqua à la jambe. Quand elle eut fini, elle vit soudain la jambe gonfler de plus en plus, elle devint comme l'excroissance d'un arbre. Elle eut peur. Toutes celles qui étaient là s'enfuirent. La jambe enfla de plus en plus et se fendit largement. Subitement on voit sortir une très grande personne, un jeune homme superbe. Il vola doucement et alla se poster sur le toit de la maison. Puis on vit une très belle femme, brillante comme les rayons du soleil ; elle suivit son frère là où il se trouvait. On l'examina avec crainte. On chercha vainement à savoir quelle sorte de gens c'étaient. Cet homme était venu avec douze lances et des flèches et des outils de toute beauté. Tous étaient ornés de laiton. La femme était venue avec deux pots et deux gobelets. Elle s'assit près de son frère. Banjakânjaka (117) lança des accueils tout le jour. Il se jeta en bas. Les gens étaient tout ébahis. Il sauta et retourna au ciel. Peu après il appela : 'Chère Nsongo, viens'. On vit alors Nsongo voler et arriver dans les nuages. Subitement on les vit revenir. Les gens sont attirés de toute part et viennent regarder Lianja et sa sœur Nsongo. |
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