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themes > Colonial architecture and social geography > Mbandaka > Gustaaf Hulstaert | ||||||||
Gustaaf Hulstaert in the historiography of Mbandaka (ex-Coquilhatville) / by Stanislas Lufungula Lewono [in French only]La production scientifique de Gustaaf Hulstaert, Missionnaire du Sacré - Cœur décédé à Bamanya en R.D.C. le 12 février 1990, demeure sans doute riche et abondante. Ses confrères A. De Rop (1) et H. Vinck (2) en ont dressé des inventaires qui nous ont permis de voir qu'en histoire proprement dite, le père " est resté plutôt modeste " (3). Le présent travail essaie d'élucider ce paradoxe dans l'historiographie de Mbandaka. Pour nous y prendre, nous ferons d'abord le constat de ce très peu d'études historiques sur l'espace concerné, et tenterons ensuite d'en opérer un diagnostic avant de tirer la conclusion. 1. Constat1.1. La toile de fondComme ses confrères, le Père Hulstaert est venu prêcher la Bonne Nouvelle en pratiquant la méthode de Saint - Paul. Honoré Vinck parle plutôt de " la variante néo - thomiste de la philosophie scolastique " (4). Les différentes fonctions qu'il occupe : missionnaire itinérant, professeur, directeur, inspecteur et recteur de poste de mission (5), servent de cadre propice à l'éclosion de ses convictions pastorales et scientifiques (6). Aussi, les domaines de prédilection de Gustaaf Hulstaert seront - ils l'ethnographie et la linguistique. Dans ce contexte, les données d'histoire auxquelles il s'intéressera particulièrement relèveront avant tout de ces deux sciences sociales. La structure s'avérera simple : nom (étymologie), sous - division, histoire (généalogie), traditions orales. Les informations proviendront des autochtones notamment de Paul Ngoi et d'Augustin Elenga (7), et des enquêtes ethnologiques de l'administration coloniale (8). 1.2. Une seule monographieElle s'intitule " Aux origines de Mbandaka " et connaît trois publications. D'abord en 1986 sous forme d'extrait réuni avec quatre autres travaux pour former ainsi une brochure qui porte le titre d'Histoire ancienne de Mbandaka. Ensuite, cette étude est publiée dans Annales Aequatoria 7(1986) 75-147. Enfin, elle est reprise avec quelques retouches sous l'appellation de " Mbandaka traditionnel ", dans Mbandaka hier et aujourd'hui, études Aequatoria 10(1990) 21-82. C'est un travail de maître. Il s'articule sur les points suivants : la population autochtone, la ville en extension, la parenté ethnique, les habitants des alentours, le transfert des propriétés foncières et l'étymologie. Après la conclusion, l'auteur dresse en annexe une importante liste des éléments de la topographie locale. Le contenu de cette étude ressemble à un véritable panaché qui donne à la monographie une place prépondérante dans l'historiographie de Mbandaka. 1.3. D'autres écrits1.3.1. Traductions annotées des textes oraux des autochtones- " Traditions orales sur l'origine de Mbandaka ", Annales Aequatoria, 4(1983) 16-17. Il s'agit d'un texte sur la fondation de Coquilhatville racontée par Wijima Bokilimba (9) et son frère Ibuka de Mbandaka Inkole. Le document daterait de 1958. 1.3.2. Lecture critique des textes des pionniers- " Sur les traces de Jespersen ", Enquêtes et documents d'histoire africaine, U.C.L., Leuven 4(1980) 1-113. Le Père Hulstaert y analyse le voyage d'exploration et de fondation des postes d'Etat par Jespersen à l'Equateur (Jwafa). A propos de Coquilhatville, il faut lire de la page 8 à 10. 1.3.3. Souvenirs personnels- " Aux origines de la mission de Bamanya ", Annales Aequatoria, 11(1990) 427 - 428. Récit des rencontres et entretiens avec les habitants lorsqu'il arrive à Bamanya en 1925. 1.3.4. Traductions annotées des textes des autochtones portant partiellement sur Mbandaka- " Anciennes relations commerciales de l'Equateur ", Enquêtes et documents d'histoire africaine, U.C.L., Leuven, 2(1977) 31-50. C'est l'histoire des trois axes commerciaux de la région : le grand fleuve Congo jusqu'à Bolobo et Tshumbiri, les cours d'eaux qui débouchent sur Mbandaka et les voies terrestres. Voilà l'essentiel que nous avons pu extraire de la vitrine réservée à l'histoire de Mbandaka dans le monumental patrimoine que le Père Gustaaf Hulstaert nous a laissé. C'est vraiment peu. Mais, nous devons en définitive nous consoler du fait que dans la plupart de publications de ce missionnaire savant, qu'elles se réclament de l'ethnographie ou de la linguistique, même de l'histoire générale de l'ethnie Mongo (ex. : Elément pour l'histoire mongo ancienne), existent des données qui valent la peine d'être retenues pour tisser le passé de la ville de Mbandaka. 2. Tentatives d'explicationComment comprendre la sobriété du Père Gustaaf Hulstaert dans l'historiographie de Mbandaka, la ville qui l'avait accueilli en 1925 et logé en permanence dans son faubourg de Bamanya de 1936 à 1946, également de 1951 à 1990 ? Nous estimons qu'elle tient aux hypothèses suivantes, l'intéressé ne s 'étant jamais exprimé sur cette question. 2.1. La premièreLe propre des Africanistes de l'époque coloniale. Comme eux, le Père Gustaaf Hulstaert n'a pu se défaire totalement du penchant qui laisse peu de place à l'histoire proprement dite dans leurs travaux. Cela ne signifie pas qu'il était insensible aux évènements politiques, économiques, sociaux et culturels qui rythmaient la vie dans le chef-lieu d'une importante province comme celle de l'Equateur. Ses carnets noirs et autres divers écrits prouvent à suffisance qu'il participait pleinement à son temps (10). Mais, pour ce qui concerne l'histoire de Mbandaka (Coquilhatville), il avait tacitement pris soin de la laisser à son confrère Edmond Boelaert. 2.2. La secondeCe que nous venons de suggérer, à savoir le souci de cohérence avec son coéquipier avait orienté le Père Hulstaert. En effet, après avoir fondé ensemble la revue Aequatoria en 1937, il lui aurait laissé la latitude de s'investir seul dans la recherche purement historique. Quant à lui, il attendra un peu longtemps, pratiquement après le décès du Père Boelaert en 1966, et la renaissance de la revue Aequatoria (sous la dénomination de " Annales Aequatoria ") (11) pour commencer à publier à son tour ses notes (anciennes ?) d'histoire sur l'espace Mongo et la ville de Mbandaka. 2.3. La troisièmeLe souci d'éviter des ennuis avec l'Administration coloniale, car il en avait déjà assez avec sa hiérarchie ecclésiale qui ne partageait pas toujours la vision des animateurs de la revue Aequatoria sur les points délicats tels que la polygamie, l'usage du lomongo, la dénalité, etc. Pourtant, le Père Hulstaert critiquait aussi ouvertement la politique du gouvernement en droit coutumier ou dans la gestion des conséquences de l'effort de guerre ou encore dans le choix de la forme de colonie, etc. Mais, il s'agissait des critiques formelles, donc supportables. N'oublions pas qu'il était membre de la Commission de la Protection des Indigènes. Par contre, c'est son confrère Boelaert qui faisait des exposés assez durs à l'égard du colonialisme et avait vu son congé en Europe en 1954 transformé en sanction car il ne reviendra plus au Congo. Tous les éléments ci - dessus évoqués avaient certainement trotté dans l'esprit du Père Hulstaert , homme d'une nature bien raisonnée par rapport à Boelaert, selon Mgr Hilaire (12). Aussi, concernant l'histoire de la ville de Mbandaka, son œuvre consistera surtout, à l'exception de l'unique monographique inoffensive et des récits doux de souvenirs personnels sur Bamanya et Mbandaka (13), en des traductions bien armées des traditions orales des autochtones ou en des analyses systématiques des textes des pionniers. Bref, la conception modérée aura sous - tendu l'orientation des études historiques menées par le Père Gustaaf Hulstaert avant comme après l'indépendance du Congo. 3. ConclusionLe Père Gustaaf Hulstaert n'a pas beaucoup publié sur l'histoire de Mbandaka. Il s'est passionné plutôt pour l'ethnographie et la linguistique mongo. Cependant, il n'en a pas pour autant récusé l'importance ou l'intérêt. Il a tout simplement laissé son confrère d'estime Edmond Boelaert s'en occuper. La preuve en est qu'il n'hésite pas de prendre la relève après la mort de ce dernier. Comme à l'accoutumée, il le fait sur fonds de prudence. Terminons par reconnaître que ses publications, peu importe le nombre, sont de grande facture. Elles ne cessent de faciliter aux chercheurs notamment aux historiens Congolais, la compréhension des masses de faits sociaux passés ou actuels à Mbandaka et dans les environs. Notes et références(1) De ROP A., " A l'occasion du 70ème anniversaire de G. HULSTAERT ", Africa-Tervuren, 16(1970) 107 - 112. Lire aussi, " G. HULSTAERT, missionnaire de Sacré-Cœur. Notice biographique ", Annales Aequatoria 1(1990) 3 - 11. Il est à noter que De ROP et H. VINCK ne sont pas les seuls à publier des notices biographiques de G. Hulstaert. |
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